Je découvre tout juste la mini polémique !Stark a écrit : Je n'ai bien évidemment pas vu le film, et je me garderai donc de porter le moindre jugement sur lui, mais cet extrait résume très exactement ce que je pense des deux films de Bela Tarr que j'ai vu : ces éprouvantes expériences que furent Les Harmonies Werckmeister et, de façon plus radicale, Satantango, films forcément somptueux, nous obligeant à nous courber, à nous infléchir devant leur inhumaine beauté. "Prosternez-vous devant mon Art", ai-je l'impression de me faire hurler à l'oreille.
Pour moi, le cinéaste est le paragon d'un cinéma gonflé de sérieux et de solennité, enivré par la splendeur calculée de sa forme et la gravité cérémonieuse de son fond. Je n'y décèle aucune poésie, tant tout est écrasé par un la monumentalité hiératique. C'est un cinéma qui pèse des tonnes, et qui agit sur moi comme tomberait une grosse brique au fond d'une piscine.
Je sens que je vais me faire descendre à dire ça... Je veux bien croire que ce n'est pas du tout un cinéma pour moi et/ou que je n'ai rien compris.
M'enfin, c'était juste pour dire à quel point j'ai du mal à percevoir comment une oeuvre si ostensiblement obsédée par sa grandeur, si verrouillée sur sa propre importance, hurlée à chaque plan, est aujourd'hui aussi appréciée par des gens pourtant sûrement très intelligentss. Voir Theo Angelopoulos au même rayon, même combat (c'est un cinéma qui me semble par contre très loin de Weerasethakul, qui lui fuit toute "signification plombante", pour répondre à cinephage).
Je trouve tes arguments on ne peut plus recevables et sincères, même si effectivement tu as quelque peu ouvert la porte à la polémique avec un dernier paragraphe par forcément heureux.
Il y a effectivement chez Tarr une obsession de la grandeur. Mais c'est quelque chose qui ne me gêne mais alors absolument pas, bien au contraire !
Tarr (tout comme bien d'autres cinéastes) considère le cinéma comme un art majeur et en tant que metteur en scène il accorde énormément d'importance à son art, ce qui entraîne ce sérieux, cette solennité qui imprègne ses films. Pour lui - comme pour Dumont, Tarkovski, Kawase, Zviaguintsev et bien d'autres encore - le cinéma offre la possibilité d'atteindre une forme de grâce. Et cette recherche de la grâce se fait avec beaucoup, beaucoup de travail, de réflexion et de sérieux. Ca peut donc être un cinéma étouffant, asphyxiant... mais c'est la matière même de son oeuvre !
Pour moi, très clairement, il ne nous hurle pas son génie à chaque plan, il ne nous demande pas de se prosterner devant son grand oeuvre. Tarr n'est pas obsédé par sa grandeur, il est possédé par celle du cinéma, ce qui est bien différent...