Notez les films naphta : Avril 2012

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Profondo Rosso
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Notez les films naphta : Avril 2012

Message par Profondo Rosso »

I Love You, je t'aime de George Roy Hill (1979)

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Deux adolescents surdoués, séparés par leur milieu d'origine, elle est fille de diplomate, lui fils de chauffeur, mais rapprochés par leurs passions communes, vivent une belle histoire d'amour à Venise auprès d'un vieil aventurier.

George Roy Hill signait un petit bijou de romance adolescente avec ce A Little Romance qui marqua les débuts à l'écran d'une toute jeune Diane Lane. Le film adapte le roman à succès E=mc2 mon amour de Patrick Cauvin, paru deux ans auparavant. George Roy Hill, tombé sous le charme du livre décidait donc de mettre son éclectique talent au service de cette jolie histoire d'amour. C'est sur scène qu'il repère Diane Lane où elle a fait ses premiers pas d'actrice dès l'âge de six ans tandis que le jeune Thelonious Bernard est lui est total novice. Face à ce couple de héros inexpérimenté, Hill place un solide casting d'acteur confirmé avec Arthur Hill, Broderick Crawford, Sally Kellerman et bien évidemment le grand Laurence Olivier en mentor farfelu (on entraperçoit même Dominique Lavanant en institutrice).

L'histoire conte une rencontre improbable entre deux adolescents que tout sépare. Lauren (Diane Lane) est la fille d'un diplomate américain installé à Paris tandis que Daniel (Thelonious Bernard) est lui issu d'un milieu plus modeste avec un père chauffeur et vit en banlieue. Leurs chemins se croisent par le plus grand des hasards lorsque Daniel en visite scolaire tombe sur Lauren s'ennuyant sur le tournage du film du nouvel amant de sa mère. Dès lors ils ne se quitteront plus, s'étant reconnu dans leur solitude et découvrant qu'une même curiosité les anime. Tous deux sont des surdoués affirmés (elle) ou qui s'ignore (lui), Lauren étant déjà adepte lectures philosophique d'Heidegger tandis que Daniel a appris à parler couramment anglais au cours de sa cinéphilie dévorante et sa passion pour le cinéma américain et Robert Redford en particulier. Isolés de leur camarade leur facultés supérieures, ils vont donc vivre une passion précoce et touchante. George Roy Hill filme avec une justesse de ton idéale cette fragile romance, bien équilibrée entre candeur des premiers émois (le baiser sur le quai de métro) et loufoquerie qui permet de toujours échapper à la mièvrerie. Nos adolescents n'en reste ainsi pas moins des jeunes de leur âges avec déjà la curiosité pour le sexe, entre le meilleur ami de Daniel obsédé par les grosses poitrines, où ce dernier dépité d'avoir été recalé des Trois Jours du Condor qui emmène sa belle choquée voir en porno en douce et elle-même se vantant auprès d'une camarade de ses ébats enflammés avec son beau français. Diane Lane est bien jolie et très attachante tandis que Thelonious Bernard témoigne d'un charisme certain et d'une belle fougue.

Le film est relancé à mi-parcours avec la séparation imminente due au retour du père de Lauren aux Etats-Unis. Leur temps étant désormais compté, les deux jeunes tourtereaux vont sceller leur amour en réalisant la légende que leur a compté le vieil affabulateur joué par Laurence Olivier. S'ils s'embrassent sous le Pont des Soupirs à Venise au coucher de soleil au tintement des cloches, ils s'aimeront pour toujours. On aura ainsi notre lot de rebondissements pour préparer l'impossible voyage jusqu'à Venise puis une fois en Italie une folle course-poursuite où nos héros échapperont à tous les obstacles pour réaliser leur rêve. L'ensemble prend un merveilleux tour enlevé à travers de d'amusantes péripéties filmés avec grâce par Hill comme cette belle course à vélo dans Vérone où s'immiscent le couple. Laurence Olivier qui accompagne les enfants offre une épatante prestation avec ce personnage lunaire et gouailleur et véritable mentor encombrant du couple. C'est lui qui ranime la flamme dans un des plus beaux moments du film où la légende remise en doute il incite Lauren et Daniel de créer la leur et d'aller jusqu'au bout de l'aventure.

Le montage alterné entre sa mine bienveillante et le couple s'adonnant à un baiser fougueux et maladroit sous une Venise au crépuscule est un pur moment de grâce porté par la divine musique de Georges Delerue (récompensée d'un Oscar).. Il en va de même pour le poignant adieu final où on est aussi triste que Daniel et Lauren de les abandonner. Une belle fin ouverte qui laisse la porte ouverte à tous les fantasmes pour des retrouvailles futures qui n'auront lieu que sur papier quand Patrick Cauvin décidera en 1999 de donner une suite à son roman (chose qu'il s'était longtemps interdit de faire mais la nostalgie l'emporta) avec Pythagore, je t'adore. Le film recevra un accueil critique favorable et de nombreuses récompenses notamment pour Diane Lane dont la carrière était lancée pour de bon alors que ce sera quasi l'unique rôle de Thelonious Bernard qui abandonnera le métier par la suite. Un beau moment. 5/6
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par Lord Henry »

U Patrick Cauvin décidera en 1999 de donner une suite à son roman avec Pythagore, je t'adore.
Il ne reste plus qu'à écrire une nouvelle suite un peu plus osée, "Thales, je te fesse".
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par Profondo Rosso »

Lord Henry a écrit :
U Patrick Cauvin décidera en 1999 de donner une suite à son roman avec Pythagore, je t'adore.
Il ne reste plus qu'à écrire une nouvelle suite un peu plus osée, "Thales, je te fesse".
Il y a de l'idée pour un épisode avec les personnage à l'âge adulte :mrgreen:
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Message par Flol »

Mr Deeds Goes to Town de Frank Capra :

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Je ne sais pas comment il fait. Je ne sais pas comment Capra parvient à chaque fois à m'émouvoir, quand la même histoire contée par quelqu'un d'autre aurait été balourde et insupportable de niaiserie.
Après les coups de maîtres It's a Wonderful Life, You can't take it with you et Mr Smith Goes to Washington, Capra me confirme une nouvelle fois avec ce Mr Deeds que l'on pouvait faire des films dépeignant l'humanité dans ce qu'elle a de meilleure (confrontée à ce qu'elle a de pire), le tout avec une modestie, une simplicité et une humilité qui me scient. Et Gary Cooper est fantastique (sa réaction et son visage, après avoir appris que sa bien-aimée n'est pas celle qu'il croyait...:shock:).
Non vraiment, je ne sais pas comment il fait, ce Capra...c'est vraiment prodigieux.
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feb
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par feb »

Rien à ajouter si ce n'est que tu peux enchainer avec Meet John Doe :wink:
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par Jeremy Fox »

Et tu n'as pas encore vu son chef-d'oeuvre (selon moi)
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par Flol »

Ah si si, je l'ai vu (et totalement adoré), j'ai juste oublié de le mentionner. En revanche je n'ai pas vu Meet John Doe, que j'ai honteusement loupé lors de l'intégrale Capra sur TCM...:|
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Kevin95
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par Kevin95 »

Ratatouille a écrit :Ah si si, je l'ai vu (et totalement adoré), j'ai juste oublié de le mentionner. En revanche je n'ai pas vu Meet John Doe, que j'ai honteusement loupé lors de l'intégrale Capra sur TCM...:|
Ça tombe bien c'est le mien de Capra préféré ! :wink:
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feb
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par feb »

Je te le conseille même si le film n'est pas à placer au même niveau que les autres films que tu cites. Meet John Doe est un peu plus sombre, il n'y a pas la folie d'un You can't take it with you, la magie d'un It's a Wonderful Life ou la force d'un Mr Smith Goes to Washington. Le film diffuse un message plus triste, plus ancré dans le social et cherche réellement à nous faire réfléchir sur la question : pourquoi les gens doivent vivre sous le controle d'une poignée d'élites ? Pourquoi un homme ne peut-il pas contrebalancer tout cela en étant le porte-parole de chacune des voix émanant de la foule ?
Cooper y est très bon, quant à Stanwyck....no comment cette actrice est un bijou, il suffit de regarder la scène finale sur le toit de la mairie :wink:
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par cinephage »

Je me joins aux choeurs : Meet John Doe, c'est un excellent Capra (ce qui veut dire un excellent film chez moi). Et les commentaires ci-dessus ont omis d'évoquer un Walter Brennan en très, très grande forme (son meilleur rôle pour moi, après Rio Bravo), et d'un impeccable Edward Arnold, figure récurrente chez Capra, tellement il savait incarner le profiteur, le riche avide et sans âme.

J'en recommanderais un autre, plus tardif et souvent négligé parce que c'est un remake d'un film antérieur : Milliardaire pour un jour/Pocketful of miracles. C'est moins ambitieux, mais je trouve que la magie Capra y opère d'une façon remarquable.
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par feb »

Et quitte à rester dans les Capra, et à découvrir d'autres films qui se démarquent de ceux avec Cooper/Stewart/Jean Arthur, je recommande The Bitter Tea of General Yen, Lost Horizon et Platinum Blonde :wink:
Lord Henry
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par Lord Henry »

The Castle of Fu Manchu (1969) - Jess Franco

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Fu-Manchu (Christopher Lee) qui n’est pas à court d’idées, a décidé cette fois-ci de conquérir le monde en gelant les océans.


Il serait déraisonnable de présenter The Castle of Fu Manchu comme un bon film, sous peine de s’exposer à la rancœur de spectateurs trop crédules. Pour autant, la lucidité ne conduit pas à lui préférer l’apathie d’un Don Sharp ou la routine d’un Jeremy Summers, précédents illustrateurs du même personnage.

Derrière les négligences et les expédients transparaît néanmoins le véritable esprit du serial ; celui des péripéties improbables et des retournements impossibles. Dans les circonstances présentes, Franco n’est pas dupe de son film et il invite le spectateur à en faire autant. Les stock-shots suivent les anachronismes entre lesquels s’insinuent les temps morts ; l’ensemble composant un cadavre exquis, plus moribond que délicieux, fruit de l’inspiration paresseuse d’un surréalisme prosaïque.

La liberté s’efface devant la désinvolture, et l’artiste ibère bâtit de bric et de broc un "comic book " foutraque. Bien sûr, Franco ne résiste pas à la tentation de réussir une scène dès que l'occasion se présente. Ainsi, à la faveur de la décongélation d'un couple de scientifiques, glisse-t-il un bel hommage à Murnau et Todd Browning.

Comme à son habitude, le réalisateur s'est attribué un petit rôle. Le voilà, ici, chef de la police indolent et matois. Il le faut le voir hausser les épaules en écoutant Fu-Manchu proférer à la radio ses menaces d'apocalypse. Une façon de nous dire que dans la vie, il est souvent plus sage de ne rien prendre au sérieux.
Dernière modification par Lord Henry le 15 août 12, 12:09, modifié 1 fois.
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par Federico »

Lord Henry a écrit :
U Patrick Cauvin décidera en 1999 de donner une suite à son roman avec Pythagore, je t'adore.
Il ne reste plus qu'à écrire une nouvelle suite un peu plus osée, "Thales, je te fesse".
Quid des présocratiques ?...
:uhuh: :arrow:
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par Kevin95 »

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What Did You Do in the War, Daddy ? (Blake Edwards) Image

Film finalement peu connu dans la filmographie de Blake Edwards, What Did You Do in the War, Daddy ? est une formidable comédie guerrière (ou film de guerre burlesque c'est selon).
Commençant comme un film de guerre grandiose, épique mais sans réelle personnalité, le film perd peu à peu de sa superbe pour plonger tête baissée dans la comédie la plus loufoque, genre oh combien chère au papa des Pink Panther. Se déroulant dans un même lieu (un village italien) What Did You Do in the War, Daddy ? multiplie les trouvailles pour dynamiter l'aspect étroit du décors (sous-sol, chambres etc...) tout en offrant une galerie de personnages hauts en couleurs empêchant le film de ronronner. Car le film (et ce sur près de deux heures) carbure à 100 à l'heure, ne laisse aucun temps mort et quand Edwards exploite à fond une situation comique, il a l'intelligence de ne pas surenchérir avec une autre situation similaire (le risque d'un film à sketchs) pour pleinement assumer son aspect film de guerre (cf. la dernière demi-heure). Dès lors on assiste à une œuvre navigant avec jouissance entre deux genres sans jamais perdre le fil de son intrigue principale, sans jamais tomber dans la facilité. Seul bémol, mais très mineur, le jeu quelque peu outrancier de Dick Shawn, empêche de savourer certaines situations (tout en admettant que la scène où celui-ci perd doucement la raison dans son lit est une petite merveille). Mais le reste se pose là, comme un vrai bonheur de cinéma simple et en même temps plus intelligent qu'il n'y parait, où James Coburn est comme à son habitude d'une coolitude absolue et où l'on sent les permises de The Party, d'une part dans l'exploitation continue d'un même lieu à des fins burlesques ainsi que dans certaines séquences reprises par la suite (la fausse mort des soldats appelle directement celle de Sellers au début de The Party).
Au fond, What Did You Do in the War, Daddy ? est sans doute le précurseur de films comme Kelly's Heroes ou le plus ironique MASH, sorties tout les deux quatre ans après le film de Blake Edwards.
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Re: Notez les films naphta : Avril 2012

Message par Profondo Rosso »

Kevin95 a écrit : Au fond, What Did You Do in the War, Daddy ? est sans doute le précurseur de films comme Kelly's Heroes ou le plus ironique MASH, sorties tout les deux quatre ans après le film de Blake Edwards.
Ah mais carrément ! Sauf que le Blake Edwards sort en pleine période de gros films de guerre premier degré (Quand les aigles attaquent, Les Canons de Navarrone ou dans une moindre mesure Les Douze Salopards déjà un poil plus poil à gratter et joue des deux facettes) et se fait laminer quand le Hutton et le Altman seront encensés car sorti à un moment plus propice à ce ton moqueur et virulent. Il est génial ce Edwards en tout cas, non mais les ménagères qui viennent dresser leur linges entre le feu des balles à blanc quoi :mrgreen:
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