No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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AtCloseRange
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par AtCloseRange »

Thaddeus a écrit :Non, je parle du topic "Les belles déclarations d'amour". :mrgreen:

Plus sérieusement, quel putain de film ! C'est rarissime un tel point de perfection, une telle intelligence, une telle maîtrise à tous les niveaux, à chaque scène, chaque plan, chaque image. Et rarissime de voir autant de puissance cinématographique mise au service d'un propos aussi fulgurant et implacable.

J'ai beau chercher, je ne vois pas, depuis près de six ans qu'il est sorti, quel autre film pourrait prétendre, à mes yeux, être supérieur (ou au moins égal) à celui-ci.

Le seul qui me vient à l'esprit éventuellement c'est The Ghost Writer... (mais sur ce coup je crois que vais être un peu seul)
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Les frères Coen et Polanski ont fait 10 meilleurs films que ces deux-là.
Gounou
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par Gounou »

Je suis d'accord avec Thaddeus (concernant No country...). Ce film possède toutes les caractéristiques du chef-d'oeuvre tel que je l'entends.
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Blue
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par Blue »

Sur ces 6 dernières années, je place "There Will Be Blood", "The Social Network" et "Tree Of Life" au moins au même niveau que le film des frères Coen.
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hansolo
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par hansolo »

En lisant les commentaires du post; dithyrambiques pour 99% d'entre eux; j'ai vraiment l'impression d'être passé à côté du film ...
J'en suis d'autant plus surpris que jusqu'à lors les Coen ne m'avaient jamais déçu en dehors de leur premier film découvert récemment (mais déçu est sans doute un grand mot dans ce dernier cas; je dirais "en dessous des attentes que j'en avais")

Jai trouvé le personnage joué par Bardem (magistral) surpuissant et quasi invincible et par ailleurs l "astuce" employée par Llewelyn Moss au Motel incompréhensible (peut être que c'est plus clairement expliqué dans le livre)
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Gounou
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par Gounou »

hansolo a écrit :Jai trouvé le personnage joué par Bardem (magistral) surpuissant et quasi invincible
Ben tu vois que t'as compris quelque chose... :idea:
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Demi-Lune
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par Demi-Lune »

Thaddeus a écrit :Plus sérieusement, quel putain de film ! C'est rarissime un tel point de perfection, une telle intelligence, une telle maîtrise à tous les niveaux, à chaque scène, chaque plan, chaque image.
En termes d'exécution technique et narrative, c'est un film quasi parfait (en tout cas pendant 1h30). Captivant avec une économie de moyens qu'on finirait presque par oublier (il ne se passe souvent rien). Et également terriblement malsain. Il est dans mon Top 4 des Coen (avec The barber, Blood simple et Barton Fink), mais je reste toujours un peu perplexe vis-à-vis de l'abrupt dernier quart-d'heure (la visite de Jones à son oncle puis le rêve raconté à son épouse) qui semble vraiment être une pièce rapportée pour étoffer, trop tardivement et maladroitement à mon sens, le personnage schématique de Bell. Par effet d'à-coup, cette conclusion en-deçà me laisse un petit goût d'inachevé sur l'ensemble du film, qui est très impressionnant, mais à qui il manque à mes yeux un je-ne-sais-quoi. C'est d'ailleurs un sentiment partagé sur mes autres Coen favoris, à l'exception de The barber qui, révision après révision, reste pour moi d'un accomplissement total.
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ed
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par ed »

Demi-Lune a écrit :The barber qui, révision après révision, reste pour moi d'un accomplissement total.
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par Demi-Lune »

Grand fou :mrgreen:
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Thaddeus
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par Thaddeus »

Demi-Lune a écrit :En termes d'exécution technique et narrative, c'est un film quasi parfait (en tout cas pendant 1h30). Captivant avec une économie de moyens qu'on finirait presque par oublier (il ne se passe souvent rien).
C'est rien de le dire, et pour moi tu peux enlever le "quasi". Des séquences entières sont des leçons sidérantes de mise en scène, dont le développement et l'organisation interne tiennent quasiment de l'épure. C'est d'autant plus fabuleux que cette précision raccorde avec celle de Llewynn Moss qui gère tranquillement son truc, étape après étape, concilie le sang-froid et l'intelligence pour se sortir du guêpier : inspecter une chambre de motel, couper des cintres à la pince, dévisser une grille d'aération pour y déposer le fric. Rares sont les films qui témoignent d’une telle maîtrise de la forme sans jamais donner l’impression d’en imposer. Les frères Coen produisent de l’or avec une sorte de facilité détachée, comme si ça coulait de source. Il y a chez eux une incroyable virtuosité à stimuler les mécanismes de reconnaissance du spectateur et le plaisir pris à redécouvrir, comme pour la première fois, des motifs archétypaux. Par exemple, c'est tout bête mais lorsqu'on voit Chigurh glisser très doucement en voiture devant la porte du motel, s'arrêter tandis que le bip de l'émetteur ralentit, puis reculer pour s'arrêter au nouveau pile devant la porte, c'est absolument génial : le tueur gère sa traque comme les cinéastes maîtrisent leur art. N'importe quel autre cinéaste se serait contenté de faire stopper le véhicule devant la chambre au moment où l'émetteur s'affole ; ici ce simple détail supplémentaire élève totalement la scène.

Et c’est comme ça de A à Z, plan après plan, scène après scène, c’est sidérant.

La grande séquence de fusillade au motel mériterait d’être étudiée et remémorée dans ses moindres détails. Il y a l’approche silencieuse du tueur, l’attente angoissée de Llewelyn qui éteint la lumière, les pas qui approchent, le liseré sous la porte... Et puis cette déflagration soudaine, qui transforme ces interminables moments d’angoisse en apocalypse de cauchemar, parce que le prédateur reste invisible, tandis que ses tirs ne cessent de pleuvoir, encore et encore, de façon presque surréelle.

Javier Bardem, emperruqué, teint blême et voix caverneuse, compose la plus mémorable figure du Mal vue sur un écran depuis des lustres. Plus loin, sa silhouette floue qui se révérbère dans une vitrine, au terme de cette hallucinante fusillade nocturne, et tandis qu'il avance tranquillement le fusil à la main pour achever sa proie, demeure une vision aussi trouble et terrifiante que celle du visage noir se reflétant dans un mare de pluie dans Seven. On le découvre ainsi, au début du film :
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Le film a commencé depuis une minute : on sent d’emblée qu’on est devant une œuvre majeure. Il est constellé d’images fulgurantes, les recenser serait fastidieux. Celle-ci par exemple, lorsque Llewelyn fixe dans ses jumelles la vision d’un chien blessé qui laisse traîner une couler de sang derrière lui :
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Ou encore celle-ci :
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Parmi d'autres, il y a aussi cette scène incroyable et haletante où le héros revient sur les lieux du carnage, dans le désert, la nuit.
Il est extrêmement méfiant, sait qu’il joue avec le feu en se risquant à revenir ici. Rappelons que c’est un réflexe de compassion qui le motive (donner à boire à un mourant) : il y a quelque chose de très touchant chez Llewelyn, il est (comme sa petite amie, comme le shérif) garant d’une humanité en passe de déserter cet espace gangrené par la violence (à cet égard Josh Brolin est absolument formidable, et compose jusque dans son laconisme l'un des héros les plus attachants des frangins). Il gare sa voiture en haut de la colline, fait le reste du chemin à pied. Coup d’œil en arrière pour vérifier qu’il n’est pas suivi. La silhouette de son véhicule se détache sur l’aube qui se lève, seule. Il ouvre la voiture de l'agonisant, constate la mort du type. Il se retourne : il y a désormais deux voitures. Son cœur bondit en même temps que le nôtre.
Ensuite, ça va très vite. Sur la colline, on voit deux silhouettes crever les pneus de sa voiture, puis démarrer leur véhicule et foncer sur lui. Les tueurs lâchent un chien aux trousses du héros.
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Là, c’est un feu d’artifices de visions : entre le corps de Llewelyn flashé entre les phares des assaillants, la lumière du jour qui se lève, l’éclair de fin du monde que l’on perçoit à l’horizon (idée de génie), c’est une leçon de découpage, de rythme et de composition.
Et ce n’est pas fini. Il y a un cours d'eau en contrebas, Llewelyn a tout juste le temps de s'y précipiter. On se dit : c’est bon, il est sauvé. Le chien se jette à la flotte à son tour. Il y a un plan presque surréaliste où on voit le chien nager posément, avec le calme d’un chasseur appliqué. On est sur la corde raide, là, que les Coen maîtrisent si bien : cette frontière extrêmement précise entre la terreur pure et la dérision. On ne sait pas si on doit rire ou être raide d’angoisse. Llewelyn grimpe sur la berge opposée. Il s’éloigne du cours d’eau. Quelques secondes après, le chien sort de l’eau à son tour. Llewelyn a une arme, il dispose juste d’un instant pour s’en servir. Mais avec les Coen (décomposition des gestes, précision millimétrée des situations et de leur crédibilité), ce serait un peu trop simple. Et tandis que le clebs parcourt les derniers mètres, ils prennent le temps de montrer Llewelyn charger son arme, souffler dans le canon pour le sécher, enlever la détente... Il tire sur le chien à bout portant, alors qu’il lui saute dessus, et l’abat.

Fin d’une séquence d’anthologie, ahurissante leçon de cinéma. Perso, j'en sors claqué, je suis effaré par une telle maîtrise du suspense, une telle précision, une telle maestria.
je reste toujours un peu perplexe vis-à-vis de l'abrupt dernier quart-d'heure (la visite de Jones à son oncle puis le rêve raconté à son épouse) qui semble vraiment être une pièce rapportée pour étoffer, trop tardivement et maladroitement à mon sens, le personnage schématique de Bell. Par effet d'à-coup, cette conclusion en-deçà me laisse un petit goût d'inachevé sur l'ensemble du film, qui est très impressionnant, mais à qui il manque à mes yeux un je-ne-sais-quoi.
Je n'ai pas perçu la fin de cette manière. Au contraire, il y a ici comme une forme de désespoir et de résignation qui semble s'étrangler au fur et à mesure que le récit progresse, et qui prennent toute leur ampleur lors de cette conclusion allégorique et désolée. Le cut final me scie les pattes : je le trouve très audacieux et tout à fait cohérent avec le reste.

Voici le petit paragraphe que j'ai écrit dans mon top des années 2000 (autant ranger les choses au bon endroit) :
Ils ne sont pas nombreux les films qui, seconde après seconde, imposent une telle évidence de classique en germe : cette méditation crépusculaire sur les mythes américains peut y prétendre. Il y a, dans la conduite implacable du récit, l'organisation interne de chaque séquence, la composition du moindre plan, une aisance de cinéma absolument sidérante, qui procure une ébouriffante jubilation. La première partie, traque minutieuse et haletante où les enjeux s'enclenchent dans l'immensité abstraite du Texas (splendide photo de Deakins), est peut-être, à cet égard, ce que les frangins ont fait de plus accompli. D'un bout à l'autre, le film est zébré d'images foudroyantes : lorsque la caméra capte de nuit le profil d'une voiture en haut de la colline, entourée d'un halo lumineux, on reste le souffle coupé. Émulation baroque et grotesque de la silhouette encapuchonnée du Septième Sceau, Javier Bardem habille la Mort en marche d'une impassibilité hallucinée et terrifiante - vision infernale lorsqu'une nuit, en traversant un pont, il tire et fait s'envoler un corbeau noir posé sur la rambarde. C'est par la maîtrise irrécusable de la mise en scène, sa puissance de suggestion, que les frères Coen, comme de coutume allergiques au discours, imposent l'envergure métaphysique de l'allégorie. Si elle n'a rien perdu de son goût prononcé du burlesque, qui nous vaut ici de grands moments d'ironie grinçante et désespérée, leur inspiration est rattrapée par une intense mélancolie, affligée par l'amertume du constat sur les racines de la folie, de la cupidité et de la violence. Moss, brave type rêvant de s'arracher à sa condition, ne peut rien faire contre la permanence du mal ; l'innocente Carla Jean, refusant le marché absurde de l'ange de l'apocalypse, ne peut qu'en mourir ; et le rêve final du shérif désabusé, hanté par la perte des valeurs, ne peut s'écouter que comme l'ultime confession du désastre.
Dernière modification par Thaddeus le 18 nov. 13, 14:11, modifié 2 fois.
Gounou
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par Gounou »

@Demi-Lune :
Autant je comprends évidemment qu'on soit dérouté par cette fin en premier lieu, autant je m'étonne toujours que les revisions ne ne lui confère pas sa pleine légitimité. L'onirisme et l'angoissante absurdité du film (dans ses ellipses, ses décalages, son fantastique, etc.) sont parfaitement synthétisés autant que diffusés par cette fin intime, émouvante et résignée.

EDIT : Bon, ben complètement en phase avec Thaddeus en fait... :)
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par hansolo »

au contraire, il y a ici comme une forme de désespoir et de résignation qui semble s'étrangler au fur et à mesure que le récit progresse, et qui prennent toute leur ampleur lors de cette conclusion allégorique et désolée
En fait j'ai plutôt trouvé que cette résignation de Tom Bell est présente dès la première fois qu'on le voit ... et si TL Jones est parfait dans ce rôle c'est si extrême que ca en devient lassant
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par Federico »

hansolo a écrit :j'ai eu du mal a comprendre la "stratégie" du déplacement de la mallette dans le motel par Llewelyn Moss
Spoiler (cliquez pour afficher)
Il la planque de telle façon qu'il pourra la récupérer depuis une autre chambre car même si à ce moment-là il ignore que la mallette contient un "traceur", il a compris que son pisteur était très fort et allait vite repérer sa première chambre.
le surjeu de TL Jones qui - as usual - semble porter la misère du monde sur ses épaules et ne pas savoir comment ne pas arrêter de bougonner à chaque seconde de présence en l'écran ... fini par être fatiguant
Dans le cas de Jones, ce serait plutôt du sous-jeu mais son personnage reste quand même secondaire bien que le titre y fasse référence.
En revanche maestria de J Bardem et de J Brolin
Bardem est monstrueux. Il a du se faire peur rien qu'en se découvrant dans la glace. Brolin est épatant (je ne sais pas si c'est la moustache mais je ne l'ai jamais vu aussi bon), de même que Woody Harrelson (fantastique, suant de trouille face à Bardem) et la toujours émouvante Kelly Macdonald (qu'on voit hélas trop peu).
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par Federico »

Gounou a écrit :Autant je comprends évidemment qu'on soit dérouté par cette fin en premier lieu, autant je m'étonne toujours que les revisions ne ne lui confère pas sa pleine légitimité. L'onirisme et l'angoissante absurdité du film (dans ses ellipses, ses décalages, son fantastique, etc.) sont parfaitement synthétisés autant que diffusés par cette fin intime, émouvante et résignée.
On peut voir aussi le film comme un long cauchemar (un peu comme La nuit du chasseur). Sa fin en queue de poisson correspondant à un réveil brutal (ne me demandez pas de qui, je n'en sais rien). :wink:
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par Federico »

En découvrant le film hier soir, j'ai pensé à un truc peut-être idiot mais la scène où Brolin recharge en catastrophe son pistolet et réussit à l'ultime moment à descendre le molosse... m'a rappelé un fameux passage de L'homme du Kentucky de Burt Lancaster... :wink:
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Re: No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)

Message par Silencio »

Thaddeus a écrit :Là, c’est un feu d’artifices de visions : entre le corps de Llewelyn flashé entre les phares des assaillants, la lumière du jour qui se lève, l’éclair de fin du monde que l’on perçoit à l’horizon (idée de génie), c’est une leçon de découpage, de rythme et de composition.
Et ce n’est pas fini. Il y a un cours d'eau en contrebas, Llewelyn a tout juste le temps de s'y précipiter. On se dit : c’est bon, il est sauvé. Le chien se jette à la flotte à son tour. Il y a un plan presque surréaliste où on voit le chien nager posément, avec le calme d’un chasseur appliqué. On est sur la corde raide, là, que les Coen maîtrisent si bien : cette frontière extrêmement précise entre la terreur pure et la dérision. On ne sait pas si on doit rire ou être raide d’angoisse. Llewelyn grimpe sur la berge opposée. Il s’éloigne du cours d’eau. Quelques secondes après, le chien sort de l’eau à son tour. Llewelyn a une arme, il dispose juste d’un instant pour s’en servir. Mais avec les Coen (décomposition des gestes, précision millimétrée des situations et de leur crédibilité), ce serait un peu trop simple. Et tandis que le clebs parcourt les derniers mètres, ils prennent le temps de montrer Llewelyn charger son arme, souffler dans le canon pour le sécher, enlever la détente... Il tire sur le chien à bout portant, alors qu’il lui saute dessus, et l’abat.
Et là, BOOM, chien en carton.
Fin d’une séquence d’anthologie, ahurissante leçon de cinéma. Perso, j'en sors claqué, je suis effaré par une telle maîtrise du suspense, une telle précision, une telle maestria.
Je pinaille évidemment, puisque c'est un chef-d'oeuvre.
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