Boudiou la belle catastrophe industrielle que cet enième remake d'une histoire qui en soi n'a pourtant rien perdu de sa pertinence et de son actualité. Le thème du remplacement, la réflexion sur la nature humaine définie et guidée par ses émotions sont toujours des ingrédients forts qui peuvent donner lieu à plein d'approches et de lectures différentes, ce qu'ont jusqu'ici plutôt bien exploité les cinéastes qui s'y sont frottés (je suis un grand admirateur du Ferrara). Mais ce titre-là échoue complètement, à la fois par ses choix aberrants
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- (les humains ne sont pas remplacés, juste "malades" ce qui permettra une guérison-finale-retour-à-la-normale aussi improbable que dénuée du moindre frisson)
, mais surtout à cause de son monteur fou qui balance les scènes n'importe comment, avec de grosses ellipses, et des espèces de fusions de temporalités débiles. Mentionnons également, occupant sans doute le bureau d'à côté, le bruiteur fou qui vient souligner lourdement le moindre effet (tête qui tourne, caméra qui panote, porte qui s'ouvre, etc.), persuadé que c'est ainsi qu'on crée de la tension. Kidman a beau faire tout ce qu'elle peut pour porter le film sur ses épaules (elle est de quasiment tous les plans), son aventure manque dramatiquement de profondeur, alors qu'elle sera touchée jusque dans sa chair (son fils) et son cœur (son ami-ami-pas-ami). Quant à Jeffrey Wright, son personnage n'a aucun sens, scientifique qui va à lui tout seul découvrir la cause, le remède et faire aussi du sauvetage-helico.
On devine derrière ce carnage le propos qu'aurait sans doute souhaité son réalisateur, qui aurait certainement donné un film au minimum efficace et prenant. Mais même dans l'action ou la tension, on est à aucun moment vraiment saisi par le trouble. Je retiendrai juste, et seulement pour ses intentions, cette cascade avec la grappe de gens accrochée à la voiture, qui est peut-être le seul moment où j'ai pensé qu'il y a avait des idées (mais là encore, tellement mal mise en scène).
Preuve que j'étais bien informé, j'étais persuadé que c'était signé Florian Henckel von Donnersmarck, ne comprenant pas comment le réal du si réussi
La Vie des autres avait pu à ce point sombrer dans la médiocrité. Ce n'est qu'au générique final que j'ai réalisé ma confusion avec Olivier Hirschbiegel. J'avais oublié qu'il y avait eu un autre réal allemand parti à Hollywood à la même époque (ces Allemands qui se ressemblent tous, décidément...).