Les vedettes féminines des films musicaux

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Message par Music Man »

Merci Tijay!
S'agissant de Kiss me Kate, comme toi, Lylah, j'apprécie beaucoup la superbe chanson So in love.
J'aime aussi la version originale enregistrée en 1949 par la crooneuse Patti Page, une grande dame de la variété américaine des fifties (tennessee waltz, ...) qui en donne une version langoureuse.
Court extrait sur le site HMV : http://www.hmv.co.uk/hmvweb/displayProd ... &sku=76214
Pour les amateurs de grandes voix, je recommande la magnifique version de Gordon Mac Rae (la vedette de Carousel, Oklahoma, tea for two) : entre puissance et subtilité, il chante vraiment de façon admirable.
Quelqu'un a-t'il vu l'adaptation française de l'opérette Kiss me Kate à Mogador avec Bernard Alane et Fabienne Guyon? Un échec parait-il immérité?
Lylah Clare
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Message par Lylah Clare »

Music Man a écrit : S'agissant de Kiss me Kate, comme toi, Lylah, j'apprécie beaucoup la superbe chanson So in love.
J'aime aussi la version originale enregistrée en 1949 par la crooneuse Patti Page, une grande dame de la variété américaine des fifties (tennessee waltz, ...) qui en donne une version langoureuse.
Court extrait sur le site HMV : http://www.hmv.co.uk/hmvweb/displayProd ... &sku=76214
ça a l'air en effet très enveloppant (comment fais tu pour connaître tant de références inconnues du public français ?). Pas mal. En ce qui concerne So in love, je l'avais découvert avant de voir Kiss me Kate, dans la compil Red Hot + Blue, au bénéfice de la lutte contre le SIDA. Elle y était superbement interprétée par K.D. Lang, sur des images dont le non-dit était bouleversant. Sur cette compil très hétéroclite et de qualité très inégale, une très belle version d'une autre chanson de Cole Porter Every time we say goodbye, par Annie Lennox. Ici, on a la chance de l'avoir sur Youtube

[/i]

Un court aperçu des titres de la compil ici :

http://www.amazon.fr/gp/product/B000008 ... 56&sr=8-29
Music Man
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Message par Music Man »

J'avais beaucoup entendu parler de cet hommage à Cole Porter, à l'époque mais n'avais pas eu l'occasion de l'écouter (de même je n'ai pas vu le film tourné il y a 2 ans sur ce compositeur).
C'est vrai que cette version d'Annie Lennox est très réussie. Je connaissais cette chanson par Shirley Bassey (dans une version parfois un peu "excessive").
Quant à KD Lang, son talent est indéniable. Que devient-elle? On en parlait beaucoup il y a une dizaine d'années.
S'agissant des chanteurs de variétés US des années 40-50, c'est vrai qu'ils sont inconnus chez nous (sauf quelques crooners et les vedettes de jazz), car la musique américaine n'a vraiment percé chez nous qu'avec les années 60.
Quand on aime ce style de variétés à mi chemin entre le jazz et la chanson de charme, il y a beaucoup de bonnes choses à découvrir, mais cela implique une recherche personnelle, et d'aller de fil en aiguille au gré des compils, etc... car en effet, le moins qu'on puisse dire c'est qu'on ne les diffuse pas en radio (mais les pubs utilisent de + en + leurs morceaux)

Pour ma part, j'avais découvert Patti Page en achetant aux puces un 33T à 5 francs, parce qu'un titre me plaisait et que j'étais curieux d'en découvrir sa version.(elle aura droit à son portrait car elle a fait un tout petit peu de cinéma)
Avec Jo Stafford (une belle voix pure un peu solennelle), Patti fut la plus grosse vendeuse de disques des années 50 aux States, suivie par Rosemary Clooney, Kay Starr, Dinah Shore, Peggy Lee, Eydie Gorme, Margaret Whiting...
Les hommes, grâce au cinéma sont plus connus : Sinatra, Crosby, Dean Martin, Perry Como, Vic Damone, Mel Tormé, Bobby Darin, etc..;..
En somme, beaucoup de choses à découvrir, et tant mieux.
Lylah Clare
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Message par Lylah Clare »

Hello, Music man !
Music Man a écrit :J'avais beaucoup entendu parler de cet hommage à Cole Porter, à l'époque mais n'avais pas eu l'occasion de l'écouter
En plus d'Annie Lennox, quelques échantillons par ici (les 7 premiers titres)
http://www.youtube.com/results?search_t ... y=0&page=1

On y voit notamment Sinead o'Connor avé la moumoute acrylique, style Veronica Lake exsangue (perso, je ne raffole pas trop, mais elle est très belle), Bono, Debbie Harry & Iggy Pop dans le rôle de Sinatra et Crosby (mon duo favori de High society), et puis Tom Waits, qui a tâté du "cabaret" et de la variété, notamment avec un spectacle autour des chansons de Kurt Weill, mais aussi avec la B.O. (magnifique) de One from the heart de Coppola, qu'il chantait avec Crystal Gayle. Et David Byrne qui reprend un titre chanté par l'ineffable Roy Rodgers, Don't fence me in, dans le film du même titre. ( 8) Ah la la, c'était bien, les cow-boys chantants, chez John Ford ou ailleurs...)
Music Man a écrit :Quant à KD Lang, son talent est indéniable. Que devient-elle? On en parlait beaucoup il y a une dizaine d'années.
Je ne connais pas bien, en fait, sauf 2 ou 3 choses, mais son interprétation de So in love est très émouvante. La version que Lisa Stansfield donnait de Down in the depths (on the nineteenth floor) (qui est ma localisation d'ailleurs) , dans un décor très grandiose, était assez punchy.
Music Man a écrit :Pour ma part, j'avais découvert Patti Page en achetant aux puces un 33T à 5 francs, parce qu'un titre me plaisait et que j'étais curieux d'en découvrir sa version.(elle aura droit à son portrait car elle a fait un tout petit peu de cinéma)
Avec Jo Stafford (une belle voix pure un peu solennelle), Patti fut la plus grosse vendeuse de disques des années 50 aux States, suivie par Rosemary Clooney, Kay Starr, Dinah Shore, Peggy Lee, Eydie Gorme, Margaret Whiting...
Les hommes, grâce au cinéma sont plus connus : Sinatra, Crosby, Dean Martin, Perry Como, Vic Damone, Mel Tormé, Bobby Darin, etc..;..
En somme, beaucoup de choses à découvrir, et tant mieux.
:shock: Jamais entendu parler de l'une ni de l'autre (au contraire de Clooney, Shore, Peggy Lee, Eydie Gorme, qu'on connaît plus ou moins en France).

C'est drôle, en se baladant dans les braderies et autres puces, par chez moi, on ne trouve pas souvent des albums d'avant les années 60. :( .
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Message par Music Man »

Merci Lylah pour tes liens.
J'ai pu ainsi apprécier les différentes reprises, qui sont vraiment inégales comme tu le remarquais. La plus mauvaise est à mon goût celle de Neneh Cherry : je n'ai même pas reconnu le très beau "I've got you under my skin"que fredonnait Virginia Bruce dans l'amiral mène la danse (1936) à tel point que je me demande si c'est bien la même chanson. Si c'est le cas, elle l'a bien massacrée.
Comme toi, je trouve que le "You do something to me " de Sinead O'Connor n'a vraiment rien de bien palpitant. Dans le genre murmures sensuels, elle fait très pâle figure par rapport à Julie London.
Les autres morceaux m'ont plu davantage notamment la version très réussie de Night and day par Bono.
En tous les cas, on ne peut que saluer la versatilité de Cole Porter : j'adore I get a kick que chantait Ethel Merman, begin the beguine, et le let's do it qu'on entend ici par Alanis Morisette avec des images de Gable et Lombard!
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Message par Music Man »

Puisque nous évoquons les chanteuses américaines des années 50, voici pour petit portrait de Patti Page, la plus grosse vendeuse de disques du début des années 50.
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Benjamine d’une famille très pauvre de 7 enfants, Patti Page raconte qu’elle n’a porté des chaussures pendant son enfance, ses parents n’ayant pas les moyens de lui en acheter.
Elle commence à chanter dans les églises, et se fait ensuite remarquer à la radio. Sa voix chaude et intimiste en fera une grande interprète de la chanson sentimentale des années 50. Son goût marqué pour les airs religieux et les valses country lui vaudront une immense popularité auprès du public américain. Après le succès de So in love de l’opérette Kiss me Kate (1948) et de la version anglaise de Boléro de Georges Guétary (1949), la « Tennessee waltz » va la catapulter au sommet des charts, pour longtemps. Une charmante valse, aux accents un peu vieillot qui remportera un succès sans précédent en Amérique (12 millions de 78 T vendus en 1950-1951 : jamais une femme n’avait vendu autant de disques auparavant. Aussi incroyable que cela puisse paraître, certains sites prétendent que son record n’a pas été battu depuis (j’en doute fort même si son score à l’époque fut sans doute remarquable).
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Ce disque comporte un procédé novateur : la chanteuse chante par-dessus sa propre voix (double tracks) : un gimmick qui sera réutilisé et usé jusqu’à la corde. Les mémorables mocking bird hill -1951 (en France, la colline aux oiseaux par Patrice et Mario) et « doggie in the window » 1953 (importé chez nous par Line Renaud) vont consolider son succès : elle passe beaucoup à la télé où son look de jeune femme rangée et chic rappelle beaucoup celui de Grace Kelly.
En 1957, la Warner Bros envisage de lui confier le premier rôle de Pique Nique en pyjama de Stanley Donen, puis finalement lui préfère Doris Day : Patti est certes une personnalité très populaire, mais elle n’avait absolument aucune expérience de la comédie et du cinéma.
Patti Page débute à l’écran en 1960 dans le chef d’oeuvre de Richard Brooks, Elmer Gantry le charlatan, dans lequel elle incarne une bigote qui évolue dans l’entourage du prédicateur merveilleusement campé par Burt Lancaster et entonne quelques cantiques.
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L’année suivante, Patti Page obtient un rôle plus important et chante encore à plusieurs reprises dans la comédie Dondi, inspiré d’un comic d’après guerre. Hélas, le gamin qui tient le rôle titre est tellement mauvais, que le film est insupportable. En 1962, Patti Page joue dans Garçonnière pour 4, une comédie légère, l’une des épouses dont le ménage est menacé par la belle Kim Novak. C’est sympa sans plus. La chanson du générique swingue gentiment.
Alors que le rock fait rage et enterre rapidement toute une génération d’artistes, Patti arrive encore à placer quelques titres au top 10, comme la berceuse tirée du film « Chut chut chère Charlotte » en 1964 ou Little green apples en 1966.
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Dans les années 70, elle se tourne vers un répertoire plus country. Elle chante encore à l’occasion et vend des bouteilles de sirop d’érable sur son site internet : on entend quelques notes de la valse du Tennessee quand on ouvre le bouchon…mmmm !
Ses chansons sont pas mal reprises dans les films américains, car il n’y a pas mieux pour apporter une atmosphère fifties.
Sur Youtube, on peut entendre sa version d’Am I so easy to forget :
Dernière modification par Music Man le 20 avr. 08, 21:41, modifié 1 fois.
joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Kitty Carlisle, qui fut notamment la vedette d' Une nuit à l'Opéra aux côtés des Marx Brothers, est décédée le 17 avril dernier. Elle était âgée de 96 ans.

Pour ceux qui ont acheté le Vanity Fair Spécial Hollywood de cette année, un article lui est consacré dans ce numéro, mais je vais laisser Music Man tracer son portrait. :wink:
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Message par Music Man »

Tiens, justement j'ai vu un film du début des années 30 (Murder at the Vanities)avec elle, la semaine dernière. Je me charge de son portrait.
Il n'y a plus beaucoup d'artistes du cette époque encore de ce monde à part Marie Glory, Conchita Monténégro, Yvette Lebon, Anita Page, Luise Rainer, Gloria Stuart, Paulette Dubost, Charles Lane et Johannes Heesters... :(
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Kitty Carlisle

Message par Music Man »

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Kitty Carlisle, décédée à 96 ans, mercredi, a finalement très peu joué pour le cinéma (elle a surtout beaucoup chanté dans diverses opérettes et participé à de nombreux spectacles télévisés). Néanmoins, les quelques films qu’elle a interprétés sont de qualité :
Le premier « Rythmes d'amour - Murder at the Vanities »1934 a tous les mérites des films réalisés juste avant l’application du code Hayes. C’est une fastueuse revue filmée, avec moult girls savamment déshabillées et bien plus sexy que dans les films MGM des années 40-50. Certes, Berkeley n’est pas là pour composer d’étonnants tableaux, néanmoins, la revue est de qualité. Dans une scène, on voit une chanteuse venter les délices de la marijuana. L’intrigue policière, quant à elle, est assez classique (un meurtre est commis en pleine représentation : le coupable sera démasqué juste à la fin du spectacle) et sera souvent copiée.
Aux cotés de la charmante Kitty figure le boxeur chanteur Carl Brisson, d’origine scandinave, dont parait-il Garbo était une groupie quand elle était adolescente.
La même année, Kitty donne la réplique au fameux crooner Bing Crosby et chante également en duo avec lui : leurs voix s’accordent à ravir: Here in my heart est un charmant musical, porté essentiellement par de fabuleuses chansons.
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En 1935, Kitty tourne son film le plus connu : Une nuit à l’opéra avec les Marx brothers. Elle assure avec Allan Jones la partie romanesque du film, et chante avec ce dernier la belle chanson Alone qui sera un énorme succès (repris ensuite par Jean Sablon et Judy Garland). Il parait que pour attirer un maximum de public, le producteur Irving Thalberg tenait absolument à infiltrer ce genre d’intermèdes sentimentaux dans les films des Marx. Dire que maintenant c’est tout le contraire et que les roucoulades d’Allan Jones ennuient voire font fuir certains spectateurs !
Très vite, Kitty Carlisle retournera sur les scènes de Broadway. Elle sympathisera avec la crème des compositeurs et notamment George Gershwin qui voulait l’épouser.
Ses nombreux passages à la télé américaine (toujours tirée à quatre épingles) lui vaudront une grande popularité dans son pays.
On la retrouvera à l’occasion dans de petits rôles comme radio days de Woody Allen.
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Kitty carlisle, très âgée, reprend Alone d'une nuit à l'opéra
Dernière modification par Music Man le 1 janv. 09, 01:44, modifié 2 fois.
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Betty Ting Pei

Message par Music Man »

Cap sur Hong Kong à présent, avec Betty Ting Pei, une jeune actrice qui s’est illustrée dans plusieurs sympathiques comédies musicales de la fin des années 60, mais dont le nom demeure surtout attaché au mystérieux décès de Bruce Lee, le roi des arts martiaux.
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Née à Taiwan en 1947, la jeune Betty Ting Pei entame une carrière au cinéma dans quelques comédies (si l’on croit le semi biographique Bruce and I, tourné en 1976, à ses tout débuts, elle a été abusée par quelques producteurs malveillants et contrainte de jouer dans des films osés). Remarquée par les puissants Shaw Brothers, Betty se rend à Hong Kong, où on lui offre la tête d’affiche de plusieurs comédies, souvent musicales. Avouons qu’elle n’a pas beaucoup de présence, qu’elle n’est pas d’une grande beauté (surtout quand on la compare avec la sublime Jenny Hu autre vedette des Shaw brothers, même si sa coup de cheveux sera très copiée à l’époque), mais elle s’intègre facilement dans les petites comédies sans prétention.
En effet, on tournait encore beaucoup de films musicaux là-bas, alors que le genre était moribond aux USA et en Europe. On sent beaucoup l’influence des films hollywoodiens, mais sur un plan chorégraphique, c’est vraiment la misère ! En revanche, les chansons oscillent entre jerks, numéros yéyés et beaucoup, beaucoup de mélodies sentimentales kitsch qui rappellent la variété easy listening américaine ou les airs qu’on entend en fond sonore dans les restaurants chinois.
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La chasse au millionnaire (1969) d’Inoue Umetsigu s’inspire clairement de « Comment épouser un millionnaire » et de toute cette série de comédies américaines loufoques présentant des chercheuses d’or cupides. Betty Ting Pei et ses 2 consoeurs sont vraiment représentées comme des bécasses (Betty a le hoquet dès qu’elle croise un homme qui lui plait). Evidemment, les quiproquos s’enchaînent : le vieux milliardaire que l’héroïne tente de séduire n’est qu’un escroc et le garçon modeste qu’elle aime réellement (Peter Chan Ho, le « Cary Grant chinois ») est en réalité très riche. En tous cas, le rythme est rapide et on ne s’ennuie pas. L’intrigue est souvent interrompue par de numéros musicaux chantés bien quelconque (les actrices sont doublées), quand aux mouvements de jambes des filles, ils sont bien limités !
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Toujours du même réalisateur, Apartment for ladies est à mon goût bien plus réussi. C’est une très amusante comédie : Betty Ting Pei recherche partout dans Hong Kong sa sœur qui tente une carrière dans le show business : elle la retrouve après bien des péripéties : c’est très mignon, les chansons sont charmantes (surtout celle que Betty fredonne à plusieurs reprises) et très bien intégrées au récit.
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Betty tourne ensuite dans The yellow muffler (1971), musical bâti sur le même concept que la chasse aux millionnaires. En 1973, elle rompt son contrat avec les Shaw brothers, et tente une carrière en free lance. Les films musicaux n’ayant plus la côte, on la retrouve dans des films d’action, souvent violents, dans lesquels elle tient des rôles de plus en plus déshabillés. La même année, le scandale éclate : Bruce Lee, le mythique acteur de kung fu, décède chez elle. Betty prétendra en premier lieu que l’acteur était simplement un excellent ami et qu’il était venu chez elle pour lui proposer un rôle dans son nouveau film « le jeu de la mort ». Ce dernier aurait été alors victime d’une violent mal de crâne : Betty lui aurait donné alors de l’aspirine. Il serait mort quelques temps après.
Evidemment, les rumeurs vont très rapidement prétendre que Bruce Lee, marié et père de 2 enfants, était l’amant de Betty (ce qui en effet paraît plus que probable), mais aussi qu’elle l’aurait empoisonné, ou qu’il serait mort d’une overdose, …
Malgré (ou à cause ?)du scandale, Betty va continuer sa carrière notamment dans la comédie Games gamblers play, qui remportera un gros succès commercial ou dans films d’action comme le pitoyable Stoner se déchaîne à Hong Kong avec George Lazamby un ex 007 (il semble qu’à l’origine Bruce Lee devait jouer dans ce film).
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Afin de rétablir la vérité et de faire cesser les rumeurs les plus malveillantes (elle est régulièrement insultée et vilipendée), Betty Ting Pei s’est ensuite livrée à un périlleux exercice : une bio de Bruce Lee sorti en France sous le titre « la vie sentimentale de Bruce Lee », réalisé par les Shaw brothers, dans lequel elle tient son propre rôle. Rarement on sera descendu si bas ! Loin de redorer son image, la comédienne est présentée comme une alcoolique arriviste, flambant toute sa fortune dans les casinos. Elle rencontre alors Bruce Lee, l’amour de sa vie ! Tout est mis en œuvre pour attirer le chaland : scènes de combats, séquences sexy (apparemment doublées).Le film sera interdit aux moins de 18 ans. C’est grotesque à tel point qu’on peut se demander si les Shaw brothers n’ont pas voulu se venger de Bruce qui avait claqué la porte de leurs studios peu avant sa mort. Après la mort de Bruce Lee, il y eut beaucoup de films essayant de récupérer le filon, mais là c’est vraiment un comble.
Après cette faute de goût, la comédienne va encore jouer dans quelques films de kung fu dont certains sortiront chez nous. Depuis longtemps, elle ne donne plus du tout d’interviews : Après avoir été peu de temps l’épouse d’un producteur, la rumeur (encore !) prétend qu’elle est devenue nonne bouddhiste, et qu’elle vit retirée dans une communauté religieuse.
Pour redécouvrir Betty Ting Pei et le cinéma musical de Hong Kong, rien de mieux que les nombreux DVDs des Shaw brothers : ils sont très bien restaurés, avec sous-titres anglais, bonus, bandes annonces.

Betty ting pei dans "appartment for ladies"
Dernière modification par Music Man le 20 avr. 08, 21:47, modifié 1 fois.
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Message par Commissaire Juve »

Raaah ! les moteurs de recherche sur les fora, c'est vraiment pas la panacée ! :x



Qui a visionné le DVD de Sweet Charity (zone 2) avec Shirley MacLaine ?
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Message par Music Man »

Bonsoir Cher Commissaire!
J'ai vu Sweet Charity à la télévision il y a quelques années, et c'est un très bon film : les numéros musicaux portent vraiment la patte de Bob Fosse. Je pense notamment au célèbre morceau Big Spender, dont Shirley Bassey avait fait un succès à l'époque. On peut juste regretter que la grande Gwen Verdon qui avait créé le spectacle à Broadway ne soit pas au générique. En revanche, je n'ai pas vu le DVD et ne peux rien te dire sur ses qualités ou défauts éventuels. J'imagine qu'il comporte les 2 fins alternatives du film (car lors de la diffusion sur Ciné Cinama, les 2 fins ont étté montrées).
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Message par Music Man »

J'ai appris le décès de Conchita Montenegro dans une clinique madrilène à l'âge de 97 ans.
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Cette actrice avait entamé sa carrière à la fin du muet avait joué dans une des toutes premières versions de La femme et le pantin (de J de Baroncelli) et elle y apparaissait complètement nue. Le film a été diffusé sur Arte, il y a quelques années, mais je n'ai pas eu l'occasion de le voir. Qui l'a vu et qu'en avez vous pensé?
Au début des années 30, à l'époque où les films hollywoodiens étaient tournés en versions multiples, Conchita a beaucoup tourné de versions espagnoles pour les grands studios.
Dans les années 30, on l'a vue en France dans des films musicaux : une version bien quelconque de l'opérette la vie parisienne réalisée par Robert Siodmak, et Lumière de Paris avec Tino Rossi.
Elle a ensuite beaucoup joué dans des films espagnols dont une version de Lola Montes.


La Montenegro dans un film espagnol de 1943
Dernière modification par Music Man le 2 mai 08, 23:58, modifié 1 fois.
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Katalin Karàdy

Message par Music Man »

La plus grande vedette féminine du cinéma hongrois d’autrefois fut la chanteuse Katalin Karády . Certes, la soprano Martha Eggerth (qui chantait encore il y a quelques années lors de galas de charité) et la danseuse Marika Rökk ont toutes les deux réussi de très belles carrières internationales, mais n’ont tourné que leurs tout premiers films dans ce pays, avant d’être happées par les studios berlinois (et même hollywoodiens pour Miss Eggerth).
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Née en 1912 à Budapest, Katalin Karády s’est très tôt fait remarquer par sa grande beauté. Il semble qu’elle ait eu, toute jeune, une liaison secrète avec Sir Winston Churchill dans les environs du lac Boloton. Au cours des années 30, Katalin se produit dans plusieurs opérettes et pièces de théâtre. Elle commence également à enregistrer plusieurs 78 tours. Elle interprète surtout des tangos et d’autres mélodies sentimentales, à la fois chantées et parlées, dans un style très proche de Marlène Dietrich et des autres diseuses de l’époque. Néanmoins, elle possède une voix beaucoup plus mélodieuses (mais moins personnelle) que celle de Marlène, et moins masculine que celles de Zarah Leander ou Damia.
Parmi ses nombreuses chansons, la plus célèbre demeure « Szomorú vasárnap », qui sera reprise dans le monde entier par Billie Holiday, Damia, André Pasdoc, Mel Tormé, Artie Shaw et consorts (sous le titre Gloomy Sunday ou sombre dimanche). Nous avons déjà eu l’occasion de discuter avec Lylah de cette fameuse chanson, jugée si déprimante, qu’elle aurait engendré de nombreux suicides. En tous les cas, la version de Miss Karàdy est vraiment particulièrement désespérée.
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En 1939, la chanteuse débute à l’écran dans l’adaptation cinématographique du roman de Lajos Zilahy « Printemps mortel » co-réalisé par l’auteur lui-même. Dans ce mélo, dont les moments dramatiques sont soulignés par une musique grandiloquente, Katalin incarne une femme du monde frivole et insouciante dont s’éprend un jeune homme passionné (joué par Pal Javor, le plus célèbre acteur hongrois de l’époque). Elle le plaque finalement pour un homme plus fortuné. L’amoureux transis, après avoir essayé de refaire sa vie avec la première femme rencontrée (qui va devenir son souffre douleur), finira par se suicider. Le film (qui fut exploité en France) est plutôt efficace et le charme de Katalin Karády certain, notamment dans la scène où elle effectue un discret strip-tease pendant que Pal Javor est au piano.
Toute sa carrière, elle va ainsi incarner la femme fatale, troublante, qui rend les hommes fous et brise leur destinée. Des femmes dures, voire un rien masculine de la trempe de Garbo, Dietrich ou de la fascinante italienne Isa Miranda, à laquelle elle ressemble beaucoup. Bien évidemment, elle chante aussi quelques airs mélancoliques (et enregistre à cette époque les grands tubes du moment : Lili Marlene, Besame mucho…). Pendant la seconde guerre mondiale, la vedette ne va pas cesser de tourner et ses films vont remporter un égal succès auprès du public hongrois.
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Entre autres, on note dans sa filmographie, une adaptation de la mégère apprivoisée (1943).
En 1941, la Hongrie est entrée en guerre du coté allemand. En 1944, alors que la Hongrie tente de se retirer du conflit, les troupes allemandes envahissent le pays, Katalin Karády est emprisonnée et torturée : on la soupçonne d’avoir oeuvré, avec son amant Istvan Ujszaszy, un agent secret, contre le troisième Reich. (Notons à ce sujet qu’Istvan Ujsazaszy inspirera le personnage principal du roman et du film « le patient anglais ».).
Après avoir été relâchée au bout de 6 mois d’incarcération, l’actrice cachera chez elle des enfants juifs jusqu’à la libération de Budapest par les russes.
Après la guerre, Katilin Karády tourne un dernier film. En 1947, après une courte période de démocratie, la Hongrie devient un état communiste : l’artiste préfère quitter le pays et s’exiler au Brésil (la revue française Samedi soir titrera que la "Mata Hari hongroise" est parvenue à franchir le rideau de fer). En tout état de cause, il est certain qu’elle n’aurait plus pu trouver de rôles dans les nouvelles productions cinématographiques, très éloignées du star system.
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Au Brésil, Katalin monte un petit atelier de modiste et conçoit quelques chapeaux pour des films brésiliens. Elle s’installe ensuite aux Etats Unis où elle décède en 1990. Il semble que lors de l’effondrement du communisme dans son pays natal, elle caressait l’espoir de faire un come-back en Hongrie, mais elle n’en aura pas le temps. Pendant les quatre décennies placées sous le régime communiste, les films et les disques de Katalin Karády avaient été interdits. Néanmoins, son souvenir restait vivace chez les personnes d’un certain âge. Dans les années 90, ses chansons sont ressorties sur un 33 tours, puis certains de ses films (d’autres semblent disparus à jamais) en VHS puis DVDs. On a assisté alors à un revival consacré à celle qui fut la seule très grande vedette féminine à avoir fait carrière dans son pays : la chanteuse Judit Hernadi lui a rendu hommage en reprenant ses plus beaux tangos. P.Basco a réalisé en 2002 un film (pas terrible, paraît-il) sur la vie de la comédienne (où il évoque les efforts qu’elle fit pour aider un compositeur juif à échapper au front russe où il avait été envoyé en première ligne).
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En 2001, l’institut in memoriam Yad Vashin, lui a remis, au nom de l’Etat d’Israël, à titre posthume, le titre de juste afin d’honorer la comédienne qui a mis sa vie en danger pour sauver des juifs pendant la guerre. Une grande Dame, vraiment.
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Sur youtube, un joli diaporama qui permet à la fois de découvrir l'envoutante voix de l'actrice et de superbes photos de cette femme d'une rare beauté.
Dernière modification par Music Man le 20 avr. 08, 21:48, modifié 1 fois.
Jordan White
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Message par Jordan White »

Très beau portrait.
J'ai bien reçu ta carte postale de Hongrie aussi, merci. :wink:
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