Spartacus (Stanley Kubrick - 1960)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

someone1600
Euphémiste
Messages : 8853
Inscription : 14 avr. 05, 20:28
Localisation : Québec

Message par someone1600 »

Je ne crois pas que ce soit sorti en zone 1 cette edition, je n'ai vu que deux éditions, une columbia il me semble et le Criterion... :?
julien
Oustachi partout
Messages : 9039
Inscription : 8 mai 06, 23:41

Message par julien »

Ah c'est vraiment dommage pour toi ! Tu n'as pas de lecteur multizone ?
Nestor Almendros
Déçu
Messages : 24376
Inscription : 12 oct. 04, 00:42
Localisation : dans les archives de Classik

Message par Nestor Almendros »

Il me semble que l'édition 2dvd z2 correspond à l'édition Criterion. C'est, je crois, le même master et certains bonus du Criterion (tous, peut-être?) sont repris sur le z2 Universal...
Silencio
Electro
Messages : 835
Inscription : 11 déc. 06, 12:08

Message par Silencio »

Ratatouille a écrit :Quelques-uns des plans larges les plus incroyables que j'ai jamais vus
C'est autre chose que ceux de 2001, hein ?
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54772
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Message par Flol »

Judyline a écrit :Spartacus (1960) de Stanley Kubrick
9/10

Drame historique dans lequel se mélangent grandeur et décadence… Grandeur d’un rêve de liberté caressé par ces esclaves avec à leur tête le charismatique Spartacus. Décadence d’un peuple romain (et plus particulièrement de quelques-uns de ses hauts représentants) qui petit à petit, à coups de barbaries et de cruauté détruit ce qui avait autrefois fait toute sa splendeur. ‘Spartacus’, c’est aussi l’œuvre d’un grand cinéaste, Stanley Kubrick, qui met au service de l’Histoire une mise en scène grandiose et singulièrement violente (pour l’époque). Quant au casting, parfait sous tout rapport, il est composé de l’inégalable Kirk ‘Spartacus’ Douglas, dont le nom restera longtemps associé à celui du leader des esclaves, de la très jolie Jean Simmons, des grandioses Charles Laughton et Laurence Olivier (qui joue un Crassus à côté duquel le Jules César de John Gavin fait bien pâle figure), du magnifique Tony Curtis et du non moins excellent Peter Ustinov. Bref, ‘Spartacus’ est un film spectaculaire sous bien des aspects, regorgeant de moment dramatiques d’une rare ‘beauté’ (mais je ne sais pas si ce mot peut vraiment être utilisé dans ce cas-ci).
Et quelle musique extraordinaire d'Alex North : le "Love Theme" est absolument prodigieux.
Judyline
Accessoiriste
Messages : 1697
Inscription : 11 sept. 06, 00:45
Localisation : Quelque part entre ici et ailleurs...
Contact :

Message par Judyline »

Ratatouille a écrit :
Judyline a écrit :Spartacus (1960) de Stanley Kubrick
9/10
Et quelle musique extraordinaire d'Alex North : le "Love Theme" est absolument prodigieux.
En effet, la musique est également excellente! Je m'étais d'ailleurs fait la réflection pendant le film, mais j'ai oublié de la citer dans mon texte...
Avatar de l’utilisateur
hansolo
Howard Hughes
Messages : 16064
Inscription : 7 avr. 05, 11:08
Localisation : In a carbonite block

Message par hansolo »

Vu le doc "A life in picture" sur Kubrick hier soir.
Il est dit dans ce documentaire que le scénario du film à l'arrivée de Kubrick (après le 'désaccord' entre Kirk et Anthony Mann) ne comportait pas de bataille, et que Kubrick avait modifié le scénario pour les incorporer ...
est-ce exact?

En effet, jusqu'a present j'etais persuadé que le scénario devait tout à Dalton Trumbo (a partir du roman d'Howard Fast); et d'ailleurs dans sa biographie Douglas raconte comment il a du se battre pour faire mentioner son nom au générique alors qu'il faisait parti des Hollywood Ten ...; Kirk Douglas parle même d'un moment où il se serait affronté à Kubrick car ce dernier avait proposé qu'on mette son propre nom comme scénariste, pour contourner le problème de la censure!
andrino
Doublure lumière
Messages : 554
Inscription : 21 août 06, 14:06
Localisation : La Rochelle

Message par andrino »

Je viens de parcourir les 5 pages de ce forum, mais nulle part n'ai vu mentionné la qualité tchnique du DVD; le film, je connais, mais quand est-il de son report!!!!
F d F ( Fan de Ford)
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Message par Jeremy Fox »

andrino a écrit :Je viens de parcourir les 5 pages de ce forum, mais nulle part n'ai vu mentionné la qualité tchnique du DVD; le film, je connais, mais quand est-il de son report!!!!
Rien que la première édition était déjà de grande qualité.
Avatar de l’utilisateur
hansolo
Howard Hughes
Messages : 16064
Inscription : 7 avr. 05, 11:08
Localisation : In a carbonite block

Message par hansolo »

Jeremy Fox a écrit :
andrino a écrit :Je viens de parcourir les 5 pages de ce forum, mais nulle part n'ai vu mentionné la qualité tchnique du DVD; le film, je connais, mais quand est-il de son report!!!!
Rien que la première édition était déjà de grande qualité.
+1
on en parle dans le topic sur la version HD, les avis divergent; perso je n'ai pas a m'en plaindre, je trouve la restauration (même sur l'edition Universal que certains dédaignent) de très bonne facture!
Alfred Kralik a écrit :
Profondo Rosso a écrit :Le score de Alex North est resortie dans une edition luxueuse il y a quelques années pourtant je l'ai il est devenu si dur à trouver que ça maintenant ?
Sans ponctuation, j'ai eu du mal à comprendre...
Ma réponse, sous réserve, serait : oui. :)
+1
c'est quand même pénible d'avoir autant de mal a mettre la main sur des scores splendides (parfois même quand ils pourraient avoir un potentiel commercial comme le score de Temple of Doom très difficile a trouver à un prix décent)
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Spartacus (Stanley Kubrick, 1960)

Message par Alligator »

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... tacus.html

Image

Superbe édition Criterion, uncut restauré, avec même la scène des escargots et des huîtres, jadis censurée, donc la voix d'Anthony Hopkins imitant celle de Laurence Olivier.

L'élaboration de ce film a été si éprouvante pour tout le monde qu'elle est en quelque sorte entrée dans la légende du cinéma difficilement accouché.

Du coup, je ne sais trop à qui l'on doit réellement la beauté des séquences entre ombre et lumière, ces ocres antiques, ces teintes vertes, jaunes et rouges, plutôt mâtes, aussi brutes que le propos, aussi passées que l'Italie du sud à feu et à sang : à Russell Metty ou à Stanley Kubrick?

A qui doit-on le personnage de Spartacus : au romancier Howard Fast dont est issu l'adaptation? Au scénariste blacklisté Donald Trumblo dont les sympathies marxistes sont très facilement lisibles avec un thème pareil? D'ailleurs beaucoup le lui ont reproché. A Kirk Douglas enfin qui s'est investi intensément? Il le faisait très souvent d'ailleurs mais le degré d'investissement semble là d'une rare intensité. A Stanley Kubrick enfin, qui reprend pourtant le travail d'Anthony Mann mais dont l'intransigeance et l'imagination ont été marquées par sa collaboration à Douglas, Metty entre autres?

Quoiqu'il en soit, l'amalgame de ces contradictions, de cette pluralité de lectures produit un résultat intrigant entre le péplum quasi mystique (Spartacus finissant même crucifié, sorte de messie social) et le mélodrame romantique avec le lien très fort qui unit Spartacus et Variana et qui les sauve, les maintenant en vie malgré l'avilissement de l'esclavage qu'ils subissent.

Cette part du film m'a bien plus parlé, l'héroïsme transcendant me paraissant toujours suspect, équivoque et le duo que forment Kirk Douglas et Jean Simmons est remarquable, d'une justesse qui m'a par moments bluffé : la scène de rires aux éclats quand ils se retrouvent dans leur fuite illustre parfaitement leur entente et le plaisir qu'ils ont de jouer ensemble se répercute sur celui du spectateur.

C'est également le cas à n'en pas douter pour le gargantuesque rieur Charles Laughton quand il se fait donner la réplique par Peter Ustinov jeune et déjà bien rondouillard. Ces deux boules roulent et savourent leurs saillies verbales.

On ne dira jamais assez combien le scénario ménage quelques répliques bien senties. Ne serait-ce que le dialogue entre Laurence Olivier et Tony Curtis sur la bisexualité. On ne boude pas son bonheur pour ces petits moments de finesse, faits de double voire triple sens. Le film se construit aussi sur un texte futé et les acteurs en redemandent.

Sir Laurence Olivier en sénateur finaud n'est pas en reste, il fait montre d'une grande maitrise. Son jeu, sa diction sont au cordeau, rythmes et tons parfaits. En outre, son personnage est d'une belle ambiguité, fasciné par Spartacus, à la fois en adoration pour la réussite et les exploits du renégat et effrayé par le péril social qu'il représente, la fin du monde sur lequel Rome a été bâtie. Cette lecture du personnage est densifiée par la fascination qu'il éprouve pour le pouvoir qu'il essaie de contrôler au Sénat comme dans sa gente.

A la fin, j'ai l'impression que l'appréciation du film est un peu perturbé par la partition du récit avec la première partie, celle de l'apprentissage et le développement des sentiments d'amour jusqu'à la révolte dans l'école de gladiateurs et puis, la seconde partie la campagne militaire des esclaves, la libération et la vaine fuite d'Italie. Ces deux éléments racontent deux histoires bien différentes en somme. Je trouve que cette dichotomie souligne beacoup trop le manque de cohésion ou de fluidité. La césure est trop évidente. Peut-être la première partie est-elle trop longue? Je me pose la question, sans nécessairement avoir une réponse bien tranchée.
Avatar de l’utilisateur
hansolo
Howard Hughes
Messages : 16064
Inscription : 7 avr. 05, 11:08
Localisation : In a carbonite block

Spartacus (Stanley Kubrick, 1960)

Message par hansolo »

Alligator a écrit : A qui doit-on le personnage de Spartacus : au romancier Howard Fast dont est issu l'adaptation? Au scénariste blacklisté Donald Trumblo dont les sympathies marxistes sont très facilement lisibles avec un thème pareil? D'ailleurs beaucoup le lui ont reproché. A Kirk Douglas enfin qui s'est investi intensément? Il le faisait très souvent d'ailleurs mais le degré d'investissement semble là d'une rare intensité. A Stanley Kubrick enfin, qui reprend pourtant le travail d'Anthony Mann mais dont l'intransigeance et l'imagination ont été marquées par sa collaboration à Douglas, Metty entre autres?
A ce propos, il faut lire la biographie de Kirk ou il relate une moment truculent entre lui-même producteur et Kubrick réalisateur ... Douglas insiste pour que Trumbo soit crédité et Kubrick déclare que ça sera difficile ... et qu'il veut bien, si c'est impossible, être crédité comme scénariste!
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
- Well, if you fold 'em, they fire you. I usually throw 'em out.

Le grand saut - Joel & Ethan Coen (1994)
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Spartacus (Stanley Kubrick - 1960)

Message par Alligator »

En effet je viens de finir cette autobio. Douglas est sans aménité pour Kubrick. Je le cite :
Tout ceci prouve qu'il est nul besoin d'être estimable pour avoir du talent. On peut être un sale con et avoir du talent, et inversement, être quelqu'un de délicieux et en être parfaitement dépourvu. Stanley Kubrick est un sale con qui a du talent.
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14972
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Spartacus (Stanley Kubrick - 1960)

Message par Demi-Lune »

ImageImageImage

Lorsque j'avais découvert Spartacus il y a quelques années, j'avais été littéralement époustouflé par l'intelligence et l'ampleur de ce péplum grandiose, qui mêlait avec un équilibre miraculeux la petite histoire dans la grande. Pour avoir revu le film de Kubrick tout récemment, je peux dire que, même si ce n'est pas mon Kubrick préféré, ma forte impression demeure intacte. S'ouvrant sur un générique comme toujours inspiré du génial Saul Bass, qui rien qu'avec des images tamisées de mains de statues et de bustes d'imperatores à la figure digne, capte toute la grandeur de l'image de la Rome antique, Spartacus est une addition de talents incroyables qui poussent le film vers les plus hauts sommets du genre : casting en or massif, grands techniciens, dirigés par un Maître du cinéma. Kubrick réalise une œuvre très dense, mais qui ne s'effondre jamais par excès de gigantisme : romance superbe et d'une justesse dont devrait se rappeler les détracteurs du style froid de Kubrick, épopée d'un homme charismatique s'élevant contre sa destinée, coups fourrés politiques au Sénat, retournements de situations, il y a là de quoi faire plus d'un film, et pourtant le tout s'interconnecte avec une rare aisance. J'avoue que je suis particulièrement client de tout "l'envers" de l'épopée de Spartacus, ces intrigues politiques à Rome qui confrontent impitoyablement Crassus, Gracchus et César. Le superbe monologue de Crassus sur l'irrésistible attrait pour Rome, son pouvoir, l'obsession presque aveugle qu'elle suscite, témoigne du fait que Spartacus est également (et peut-être surtout) un grand film sur la civilisation romaine et sur la fascination qu'elle exerce sur l'Histoire. Même si tous les personnages sont bien écrits, ce sont quand même les Romains qui sont les plus intéressants - les Gracchus, Crassus, Batiatus... tous en quête de gloire personnelle alors que Spartacus véhicule un message universel. L'impérial Laurence Olivier livre ainsi une performance admirable dans le rôle de Crassus, personnage tout en complexité et assez fascinant.

ImageImageImage

Pourtant, Spartacus est difficile à appréhender. Est-ce vraiment un film de Stanley Kubrick ? C'est une œuvre qu'il n'a pas personnellement choisie (il remplace au pied levé Anthony Mann avec l'appui de Kirk Douglas) et qu'il renia ensuite. Constat bien dur au vu du résultat : cela reste cent coudées au-dessus des péplums de la même époque (pour moi Spartacus enterre sans problème Ben-Hur, qui demeure pourtant une belle et grande œuvre). Mais c'est quand même un film assez particulier dans son imposante filmographie. Ce n'est pas que ce soit du travail impersonnel : on retrouve quelques unes des thématiques habituelles du cinéaste, et le "style" Kubrick est bien là, que cela soit dans les cadrages impressionnants ou dans le soin maniaque apporté à la lumière, aux décors, à la reconstitution. Mais il y a dans Spartacus, onéreux spectacle aux nobles sentiments appuyés, ancré dans un genre populaire et très codifié, une dimension "hollywoodienne" qui me paraît détonner au milieu d'une œuvre kubrickienne généralement difficile d'accès et sans aucune concession. Bien que le film soit une immense réussite, regorgeant de séquences inoubliables, la faiblesse de quelques scènes un peu naïves, et l'ombre de Douglas sur la création du film, en font en quelque sorte le canard boiteux du Maître... mais quel canard boiteux !
Et Ratatouille va être content : le Love Theme de North est juste beau à pleurer.
Dernière modification par Demi-Lune le 12 nov. 10, 17:35, modifié 2 fois.
Avatar de l’utilisateur
hansolo
Howard Hughes
Messages : 16064
Inscription : 7 avr. 05, 11:08
Localisation : In a carbonite block

Re: Spartacus (Stanley Kubrick - 1960)

Message par hansolo »

Demi-Lune a écrit : Constat bien dur au vu du résultat : cela reste cent coudées au-dessus des peplums de la même époque (pour moi Spartacus enterre sans problème Ben-Hur, qui demeure pourtant une belle et grande oeuvre).
...
Et Ratatouille va être content : le Love Theme de North est juste beau à pleurer.
J'avais également peur que tu "oublie" de mentionner le chef d'oeuvre dont nous a gratifié North (et pas que le love theme!)

Pour ce qui est de ta comparaison entre Spartacus et Ben-Hur ... l'epopée de Ben-Hur est certes moins frappante et il n'y a pas les enjeux politiques grandioses du film de Kubrick / Douglas (pour moi ce film doit autant à l'un qu'a l'autre!) mais Ben Hur est une fresque sublime qui n'est en rien enterée par Spartacus!
Ce sont deux chefs d'oeuvre très différents qui en dehors d'etiquette "Peplum" ne sont guere comparables!
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
- Well, if you fold 'em, they fire you. I usually throw 'em out.

Le grand saut - Joel & Ethan Coen (1994)
Répondre