Les larmes du soleil (A. Fuqua, 2003).
Un commando de marine des US Navy SEAL mené par le lieutenant Waters est envoyé en mission de sauvetage au Nigeria en proie à un coup d'état afin de récupérer le Dr Lena Fiore Kendricks, médecin et citoyenne italo-américaine œuvrant dans un village pour l'aide humanitaire.
Pas naphta, mais le sujet est là.
Ca reste folkorique l'Afrique noire au ciné, encore très fantasmée. Souvent on part côté Kenya (Out of Africa, The Constant Gardener, Hatari!) parfois côté Sierra Leone et Liberia (Blood Diamonds, Lord of War), très souvent en Afrique du sud (liste trop longue), un peu au Congo (toujours avec des gorilles, qu'ils soient dans la brume, dans le titre, Congo, ou avec le simiesque Rod Taylor dans l'excellent Dernier train du Katanga). D'autres fois, on est juste "qq part en Afrique" (Wolf Warrior 2, Profession: reporter), voire dans un pays inventé (le Wakanda de Black Panther, niché entre le Niger et le Nigeria).
L'Afrique se résume souvent à du pauv' noi' bien dans la misè' aidé ou exploité par telle ou telle puissance et des héros impuissants à l'écran. Ca mériterait un RRR "local", quoi.
Les clichés : misère, sida, diamants, guerre civile, enfants soldats, massacre ethnique. Si Les larmes du soleil coche presque toutes les cases, barre chocolatée donnée à l'indigène à l'appui, il n'en reste pas moins sympatoche, allez. Bruce, l'excellent score pompier de Zimmer, la photo de Mauro Fiore (Avatar) qui sublime la jungle (hawaïenne) au panel vert foncé et le plaisir coupable du film de commando qui va bien.
On est au Nigeria donc, un pays qui a enchaîné les coups d'état. Celui-ci n'est pas ciblé - le scénario originel cause Colombie - mais on s'en fout en 2003. Peut-être moins maintenant.
Le réalisateur Antoine Fuqua est noir. Dans l'extended cut, moins simplet que le theatrical, il évoque le lien entre noirs américains et africains, développe un peu la politique locale (un vilain chasse l'autre, c'est suggéré au début, puis manichéanisé ensuite) et l'économie (le pétrole) en jeu. Juste un peu, pas plus, mais ça suffit à enrichir l'histoire, les enjeux, les nuances. On sent que sans un lourd cahier des charges, Fuqua aurait voulu faire son Kassovitz sur ce sujet trop sensible. Toutes les puissances du monde défendent leurs intérêts en Afrique.
Reste une Monica Belluci certes magnifique, mais extrêmement cliché, de l'emphase inutile par-ci par-là (des militaires qui découvrent les horreurs de la guerre, "larme" à l'oeil) et une action finale bienvenue, mais par trop bordélique et un peu con-con. Le Ben Stiller de Tonnerres sous les tropique pourrait presque y pointer le bout de son nez sans que ça choque.
Tournage compliqué je vois sur wikipedia : le réal' et Bruce willis ne se sont pas entendus, ce dernier a subi un incident pyrotechnique peut-être à l'origine de sa maladie (super) et un cascadeur parachutiste s'est tué (formidable). N'empêche : le film a des arguments.