Invasion (Olivier Hirschbiegel - 2007)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Max Schreck
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Re: Invasion (Olivier Hirschbiegel, 2007)

Message par Max Schreck »

Boudiou la belle catastrophe industrielle que cet enième remake d'une histoire qui en soi n'a pourtant rien perdu de sa pertinence et de son actualité. Le thème du remplacement, la réflexion sur la nature humaine définie et guidée par ses émotions sont toujours des ingrédients forts qui peuvent donner lieu à plein d'approches et de lectures différentes, ce qu'ont jusqu'ici plutôt bien exploité les cinéastes qui s'y sont frottés (je suis un grand admirateur du Ferrara). Mais ce titre-là échoue complètement, à la fois par ses choix aberrants
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(les humains ne sont pas remplacés, juste "malades" ce qui permettra une guérison-finale-retour-à-la-normale aussi improbable que dénuée du moindre frisson)
, mais surtout à cause de son monteur fou qui balance les scènes n'importe comment, avec de grosses ellipses, et des espèces de fusions de temporalités débiles. Mentionnons également, occupant sans doute le bureau d'à côté, le bruiteur fou qui vient souligner lourdement le moindre effet (tête qui tourne, caméra qui panote, porte qui s'ouvre, etc.), persuadé que c'est ainsi qu'on crée de la tension. Kidman a beau faire tout ce qu'elle peut pour porter le film sur ses épaules (elle est de quasiment tous les plans), son aventure manque dramatiquement de profondeur, alors qu'elle sera touchée jusque dans sa chair (son fils) et son cœur (son ami-ami-pas-ami). Quant à Jeffrey Wright, son personnage n'a aucun sens, scientifique qui va à lui tout seul découvrir la cause, le remède et faire aussi du sauvetage-helico.

On devine derrière ce carnage le propos qu'aurait sans doute souhaité son réalisateur, qui aurait certainement donné un film au minimum efficace et prenant. Mais même dans l'action ou la tension, on est à aucun moment vraiment saisi par le trouble. Je retiendrai juste, et seulement pour ses intentions, cette cascade avec la grappe de gens accrochée à la voiture, qui est peut-être le seul moment où j'ai pensé qu'il y a avait des idées (mais là encore, tellement mal mise en scène).

Preuve que j'étais bien informé, j'étais persuadé que c'était signé Florian Henckel von Donnersmarck, ne comprenant pas comment le réal du si réussi La Vie des autres avait pu à ce point sombrer dans la médiocrité. Ce n'est qu'au générique final que j'ai réalisé ma confusion avec Olivier Hirschbiegel. J'avais oublié qu'il y avait eu un autre réal allemand parti à Hollywood à la même époque (ces Allemands qui se ressemblent tous, décidément...).
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cinephage
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Re: Invasion (Olivier Hirschbiegel - 2007)

Message par cinephage »

Je soupçonne derrière le "monteur fou" un studio qui n'a pas eu le film qu'il avait en tête, et qui essaie tant bien que mal, par le montage, à transformer un film atmosphérique en film d'action ou de frousse (ou un peu des deux, difficile de savoir tellement c'est raté).

Le pauvre Hirschbiegel est la parfaite illustration du réalisateur largué à Hollywood et dépassé par l'interventionnisme à tout crin des studios...
Comme me l'avait confié un réalisateur, tu as 6 "producers" derrière le combo, et chacun d'entre eux DOIT intervenir et te faire changer quelque chose, faute de quoi il ne sert à rien et ne peut justifier sa présence. A cela s'ajoutent les screening et les éventuelles interventions du producteur lui-même...

Le pauvre cinéaste allemand s'est pris ce truc-là en pleine tête, et il a été, je crois, à deux doigts de se faire débarquer de son projet. C'est très compliqué, de tourner pour un studio.

Edit : j'ai trouvé un article en anglais qui raconte un bout de cette catastrophe industrielle.
Ce qui est certain, c'est que le réalisateur a respecté ses clauses de confidentialité et s'est comporté en bon soldat, quitte à sacrifier le film. Du coup on ne saura pas tout, clauses de confidentialité oblige.

http://www.boxofficeprophets.com/column ... lumnpage=1
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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