Pat Garrett & Billy the Kid (Sam Peckinpah - 1973)
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Pat Garrett & Billy the Kid (Sam Peckinpah - 1973)
Vu dans sa version restaurée.
Encore un western assez atypique, tant par son rythme faussement indolent, que par ses personnages fascinants, paraissant tantôt impénétrables, tantôt profondément torturés. J'ai l'impression que c'est le genre de film qui se bonifie vraiment après coup dans la tête.
Kris Kristofferson m'a tout simplement laissé le souffle coupé, tant sa performance est impressionnante, héros qui semble sans âge, n'éprouvant jamais la peur et qui refuse de vivre sous une autre loi que la sienne. Et l'impeccable James Coburn a une sacrée classe en vieux briscard qui a conscience d'avoir peut-être perdu sa dignité en tournant le dos à son passé de bandit et de s'être compromis en se mettant au service des éleveurs, mais qui veut accomplir sa tâche pour ne laisser à personne d'autre la possibilité de s'accaparer la mort de son ancien ami. Avec très peu de mots, Peckinpah nous laisse deviner tout ce qui les rapproche encore, jusqu'à ce que, littéralement, le miroir se brise.
Le film est construit comme une suite de tableaux presque autonomes, donnant l'impression d'une trame finalement assez lâche, qui m'a parfois un peu fait décrocher. Pourtant, certaines scènes sont véritablement grandioses et très riches en émotions. L'assaut contre la cabane où est retranché Billy au début du film m'a complétement emballé par son intelligence cinématographique (mouvements parcimonieux mais incroyablement efficaces de la caméra, montage, etc.). De même la séquence où Billy s'évade de la ville de Lincoln, à la limite du fantastique (il chante, tandis que les villageois restent immobiles devant les cadavres). Entretemps, se succède des séquences de dialogue ou de contemplation très étranges, presque désincarnées, où on ne comprends plus trop quel est le sens de ce qu'on voit à l'écran (Coburn face aux trois bandits dans la taverne).
Malgré la présence de grands espaces, le monde est tout petit pour Pat le sheriff et Billy le outlaw. Il restent dans les frontières du Comté, dont la topographie semble des plus réduites, les personnages sachant très bien que toute fuite est impossible, attendent de perdre une à une leurs dernières illusions. Le film n'est en gros qu'une longue parenthèse qui tente de repousser le plus loin possible l'inéluctable (et, à nouveau, une conclusion magnifique).
La musique composée par Bob Dylan (qui se révèle ici plutôt charismatique en tant qu'acteur), apporte une dimension picaresque à l'ensemble, et son registre folk n'est pas sans m'évoquer le décalage imposé par Morricone au même genre cinématographique. On repérera aussi Harry Dean Stanton qu'il est toujours plaisant de croiser.
En bref, un film que je crois thématiquement très riche et d'autant plus passionnant qu'on est sensible aux résonnances qu'il entretient avec les autres oeuvres du cinéaste.
A quel point vous paraît-il anticonventionnel ?
Encore un western assez atypique, tant par son rythme faussement indolent, que par ses personnages fascinants, paraissant tantôt impénétrables, tantôt profondément torturés. J'ai l'impression que c'est le genre de film qui se bonifie vraiment après coup dans la tête.
Kris Kristofferson m'a tout simplement laissé le souffle coupé, tant sa performance est impressionnante, héros qui semble sans âge, n'éprouvant jamais la peur et qui refuse de vivre sous une autre loi que la sienne. Et l'impeccable James Coburn a une sacrée classe en vieux briscard qui a conscience d'avoir peut-être perdu sa dignité en tournant le dos à son passé de bandit et de s'être compromis en se mettant au service des éleveurs, mais qui veut accomplir sa tâche pour ne laisser à personne d'autre la possibilité de s'accaparer la mort de son ancien ami. Avec très peu de mots, Peckinpah nous laisse deviner tout ce qui les rapproche encore, jusqu'à ce que, littéralement, le miroir se brise.
Le film est construit comme une suite de tableaux presque autonomes, donnant l'impression d'une trame finalement assez lâche, qui m'a parfois un peu fait décrocher. Pourtant, certaines scènes sont véritablement grandioses et très riches en émotions. L'assaut contre la cabane où est retranché Billy au début du film m'a complétement emballé par son intelligence cinématographique (mouvements parcimonieux mais incroyablement efficaces de la caméra, montage, etc.). De même la séquence où Billy s'évade de la ville de Lincoln, à la limite du fantastique (il chante, tandis que les villageois restent immobiles devant les cadavres). Entretemps, se succède des séquences de dialogue ou de contemplation très étranges, presque désincarnées, où on ne comprends plus trop quel est le sens de ce qu'on voit à l'écran (Coburn face aux trois bandits dans la taverne).
Malgré la présence de grands espaces, le monde est tout petit pour Pat le sheriff et Billy le outlaw. Il restent dans les frontières du Comté, dont la topographie semble des plus réduites, les personnages sachant très bien que toute fuite est impossible, attendent de perdre une à une leurs dernières illusions. Le film n'est en gros qu'une longue parenthèse qui tente de repousser le plus loin possible l'inéluctable (et, à nouveau, une conclusion magnifique).
La musique composée par Bob Dylan (qui se révèle ici plutôt charismatique en tant qu'acteur), apporte une dimension picaresque à l'ensemble, et son registre folk n'est pas sans m'évoquer le décalage imposé par Morricone au même genre cinématographique. On repérera aussi Harry Dean Stanton qu'il est toujours plaisant de croiser.
En bref, un film que je crois thématiquement très riche et d'autant plus passionnant qu'on est sensible aux résonnances qu'il entretient avec les autres oeuvres du cinéaste.
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Un film qui m'a laissé une impression étrange...."désincarnée", je crois que tu as trouvé le mot, effectivement.
Et puis il faut dire aussi que bizarrement, j'ai vu ce film il y a environ 3 mois, et je me rends compte que je n'en garde que très peu de souvenirs (si ce n'est des performances d'acteurs en tous points remarquables...y compris celle de Dylan). Alors que je garde énormément de souvenirs de The Ballad of Cable Hogue, vu il y a pourtant plus d'1 an !
Je crois que ce dernier m'a plus touché que ce Pat Garrett & Billy the Kid. Qui intrinsèquement, est un bon film mais qui m'a laissé un peu froid.
Voilà....
PS : mais tout ceci vaut mieux que n'importe quel Leone.
Et puis il faut dire aussi que bizarrement, j'ai vu ce film il y a environ 3 mois, et je me rends compte que je n'en garde que très peu de souvenirs (si ce n'est des performances d'acteurs en tous points remarquables...y compris celle de Dylan). Alors que je garde énormément de souvenirs de The Ballad of Cable Hogue, vu il y a pourtant plus d'1 an !
Je crois que ce dernier m'a plus touché que ce Pat Garrett & Billy the Kid. Qui intrinsèquement, est un bon film mais qui m'a laissé un peu froid.
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on n'a pas gardé les cochons ensembleRatatouille a écrit :Ahem...ce film n'intéresse personne, à part Max et moi ?
J'aime bien ce film qui est d'ailleurs le premier peckinpah que j'ai vu (j'ai donc était surpris lorsque j'ai découvert la part de classicisme de the Wild bunch). Je retiens la musique de Dylan, le duo d'acteurs et je confirme que le film se bonifie au fil des visions puisque ce côté un peu éparse lui donne au final une certaine durabilité et renforce ce petit côté "ballade" très plaisant.
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- David O. Selznick
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Merci pour vos contributions, c'est un triomphe.
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J'aurais bien voulu participer plus tôt mais bon, je n'en ai pas eu le temps...
Pat Garett et Billy le kid est un film qui, avec le souvenir, devient de plus en plus attachant à mes yeux.
Pourtant, lorsque je l'ai découvert il y a deux ans envron, il m'avait aussi assez décontenancé et je trouve qe l'on peut trouver le pire comme le meilleur...
Le pire: des scènes totalement incompréhensibles, voire absurde qui relachent l'attention ou alourdissent le propos, comme par exemple, la scène ou James Coburn fait lire les étiquettes de boites de conserve dans une boutique à des bandits (et ça dure bien 5 mn) ou le duel entre le Kid et Jack Elam... Peckinpah a, semble t-il, voulu "intellectualiser" son film en lui donnant une dimension opaque qui lui sied mal..
Le meilleur: une ambiance envoutante, une superbe musique de Bob Dylan, le charisme des deux interprètes principaux, les paysages du Nouveau-Mexique filmé avec souffle et amour et quelques scènes mythiques dont le final et celle avec Ben Johnson et Katy Jurado, perdant leur biens et même la vie, d'un lyrisme désenchanté magnifique ...
Donc une impression mi-figue mi-raisin qui me donne envie de le revoir assez vite..
Pat Garett et Billy le kid est un film qui, avec le souvenir, devient de plus en plus attachant à mes yeux.
Pourtant, lorsque je l'ai découvert il y a deux ans envron, il m'avait aussi assez décontenancé et je trouve qe l'on peut trouver le pire comme le meilleur...
Le pire: des scènes totalement incompréhensibles, voire absurde qui relachent l'attention ou alourdissent le propos, comme par exemple, la scène ou James Coburn fait lire les étiquettes de boites de conserve dans une boutique à des bandits (et ça dure bien 5 mn) ou le duel entre le Kid et Jack Elam... Peckinpah a, semble t-il, voulu "intellectualiser" son film en lui donnant une dimension opaque qui lui sied mal..
Le meilleur: une ambiance envoutante, une superbe musique de Bob Dylan, le charisme des deux interprètes principaux, les paysages du Nouveau-Mexique filmé avec souffle et amour et quelques scènes mythiques dont le final et celle avec Ben Johnson et Katy Jurado, perdant leur biens et même la vie, d'un lyrisme désenchanté magnifique ...
Donc une impression mi-figue mi-raisin qui me donne envie de le revoir assez vite..
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- Mogul
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j'ai pas trop le temps de venir parler de l'admiration et de l'amour que j'ai pour ce chef d'oeuvre boulversant ( 1er dans mon top Peckinpah ).
En plus, je n'ai vu le film que dans son 1er montage. j'ai bien le director's cut en Vhs mais vu que c'est une quatrième génération, je préfère attendre une edition DVD ( qui se fait attendre comme jamais ) plutot que de le (re)découvrir dans des conditions aussi crade.
Sinon, rapidement, oui, les acteurs sont tous excellents, la musique de Dylan est sublime et le film traversé d'une humanité qui m'a tiré les larmes plus d'une fois :
SPOILER
La scène avec "knock on heaven's Door" où cet homme blessé à mort regarde sa femme au bord des larmes sans dire un mot.
Et puis ce final où Pat Garret attend que Billy ait fini de faire l'amour pour l'abattre sont encore une fois parmi les plus belles du cinéma.
En plus, je n'ai vu le film que dans son 1er montage. j'ai bien le director's cut en Vhs mais vu que c'est une quatrième génération, je préfère attendre une edition DVD ( qui se fait attendre comme jamais ) plutot que de le (re)découvrir dans des conditions aussi crade.
Sinon, rapidement, oui, les acteurs sont tous excellents, la musique de Dylan est sublime et le film traversé d'une humanité qui m'a tiré les larmes plus d'une fois :
SPOILER
La scène avec "knock on heaven's Door" où cet homme blessé à mort regarde sa femme au bord des larmes sans dire un mot.
Et puis ce final où Pat Garret attend que Billy ait fini de faire l'amour pour l'abattre sont encore une fois parmi les plus belles du cinéma.
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+1bruce randylan a écrit : La scène avec "knock on heaven's Door" où cet homme blessé à mort regarde sa femme au bord des larmes sans dire un mot.
Et puis ce final où Pat Garret attend que Billy ait fini de faire l'amour pour l'abattre sont encore une fois parmi les plus belles du cinéma.
c pour ça que je suis pas trop sévère avec ce film...
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Attends, c'est pas le film où les cowboys tirent des coups de feu? Si? Ah oui, il est terrible celui là.
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