Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Filiba
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Re: Rage at Dawn

Message par Filiba »

Jeremy Fox a écrit : Ici, Horace McCoy (auteur de romans noirs, de polars, et futur auteur de On Achève bien les chevaux)
:shock:

En 1955, année de sa mort, Horace McCoy n'était pas le futur auteur de On Achève bien les chevaux, il était juste l'auteur de On Achève bien les chevaux paru en 1935 (probablement alors oublié).
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Jeremy Fox
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Re: Rage at Dawn

Message par Jeremy Fox »

Filiba a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Ici, Horace McCoy (auteur de romans noirs, de polars, et futur auteur de On Achève bien les chevaux)
:shock:

En 1955, année de sa mort, Horace McCoy n'était pas le futur auteur de On Achève bien les chevaux, il était juste l'auteur de On Achève bien les chevaux paru en 1935 (probablement alors oublié).
Oops ; je voulais dire auteur du film plus tard adapté par Pollack ; je modifie :oops:
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Jeremy Fox
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Chief Crazy Horse

Message par Jeremy Fox »

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Le Grand Chef (Chief Crazy Horse - 1955) de George Sherman
UNIVERSAL


Avec Victor Mature, John Lund, Suzan Ball, Ray Danton, James Millican, David Janssen
Scénario : Franklin Coen & Gerald Drayson Adams
Musique : Frank Skinner
Photographie : Harold Lipstein (Technicolor 2.55)
Un film produit par William Alland pour la Universal


Sortie USA : Avril 1955

Six mois après Sitting Bull, c’est un autre chef du peuple Sioux qui a l’insigne honneur de se voir figurer en tête d’affiche d’un western pro-indien. Et c’est au cinéaste qui a pour l’instant le plus œuvré pour la défense des Natives américains dans le cinéma hollywoodien (plus encore que Delmer Daves, avec notamment Sur la Piste des Comanches – Comanche Territory, Tomahawk et Au Mépris des lois – The Battle of Apache Pass) de signer ce Chief Crazy Horse. La réhabilitation de George Sherman ayant été faite en France ces dernières années par Bertrand Tavernier et Patrick Brion en premier lieu, il est toujours aussi surprenant de constater dans 50 ans de cinéma américain que le duo Coursodon/Tavernier ait pu mettre sur un même pied d'égalité Tomahawk et Le Grand Chef : "...Mais la vision de Tomahawk, biographie de Jim Bridger et de Chief Crazy Horse , pénible plaidoyer pro-indien, est accablante." En effet, avec les mêmes honorables intentions de départ et la même indubitable sincérité, nous nous trouvons avec d’un côté une éclatante réussite, de l’autre un immense ratage. Vous ayant déjà dit tout le bien que je pensais de Tomahawk ainsi que de quasiment tous les premiers westerns de George Sherman pour la Universal, il n’est pas difficile de deviner que la vision de Chief Crazy Horse me fut assez pénible ; et de constater par la même occasion que depuis ce puissant et émouvant Tomahawk, la filmographie westernienne du cinéaste ne cesse de décliner, Les Rebelles (Border River) ayant été lui aussi, juste avant, assez catastrophique !

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Le Major Twist (John Lund), retraité de la cavalerie américaine, revient sur les lieux où s’est déroulée la fameuse bataille de Little Big Horn qui vit la défaite du Général Custer face aux guerriers Indiens. L’ancien officier ne retrouve plus dans ces plaines verdoyantes les beaux et majestueux campements indiens qui s’y épanouissaient, notamment ceux de la tribu des Sioux Lakotas dirigée par Crazy Horse (Victor Mature). Perdu dans ses souvenirs, il va nous narrer à présent l’histoire de ce grand chef avec qui il était devenu ami alors que, blessé, il avait été amené dans son campement pour y être soigné. En 1854, avant de mourir suite à une blessure de guerre, le chef Conquering Bear prophétisa la venue d’un grand guerrier qui unirait toutes les tribus afin de remporter une grande victoire sur les blancs, mais qui serait tué peu après de la main même d’un indien Lakota. Pendu à ses lèvres, le tout jeune Crazy Horse (nommé ainsi après qu’un cheval fougueux ait traversé le campement le jour de sa naissance) a peu après une vision lui faisant se persuader que c’est de lui dont parlait Conquering Bear. Les années passent, les signes se multiplient pour Crazy Horse quant à la prophétie et les différents traités signés entre Indiens et blancs se voient bafoués. Il est d’autant plus difficile pour les Tuniques Bleues de faire régner la paix que de l’or a été trouvé dans les Black Hills ; les avides prospecteurs ne respectent plus les terres indiennes et Crazy Horse n’accepte pas qu’on vienne fouler le peu de territoire que les blancs ont laissé à son peuple. Dans l’enceinte de son campement, il se voit dans le même temps jalousé par son cousin Little Big Man (Ray Danton), qui, comme lui, souhaiterait épouser la jolie Black Shawl (Suzan Ball). Malgré les efforts de Twist pour éviter que les guerres indiennes reprennent, les éléments vont se liguer contre une solution pacifique et les morts vont bientôt joncher les plaines…

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Après le portrait du chef spirituel qu’était Sitting Bull tracé dans un film de Sidney Salkow ma foi plutôt réussi, c’est donc au tour d’une autre forte personnalité de la nation Sioux de s’avancer sur les devants de la scène : Crazy Horse, chef d’une tribu des Lakotas Oglalas. Comme le montre le film de George Sherman, Crazy Horse aurait bien été présent lors des derniers instants du chef Conquering Bear, mortellement blessé durant l’attaque de son camp par les troupes américaines. C’est après avoir assisté à cet instant qui l'aura fortement marqué que le jeune adolescent aurait effectivement erré plusieurs jours dans les plaines et qu’il aurait eu une vision qui le guidera le reste de sa vie. Il se bâtira une solide réputation de guerrier indomptable, courageux et énergique faisant subir à la cavalerie ses pires défaites, ce qui le conduira logiquement à prendre le commandement lors de la fameuse bataille de Little Big Horn. Alors que Sitting Bull de Sidney Salkow s’était concentré sur une période historique très courte, celui de George Sherman ambitionne de suivre le chef indien Crazy Horse de sa prime jeunesse à sa mort en à peine 85 minutes. Le choix ne semble pas avoir été judicieux car, alors que le scénario de Sitting Bull se révélait assez bien écrit et fort intéressant, celui de Chief Crazy Horse ne nous apprend pas grand-chose, se contentant d’aligner des séquences sans grand liant entre elles, sans aucune intensité dramatique. Et puis, si Jeff Chandler, Burt Lancaster ou Robert Taylor étaient convaincants à défaut d’être crédibles dans la peau d’indiens d’Amérique, il faut bien admettre que ce n’est pas le cas de Victor Mature qui est pour beaucoup dans l'impression de naïveté et de niaiserie que dégage le film ; et on atteint des sommets d’emphase risible lors des séquences de vision dont on pourrait croire hors contexte qu’elles sortent tout droit d’un péplum d'autant qu'elles sont portées par des chœurs célestes qui feraient presque regretter tout le bien dont on peut penser de la partition de Frank Skinner.

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Le ratage du film est d’autant plus rageant que les premières images nous laissaient présager un western ample et majestueux, George Sherman confirmant sa parfaite maitrise du cadre. Il n’est même pas interdit de penser que l’utilisation du cinémascope dans ce western est encore plus impressionnante que celles préalables d’Otto Preminger pour Rivière sans Retour (River of no Return) ou d’Henry Hathaway pour Le Jardin du diable (Garden of Evil), ce qui n’est pas peu dire ! Si l’on pourrait trouver à redire concernant les gros plans ainsi que ceux d’un ridicule achevé nous faisant comprendre l’immense amour que Crazy Horse porte à son épouse, tous les plans d’ensemble sont d’une beauté à couper le souffle ; ceux sur le campement indien, ceux montrant l’avancée des soldats au milieu de la plaine verdoyante, ceux des mises en place des batailles… Bref, un splendide livre d’image d’autant plus que la photographie est superbe et que les costumes et coiffes sont rutilants (même si loin de la véracité historique sans que ça ne nous gêne vraiment) : rarement un campement indien aura été aussi photogénique. L’exaspération nous reprend d’autant plus accentuée que, au vu de moyens financiers restreints (le plus grande partie du budget semblant avoir été affectée dans la fabrication des costumes ainsi que dans le matériel nécessaire au tournage en cinémascope), au milieu de la plupart de ces plans magnifiques, viennent s’intercaler des stocks shots hideux pour, d’une part avoir bien vieillis et, pire encore, pour avoir été pris de films au format 1.37 que l’on a étiré pour les transformer en images larges. Les scènes de transitions (avec voix off) et de batailles sont donc composées d’une succession de très beaux plans filmés par George Sherman et d’autres (pour les parties mouvementées principalement) tirés de films plus anciens. Autant dire que ces séquences, de spectaculaires deviennent vite pénibles au possible et que l’on abdique très rapidement devant ce mélange oh combien inharmonieux ! Les auteurs ont eu la bonne idée de nous épargner la bataille de Little Big Horn, le nombre de figurants à leur disposition étant minime et de toute manière ce fait historique ayant été très bien reconstitué dans le film de Sidney Salkow qui pourtant ne devait pas avoir bénéficié d’un budget bien plus conséquent.

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Un film dont il ne nous viendrait pas à l'idée de douter de sa sincérité, mais tellement naïf et dépourvu du moindre sens de la dramaturgie que l'on ne s’y passionne à aucun moment pas plus que l’on ne s’attache aux personnages. Cependant Frank Skinner a composé une très belle partition et George Sherman se fait plaisir à filmer les magnifiques paysages des Black Hills avec un sens du cadrage en scope assez hallucinant. Par le fait de pouvoir contempler le superbe travail de Sherman à la composition de ses plans de paysages (filmés sur les lieux où se sont déroulés les faits et non au Mexique comme pour Sitting Bull), pour le foisonnement de couleurs des costumes, pour John Lund qui s’avère décidément un comédien attachant ainsi que pour la beauté de la photographie, ce western peut à la limite faire passer un bon moment. Sinon c'est malheureusement plus que moyen et de plus en plus ennuyeux au fur et à mesure de l'avancée du film ; nous sommes avec ce western pro-indien très puéril à des années lumières du puissant Tomahawk ! A noter pour finir pque ce sera la dernière apparition dans le rôle de l’épouse de Crazy Horse de l’actrice Suzan Ball qui mourut cette année là d’un cancer à seulement 22 ans. En revanche, dans le rôle de Little Big Man (personnage n'ayant strictement rien à voir avec celui que dépeindra Arthur Penn plus tard) , Ray Danton fit ici ses débuts à l'écran.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par someone1600 »

ça a l air en effet très beau.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

someone1600 a écrit :ça a l air en effet très beau.

Autres exemples de la superbe utilisation du scope par Sherman :wink:

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Wagner
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Wagner »

A ce propos, le top paysage semble être passé à la trappe. Du coup l'exercice devient plus dur: top paysage dans les westerns qui ne sont pas d'ores et déjà considérés comme des classiques essentiels du genre :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Wagner a écrit : top paysage dans les westerns qui ne sont pas d'ores et déjà considérés comme des classiques essentiels du genre :mrgreen:

Non seulement mais en plus, comme le démontre cet exemple, dans les mauvais films.
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Alphonse Tram
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Re: Chief Crazy Horse

Message par Alphonse Tram »

Top paysage :
Jeremy Fox a écrit :
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Presque trop beau pour être vrai :o Je me demande s'il n'y a pas une belle peinture sur verre derrière (devant) tout celà, ce qui ne retire rien à la beauté de l'image bien entendu.
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Jeremy Fox
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Re: Chief Crazy Horse

Message par Jeremy Fox »

Alphonse Tram a écrit :Top paysage :
Jeremy Fox a écrit :
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Presque trop beau pour être vrai :o Je me demande s'il n'y a pas une belle peinture sur verre derrière (devant) tout celà, ce qui ne retire rien à la beauté de l'image bien entendu.
A cet instant précis, je me suis aussi posé la question. Mais au vu du reste du film, je ne pense pas.
Wagner
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Wagner »

Jeremy Fox a écrit :
Wagner a écrit : top paysage dans les westerns qui ne sont pas d'ores et déjà considérés comme des classiques essentiels du genre :mrgreen:

Non seulement mais en plus, comme le démontre cet exemple, dans les mauvais films.
Comme tu veux :mrgreen:
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The Man from Bitter Ridge

Message par Jeremy Fox »

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Tornade sur la Ville (The Man from Bitter Ridge - 1955) de Jack Arnold
UNIVERSAL


Avec Lex Barker, Mara Corday, Stephen McNally, John Dehner, Trevor Bardette, Ray Teal, Warren Stevens
Scénario : Lawrence Roman & Teddi Sherman
Musique : Joseph Gershenson
Photographie : Russell Metty (Eastmancolor 1.85)
Un film produit par Howard Pine pour la Universal


Sortie USA : 12 Avril 1955


Comme je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises à propos de divers westerns (et ce début d’année 1955 vient le confirmer), du succès grandissant du studio Universal et de la multiplication des producteurs en son sein semble en avoir résulté une moins grande rigueur de la part des dirigeants dans le suivi du choix des castings, un intérêt moindre porté sur la qualité d’écriture des scénarios ainsi que sur les moyens mis en œuvre afin d’augmenter l’efficacité des mises en scène… Alors qu’entre 1948 et 1952, aller voir un western Universal signifiait que dans 90% des cas nous allions ‘au pire’ grandement nous divertir, il n’en est plus de même au milieu de cette décennie 50 et, après le catastrophique Chief Crazy Horse (Le Grand Chef) de George Sherman sorti quelques semaines plus tôt, Tornade sur la ville, le premier western de Jack Arnold, est à nouveau un parfait exemple de ce que j’avance. Bref, si bien évidemment de très bons (voire de très grands) westerns sortent encore du studio, un Western Universal n’est désormais plus nécessairement gage de qualité à coup presque sûr. Howard Pine, ancien assistant réalisateur, n’a pas réussi son entrée dans la production, pas plus que Jack Arnold dans le western, le réalisateur s’étant révélé bien plus à son aise dans le film fantastique et la science-fiction, déjà auteur du captivant Le Météore de la Nuit (It Cames from Outer Space) ainsi que de l’attachant L’Etrange Créature du Lac Noir (Creature from the Black Lagoon).

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Après plusieurs violentes attaques de diligence aux environs de Tomahawk avec meurtres à la clé, la compagnie de transport décide d’envoyer un détective incognito dans la petite ville afin de découvrir les coupables. Les spectateurs sont en avance sur l’enquêteur Jeff Carr (Lex Barker) puisqu’ils savent déjà très bien de qui il s’agit : du gang dirigé par les frères Jackman dont l’aîné se présente aux nouvelles élections qui doivent avoir lieu dans les jours qui viennent pour savoir qui sera le prochain shérif. Après avoir failli être lynché (les habitants de la ville le prenant pour l’auteur des hold-up), le détective est conduit directement en prison jusqu’à ce que son innocence soit démontrée. Une fois lavé de tout soupçon, Jeff peut enfin circuler librement dans les rues mais il est immédiatement agressé, les bandits ayant entre temps appris sa véritable profession et ne souhaitant pas être appréhendés. Il est sauvé in-extremis par la jeune Holly (Mara Corday) qui se trouvait sur les lieux à ce moment là. Ranse Jackman (John Dehner), la véritable tête pensante de la bande de hors-la-loi, envoie Jeff sur la piste d’éleveurs de moutons, pensant profiter de l’occasion pour se débarrasser une fois pour toutes du détective encombrant ainsi que des 'Sheepmen'. Après avoir passé un court séjour chez les bergers, Jeff se rend vite compte s’être trompé de cible. Durant ce laps de temps, il est tombé amoureux d’Holly que le régisseur Alec Black (Stephen McNally) comptait demander en mariage. Malgré la jalousie qui règne entre Jeff et Alec pour les beaux yeux d'Holly, ils s’uniront pour faire éclater la vérité après qu’ils aient réussi à capturer un témoin repenti ayant participé à la dernière attaque…

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Une attaque de diligence tourmentée ; le dynamitage d’un arbre afin de le faire tomber en travers du chemin ; un meurtre de sang froid ; une tentative de lynchage sur le personnage principal ; l’arrivée dans la ville en effervescence en attente des élections prochaines… Si tout le début du film laissait à présager un western mouvementé et agréablement rythmé, s’il aurait pu faire illusion grâce aussi à une très belle photographie signée Russell Metty (même si le procédé EastmanColor est moins rutilant que le Technicolor) ainsi qu’à quelques petits détails assez sympathiques (la banderole trouée d’un des candidats, le toit en pente de la séquence de fusillade finale, la malchance du détective constamment mis à mal, un stampede de moutons…), au fur et à mesure de son avancée, on déchante sacrément tellement le scénario s’avère non seulement conventionnel et prévisible mais surtout excessivement mauvais, les dialogues affligeants n’étant pas là pour relever le niveau. Nous nous trouvons donc devant une série B médiocre et indigente à presque tous les niveaux, pas même spécialement plaisante à regarder tellement l’ensemble s’avère fade ni d'ailleurs à écouter, Joseph Gershenson ayant l'air d'avoir été lui aussi moins concerné que d'habitude dans son travail de superviseur de la musique ! J’avoue avoir aussi quelques difficultés à suivre Bertrand Tavernier quand il s’extasie sur la mise en scène de Jack Arnold qui m’a semblé au contraire, à deux ou trois séquence près, d’une platitude et d’une mollesse incroyables.

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On trouve effectivement quelques très beaux plans grâce surtout aux superbes éclairages nocturnes (la scène de pugilat derrière le saloon dans cette lumière bleue/jaune ou alors ce plan d’ensemble en plongée sur le domaine des bergers) ainsi que quelques séquences plutôt efficaces (la poursuite de la diligence assez enlevée qui ouvre le film ainsi que la fusillade finale bien nerveuse) mais entre ces deux fois cinq minutes encadrant le film, le reste est sans intérêt d'autant que l'interprétation est loin d'être convaincante. Lex Barker porte très bien les classieuses chemises que la costumière a mise à sa disposition mais se révèle un héros bien insipide. Stephen McNally n’arrive pas lui non plus à rehausser l’ensemble malgré la faiblesse des Bad Guy qu’il a en face de lui. Des ‘méchants’ risibles par leur maladresse et leur idiotie sans je pense qu’il ait été dans les intentions des auteurs d’en faire les personnages parodiques qu’ils nous semblent pourtant être. John Dehner a du mal à se démarquer lui aussi tandis que Mara Corday fait un peu potiche. Si l’interprétation est aussi faible, c’est aussi de la faute aux deux scénaristes qui ne leur ont pas offert de personnages dignes de se décarcasser pour les rendre plus attachants ou charismatiques. Mais n’accablons pas plus ce premier western de Jack Arnold ; on a déjà vu bien pire ! Ce n’est cependant pas une raison pour recommander ce film de série sans intérêt.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Rick Blaine »

Une seconde vision ne rehausse donc pas l’intérêt du film. Je le craignais un peu...
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :Une seconde vision ne rehausse donc pas l’intérêt du film. Je le craignais un peu...
Même après avoir écouté Tavernier délirer un peu sur la mise en scène, malheureusement non :(
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
Rick Blaine a écrit :Une seconde vision ne rehausse donc pas l’intérêt du film. Je le craignais un peu...
Même après avoir écouté Tavernier délirer un peu sur la mise en scène, malheureusement non :(
Même s'il exagère un peu, je ne lui donne pas tort à 100%, Arnold n'est pas mauvais pour le coup de mon point de vue, mais le scénario et l'interprétation sont trop faible pour espérer une réussite.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Même après avoir écouté Tavernier délirer un peu sur la mise en scène, malheureusement non :(
Même s'il exagère un peu, je ne lui donne pas tort à 100%,
Moi non plus ; dans mon exagération inverse, je sauve néanmoins les 5 premières et 5 dernières minutes :mrgreen:
Il me semble que son western suivant ne sera guère plus enthousiasmant.
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