Watkinssien a écrit :J'ai revu cette trilogie avec grand plaisir.
Marius (1931) reste toujours mon préféré. Les moments d'anthologie s'accumulent grâce aux dialogues, aux situations, aux comédiens (particulièrement le grand Raimu), mais également à la mise en scène d'Alexander Korda, qui a incroyablement réussi à s'adapter à l'univers pagnolesque, en en donnant quasiment les bases stylistiques du futur cinéma de l'auteur provençal.
Fanny (1932) est celui que j'aime le moins, même si je le regarde sans déplaisir. La dramaturgie de la pièce semble moins éclatante, malgré de grands comédiens et de grands dialogues.
César est une belle réussite. Directement conçu pour le cinéma, Pagnol avait en vue de boucler sa saga par ce troisième volet émouvant, drôle, pathétique, après avoir réalisé sept beaux films (dont le magnifique Angèle en 1934).
Je viens de découvrir la trilogie, et je ferais la même hiérarchie.
Marius est un film absolument formidable, porté par le formidable texte de Pagnol, mais cette remarque est vraie pour les trois films, par les performances époustouflantes des acteurs, Raimu en tête évidement, et je m'y attendais, mais aussi Pierre Fresnay, qui est pour moi avant tout le De Boeldieu de la Grande Illusion, et que je me figurais mal en fils de bistrotier dans l'univers de Pagnol, il est pourtant magnifiques. les situations mémorables, comiques ou dramatiques, se succèdent sous la direction d'un Alexandre Korda très inspiré.
Fanny est plus faible. C'est dans mon esprit une combinaison de la mise en scène Marc Allegret, fonctionnelle mais pas mémorable, et de l'absence de Pierre Fresnay, mis à part dans le final, la confrontation avec Raimu étant d'ailleurs la scène la plus réussie. Orane Demazis détient le rôle clé de cette partie, et force est de constater qu'elle est moins marquante que ses partenaires masculin (c'est moins vrai dans
César d'ailleurs, où elle est souvent magnifique), cela contribue également à la relative infériorité de cette partie. Malgré tout, on prend quand même beaucoup de plaisir, car la dramaturgie et le dialogue sont toujours à la hauteur.
César est effectivement une grande réussite. On ressent une grande liberté dans la mise en scène de Pagnol, il faut le dire affranchi de certaines contraintes techniques qui pesaient sur ses deux prédécesseurs, et c'est au grand bénéfice du film. Comme je le disais, c'est la meilleure performance d'Orane Demazis, et le film porte lui aussi son lot de scènes mémorables : le décès de Panisse, les retrouvailles Marius- Césariot,...
Dans l'ensemble, c'est un grand plaisir de vivre ces 3 films sur le vieux port, au milieu de cette communauté attachante. Porteuse de grandes émotions, comiques et dramatiques, la trilogie est porteuse de thèmes modernes (une mère fille, les relations sexuelles avant mariage, ...) traités avec une grande pudeur, et une grande humanité. Plus que ça, il semble que la trilogie sera
toujours moderne comme hors du temps, comme un absolu. Ces films sont porteurs d'une vraie force, d'une vie admirable, lors de chaque scène, dans un Marseille certes Picaresque, mais qui a toujours le goût de la vérité. C'est une vraie belle découverte.