Boris Karloff (1887-1969)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Boris Karloff (1887-1969)

Message par Jeremy Fox »

J'ouvre le topic à l'occasion de la publication de la critique de Le Masque d'or de Charles Brabin, film qui se trouve au sein du coffret Legends of horror
Lord Henry
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par Lord Henry »

The Raven (Le corbeau) (1935)
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Il est déconseillé aux jeunes femmes de repousser les avances de tout heureux propriétaire d’un musée des horreurs dévolu à l’œuvre d’Edgar Allan Poe.

Derrière la gratuité décorative de la mise en scène, on devine l’âme d’un poète décadent. Louis Friedlander (alias Lew Landers) secoue son évident dilettantisme afin de placer – à la suite d’Edgar G. Ulmer - Bela Lugosi et Boris Karloff sous les auspices d’Edgar Allan Poe ; mais comme dans The Black Cat, l’écrivain américain n’est que la vague caution littéraire d’un délire sadique filmé ici avec une indolence affectée. La théâtralité délicieusement désuète de Bela Lugosi (« Poe ! You’re avenged ! ») participe au charme certain de cette œuvre qui emprunte beaucoup à l’imagerie du serial.
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Lord Henry
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par Lord Henry »

The Curse of the Crimson Altar (1968)
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A la recherche de son frère disparu, un antiquaire londonien se retrouve l'hôte d'une étrange maisonnée, au coeur d'un haut-lieu de la sorcellerie du dix-septième siècle.

En fin de parcours, le vétéran Vernon Sewell illustre benoîtement un scénario convenu et confus qui se réclame d'H.P. Lovecraft, - les admirateurs de l’écrivain apprécieront !
Pour sa dernière sortie, on encadre Boris Karloff de collègues émérites (Christopher Lee, Michael Gough) qui satisfont à leurs obligations avec un professionnalisme méritoire à défaut de conviction. Mais si le talent du chef opérateur suffit à relever quelque peu cette concoction insipide, il ne saurait être pardonné à ses instigateurs d’avoir réduit la grande Barbara Steele à une simple utilité – qui plus est une utilité peinte en vert !
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Lord Henry
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par Lord Henry »

House of Frankenstein (1944)
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Dernier arrêt avant Abbott et Costello!


Dans certaines familles, lorsque l'on ne sait plus quoi faire de ses anciens, on les envoie à l'hospice; dans d'autres, on préfère les réunir dans un même film.

Le studio Universal aura donc tiré jusqu'au dernier cent des personnages qui firent sa gloire une décennie auparavant. Mais si l'abondance de biens ne nuit pas, ainsi que le proclame l'adage, l'abondance de monstres, elle, peut nuire au scénario. Avec ses soixante-dix minutes, le film donne l'impression d'une pièce trop étroite pour le nombre d'invités que l'on chercherait à y caser (remember The Marx Brothers?). Il en résulte deux parties distinctes et indépendantes l'une de l'autre avec comme seul lien ténu la présence du personnage interprété par Boris Karloff. La première met en vedette le Comte Dracula (John Carradine) et pour la seconde, la créature de Frankenstein (Glenn Strange) ainsi que le Loup-garou (Lon Chaney Jr.) prennent le relais.
Heureusement, Erle C. Kenton (Island of Lost Souls) prend à bras-le-corps ce mercantilisme ludique et mène tambour battant la sarabande des créatures. Il est à noter, pour un film de fin de cycle, le soin relatif porté à la photographie et à la direction artistique.
Boris Karloff n'a guère de peine à se distinguer d'une distribution soit médiocre (Lon Chaney, J. Carroll Naish, Glenn Strange), soit peu convaincante (John Carradine).
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par daniel gregg »

Ah oui tiens, étonnant qu'il n'y ait jamais eu de topic à propos de ce grand acteur !
Merci Jeremy de l'avoir ouvert.
Lord Henry
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par Lord Henry »

The Walking Dead (1936)
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Victime d'un coup monté, John Ellman (Boris Karloff) est condamné et exécuté pour l'assassinat d'un juge. Alors même qu'il est électrocuté, un témoignage tardif établit son innocence. Afin de réparer cette injustice, un savant (Edmund Gwenn) propose de le ressusciter au moyen d'une technique de son invention. Revenu d'entre les morts, il devient l'instrument du châtiment qui frappe les vrais coupables.


Michael Curtiz a jalonné ses deux premières décennies aux couleurs de la Warner, d'autant de réalisations en tous genres que de témoignages de sa virtuosité. A chaque fois, le spectateur est livré à l'enivrant parfum qu'exhale le pur plaisir du cinéma; un plaisir dont on se plaît à croire qu'il contagionne naturellement le public pour avoir été d'abord éprouvé par le cinéaste.
The Walking Dead marie avec frénésie le Film Noir, la science-fiction et le Fantastique, fondant sans se soucier des convenances les trois genres dans une même esthétique. Les idées de mise en scène contenues dans ses soixante-six minutes suffiraient au bonheur de plusieurs longs-métrages. Ainsi, l'extraordinaire séquence du concert que donne le mort-vivant à ses bourreaux; le jeu des cadrages et de la photographie, associé aux notes de piano, suffit à traduire le terrible affrontement des volontés en présence
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Rick Blaine
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par Rick Blaine »

daniel gregg a écrit :Ah oui tiens, étonnant qu'il n'y ait jamais eu de topic à propos de ce grand acteur !
Merci Jeremy de l'avoir ouvert.
Effectivement, c'est étonnant. Et merci au Lord de venir l'enrichir si promptement, il est intéressant de lire ces avis pour cet acteur que j'aime beaucoup.
Dernière modification par Rick Blaine le 20 avr. 12, 10:07, modifié 1 fois.
Lord Henry
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par Lord Henry »

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Le capitaine Labesch débarque sur une île afin d’éradiquer les pratiques vaudou qui sévissent sous l’autorité du grand prêtre Damballah . Mais ses efforts vont se heurter aux avertissements du potentat local, Carl Van Molder (Boris Karloff), qui semble s’accommoder fort bien de la situation. Grâce à l’étude du vaudou, le vieil homme espère mener à bien ses recherches sur la libération des pouvoirs de l’esprit.

Au crépuscule de son existence, affaibli par la maladie, Boris Karloff accepta de s’engager pour quatre films avec le producteur mexicain Enrique Vergara. Son état de santé lui interdisant tout voyage, il fut convenu de tourner ses scènes à Hollywood. L’acteur, mécontent des scripts qu’on lui avait soumis, choisit de confier le projet au réalisateur américain Jack Hill. Mais le tournage, en proie à de nombreuses difficultés, dépassant le délai et le budget prévus, la production fut interrompue et les bobines rapatriées au Mexique. En fin de compte, les films sortirent dans un nouveau montage après qu’on les eut complétés de passages interprétés par la doublure de Boris Karloff, ce dernier étant décédé entre-temps.

Fruit de l’hybridation, Isle of The Snake People en arbore tous les stigmates ; l’incohérence visuelle le dispute à la confusion du scénario. Jack Hill a eu beau jeu de fustiger un produit fini dans lequel il ne reconnaissait plus son travail, c’est néanmoins sa contribution qui s’avère la plus décevante. La langueur de sa mise en image semble mimer la prestation fatiguée d’un Karloff douloureusement usé. Par contraste, la partie mexicaine divertit grâce à son exubérance bariolée et sa crudité racoleuse. Les cérémonies vaudou sont pimentées de sacrifices d’animaux, de nécrophilie et de cannibalisme dans le grondement d’un ciel d’orage. Ce rituel pittoresque s’accomplissant sous l’égide d’un nain lubrique. Mais en vérité, cette imagerie fruste a pour principale vertu de mettre en lumière la sensualité hautaine de Tongolele. En maîtresse de cérémonie, la danseuse mexicaine libère un érotisme primitif, s’épanchant dans des chorégraphies enfiévrées qui suffiraient à réveiller…les morts-vivants !
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Lord Henry
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par Lord Henry »

The Haunted Strangler (1958)
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Vingt ans après les faits, le journaliste James Rankin (Boris Karloff) réouvre le dossier de "l'étrangleur de Haymarket", pour les crimes duquel pense-t-il, un innocent a été exécuté.

Boris Karloff, en mal de rôles dignes de son talent, fut l'initiateur de ce projet qui cherche à fondre dans le même creuset deux traditions du fantastique britannique: celle de Jack l'Eventreur et celle de Jekyll et Hyde.
Et effectivement, on ne peut que se réjouir de voir l'acteur prendre son personnage à bras-le-corps. Il appartient au réalisateur, Robert Day, de tirer le meilleur parti d'un budget dont on mesure néanmoins à l'écran la modestie. Et s'il filme à l'économie, avec un louable professionnalisme, il ne peut s'empêcher d'étirer plus qu'elles ne le méritent certaines scènes afin de tenir la longueur de son métrage. A vrai dire, il n'y a rien ici qui ne soit dans l'ensemble prévisible, tant dans le déroulement de l'intrigue que visuellement. La réussite du prologue – la pendaison du faux-coupable - et l'énergie de l'acteur suffiront cependant à satisfaire les admirateurs du grand Boris.
Dernière modification par Lord Henry le 20 avr. 12, 10:57, modifié 1 fois.
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par Lord Henry »

British Intelligence (1940)


The butler did it!

Modeste contribution à l'effort de guerre, British Intelligence ne se distingue réellement que par le soin avec lequel sont photographiées certaines et scènes, et par la présence de Boris Karloff.
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daniel gregg
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par daniel gregg »

Je me permets de rapporter ces deux avis sur Bedlam signés Profondo Rosso et Beule :

Profondo Rosso a écrit :Bedlam de Mark Robson (1945)

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Une jeune femme est la victime du directeur d'un asile d'aliénés.


Une des productions Val Newton de la RKO les plus atypique, entre film de terreur et fable humaniste. Le film se veut un plaidoyer contre les asiles d'aliénés et les internements arbitraire, tout en en exploitant les aspects les plus terrifiant ancrés dans l'imaginaire collectif. Le début du film offre un étonnant ton de comédie de moeurs où on découvre des nobles frivoles et indifférents à la misère ambiante, où la plus indifférente et pleine d'esprit semble être la jeune femme entretenue incarnée par Anna Lee. Sous ses airs détaché, elle va pourtant s'émouvoir des traitements inhumains infligés par Boris Karloff, directeur d'asile cruel et manipulateur. Cette ambiance au teint badin et léger s'obscurcit progressivement lorsque l'on déouvre le malheureux sort des aliénés, véritable bêtes sans âme. La tonalité et le genre même du film évolue selon le point de vue adopté par le personnage de Anna Lee sur les fous. Internée suite aux manoeuvres de Karloff, on découvre par le biais de son regard un Bedlam terrifiant, La photo de Nicholas Musuruca est typique des plus oppressante productions Val Newton avec une influence énorme de l'expressionnisme allemand, conférant une aura menaçante à souhait à l'asile. Les pensionnaires de l'asile tous plus pittoresque les uns que les autres ajoute encore à cet aspect de terreur. La qualité et le défaut du film serait de ne pas appuyer jusq'au bout cette tonalité, puisque le ton humaniste dévoile sous un autre jour les fous qui s'avère être de pauvres bougres malmenés par Boris Karloff. C'est donc le parcours initiatique de la superficielle Anna Lee qui nous apparait lorsqu'elle se libère de sa peur pour aider let comprendre les aliénés. Un peu frustrant pour les amateurs d'horreurs (certaines amorces de situations avait de quoi faire dresser les cheveux sur la tête comme lorsque l'héroïne est enfermé en cellule avec un inquiétant colosse arriéré mental) mais assez logique. Le seul souci serait la simplicité avec laquelle est introduite cette facette, ici avec un pénible personnage de quaker joué par Richard Fraser assénant une morale lourde, ou encore la facilité avec laquelle l'héroïne est acceptée qui omet l'aspect instable des aliénés. Reste quelques scènes réellement puissante comme le procès qu'infligent les fous à Boris Karloff (même si on se serait passé du semblant de psychologie expliquant sa cruauté) ou encore le sort final qui lui est réservé. 4/6
Beule a écrit :Bedlam

Une vraie merveille, trop hâtivement classée dans le genre du fantastique en raison de la paternité de Val Lewton. J'appréhendais un peu de m'y replonger de peur d'être trahi par mes souvenirs, mais non, ce film se révèle un peu plus à chaque vision.
Plus qu'une critique, une illustration synthétique du siècle des lumières, toute en nuances, faisant la part belle aux joutes verbales. Le verbe très écrit,et d'une intelligence déliée, y est ici manié avec une précision qui confine à la rhétorique par deux comédiens aussi subtils l'un que l'autres (Karloff et Anna Lee). Pour autant l'aspect visuel et technique de l'oeuvre n'est pas en reste: cadrages opressants, grande économie du son ambiant pour accentuer le malaise, superbe appréhension de l'espace par d'assez rares mouvements de caméras fluides et fuyants introduisant la distance recherchée entre Nell et les autres pensionnaires de Bedlam (le travelling arrière et ascendant livrant la première ouverture sur le cachot de Bedlam est absolument saisissant) s'estompant peu à peu au profit de longs plans moyens, fixes et empathiques.

Un film fascinant auquel le DVD Montparnasse, irréprochable, offre désormais un bel écrin.
8.5/10
feb
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par feb »

Très bonne critique de Julien 8)
Lord Henry
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par Lord Henry »

Effectivement, texte au plaisir communicatif pour un film que j'aime tout particulièrement.

Cela m'a permis aussi de découvrir le mot "topoi" dont j'avoue sans honte qu'il avait jusqu'à présent échappé à ma vigilance.
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jacques 2
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par jacques 2 »

Ah, Karloff : je l'avais trouvé authentiquement terrifiant en grand papa vampire dans le sketch "les Wurdalaks" des "Trois visages de la peur" de Mario Bava ...

Et inoubliable évidemment en créature de Frankenstein ... :)

Par contre, "Le masque d'or" demeure assez décevant et ce d'autant plus si on avait lu auparavant les délires de Jean Boullet (mentionnés par J M Sabatier dans son "Classiques du cinéma fantastique", inestimable ouvrage sur le genre) à propos du film ...
Beaurice Quarlophe
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Re: Boris Karloff (1887-1969)

Message par Beaurice Quarlophe »

J'affectionne le cinéma fantastique classique depuis toujours et inutile de mentionner que Boris Karloff est mon acteur fétiche. Curieusement, il a quitté ce monde la même année, le même mois et à quelques jours près de mon anniversaire de naissance.

Coïncidence plutôt étonnante...et inquiétante.

Je reviendrai sur mes préférences concernant sa filmographie.

:wink:
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