

tuck pendleton a écrit :La délicatesse dont le metteur en scène fait preuve à travers le jeu très juste des deux acteurs principaux définit en grande partie la réussite du film. Jeff Bridges dans un rôle très casse gueule (c'est au départ Tom Cruise qui avait été envisagé) arrive miraculeusement à s'en sortir épaulé merveilleusement par une Karen Allen très touchante. La narration très fluide baigne constamment le film dans une sorte d'intemporalité qui ne joue que très peu sur l'urgence, Carpenter préférant capter les paysages du grand ouest américain et l'atmosphère de certains lieux traversé (Las vegas, les restau routiers ...). C'est une sensation de plénitude qui ressort du film jusqu'à ce final spectaculaire qui conclut le film de façon quasi-intime et le dernier plan est encore une fois très émouvant.
Je ne l'aurais mieux dit, aussi me permets-je de citer ce paragraphe qui résume fort bien le cœur du film et qui en est à mes yeux, par conséquent, sa principale réussite.
Starman n'est certainement pas le meilleur film de John Carpenter, ni sans doute un incontournable dans sa filmographie, mais sa tonalité apaisée et romantique, appuyée par une narration remarquablement fluide et aérienne comme le soulignait tuck pendleton, confère au produit une plénitude où la délicatesse rivalise avec une poésie que l'on n'espérait pas voir chez un cinéaste dont la filmographie laisse en général peu de place à l'optimisme et au sentiment amoureux. Carpenter s'expliquera de ce choix artistique en arguant qu'après l'échec financier de
The Thing, il fallait qu'il démontre aux studios qu'il était toujours dans le coup et qu'il pouvait changer de registre. Au vu du résultat, très attachant, on en redemanderait presque, de ce Carpenter-là. Problème (et non des moindres) : bien que bâtis plus ou moins simultanément, les scénarios d'
E.T. et
Starman partagent de nombreux points communs et la sortie précoce du Spielberg (couplé au fait qu'il bénéficie d'une popularité ô combien méritée supplantant largement celle du Carpenter) fait pas mal de tort au film de Big John dans la mesure où il est souvent difficile, durant le film, de ne pas établir des passerelles entre les deux, de ne pas voir des similitudes aussi bien formelles que narratives (dommageables car nuisant pas mal à la surprise : l'intrigue est très prévisible). Bien que le scénario surfe sans se cacher sur les acquis de
Rencontres du 3e type et
E.T., au point de récapituler des passages qui semblent presque être dorénavant obligés (l'extraterrestre qui arrive dans la vie d'un être esseulé, l'extraterrestre qui s'attendrit devant un classique naphta, l'extraterrestre qui a le pouvoir de faire revivre des organismes...), Carpenter réussit quand même le prodige de conquérir le spectateur et de l'émouvoir en dosant habilement la charge émotive sous-tendue par cette histoire fantastique. La réussite du film tient alors en grande partie sur les épaules du couple Jeff Bridges / Karen Allen, auquel on s'attache progressivement à l'aide de dialogues sensibles sans verser dans la mièvrerie, et d'une mise en scène éthérée de Carpenter. A la manière d'un Capra (ou d'un Spielberg), il fait preuve de beaucoup d'humanisme tandis qu'au gré de son fil rouge, il fabrique un road-movie intimiste, naviguant dans une mélancolie parfois contemplative, comme lorsqu'il s'arrête quelques instants pour capter, comme le disait si bien tuck, l'ambiance de restos routiers. Le beau final s'achève sur un plan fort qui trotte en mémoire, venant rappeler que cette histoire de SF était avant tout celle d'une femme brisée par la vie. Une réussite, certes relativement balisée, mais émouvante, subtile et atypique dans le parcours de son réalisateur.