Un Frisson dans la nuit (Clint Eastwood, 1971)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
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- Mister Ironbutt 2005
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Un Frisson dans la Nuit (Clint Eastwood)
Houlà, très grosse déception ... Après avoir vu "Lisaison Fatale", c'est un peu difficile à regarder. Les personnages trops unidimensionnels sont guère palpitant. Jessica Walter joue l'hystérique et Clint un défilé de grimaces sans que grand choses d'autres nous soient proposés, si ce n'est une série de deux ou trois rebondissements à encéphalogramme plat. Le ryhtme est pénible, la mise en scène est hésitante,et on a droit à quelques cadrages et zooms biens cons. Les scènes d'agressions qui ne semblent jouer que sur le registre Norman Bates relèvent du n'importe quoi. Par moment, le film annonce toutefois le très beau "Breezy" dans ses scènes plus calmes et harmonieuses (une scéquence très seventies sur une chanson de Roberta Flack fait sourire mais s'avère être le passage le plus réussi). La photo de Bruce Surtees est absolument superbe et Donna Mills très jolie, mais c'est encore bien maigre. Alors bien sur on peut s'intéresser et disserte du rapport de Clint aux femmes, mais difficile de dire que le film vaille mieux qu'un "Inspecteur ne renonce jamais"... C'est les débuts et le film est très loin d'être un coup de maître.
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Houlà, très grosse déception ... Après avoir vu "Lisaison Fatale", c'est un peu difficile à regarder. Les personnages trops unidimensionnels sont guère palpitant. Jessica Walter joue l'hystérique et Clint un défilé de grimaces sans que grand choses d'autres nous soient proposés, si ce n'est une série de deux ou trois rebondissements à encéphalogramme plat. Le ryhtme est pénible, la mise en scène est hésitante,et on a droit à quelques cadrages et zooms biens cons. Les scènes d'agressions qui ne semblent jouer que sur le registre Norman Bates relèvent du n'importe quoi. Par moment, le film annonce toutefois le très beau "Breezy" dans ses scènes plus calmes et harmonieuses (une scéquence très seventies sur une chanson de Roberta Flack fait sourire mais s'avère être le passage le plus réussi). La photo de Bruce Surtees est absolument superbe et Donna Mills très jolie, mais c'est encore bien maigre. Alors bien sur on peut s'intéresser et disserte du rapport de Clint aux femmes, mais difficile de dire que le film vaille mieux qu'un "Inspecteur ne renonce jamais"... C'est les débuts et le film est très loin d'être un coup de maître.
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- Jeremy Fox
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Tu préfères Liaison fatale ?Mac Lean a écrit :Un Frisson dans la Nuit (Clint Eastwood)
Houlà, très grosse déception ... Après avoir vu "Lisaison Fatale", c'est un peu difficile à regarder. Les personnages trops unidimensionnels sont guère palpitant. Jessica Walter joue l'hystérique et Clint un défilé de grimaces sans que grand choses d'autres nous soient proposés, si ce n'est une série de deux ou trois rebondissements à encéphalogramme plat. Le ryhtme est pénible et la mise en scène est hésitante,, et on a droit à quelques cadrages et zooms biens cons. Les scènes d'agressions qui ne semblent jouer que sur le registre Norman Bates relèvent du n'importe quoi. Par moment, le film annonce toutefois le très beau "Breezy" dans ses scènes plus calmes et harmonieuses (une scéquence très seventies sur une chanson de Roberta Flack fait sourire mais s'avère être le passage le plus réussi). La photo de Bruce Surtees est absolument superbe et Donna Mills très jolie, mais c'est encore bien maigre. Alors bien sur on peut s'intéresser et disserte du rapport de Clint aux femmes, mais difficile de dire que le film vaille mieux qu'un "Inspecteur ne renonce jamais"... C'est les débuts et le film est très loin d'être un coup de maître.
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- Mister Ironbutt 2005
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Entièrement d'accord.ratatouille a écrit :Play Misty For Me n'est certes pas exempt de défauts (certains effets de mise en scène un peu grossiers, comme des zooms à outrance) mais pour une 1ère réalisation, je le trouve quand même pas mal du tout.
En tout cas, ça reste 10 000 fois supérieur à Liaison Fatale !?
L'abus des satanés zooms est un trait d'époque, qui plombe bien des films des années 1970.
Par ailleurs, la morale de Liaison fatale est misogyne et réac au-delà du supportable, tandis que le point de vue de Play Misty for Me sur ses personnages est beaucoup plus "objectif" et nuancé. C'est entendu, la fille est dangereusement cinglée mais elle n'est pas "condamnée" pour autant (le héros passif n'est pas blanc comme neige non plus). Et le final a un goût de cendres, tandis que celui de Liaison fatale, crapuleusement racoleur, est fait pour flatter le spectateur dans le sens de ses petites certitudes morales et susciter ses applaudissements (j'ai vécu cela : une vraie honte).
Cela dit, Breezy est incomparablement supérieur et combien plus attachant. Mais Eastwood est l'exemple typique d'un cinéaste qui a appris son métier en faisant des films - et il a fait bien pire (la Sanction Eiger).
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La Sanction tout court en VF ou The Eiger Sanction en VO.Bartlebooth a écrit :Mais Eastwood est l'exemple typique d'un cinéaste qui a appris son métier en faisant des films - et il a fait bien pire (la Sanction Eiger).
Et effectivement, je pense qu'il s'agit là de la réalisation la plus faiblarde de la part de Clint...bon y a aussi Blood Work, j'avoue.
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Dans mes bras !L'abus des satanés zooms est un trait d'époque, qui plombe bien des films des années 1970.
Par ailleurs, la morale de Liaison fatale est misogyne et réac au-delà du supportable, tandis que le point de vue dePlay Misty for Me sur ses personnages est beaucoup plus "objectif" et nuancé. C'est entendu, la fille est dangereusement cinglée mais elle n'est pas "condamnée" pour autant (le héros passif n'est pas blanc comme neige non plus). Et le final a un goût de cendres, tandis que celui de Liaison fatale, crapuleusement racoleur, est fait pour flatter le spectateur dans le sens de ses petites certitudes morales et susciter ses applaudissements (j'ai vécu cela : une vraie honte).
Cela dit, Breezy est incomparablement supérieur et combien plus attachant. Mais Eastwood est l'exemple typique d'un cinéaste qui a appris son métier en faisant des films - et il a fait bien pire (la Sanction Eiger)
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Pas dans les mienstakezo a écrit :Dans mes bras !L'abus des satanés zooms est un trait d'époque, qui plombe bien des films des années 1970.
Par ailleurs, la morale de Liaison fatale est misogyne et réac au-delà du supportable, tandis que le point de vue dePlay Misty for Me sur ses personnages est beaucoup plus "objectif" et nuancé. C'est entendu, la fille est dangereusement cinglée mais elle n'est pas "condamnée" pour autant (le héros passif n'est pas blanc comme neige non plus). Et le final a un goût de cendres, tandis que celui de Liaison fatale, crapuleusement racoleur, est fait pour flatter le spectateur dans le sens de ses petites certitudes morales et susciter ses applaudissements (j'ai vécu cela : une vraie honte).
Cela dit, Breezy est incomparablement supérieur et combien plus attachant. Mais Eastwood est l'exemple typique d'un cinéaste qui a appris son métier en faisant des films - et il a fait bien pire (la Sanction Eiger)
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Je ne suis absolument pas d'accord concernant blood work : La première heure est excellente de maîtrise. La fin du film est bâclé et c'est dommage car l'intrigue (adapté d'un excellent bouquin d'ailleurs) était bien mené.ratatouille a écrit :La Sanction tout court en VF ou The Eiger Sanction en VO.Bartlebooth a écrit :Mais Eastwood est l'exemple typique d'un cinéaste qui a appris son métier en faisant des films - et il a fait bien pire (la Sanction Eiger).
Et effectivement, je pense qu'il s'agit là de la réalisation la plus faiblarde de la part de Clint...bon y a aussi Blood Work, j'avoue.
Ce film sera reconsidéré dans las années à venir comme cela commence à être le cas avec space cowboys.
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- Mister Ironbutt 2005
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Je suis le seul à penser que "Liaison Fatale" est un film assez ironique par rapport au contexte sociologique et politique ou il est arrivé? Quand aux personnages de "play misty", ils sont tout simplement extrèmement plat, plus que nuançé et objectif...Bartlebooth a écrit :
Par ailleurs, la morale de Liaison fatale est misogyne et réac au-delà du supportable, tandis que le point de vue de Play Misty for Me sur ses personnages est beaucoup plus "objectif" et nuancé.
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Pas d'accord non plus : sans être du tout un grand film, Créance de sang ne méritait pas la volée de bois vert qu'il a reçue de la part de la critique française, qui n'aime rien tant que brûler ce qu'elle adorait hier. Cela dit, le film est moins riche que le beau roman de Connelly, et la fin est effectivement bâclée (problème récurrent dans les polars d'Eastwood, voir les Pleins Pouvoirs, dont l'ouverture est aussi brillante que la fin est grotesque). Le problème vient aussi de ce que la révélation du coupable, inattendue dans le roman, est beaucoup plus prévisible dans le film, tout simplement parce que c'est un acteur assez connu qui l'incarne, et qu'on voit mal comment Eastwood l'aurait engagé simplement pour lui servir de chauffeur dans le film... (je précise que j'avais lu le roman au moment de sa parution et avais oublié entre-temps l'identité du tueur).George Bailey a écrit :Je ne suis absolument pas d'accord concernant blood work : La première heure est excellente de maîtrise. La fin du film est bâclé et c'est dommage car l'intrigue (adapté d'un excellent bouquin d'ailleurs) était bien mené.ratatouille a écrit :
La Sanction tout court en VF ou The Eiger Sanction en VO.
Et effectivement, je pense qu'il s'agit là de la réalisation la plus faiblarde de la part de Clint...bon y a aussi Blood Work, j'avoue.
Ce film sera reconsidéré dans las années à venir comme cela commence à être le cas avec space cowboys.
Pour moi qui ai maintenant vu tous les films d'Eastwood, les moins bons sont la Sanction et Firefox.
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Un frisson dans la nuit de Clint Eastwood (1971)
Le premier film du grand Clint, tourné en même temps que le premier Harry. 1971, fut l'année Clint donc. Si notre héros serre les dents pendant la majeure partie du film (et il les serre rudement bien, nom de Dieu), que dire du spectateur? Pour un coup d'essai, c'est un coup de maitre. 35 ans après, le suspense opère toujours. Grandiose.
8/10
Le premier film du grand Clint, tourné en même temps que le premier Harry. 1971, fut l'année Clint donc. Si notre héros serre les dents pendant la majeure partie du film (et il les serre rudement bien, nom de Dieu), que dire du spectateur? Pour un coup d'essai, c'est un coup de maitre. 35 ans après, le suspense opère toujours. Grandiose.
8/10
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- Howard Hughes
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Un frisson dans la nuit de Clint Eastwood
Lassé de n’être qu’un instrument au service de réalisateurs, Clint Eastwood décide finalement de prendre la caméra à son tour, pour être enfin maître de ses idées et se voir attribuer tous ses mérites. Ce n’est pas une démonstration d’orgueil, loin de là, mais un homme qui prend réellement connaissance de ses capacités, et qui ne doutent ou presque de son savoir faire. Dans le livret qui accompagne le dvd, peut-on lire cette intervention, ainsi que la raison ironique mais aussi un peu révélatrice de prendre Don Siegel pour un petit rôle. D’une part, cette une façon pour Eastwood de rendre hommage à un ami qui l’a soutenu dans sa carrière et offert de très bons rôles, et puis il voit aussi sa présence comme une pièce rassurante qui lui fait dire : Au moins, il y aura un vrai réalisateur sur le plateau. Ces quelques déclarations affichent certains doutent qui habitent le réalisateur au moment de se lancer dans sa première aventure. Il n’est toutefois pas complètement dépourvu d’assurance, au contraire, il affiche une réelle volonté comme une carapace, dont on peut simplement remarqué qu’elle présente une ou deux fêlures.
Pour son premier long métrage, le nouveau réalisateur décide d’illustrer une histoire simple et efficace, un thriller reposant sur un nombre restreint de lieux et de personnages, pour bien prendre possession de la matière. Déjà peut-on remarquer certains détails qui réapparaîtront dans sa filmographie à suivre, des thèmes ou une construction qui préfigurent le grand réalisateur qu’il deviendra. Eastwood décide de se mettre en scène dans le rôle principal, il campe Dave Garver, un animateur de radio nocturne, en place de décrocher une place dans une nouvelle émission plus reconnue. Il fait la rencontre de Evelyne, admiratrice number one, qui l’appelle plus ou moins toutes les nuits pour lui réclamer la même chanson, Misty.
Le film démarre calmement, baignant dans une nostalgie contrariant la clarté d’un cadre idyllique d’un bord de mer ensoleillé. On devinera plus tard la raison de cette impression, mais le film opère une entrée en matière calme, avant que le générique et la musique surtout, ne prennent possession du film. En quelques plans suivants, Eastwood parvient à décrire sommairement mais justement le personnage de Garver, être à la fois un peu rustre mais récitant des vers de poèmes en introduction de ses émissions. Sa rencontre avec Evelyne sera représentative de la psychologie plus ou moins perturbée de la femme. Jouant la jeune femme cueillie par un homme dans un bar, elle s’avéra tout autre, car c’est bien elle la manipulatrice. Une simple scène parvient à cerner le potentiel psychotique de Evelyne et le piège qui s’est refermé sur Dave.
La suite du métrage se suit sans grandes surprises, et c’est peut-être ce qui frustre un peu. La machination, l’énergie déployée nous paraissent trop évidents et la réaction du personnage d’Eastwood manquerait presque de cohérence. En effet, difficile de comprendre autant d’indulgence de sa part, même auprès d’un vil chantage affectif. Ce n’est certes qu’un léger écueil auquel il ne faudrait accorder trop d’importance puisqu’il n’entache en rien les qualités du film.
Dans ce sombre acheminement qui rend la vie insupportable à Garver, le réalisateur prend toutefois le temps, au milieu de son métrage, d’une séquence contemplative sur un festival de Jazz. On reconnaît là tout l’intérêt que porte Eastwood pour la musique, et cette séquence devient « logique » compte tenu des films qui sortiront par la suite. C’est aussi une preuve indéniable d’un metteur en scène sûr de lui et de ses convictions, qui prend ainsi le temps, au risque de rompre le bon déroulement de son intrigue, pour incorporer un passage qui lui tient particulièrement à cœur, et qui rentre parfaitement dans la logique du personnage – que l’on peut aisément identifier au réalisateur d’ailleurs. Eastwood fait preuve de réelles compétences, délivrant des séquences impeccables, desservies par la prestation sans faille de son actrice principale. Elle cultive magnifiquement l’ambivalence de son caractère, entre angélisme et démence possessive. Afin de garder son point de vue intacte, il évite d’user d’informations sur le passé de la femme, ou bien cherchant à expliquer ses actes. Au contraire, il se contente d’illustrer sa folie sans chercher à la justifier. Ce choix accentue l’impression la peur qui résulte d’un tel comportement, et son côté imprévisible.
Bien que l’on puisse noter un léger manque de rythme, et certaines séquences inégales en terme de réalisation (la première agression), Un frisson dans la nuit est un premier film remarquable. Il souffre peut-être un peu du temps, d’une construction trop classique qui tend à le rendre prévisible. Toutefois, il fait preuve de réelle qualité et d’un savoir faire indéniable. Pour un premier métrage, on se retrouve déjà avec une maîtrise certaine, qui n’a rien à rougir de ses pairs.
Lassé de n’être qu’un instrument au service de réalisateurs, Clint Eastwood décide finalement de prendre la caméra à son tour, pour être enfin maître de ses idées et se voir attribuer tous ses mérites. Ce n’est pas une démonstration d’orgueil, loin de là, mais un homme qui prend réellement connaissance de ses capacités, et qui ne doutent ou presque de son savoir faire. Dans le livret qui accompagne le dvd, peut-on lire cette intervention, ainsi que la raison ironique mais aussi un peu révélatrice de prendre Don Siegel pour un petit rôle. D’une part, cette une façon pour Eastwood de rendre hommage à un ami qui l’a soutenu dans sa carrière et offert de très bons rôles, et puis il voit aussi sa présence comme une pièce rassurante qui lui fait dire : Au moins, il y aura un vrai réalisateur sur le plateau. Ces quelques déclarations affichent certains doutent qui habitent le réalisateur au moment de se lancer dans sa première aventure. Il n’est toutefois pas complètement dépourvu d’assurance, au contraire, il affiche une réelle volonté comme une carapace, dont on peut simplement remarqué qu’elle présente une ou deux fêlures.
Pour son premier long métrage, le nouveau réalisateur décide d’illustrer une histoire simple et efficace, un thriller reposant sur un nombre restreint de lieux et de personnages, pour bien prendre possession de la matière. Déjà peut-on remarquer certains détails qui réapparaîtront dans sa filmographie à suivre, des thèmes ou une construction qui préfigurent le grand réalisateur qu’il deviendra. Eastwood décide de se mettre en scène dans le rôle principal, il campe Dave Garver, un animateur de radio nocturne, en place de décrocher une place dans une nouvelle émission plus reconnue. Il fait la rencontre de Evelyne, admiratrice number one, qui l’appelle plus ou moins toutes les nuits pour lui réclamer la même chanson, Misty.
Le film démarre calmement, baignant dans une nostalgie contrariant la clarté d’un cadre idyllique d’un bord de mer ensoleillé. On devinera plus tard la raison de cette impression, mais le film opère une entrée en matière calme, avant que le générique et la musique surtout, ne prennent possession du film. En quelques plans suivants, Eastwood parvient à décrire sommairement mais justement le personnage de Garver, être à la fois un peu rustre mais récitant des vers de poèmes en introduction de ses émissions. Sa rencontre avec Evelyne sera représentative de la psychologie plus ou moins perturbée de la femme. Jouant la jeune femme cueillie par un homme dans un bar, elle s’avéra tout autre, car c’est bien elle la manipulatrice. Une simple scène parvient à cerner le potentiel psychotique de Evelyne et le piège qui s’est refermé sur Dave.
La suite du métrage se suit sans grandes surprises, et c’est peut-être ce qui frustre un peu. La machination, l’énergie déployée nous paraissent trop évidents et la réaction du personnage d’Eastwood manquerait presque de cohérence. En effet, difficile de comprendre autant d’indulgence de sa part, même auprès d’un vil chantage affectif. Ce n’est certes qu’un léger écueil auquel il ne faudrait accorder trop d’importance puisqu’il n’entache en rien les qualités du film.
Dans ce sombre acheminement qui rend la vie insupportable à Garver, le réalisateur prend toutefois le temps, au milieu de son métrage, d’une séquence contemplative sur un festival de Jazz. On reconnaît là tout l’intérêt que porte Eastwood pour la musique, et cette séquence devient « logique » compte tenu des films qui sortiront par la suite. C’est aussi une preuve indéniable d’un metteur en scène sûr de lui et de ses convictions, qui prend ainsi le temps, au risque de rompre le bon déroulement de son intrigue, pour incorporer un passage qui lui tient particulièrement à cœur, et qui rentre parfaitement dans la logique du personnage – que l’on peut aisément identifier au réalisateur d’ailleurs. Eastwood fait preuve de réelles compétences, délivrant des séquences impeccables, desservies par la prestation sans faille de son actrice principale. Elle cultive magnifiquement l’ambivalence de son caractère, entre angélisme et démence possessive. Afin de garder son point de vue intacte, il évite d’user d’informations sur le passé de la femme, ou bien cherchant à expliquer ses actes. Au contraire, il se contente d’illustrer sa folie sans chercher à la justifier. Ce choix accentue l’impression la peur qui résulte d’un tel comportement, et son côté imprévisible.
Bien que l’on puisse noter un léger manque de rythme, et certaines séquences inégales en terme de réalisation (la première agression), Un frisson dans la nuit est un premier film remarquable. Il souffre peut-être un peu du temps, d’une construction trop classique qui tend à le rendre prévisible. Toutefois, il fait preuve de réelle qualité et d’un savoir faire indéniable. Pour un premier métrage, on se retrouve déjà avec une maîtrise certaine, qui n’a rien à rougir de ses pairs.
Ainsi, toujours et pourtant...
Un Frisson dans la nuit (Clint Eastwood, 1971)
Aujourd'hui, nous accueillons un nouveau collaborateur qui, pour sa première pige, s'est fait plaisir de rédiger la chronique du premier film de Clint Eastwood.
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PS : Dave Garver, si tu repasses par ici...
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PS : Dave Garver, si tu repasses par ici...
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