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Critique de film
Le film

Bad Men of Missouri

L'histoire

1865, la guerre de Sécession a pris fin. La monnaie confédérée ayant perdu toute sa valeur, les habitants des ex-Etats du Sud ne peuvent plus payer leurs impôts au gouvernement américain. Des hommes d’affaires sans scrupules sautent sur l’occasion, règlent les dettes des fermiers en sachant très bien que ces derniers seront dans l’impossibilité de rembourser. C’est effectivement ce qui se produit, et les pauvres agriculteurs se voient acculés à revendre leurs terres aux businessmen et à partir vers de nouveaux horizons. De retour de la guerre civile, Cole (Dennis Morgan), Jim (Arthur Kennedy) et Bob Younger (Wayne Morris) ont la désagréable surprise en arrivant dans leur ville natale du Missouri de voir tous leurs amis sur le départ suite aux diverses spoliations. Seul le père des trois frères refuse encore de quitter sa ferme, mais il est lâchement abattu alors qu’on venait le déloger. Les Younger se lancent alors, suivant l’exemple de Jesse James (Alan Baxter), dans l’attaque de trains, de diligences et de banques, le butin étant redistribué aux fermiers qui peuvent ainsi s’acquitter de leurs taxes et rester sur leurs terres au grand désespoir de William Merrick (Victor Jory), l’extorqueur local et de son âme damnée, le tueur sans pitié Greg Bilson (Howard da Silva). La tête des Younger est mise à prix et ils n’auront alors de cesse de fuir et de se cacher...

Analyse et critique

Les célèbres bandits ont décidément la cote dans le western de ces années-là. Au lieu de les décrire comme les bad guys qu’ils étaient réellement, le cinéma préfère les idolâtrer. Il y eut donc Billy le Kid et les Dalton et, après Jesse James, son frère Frank et Belle Starr, c’est au tour des frères Younger de s’avancer sur les devants de la scène. Comme leurs trois prédécesseurs, et selon la légende hollywoodienne, ce sont uniquement à cause des tristement célèbres carpetbaggers qu’ils vont devenir hors-la-loi et, tels des Robin des Bois du Far West, faire profiter leurs larcins aux petits propriétaires terriens sudistes spoliés par les vils hommes d’affaires du Nord. Revenons rapidement sur ces carpetbaggers dont le nom revient souvent ici. Qui étaient-ils ? Cette appellation péjorative date de la période de reconstruction qui suivit la guerre de Sécession et englobe les hommes venus de l’ex-Union pour s’installer dans les Etats du Sud et spéculer sur la situation confuse qui y régnait alors. De véritables profiteurs de guerre qui arrivaient avec des sacs en grosse toile, d’où cette étrange dénomination. Ce sont eux qui spolièrent les fermiers, les délogeant et volant carrément leurs terres sous des prétextes divers et variés. Moins connus, il y eut néanmoins aussi des profiteurs de guerre sudistes, ceux-ci étant appelés les scalawags. Retournons à nos moutons, ici les trois frères Younger qui firent partie un certain temps du célèbre gang conduit par Jesse James.

Il n'y a pas grand chose à dire de cette petite série B sans prétention, le film typique destiné à remplir les après-midis pluvieuses des westernophiles forcenés, les autres pouvant passer leur chemin. En effet, si Ray Enright se montre plutôt habile pour le deuxième western d’une longue lignée à venir, il ne fait pas non plus d’étincelles. Mettant l’accent avant tout sur l’action, il ne s’embarrasse guère (voire pas) de psychologie et nous délivre un film court et mouvementé mais dénué de chair et privé d’émotion, les trois acteurs principaux, quoique sympathiques, manquant singulièrement de charisme. Arthur Kennedy n’est encore pas l’immense comédien qu’il deviendra, Dennis Morgan et Wayne Morris n’ont pas la carrure de leurs personnages. A leur décharge, le scénariste ne leur a pas non plus franchement donné l’occasion de pouvoir se surpasser, préférant donner à Dennis Morgan la possibilité de pousser la chansonnette plutôt que de lui construire un rôle solide. On retiendra plus les "vilains" qui possèdent de vrais gueules de sales types, à commencer par un Victor Jory assez crédible et plus encore l’inquiétant Howard Da Silva qui trouvera à se faire une spécialité de ce type de tueur sans scrupules. Walter Catlett, dans la peau du trésorier de Victor Jory, est là pour faire le clown de service ; quant à Jane Wyman, elle n’est malheureusement présente que pour nous présenter son beau visage en pleurs à chaque fois que son Jim Cole d’époux quitte le foyer pour aller chevaucher vers de nouveaux dangers.

Mais l’important n’est visiblement pas là ! Ray Enright nous emballe un western plein d’humour et d’action ne visant qu’à divertir. Nous pourrons donc assister à une bagarre à poings nus sur le toit d'une diligence en mouvement, à une carriole caracolant avec deux enfants épouvantés à bord, à une débandade en plein centre ville d'un troupeau de vaches, à des attaques de train par le gang James / Younger... Le réalisateur est surtout doué pour ce genre de séquences et utilise aussi beaucoup la succession de fondus enchainés en guise d’ellipses temporelles. Mais contrairement à la Fox pour son Jesse James, la Warner n’a pas octroyé à son équipe des moyens conséquents pour cette autre biographie romancée. Il s’agit plutôt ici d’un film de série sans conséquence (mais pas forcément mauvais) qui pourra faire passer un agréable moment à la condition expresse de ne pas trop en demander et surtout de ne pas trop en attendre car le scénario ne contient aucun éléments nouveaux ni franchement passionnants, la réalisation est purement fonctionnelle et l’interprétation est à l’image du film, tout juste moyenne. Vous voilà prévenus !

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 24 février 2018