Claude Autant-Lara (1901-2000)
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L’AUBERGE ROUGE de Claude Autant-Lara
Très très bonne surprise que cette comédie bien noire. Je n’en attendais pas grand-chose du fait que je n’ai jamais vraiment apprécié Fernandel. Ce dernier m’a pourtant au final fait rire aux éclats avec son rôle de moine cherchant à préserver le secret de la confession. Mais c’est surtout l’esprit très politiquement incorrect du scénario qui m’a enchanté avec son pitch méchamment méchant et son coté rentre dans le lard envers le clergé et la bourgeoisie. Le film n’oublie pas non plus d’exploiter son coté malsain et flippant (la séquence où le moine cherche à s’enfuir sous le rire des voyageurs) au milieu de la pantalonnade par une mise en image étonnamment impressionnante. Reste quelques éléments datés (ça se pose pas de grandes questions sur la notion de racisme) mais ça ne pèse pas lourd face à la jubilation procuré par le spectacle.
Très très bonne surprise que cette comédie bien noire. Je n’en attendais pas grand-chose du fait que je n’ai jamais vraiment apprécié Fernandel. Ce dernier m’a pourtant au final fait rire aux éclats avec son rôle de moine cherchant à préserver le secret de la confession. Mais c’est surtout l’esprit très politiquement incorrect du scénario qui m’a enchanté avec son pitch méchamment méchant et son coté rentre dans le lard envers le clergé et la bourgeoisie. Le film n’oublie pas non plus d’exploiter son coté malsain et flippant (la séquence où le moine cherche à s’enfuir sous le rire des voyageurs) au milieu de la pantalonnade par une mise en image étonnamment impressionnante. Reste quelques éléments datés (ça se pose pas de grandes questions sur la notion de racisme) mais ça ne pèse pas lourd face à la jubilation procuré par le spectacle.
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Re: Autant-Lara
Le mariage de Chiffon (1942)
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En pleine Occupation, Autant-Lara nous donne une image de la famille pour le moins explosive : la mère, épouvantable mégère, porte la culotte, le beau-père est un gentil mou qui joue au billard avec son personnel, l'oncle a pour maîtresse une femme du monde mariée, et la fille tient tête à tout le monde ! A cela s'ajoute des militaires visiblement plus portés sur la bagatelle que sur le métier des armes et des huissiers qui viennent en aide à leurs "victimes". Les dialogues sont au diapason de l'intrigue, subtils, vifs et caustiques. La mise en scène élégante renforce le côté subversif du film servi par d'excellents interprètes : Odette Joyeux dans le rôle-titre est merveilleuse avec un petit quelque chose d'Arletty, André Luguet, en colonel-duc gentleman est parfait, tout comme Jacques Dumesnil, Pierre Larquey (génial), Robert Le Vigan, Louis Seigner, Raymond Bussières ou encore Bernard Blier. Seule Suzanne Dantès est un peu agaçante avec sa façon de surjouer en permanence. Un excellent film. A quand une édition en dvd ?
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En pleine Occupation, Autant-Lara nous donne une image de la famille pour le moins explosive : la mère, épouvantable mégère, porte la culotte, le beau-père est un gentil mou qui joue au billard avec son personnel, l'oncle a pour maîtresse une femme du monde mariée, et la fille tient tête à tout le monde ! A cela s'ajoute des militaires visiblement plus portés sur la bagatelle que sur le métier des armes et des huissiers qui viennent en aide à leurs "victimes". Les dialogues sont au diapason de l'intrigue, subtils, vifs et caustiques. La mise en scène élégante renforce le côté subversif du film servi par d'excellents interprètes : Odette Joyeux dans le rôle-titre est merveilleuse avec un petit quelque chose d'Arletty, André Luguet, en colonel-duc gentleman est parfait, tout comme Jacques Dumesnil, Pierre Larquey (génial), Robert Le Vigan, Louis Seigner, Raymond Bussières ou encore Bernard Blier. Seule Suzanne Dantès est un peu agaçante avec sa façon de surjouer en permanence. Un excellent film. A quand une édition en dvd ?
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Re: Autant-Lara
Il y a deux films que j'adore particulièrement chez Autant-Lara, ce sont L'auberge rouge (1951) et La Traversée de Paris(1956)
J'apprécie vraiment sa verve des années 40 aussi !
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Re: Autant-Lara
La traversée de Paris 1956
J'adule ce film.
Pas loin du chef d'oeuvre car je ne vois pas grande scorie : un scénar de pure beauté, des dialogues d'orfèvre avec quelques répliques devenues légendaires ("salops de pauvres" ou "Janvier! 45 rue de Polivot!"), des acteurs éblouissants, des personnages attendrissants, une photo magnifique (attention interdiction de voir la version colorisée!).
A la limite, si je cherche la petite bête, je reste un peu perplexe sur la fin,
Par contre j'ai bien du mal avec La jument verte 1959
Comédie bizarroïde, un brin cynique et pas très drôle de Claude Autant-Lara, avec pas mal de bons comédiens. Il faut dire que faire un film prétendument comique sur les conséquences d'un viol commis par les allemands lors de l'invasion de 1870, c'est un peu bizarre avouez... bref, on ne rit pas vraiment. Ya comme un défaut. Et puis je ne suis pas sûr qu'Autant-Lara soit à l'aise avec la couleur non plus.
Je n'ai pas accroché du tout. L'histoire (adaptée de Marcel Aymé que j'adore d'habitude) m'a considérablement déçu.
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En cas de malheur, 1958
Sous ses dehors moralistes, ce film cache une sorte d'amertume, ou alors porte un regard plein de tristesse sur la société et les moeurs de l'époque. La relation entre le vieux Gabin et la jeune Bardot est pourrie quelque part à cause de la décrépitude morale de la société. En substance, c'est que j'ai cru lire dans le discours du film. Et cela ressemble plutôt bien à son auteur, Claude Autan-Lara, un cinéaste célinien j'ai l'impression. Pas mal d'aigreur en fait suinte de ce film. Pour le reste, les comédiens sont bons. Bardot un peu nunuche comme d'hab, elle n'a pas inventé le fil à couper le beurre la pauvre. La réalisation d'Autan-Lara est propre, nickel-chrome. Le noir et blanc est bien exploité. C'est du bon boulot sur le plan technique.
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L'auberge rouge, 1951
C'est d'abord un superbe rôle pour Carette, l'un des plus grands seconds rôles que je connaisse. Il me semble que l'histoire est tirée d'une histoire vraie. Et une Françoise Rosay de belle facture. Fernandel est plus dans un registre habituel. Autant-Lara aime ce genre d'histoire originale, qui sort des sentiers battus pourtant sur celle-ci, il me parait ne pas donner toute sa demesure. L'étrange piété des hôteliers rappelle tout de même le cynisme mordant du cinéaste.
J'adule ce film.
Pas loin du chef d'oeuvre car je ne vois pas grande scorie : un scénar de pure beauté, des dialogues d'orfèvre avec quelques répliques devenues légendaires ("salops de pauvres" ou "Janvier! 45 rue de Polivot!"), des acteurs éblouissants, des personnages attendrissants, une photo magnifique (attention interdiction de voir la version colorisée!).
A la limite, si je cherche la petite bête, je reste un peu perplexe sur la fin,
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Par contre j'ai bien du mal avec La jument verte 1959
Comédie bizarroïde, un brin cynique et pas très drôle de Claude Autant-Lara, avec pas mal de bons comédiens. Il faut dire que faire un film prétendument comique sur les conséquences d'un viol commis par les allemands lors de l'invasion de 1870, c'est un peu bizarre avouez... bref, on ne rit pas vraiment. Ya comme un défaut. Et puis je ne suis pas sûr qu'Autant-Lara soit à l'aise avec la couleur non plus.
Je n'ai pas accroché du tout. L'histoire (adaptée de Marcel Aymé que j'adore d'habitude) m'a considérablement déçu.
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En cas de malheur, 1958
Sous ses dehors moralistes, ce film cache une sorte d'amertume, ou alors porte un regard plein de tristesse sur la société et les moeurs de l'époque. La relation entre le vieux Gabin et la jeune Bardot est pourrie quelque part à cause de la décrépitude morale de la société. En substance, c'est que j'ai cru lire dans le discours du film. Et cela ressemble plutôt bien à son auteur, Claude Autan-Lara, un cinéaste célinien j'ai l'impression. Pas mal d'aigreur en fait suinte de ce film. Pour le reste, les comédiens sont bons. Bardot un peu nunuche comme d'hab, elle n'a pas inventé le fil à couper le beurre la pauvre. La réalisation d'Autan-Lara est propre, nickel-chrome. Le noir et blanc est bien exploité. C'est du bon boulot sur le plan technique.
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L'auberge rouge, 1951
C'est d'abord un superbe rôle pour Carette, l'un des plus grands seconds rôles que je connaisse. Il me semble que l'histoire est tirée d'une histoire vraie. Et une Françoise Rosay de belle facture. Fernandel est plus dans un registre habituel. Autant-Lara aime ce genre d'histoire originale, qui sort des sentiers battus pourtant sur celle-ci, il me parait ne pas donner toute sa demesure. L'étrange piété des hôteliers rappelle tout de même le cynisme mordant du cinéaste.
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Re:
Trois films que j'aimerais beaucoup découvrir mais qui ne sont apparemment pas édités en DVD.Jeremy Fox a écrit :Pour "Douce", "Le mariage de Chiffon" et "Sylvie et le fantôme", j'estime très fort ce cinéaste
De plus, ils ne sont jamais programmés à la TV...
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Re: Autant-Lara
As-tu lu la nouvelle de Marcel Aymé ? Parce que...Alligator a écrit :La traversée de Paris 1956
...
A la limite, si je cherche la petite bête, je reste un peu perplexe sur la fin.
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Re: Re:
Sylvie et le fantôme a été diffusé sur Canal satellite l'année derniere il me semble. Un film amusant mais vite oublié.Tommy Udo a écrit :Trois films que j'aimerais beaucoup découvrir mais qui ne sont apparemment pas édités en DVD.Jeremy Fox a écrit :Pour "Douce", "Le mariage de Chiffon" et "Sylvie et le fantôme", j'estime très fort ce cinéaste
De plus, ils ne sont jamais programmés à la TV...
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Re: Autant-Lara
Non je ne l'ai pas lue mais il me semble en avoir entendu parler de cette fin originelle. Peut-être ici même.Commissaire Juve a écrit :As-tu lu la nouvelle de Marcel Aymé ? Parce que...Alligator a écrit :La traversée de Paris 1956
...
A la limite, si je cherche la petite bête, je reste un peu perplexe sur la fin.
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Re: Claude Autant-Lara
Et c'est sans doute moi qui en avais déjà parlé !
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Re: Claude Autant-Lara
Je copie-colle un "vieux" post :
Tu ne tueras point, Claude Autant-Lara, 1961
Un film que j'étais curieux de découvrir depuis longtemps, conspué par la critique de l'époque, interdit par Malraux, et qui aurait du avoir un écho assez saisissant sur la jeunesse qui vivait alors en plein avec la guerre d'Algérie.
C'est l'histoire d'un jeune appellé, catholique, plus que sobrement joué par Laurent Terzieff, et qui refuse de servir l'Armée. S'il dit non à l'uniforme et au port d'armes, ce n'est pas juste dans l'espoir de se faire réformer. Il veut clairement dénoncer la guerre, quitte à finir ses jours en prison en tant qu'objecteur de conscience, une notion qui n'est alors pas tolérée par l'Etat. Par une mise en scène extrêmement sobre, dans un scope noir et blanc que je n'espérais pas aussi maîtrisé, Autant-Lara laisse chaque scène se développer le temps nécessaire, laissant beaucoup de place à la réthorique pour un véritable et passionnant débat d'idées sur la morale, la foi, le meurtre et le pardon. Ça se finit notamment sur une longue scène de procès qui s'efforce de faire le tour d'une question finalement bien complexe sans non plus trancher avec mauvaise foi.
Le risque était d'aboutir à un lourd pensum, or les dialogues d'Aurenche et Bost sonnent très juste. On a aussi bien droit à de pures scènes kafkaïennens sur l'entêtement absurde de Terzieff qu'à de vrais moments d'émotion, magnifiquement portés par Suzanne Flon, qui joue une mère à la fois compréhensive et déchirée. Le film est également traversé par de vrais instants de rage, qui en font un réquisitoire vraiment virulent contre la guerre mais aussi contre l'église. Et c'est sans doute en s'attaquant de front à ces deux tabous que le film connu la censure. Autant-Lara dénonce l'hypocrisie de l'Eglise qui a couvert tant de massacre et qui prétendrait aujourd'hui être contre la guerre. Le personnage de Terzieff finit par rejeter sa foi en disant que « si Dieu est vraiment contre la guerre, qu'il le dise une bonne fois pour toute, et qu'on l'entende ! »
Par un terrifiant flashback sur la débâcle allemande de 1944, le réalisateur montre le caractère bien atroce de l'assassinat, fut-il cautionné par des ordres militaires. Il s'attarde également sur les sordides conditions de détention en prison, l'attente des familles au parloir, les douches. Une superbe chanson d'Aznavour introduit les trois actes de ce film que j'ai trouvé vraiment très beau.
Tu ne tueras point, Claude Autant-Lara, 1961
Un film que j'étais curieux de découvrir depuis longtemps, conspué par la critique de l'époque, interdit par Malraux, et qui aurait du avoir un écho assez saisissant sur la jeunesse qui vivait alors en plein avec la guerre d'Algérie.
C'est l'histoire d'un jeune appellé, catholique, plus que sobrement joué par Laurent Terzieff, et qui refuse de servir l'Armée. S'il dit non à l'uniforme et au port d'armes, ce n'est pas juste dans l'espoir de se faire réformer. Il veut clairement dénoncer la guerre, quitte à finir ses jours en prison en tant qu'objecteur de conscience, une notion qui n'est alors pas tolérée par l'Etat. Par une mise en scène extrêmement sobre, dans un scope noir et blanc que je n'espérais pas aussi maîtrisé, Autant-Lara laisse chaque scène se développer le temps nécessaire, laissant beaucoup de place à la réthorique pour un véritable et passionnant débat d'idées sur la morale, la foi, le meurtre et le pardon. Ça se finit notamment sur une longue scène de procès qui s'efforce de faire le tour d'une question finalement bien complexe sans non plus trancher avec mauvaise foi.
Le risque était d'aboutir à un lourd pensum, or les dialogues d'Aurenche et Bost sonnent très juste. On a aussi bien droit à de pures scènes kafkaïennens sur l'entêtement absurde de Terzieff qu'à de vrais moments d'émotion, magnifiquement portés par Suzanne Flon, qui joue une mère à la fois compréhensive et déchirée. Le film est également traversé par de vrais instants de rage, qui en font un réquisitoire vraiment virulent contre la guerre mais aussi contre l'église. Et c'est sans doute en s'attaquant de front à ces deux tabous que le film connu la censure. Autant-Lara dénonce l'hypocrisie de l'Eglise qui a couvert tant de massacre et qui prétendrait aujourd'hui être contre la guerre. Le personnage de Terzieff finit par rejeter sa foi en disant que « si Dieu est vraiment contre la guerre, qu'il le dise une bonne fois pour toute, et qu'on l'entende ! »
Par un terrifiant flashback sur la débâcle allemande de 1944, le réalisateur montre le caractère bien atroce de l'assassinat, fut-il cautionné par des ordres militaires. Il s'attarde également sur les sordides conditions de détention en prison, l'attente des familles au parloir, les douches. Une superbe chanson d'Aznavour introduit les trois actes de ce film que j'ai trouvé vraiment très beau.
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Re: Claude Autant-Lara
Douce (1943).
Paris, 1887. Douce (Odette Joyeux), une jeune fille, vit avec son père le comte de Bonafé (Jean Debucourt), un veuf à la jambe de bois, et sa grand-mère, la comtesse douairière (Marguerite Moreno). Secrètement amoureuse du métayer Fabien Marani (Roger Pigaut), elle a pour préceptrice Irène (Madeleine Robinson), que son père désire épouser et qui n'est autre que la maîtresse de Mariani.
Film éclairant de manière cruelle les relations entre les maîtres et les serviteurs, au moment où cette société commence à subir une profonde mutation, malgré de très fortes résistances incarnées à la perfection par le personnage de Marguerite Moreno, aux dialogues incisifs et aux scènes mémorables, celle de la visite aux pauvres étant un morceau d'anthologie. La mise en scène est excellente et les acteurs formidables. Madeleine Robinson, quelle classe ! Un très beau film.
Paris, 1887. Douce (Odette Joyeux), une jeune fille, vit avec son père le comte de Bonafé (Jean Debucourt), un veuf à la jambe de bois, et sa grand-mère, la comtesse douairière (Marguerite Moreno). Secrètement amoureuse du métayer Fabien Marani (Roger Pigaut), elle a pour préceptrice Irène (Madeleine Robinson), que son père désire épouser et qui n'est autre que la maîtresse de Mariani.
Film éclairant de manière cruelle les relations entre les maîtres et les serviteurs, au moment où cette société commence à subir une profonde mutation, malgré de très fortes résistances incarnées à la perfection par le personnage de Marguerite Moreno, aux dialogues incisifs et aux scènes mémorables, celle de la visite aux pauvres étant un morceau d'anthologie. La mise en scène est excellente et les acteurs formidables. Madeleine Robinson, quelle classe ! Un très beau film.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Re: Notez les films - juillet 2008
Douce ( Claude Autant-Lara - 1943 )
Très belle découverte que ce drame tournée sous l'occupation et dont l'aspect politique et social est curieusement passé entre les mailles de Vichy.
C'est en effet un pamphlet plus cruel et subtil qu'il n'y parait sur la lutte des classes.
La valse des sentiments est le point déclencheur d'une rivalité entre les êtres où la frontière qui sépare manipulation et amour devient très diffuse.
Claude Autant-lara ne cache pas son mépris pour la bourgeoisie qui vit repliée sur elle-même dans un monde et des valeurs qu'il se fabriquent avec un aveuglement total sur la réalité extérieur qui fait autant rire que froid dans le dos. Le personnage de la grand mère balance ainsi des répliques cinglantes sur sa vision et son "devoir" pour les gens plus modestes. Ca fait son effet à chaque fois Grimaçant
Cependant, la finesse d'écriture et des dialogues évitent à chaque fois la stéréotypassions ou les facilités.
C'est un page de l'histoire qui est sur le point de tourner comme le montre l'excellent plan d'ouverture ( un travelling sur Paris où la Tour Eiffel n'est pas encore achevé tandis qu'un ascenseur fait son apparition controversée dans un maison de riche famille ).
L'utilisation des décors et de l'arrière plan est traitée avec tout autant d'intelligence ( le ballet durant la rupture qui s'annonce, la dispute vu depuis la vitre brisée etc... ) et éclaire beaucoup sur les relations torturés entre les personnages. Ils sont tous d'ailleurs portés par des acteurs fabuleux qui savent donner un souffle à la complexité qui animent leurs rôles.
Vraiment un bijou d'intelligence, de raffinement, d'interprétation et d'écriture.
Peut être dans le palmarès en fin de mois !
Très belle découverte que ce drame tournée sous l'occupation et dont l'aspect politique et social est curieusement passé entre les mailles de Vichy.
C'est en effet un pamphlet plus cruel et subtil qu'il n'y parait sur la lutte des classes.
La valse des sentiments est le point déclencheur d'une rivalité entre les êtres où la frontière qui sépare manipulation et amour devient très diffuse.
Claude Autant-lara ne cache pas son mépris pour la bourgeoisie qui vit repliée sur elle-même dans un monde et des valeurs qu'il se fabriquent avec un aveuglement total sur la réalité extérieur qui fait autant rire que froid dans le dos. Le personnage de la grand mère balance ainsi des répliques cinglantes sur sa vision et son "devoir" pour les gens plus modestes. Ca fait son effet à chaque fois Grimaçant
Cependant, la finesse d'écriture et des dialogues évitent à chaque fois la stéréotypassions ou les facilités.
C'est un page de l'histoire qui est sur le point de tourner comme le montre l'excellent plan d'ouverture ( un travelling sur Paris où la Tour Eiffel n'est pas encore achevé tandis qu'un ascenseur fait son apparition controversée dans un maison de riche famille ).
L'utilisation des décors et de l'arrière plan est traitée avec tout autant d'intelligence ( le ballet durant la rupture qui s'annonce, la dispute vu depuis la vitre brisée etc... ) et éclaire beaucoup sur les relations torturés entre les personnages. Ils sont tous d'ailleurs portés par des acteurs fabuleux qui savent donner un souffle à la complexité qui animent leurs rôles.
Vraiment un bijou d'intelligence, de raffinement, d'interprétation et d'écriture.
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Re: Notez les films - juillet 2008
Fait très certainement partie de mon top 10 cinéma françaisbruce randylan a écrit :Douce ( Claude Autant-Lara - 1943 )
Très belle découverte que ce drame tournée sous l'occupation et dont l'aspect politique et social est curieusement passé entre les mailles de Vichy.
Vraiment un bijou d'intelligence, de raffinement, d'interprétation et d'écriture.
Peut être dans le palmarès en fin de mois !
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Re: Claude Autant-Lara
Le magot de Josefa (1963).
Justin, un jeune parolier, décide de monter une escroquerie avec son ami et musicien Pierre Corneille (Bourvil) visant à dépouiller sa mère Josefa (Anna Magnani) de son magot supposé. Corneille se rend donc au village où vit cette volcanique veuve Italienne, tenancière de l'épicerie-café et ennemie du maire (Pierre Brasseur)...
Satire des moeurs villageoises, où la mesquinerie et la méchanceté tiennent le haut du pavé, on regrette cependant la lourdeur de la charge tant cette part d'humanité est désolante. La retenue dans l'interprétation de Bourvil apporte un contrepoids bienvenu au jeu extraverti de la Magnani et de Brasseur, et offre même un très beau moment d'émotion
La mise en scène est très bonne et la photo très belle.
Justin, un jeune parolier, décide de monter une escroquerie avec son ami et musicien Pierre Corneille (Bourvil) visant à dépouiller sa mère Josefa (Anna Magnani) de son magot supposé. Corneille se rend donc au village où vit cette volcanique veuve Italienne, tenancière de l'épicerie-café et ennemie du maire (Pierre Brasseur)...
Satire des moeurs villageoises, où la mesquinerie et la méchanceté tiennent le haut du pavé, on regrette cependant la lourdeur de la charge tant cette part d'humanité est désolante. La retenue dans l'interprétation de Bourvil apporte un contrepoids bienvenu au jeu extraverti de la Magnani et de Brasseur, et offre même un très beau moment d'émotion
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La mise en scène est très bonne et la photo très belle.
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Re: Cinéma Français - le Patrimoine
Sylvie et le fantôme (1945, C. Autant-Lara) avec Odette Joyeux, François Périer, Jacques Tati et Jean Desailly
La jeune Sylvie (O. Joyeux) a 16 ans et elle croit aux fantômes. Elle est amoureuse du portrait du 'Chasseur Blanc' (J. Tati). Hélas son père endetté vend le tableau. Mais, entre temps le chasseur s'est libéré du portrait et hante le chateau...
Voici un des bijoux réalisé par Claude Antant-Lara durant les annés quarante. Odette Joyeux qui a participé à quatre de ces films à cette époque est parfaite en jeune fille romantique amoureuse de l'image d'Alain. Jacques Tati promène sa longue silhouette à travers les murs et les plafonds avec élégance. La distribution met en présence un tout jeune François Périer en mauvais garçon et un Jean Desailly en amoureux transi. Le film baigne dans une atmosphère de conte tout en offrant des moments de comédie lorsque les invités s'enfuient face aux fantômes factices. (Louis Salou est un cabotin parfait en fantôme en location.) On ne peut que louer la partition musicale de René Cloërec qui donne au film cette couleur si spéciale. Le film a une délicatesse et un charme tout spécial. Espérons qu'il sera un jour disponible en DVD comme les autres films d'Autant-Lara de cette époque (Douce, le Mariage de Chiffon, Lettres d'amour). La copie VHS René Chateau que j'ai vue était de qualité fort médiocre et ne permet pas d'apprécier à sa juste valeur la photo de Philippe Agostini. Un très beau film.
La jeune Sylvie (O. Joyeux) a 16 ans et elle croit aux fantômes. Elle est amoureuse du portrait du 'Chasseur Blanc' (J. Tati). Hélas son père endetté vend le tableau. Mais, entre temps le chasseur s'est libéré du portrait et hante le chateau...
Voici un des bijoux réalisé par Claude Antant-Lara durant les annés quarante. Odette Joyeux qui a participé à quatre de ces films à cette époque est parfaite en jeune fille romantique amoureuse de l'image d'Alain. Jacques Tati promène sa longue silhouette à travers les murs et les plafonds avec élégance. La distribution met en présence un tout jeune François Périer en mauvais garçon et un Jean Desailly en amoureux transi. Le film baigne dans une atmosphère de conte tout en offrant des moments de comédie lorsque les invités s'enfuient face aux fantômes factices. (Louis Salou est un cabotin parfait en fantôme en location.) On ne peut que louer la partition musicale de René Cloërec qui donne au film cette couleur si spéciale. Le film a une délicatesse et un charme tout spécial. Espérons qu'il sera un jour disponible en DVD comme les autres films d'Autant-Lara de cette époque (Douce, le Mariage de Chiffon, Lettres d'amour). La copie VHS René Chateau que j'ai vue était de qualité fort médiocre et ne permet pas d'apprécier à sa juste valeur la photo de Philippe Agostini. Un très beau film.