Top Michael Mann

[tchi-tcha]

Une sortie technique pour Ferrari, ce serait drôle.

Pour la modération :
Penser à bannir temporairement shubby le 1er avril prochain, sinon il nous annoncera une projection spéciale de Ferrari au Mans à l'occasion des 24 Heures suivie d'une masterclass avec Michael Mann

#of_course_Le_Mans

[Mosin-Nagant]

Vous me déprimez. Je ne crois plus en rien. Je vais boire un coup.

Et ensuite rendez-vous sur le topic Coppola pour une annonce similaire suivie d'une distribution gratuite de cyanure.

J'ai d'abord cru à une mauvaise blague mais, en fait, non : après Scorsese, c'est au tour de Mann d'être privé de grands écrans ? Douces-amères, les fins de carrière...

Je comprends mieux l'existence de Heat 2. Le vieux réalisateur est désormais obligé de passer par la case "Greatest Hits" pour continuer de tourner (et si ce projet-là n'arrive pas à sortir dans les salles alors je ne comprends plus rien) !

[tchi-tcha]

Non mais allo, je n'ai pas fait de top Michael Mann ?
Alors que c'est un des rares tops que je saurais faire.

Finalement, le voici le voilà :

1. Miami Vice
2. Heat
2. Le Dernier des Mohicans
4. Collatéral
5. Le Sixième Sens


Dans le détail :

1. Miami Vice (2006)
Trip sensoriel dans lequel on peut toucher des yeux aussi bien le grain de la peau d'un personnage que les vagues ou les nuages à l'horizon, blockbuster qui bifurque en cours de route vers une romance de fin du monde (un couple qui vit dans le même mouvement le début passionné et la fin d'une aventure dont les deux amoureux savent qu'elle est vouée à l'échec), un film dans lequel Michael Mann utilise la caméra comme un pinceau dans un geste que je trouve toujours aussi fascinant à chaque nouvelle révision, et qui s'est imposé au fil des ans comme une évidence parmi mes films de chevet. L'utilisation du Auto Rock de Mogwai n'y est pas non plus complètement étrangère, j'avoue.

En passant, arrêtez de parler de "director's cut" pour la version qui s'ouvre sur la course de hors-bords, c'est juste un de ces montages alternatifs dont Mann a la manie. La course est sublime, mais on perd l'impact de l'intro en boîte de nuit qui plonge directement le spectateur au cœur d'une histoire qui ne l'a pas attendu pour commencer, elle-même interrompue par un appel téléphonique. Qui plus est, en voulant corriger certains problèmes du film, ce montage en crée d'autres au passage, c'est ballot.

Spoiler (cliquez pour afficher)

Le grain de la peau :


...et les nuages :


Nan, je vais pas encore vous coller Auto Rock...

...oh et puis zut :

Spoiler (cliquez pour afficher)

2. (ex aequo) Heat (1995)
Découverte en salle de cette fresque monumentale. Forcément un choc, surtout en réalisant après coup que Michael Mann est le mec qui avait fait auparavant Le Sixième Sens et Le Dernier des Mohicans que j'aimais déjà beaucoup. Et toujours ce souvenir de la grande scène du hold-up, pas si spectaculaire que ça au bout de deux heures de film, limite décevante même si ce braquage très professionnel correspondait bien aux personnages... pour me prendre en pleine tronche la fusillade qui suit deux minutes plus tard. Le film le plus ample de son réalisateur, mais seulement sur la deuxième marche du podium pour cause de Miami Vice plus sensoriel.

Spoiler (cliquez pour afficher)

Encore une utilisation magistrale de la musique, qui a la bonne idée de faire taire Moby (piètre chanteur sur ce coup-là).

2. (ex aequo) Le Dernier des Mohicans (1992)
Ex-aequo avec Heat parce que lui aussi film-charnière, les deux dernières œuvres "classiques" de Mann avant que le geste du cinéaste devienne plus expérimental dans sa forme. Grand film romanesque qui s'ouvre et se termine sur une course, dans un cadre aussi immense que les interprétations puissantes de Daniel Day-Lewis et de Madeleine Stowe, avec une musique épique, et avec ce regard obsédant d'une jeune femme qui s'apprête à sauter dans le vide. Un titre un peu à part dans sa filmographie, porté par une souffle inhabituel chez lui où le professionnalisme prime en général plutôt sur l'expression des sentiments.

Spoiler (cliquez pour afficher)

(je ne fais pas dans l'originalité, je sais)

4. Collatéral (2004)
L'intrigue tient sur un ticket de métro bien poinçonné avec plein de gros trous dedans, Jamie Foxx fait sa diva (y'a des claques qui se perdent), mais Tom Cruise en impose et Mann nous offre un pur exercice de style, prétexte à une virée nocturne dans les rues de Los Angeles. La première fois mon œil a eu un peu de mal à s'habituer à cette image numérique, je m'y suis acclimaté au fil des révisions. Tant pis si l'intrigue et les personnages sont toujours aussi foireux (déjà peu bavard dans ses commentaires audio, Mann l'est encore moins concernant la dernière partie dans le métro), tant pis si la forme ne suffit pas pour porter le fond, le trip reste formidable. Visiter de nuit Los Angeles conduit par Michael Mann, ça ne se refuse pas.

Spoiler (cliquez pour afficher)

Et encore une de ces scènes de fusillade où Mann parvient à rendre le chaos limpide et parfaitement lisible :

5. Le Sixième Sens (1986)
Bon, là j'avoue que ça a un poil vieilli, avec des moments chichiteux qui prêtent facilement le flanc à la critique habituelle de ceux qui n'aiment pas le réalisateur : un formaliste maniériste qui prend de haut ses films et leur genre (je trouve que son cousin tout aussi daté Police Fédérale Los Angeles résiste mieux aux outrages du temps). Mais tout ce qui touche directement William Petersen reste globalement formidable (Mann n'est pas qu'un formaliste, c'est aussi un magistral directeur d'acteurs), et on pourra s'amuser à distinguer ce qui sépare un grand cinéaste d'un sinistre tâcheron en comparant le film avec le Dragon Rouge de Brett Ratner.

Spoiler (cliquez pour afficher)

On en restera là, sinon ce ne serait plus un top. Si j'avais poursuivi, Public Enemies et Ali se partageraient le bas du classement. À force de flottements, Mann rend Public Enemies aussi flou que son John Dillinger (j'ai du mal avec Johnny Depp dans le rôle), et Ali ne fait que se déliter lentement et longuement après une ouverture pourtant extraordinaire.

Quant à Hacker et Révélations, ils se croiseraient dans le ventre mou. Pour le premier, cette variation déceptive sur les motifs de Miami Vice ne fonctionne pas dans sa globalité pour des raisons que je peine toujours à m'expliquer (pourtant j'essaie). Quant à Révélations, c'est un solide film-dossier, aucun doute là dessus. Mais autant j'aime bien qu'un dossier de chaise soit solide, autant les films-dossiers m'emm... un peu, je n'y peux rien c'est comme ça. Le Solitaire rate de peu le podium (malgré James Caan et Tangerine Dream), et je vois mal comment Michael Mann pourrait réussir à boucher les nombreux trous de La Forteresse Noire s'il décidait de se pencher dessus un jour.

Michael Mann explique à Colin Farrell pourquoi Michael Bay est le digne héritier d'Orson Welles (en mieux). Comme d'habitude, Jamie Foxx n'écoute pas.

[mannhunter]

Je comprends mieux l'existence de Heat 2. Le vieux réalisateur est désormais obligé de passer par la case "Greatest Hits" pour continuer de tourner

il y a de ça, mais c'était déjà le cas avec "Miami Vice" et "Collateral", retours un peu forcés au polar après les sévères échecs commerciaux de "Révélations" et "Ali"..

Tant pis si l'intrigue et les personnages sont toujours aussi foireux, tant pis si la forme ne suffit pas pour porter le fond.

des moments chichiteux qui prêtent facilement le flanc à la critique habituelle de ceux qui n'aiment pas le réalisateur

tu n'as pas ces réserves aussi pour le numéro 1 de ton top?

[nunu]

Miami Vice le film j'ai énormément de mal. Peut être parce que je suis un inconditionnel de la série et que je trouve que ni Jamie Foxx ni Colin Farrell et aucun des autres acteurs n'arrivent à faire oublié le casting original. j'aurais préféré qu'a l'époque Mann réalise des épisodes de la série, ce qu'il n'a jamais fait bien qu'il en était le producteur

[shubby]

Une sortie technique pour Ferrari, ce serait drôle.

Pour la modération :
Penser à bannir temporairement shubby le 1er avril prochain, sinon il nous annoncera une projection spéciale de Ferrari au Mans à l'occasion des 24 Heures suivie d'une masterclass avec Michael Mann

#of_course_Le_Mans

Bonne idée
Quoi qu'une simple intégrale "24h du Mann" au Mk2 serait peut-être plus crédible.

[EliWallou]

En passant, arrêtez de parler de "director's cut" pour la version qui s'ouvre sur la course de hors-bords, c'est juste un de ces montages alternatifs dont Mann a la manie. La course est sublime, mais on perd l'impact de l'intro en boîte de nuit qui plonge directement le spectateur au cœur d'une histoire qui ne l'a pas attendu pour commencer, elle-même interrompue par un appel téléphonique.

Tout récemment :

He also feels similarly about the MIAMI VICE theatrical cut. “I never should have cut the speed boat chase.”

Je suis plus trop convaincu par cette idée défendue avec force par Thoret que c'est mieux de commencer le film directement dans le club.
La caméra qui sort de l'eau et flotte à la surface c'est une idée formidable. Et on prend tout autant le film en court de route, en pleine course, directement dans le quotidien de ces flics sous couverture.
D'autant plus qu'une chose me ronge à chaque fois avec la scène de club : le choix du morceau Jay-Z & Linkin Park. L'un des pires Jay-Z, même pas un morceau de club.
Il faut attendre que ça zappe sur le remix de Sinnerman pour que je me sente dans l'ambiance Miami et que je croie que des gens s'ambiancent véritablement sur la musique de ce club
(L'enchainement du morceau suivant, Blacklight Fantasy, est tout simplement parfait !)
Sinon je te rejoins complétement pour les Mogwai, des choix qui élèvent le film.

… Révélations, ils se croiseraient dans le ventre mou. … c'est un solide film-dossier, aucun doute là dessus. Mais autant j'aime bien qu'un dossier de chaise soit solide, autant les films-dossiers m'emm... un peu, je n'y peux rien c'est comme ça.

Que ça fait mal de lire ventre mou pour Révélations.
Même si je te comprends par rapport à la lourdeur du sujet qui fait que ce n'est pas le Mann qu'on a le plus envie de revoir, il transcende complétement ce genre en en faisant d'abord une histoire personnelle qui se concentre bien plus sur ses deux personnages que sur le "dossier". La réinterprétation des films paranoïaques dans une forme magistrale (l'avalanche de plans renversants !) et cette bande originale de Lisa Gerrard et Pieter Bourke, ma parole !
Pour moi c'est son chef d'oeuvre. Les prémices esthéthiques de Miami Vice sont déjà là, avec ces magnifiques plans de Pacino dans la mer, en basse lumière.

Ceci dit, comme tu as mis Le dernier des Mohicans en 2, film très souvent oublié par ceux qui parlent de Mann et que j'adore pour les raisons que tu as énoncées, tu es pardonné



1. Révélations
2. Le dernier des Mohicans
2. Heat
2. Miami Vice
2. Le solitaire
2. Le sixième sens
3. Ali
4. Collateral
5. Hacker
6. Public Enemies
Pas vu La forteresse noire

[mannhunter]

"Ferrari" sortie cinéma prévue pour Noël:

https://variety.com/2023/film/news/neon ... 235665385/

[Flol]

Oui mais pas chez nous (a priori).

[mannhunter]

[tchi-tcha]

Interview de Michael Mann dans Le Monde :

https://www.lemonde.fr/planete/article/ ... _3244.html

Mais pas un mot sur La Forteresse Noire

[mannhunter]

"Ferrari" en clôture du festival du film de New York en Octobre:

https://variety.com/2023/film/news/mich ... 235680915/

“Michael Mann has made many remarkable movies but perhaps never one as simultaneously thrilling and moving as ‘Ferrari,’” said Dennis Lim, artistic director of the New York Film Festival. “Not just a feat of virtuosity, this is a grand and striking evolution of his career themes and his most deeply personal work. We are honored to welcome him to the festival for what I’m sure will be a closing night for the ages.”

[AtCloseRange]

c'est beau, le marketing.

[mannhunter]

oui, peut-être qu'Il bosse aussi pour Amazon le directeur artistique du festival de New York

[Boubakar]

Jean-Baptiste Thoret est également très enthousiaste :

1er juillet. Santa Monica. Waiting for the Mann. Et Ferrari.
Pendant la projection, Michael Mann, pour la nième fois sans doute, remplit des pages de notes, d'indications diverses, de détails à améliorer, de micro-modifications à faire (ici, un quart de seconde en trop, là, le mixage d'une fin de séquence à revoir encore, plus loin, une couleur à préciser). Le film s'achève, il est magnifique. Mann repart au travail.