Qu'à tu fais à la guerre papa ? de
Blake Edwards (1966)
1943. Le capitaine Cash reçoit pour mission de prendre la petite ville de Valerno. Les habitants attendent en fait avec impatience l'arrivée des Américains et sont prêts à se rendre pourvu qu'on les laisse finir leur match de football...
Un film de guerre sur fond de comédie qui anticipe grandement toutes les oeuvres irrévérencieuses à venir dans les années suivantes comme MASH, Catch 22 ou encore De l'or pour les braves (on pense beaucop à ce dernier ici). Le début marche sur des voies assez classiques, avec des premières minutes de pur film de guerre sur le terrain. Un léger glissement s'opère lorsque le gradé psychorigide et inexpérimenté Dick Shawn se voit charger de prendre un village italien accompagné du troupe de vieux baroudeurs qui ne le respectent pas. On s'attend à une opposition classique en lui et James Coburn leader naturel des troupes. On se trompe grandement arrivé dans le village on bascule dans le burlesque le plus déjanté. Les habitants et soldats ennemis acceptent de se rendre sans violence, mais à la condition qu'ils puissent faire la grande fête traditionelle du village. Après moult négociation, Shawn accepte sans en mesurer les conséquences. Après impossible d'en dire plus il faut le voir pour le croire

mais
Edwards joue avec un brio inouïe de l'art de l'escamotage typique de ses films (Victor Vitoria pour le plus connu) où les soldats américains se retrouvent à devoir duper leur propre camp suite au mensonge effectué pour laisser se dérouler la fête, ce qui va entraîner une séries de réactions en chaînes, de quiproquos, usurpation d'identités et travestissements en tout genre. Quelques moments surréalistes comme américain et italien simulant une guérilla en plein village quand passe un avion d'observation US (avec les femmes allant étendre le linge entre les balles à blancs

), un duo de braqueurs bras cassé qui fait sauter tout les recoins du village, une séquence de beuverie épique...
Edwards renvoie tout le monde dos à dos dans un grand éclats de rire, James Coburn montre un potentiel de burlesque fabuleux et Dick Shawn (même si j'imaginais vraiment Jack Lemmon à sa place tout le film) tout aussi hilarant. On retrouve les sentiers du film de guerre dans la dernière partie avec l'arrivée des allemands, où
Edwards mène un jeu de cache cache, manipulation et escamotage assez extraordinaire, et pourtant on est jamais perdu malgré l'avalanche de rebondissement en pagaille. Trop en avance sur son temps (le film sort alors que le film de guerre revien à la mode à coup de "Quand les aigles attaquent", "Les Canons de Navarrone" ou encore "Les Douze Salopards" bien plus sérieux) il connaîtra un échec retentissant à sa sortie mais se suit avec jubilation aujourd'hui. 5/6