Underworld USA
Encore une grande réussite du grand Sam...Dès la séquence d'ouverture, nous sommes plongé dans un univers glauque.
Tolly, adolescent livré à lui-même, vole le portefeuille d'un poivrot et alors qu'il s'apprête à en regarder le contenu et que
la police rode, il se le fait voler par un autre enfant qui le frappe violemment au visage...Peu après, alors qu'il s'est
réfugier chez sa belle-mère, ils sont alerté par des bruit venant de la rue. Son père, alors qu'il rentrait chez lui est battu à
mort sous ses yeux...Plus loin, on assiste au meurtre d'un enfant, écrasé par la voiture du tueur de l'organisation criminelle...
Un film coup de poing indispensable. Moins parfait dans sa forme mais aussi puissant sinon plus puissant que "Pick up on south
street" avec lequel il présente bien des points communs mais Underworld est plus stylisé (sans doute par manque de moyens),
moins rigoureux dans sa construction... et encore plus lyrique. Je crois notamment que les dialogues entre les 3 personnages
principaux, Tolly, Sandy et Cuddles ont une force presque inégalée dans l'oeuvre de Fuller.
En dehors des scènes d'ouverture extraordinaires, le film est ponctué d'autres scènes mémorables, à commencer par toutes celles
avec les 2 principaux personnages féminins.
D'abord, Sandy, la belle-mère, qui veille sur Tolly enfant puis le conseille et le sermone alors que celui-ci, devenu adulte ne pense
à rien d'autre qu'à assouvir sa vengeance en supprimant les meurtriers de son père. Elle cherche en vain à le rapprocher de Cuddles
que Tolly a sauvé du gang mais qu'il rejette.
Ensuite, toutes les scènes avec Cuddles, cette droguée, qui s'est sans doute livrée à la prostitution. La belle Dolores Dorn était sans
doute un peu trop glamour pour un rôle comme celui ci mais toutes ses scènes avec Cliff Robertson sont absolument fascinantes.
Les rapports qu'ils entretiennent rappelleront ceux existant entre Richard Widmark et Jane Peters dans "Le port de la drogue"...
Mélange de Méfiance, de Violence et de Tendresse...
Une remarque au sujet du rôle de la belle-mère... On retrouve d'autres rôles de femmes mures marquants dans d'autres polars de
Fuller, des rôles secondaires certes mais toujours intéressants . Dans Underword USA, c'est Beatrice kay, la belle-mère qui protège,
conseille et sermone Tolly. Dans "The crimson kimono", c'est Anna Lee, l'artiste bohème et un brin alcolo qui est la confidente des
deux inspecteurs de police.
Enfin, dans "Pick up...", c'est Thelma Ritter, plus ambigue car si elle conseille et aide Richard Widmark, c'est aussi elle
qui le trahira...
Une autre singularité de ce film, c'est que Fuller a manifestement choisit de nous montrer un crétin congénital à l'oeuvre et c'est
assez rare pour être signalé (depuis, les frères Coen sont arrivés pour prendre le relai). Il ne semble doué que pour une seule chose,
assouvir sa vengeance et parvient à ses fins en manipulant la police fédérale tout comme les membres de l'organisation criminelle.
Ceci prouverait au contraire l'intelligence de Tolly si cette vengeance longue à se décider et inutile ne l'empêchait pas de vivre sa
vie.
Dans ce rôle assez ingrat, Cliff Robertson, s'en sort plutôt bien même si pour moi, il est éclipsé par ses 2 partenaires féminines. Si
ce film a un maillon faible, pour moi, c'est celui là. Pour le reste, c'est un des chefs d'oeuvre de Samuel Fuller. Ma note : 9/10