L'Année de tous les dangers (Peter Weir - 1982)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Watkinssien
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Re: L'Année de tous les dangers (Peter Weir - 1982)

Message par Watkinssien »

Une vraie réussite !

Ample et documenté, L'année de tous les dangers est un drame marquant et qui prend des chemins troubles toujours intéressants. Les comédiens sont vraiment très bons et la mise en scène précise, à la fois contemplative, frontale et lyrique.
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AtCloseRange
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Re: L'Année de tous les dangers (Peter Weir - 1982)

Message par AtCloseRange »

ça reste mon préféré (je n'ai pas vu Picnic).
Max Schreck
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Re: L'Année de tous les dangers (Peter Weir - 1982)

Message par Max Schreck »

Weir prolonge sa collaboration avec Gibson, le prodige du cinéma australien désormais aux portes d'Hollywood. J'ai trouvé le film intéressant parce que très déstabilisant. Par son contexte et ses personnages, je pensais qu'il s'inscrivait dans cette veine du film politique à grand spectacle, assez en vogue au cours des 80's (La Déchirure, Good morning Vietnam, Under fire, Salvador...). De plutôt bons films, d'ailleurs, courageux parce qu'ancrés dans des événements authentiques, qui dénonçaient notamment l'ingérence politique à travers la figure-passerelle du reporter. Ici, l'arrière-plan politique est évidemment au cœur du drame que vivent les personnages, mais Weir semble quand même davantage intéressé par leurs parcours intime. La fièvre qui les gagne est en effet d'ordre existentiel, la guerre servira plutôt à intensifier leurs sentiments, et il n'y aura aucun complot de la CIA à dévoiler.

Le récit prend ainsi les atours de la chronique, où les scènes semblent s'enchaîner sans véritable liant, montrant le jeune journaliste au travail, s'efforçant de trouver sa voix dans ses reportages, fréquentant ses collègues au bar de l'hotel, ou aux soirées de l'ambassadeur. Novice, il montre assez tôt son refus de suivre les protocoles, de jouer au patron comme le font les expatriés vis-à-vis des autochtones. Son statut est donc un peu nulle part ou dans l'entre-deux. On se demande même si, au-delà d'en rendre compte, le devenir du pays l'intéresse. Dans son interprétation, j'ai trouvé Gibson relativement absent, comme si lui-même ne savait pas exactement quoi jouer, c'est-à-dire quelle position défendre. Le film se déroule ainsi sur un rythme plutôt tranquille, sans chercher à rendre chaque situation signifiante, mais procédant plutôt par petites touches, travaillant son atmosphère jusqu'à ce que progressivement le protagoniste se dégrossise et porte son intérêt sur Sigourney Weaver. Ça devient alors une romance menacée par le temps. Cette dimension romantique sera jusque dans la conclusion le véritable moteur de l'intrigue, Weir semblant donc réinvestir le genre de la fresque poétique à la David Lean. Et ce n'est sans doute pas un hasard s'il embauche Maurice Jarre, qui va devenir pendant longtemps son compositeur attitré (même si ici, sa partition est très discrète, et que seul le thème électro de Vangelis se détache).

Si le film marque des points sur le spectateur, c'est quand même beaucoup grâce à Linda Hunt (Oscar mérité), et sa performance prodigieuse, lumineuse, composant un personnage charismatique, troublant et fascinant. C'est fou de voir tout ce qui passe dans son regard au cours d'une même scène. Billy prend véritablement en charge le récit dès le début du film, tel un marionnettiste qui espère diriger le destin de ceux qui l'entoure. C'est un personnage presque fantastique, caméléon, qui a ses entrées partout (politiques, journalistes, population des bas-fonds). Mais un personnage finalement extrêmement fragile, dont l'assurance n'était que façade. En faisant revenir le film dans ma mémoire, ce sera clairement son visage et son parcours qui me reviendront, davantage que les déchirements du cœur de Gibson et Weaver.
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