Random Harvest (1942) de
Mervyn LeRoy.
Le DVD Z1 (excellente qualité de son et d'image) fait partie de la série de films Warner que les internautes avaient pu choisir (en mettant de côté
Lust for Life,
Greed et quelques autres...

). Au moins, ça m'a permis de découvrir ce film que je ne connaissais que de titre.
Random Harvest est un "women's picture" de la plus pure tradition : un mélodrame en noir et blanc qui accumule une suite de situations hautement invraisemblables.
Ronald Colman (très bon) a perdu la mémoire de son nom et de son passé pendant la Guerre de 14, s'échappe de l'asile anglais où il est soigné, rencontre une bonne fille altruiste et chanteuse de vaudeville (Greer Garson) qu'il épouse. Ils vivent dans une petite maison de campagne au bord d'une petite rivière avec un petit pont. Péripétie mélodramatique : il se fait renverser par un taxi... et retrouve sa mémoire d'
avant la guerre (tout en perdant sur le champ celle de son mariage). Il repart alors dans sa bourgeoise et richissime famille natale en oubliant complètement Garson. Elle se met à sa recherche, le retrouve des années plus tard devenu un homme d'affaires à succès en ville, apprend la sténo et réussit à se faire engager comme sa secrétaire de direction. Elle va essayer de lui faire retrouver la mémoire de leur bonheur passé, selon les directives d'un psychiatre, mais sans lui provoquer de choc psychologique dommageable...
Le film, qui est dirigé sans imagination par LeRoy, est un véritable catalogue du vocabulaire visuel du mélodrame hollywoodien classique : pleurs et pluie, nappe à carreaux sur les tables, maison à la campagne, fenêtres et miroirs, pasteurs et psychiatres, cheveux et maquillage impeccables même en accouchant, musique omniprésente, retournement brusque des personnages face ou dos à la caméra, fin lyrique à souhait... Un régal pour l'amateur mais un cauchemar pour celui qui n'apprécie pas ce genre de cinéma tombé depuis longtemps en désuétude. Pour ma part, j'ai beaucoup aimé Colman et surtout Garson (splendide comme toujours, c'est vraiment la Meryl Streep de son temps) et l'outrance assumée du scénario mais
Random Harvest aurait gagné, tant qu'on y était, à un peu plus de délire dans la réalisation. Pas du niveau des mélos de Joan Crawford ou de
Now, Voyager qui reste toujours insurpassé. 6/10.
PS : Je n'arrive pas à trouver quel était le titre français de ce film, répértorié sous
Random Harvest dans mon dico. Je doute qu'il soit sorti sous ce titre anglais (qui d'ailleurs est très énigmatique, même après avoir vu le film) dans les années 40. Quelqu'un sait ?