STRANGER IN OUR HOUSE - Wes Craven (1978)
découverte
C'est après le petit succès de
The Hills Have Eyes, que Craven tourne ce sympathique téléfilm fantastique surfant sans se faire voir sur le succès de
Carrie. Le réalisateur semble prendre plaisir à se couler dans la confortable divan télévisuel, lui proposant un budget bien plus conséquent que pour ses bobines d'exploitations. Sa mise en scène est tout ce qu'il y a de plus fonctionnelle et ne sert qu'à mettre en valeur les coupes de cheveux criminelles de Linda Blair (le film est depuis sur la liste rouge de Franck Provost) et les décors californiens. Visuellement très sage donc - même si le dernier acte grand-guignol est un peu plus ambitieux - plus proche d'un soap que d'un film d'horreur, calibré pour faire frissonner le gamin de dix ans et plaire tranquillement aux parents. Si Craven prend le soleil, le scénario est lui, bien plus retors. L'intrusion de cette cousine éloignée, réveille un véritable malaise dans cette famille Ricoré. Le portrait est amoché puisque petit à petit au contact de l'élément perturbateur, les membres se dévoilent : le jeune fils est un tantinet con-con, la mère est sexuellement frustrée tandis que le père, tronche de psychopathe mention assez bien, fricote avec la cousine sans se cacher et est à deux doigts de consommer l'inceste (à double tranchant car la cousine a le même âge que sa fille) tout en prétextant à la toute fin ne plus se rappeler de rien. Faut-il alors voir le final cul cul la praline, comme un renoncement ou comme l'aboutissement ironique d'une destruction de la morale yankee ? Point de réponse, mais les adorateurs de Craven on déjà la leur. Pour eux, ce n'est rien d'autre qu'une thématique chère au cinéaste, celle de dézinguer la rêve américain faisant de lui un cinéaste bien plus politique qu'on ne voudrait le penser. Mouuuuuuiiiiii, kamoulox.
A NIGHTMARE ON ELM STREET - Wes Craven (1984)
révision
Wes Craven touche (enfin) le jackpot. Après deux petits succès dans le cinéma d'exploitation, un passage télé et deux semi-bides, le réal gagne des points auprès un large public avec
A Nightmare on Elm Street, première et meilleur opus (en même temps ce n'est pas difficile) de la saga Freddy Krueger. Tout part d'un pitch du tonnerre (un tueur agissant dans les rêves d'ados) pour aboutir à une péloche d'horreur correctement menée, pas aussi chef d'oeuvresque que ne le veut la légende mais rythmé, bien écrit et surtout premier degré. Grosse surprise d'une révision après pas mal de temps, le sérieux du traitement, bien éloigné du ton carnavalesque des suites. Freddy est une entité diabolique, distante et plongée dans l'obscurité la plupart du temps. Le maquillage n'est pas encore celui que tout le monde connait et Robert Englund joue le boogeyman sans cabotinage, avec le soucis de le rendre flippant et mystérieux. Depuis, le personnage est devenu un méchant de cartoon, mais ici, il se cache dans un bain, dans un mur ou dans un lit et il est difficile de voir son visage en pleine lumière. Son origine et sa résurrection restent une des plus belles choses créée par Craven. Victime de l’hystérie d'une ville, Krueger symbolise la mauvaise conscience d'une Amérique morale jusqu'au bout des ongles, qui plutôt que de s'attaquer à ses bourreaux, s'attaque à leurs enfants. Symbole évident d'une Amérique des années 80, vivant sur les corps encore chauds du Vietnam et sur les désillusions du Watergate. Les mômes en payent le prix et Freddy se propose d'en être le percepteur. A nuancer tout de même, le synthé daté de Charles Bernstein et un dernier acte qui flirte avec le second degré (via les pièges à la
Home Alone). Cela mis à part,
A Nightmare on Elm Street est une bonne pioche dans la filmo en demi-teinte de son auteur.