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Critique de film
Le film

Le Signe de Zorro

(The Mark of Zorro)

L'histoire

A Madrid, Don Diego Vega (Tyrone Power) met fin à sa formation de cavalier à la demande de son père, Don Alejandro (Montagu Love). Ses camarades le plaignent ; quel guigne de devoir rentrer dans un pays où tout est calme et où il n’aura pas à ferrailler ! Le cœur gros, il quitte alors l’Espagne pour se rendre à Los Angeles. De retour sur sa terre natale, il se rend compte d’importants changements qui lui font se dire que sa maîtrise de l’escrime et du combat ne seront finalement pas de trop pour redonner à la Californie un semblant de dignité et de paix. En effet, ce n’est plus son père qui gouverne la région avec douceur mais un nouvel Alcade en la personne de Don Luis, marionnette entre les mains de son âme damnée de capitaine, Esteban Pasquale (Basil Rathbone). Avec sa main de fer, ce dernier taxe plus que de coutume les pauvres péons qui n’ont, après le passage des soldats, plus d’argent pour survivre. Diego décide de jouer au freluquet efféminé afin de ne pas être soupçonné de revêtir la nuit venue le costume d’un nouveau vengeur masqué, Zorro. Soutenant les paysans opprimés, il devient la bête noire du gouverneur et de son inquiétant homme de main. Dans le même temps, afin de lier les mains aux cavaliers qui semblent vouloir se révolter eux aussi, l’Alcade propose de marier sa nièce, la douce Lolita (Linda Darnell), au fils de l’homme qui les dirige et qui n’est autre que Diego Vega alias Zorro…

Analyse et critique

Remake d’un film de 1920 signé Fred Niblo, qui voyait Douglas Fairbanks dans le rôle du célèbre justicier moustachu et masqué inventé par Johnston Mc Culley, Le Signe de Zorro est en quelque sorte une réponse tardive de la 20th Century Fox à la Warner et à ses Aventures de Robin des Bois. Malgré le fait que beaucoup connaissent l’histoire, il n’est pas inutile de se la remémorer, certains n’ayant peut-être même pas eu l’occasion de succomber au charme de Guy Williams dans la version la plus connue des aventures du mythique redresseur de torts, celle produite en série télévisée par Walt Disney dans les années 50. A Madrid, Don Diego Vega (Tyrone Power) met fin à sa formation de cavalier à la demande de son père, Don Alejandro (Montagu Love). Ses camarades le plaignent : quel guigne de devoir rentrer dans un pays où tout est calme et où il n’aura pas à ferrailler ! Le cœur gros, il quitte alors l’Espagne pour se rendre à Los Angeles. De retour sur sa terre natale, il se rend compte d’importants changements qui lui font se dire que sa maîtrise de l’escrime et du combat ne seront finalement pas de trop pour redonner à la Californie un semblant de dignité et de paix. En effet, ce n’est plus son père qui gouverne la région avec douceur mais un nouvel Alcade en la personne de Don Luis, marionnette entre les mains de son âme damnée de capitaine, Esteban Pasquale (Basil Rathbone). Avec sa main de fer, ce dernier taxe plus que de coutume les pauvres péons qui n’ont, après le passage des soldats, plus d’argent pour survivre. Diego décide de jouer au freluquet efféminé afin de ne pas être soupçonné de revêtir la nuit venue le costume d’un nouveau vengeur masqué, Zorro. Soutenant les paysans opprimés, il devient la bête noire du gouverneur et de son inquiétant homme de main. Dans le même temps, afin de lier les mains aux cavaliers qui semblent vouloir se révolter eux aussi, l’Alcade propose de marier sa nièce, la douce Lolita (Linda Darnell), au fils de l’homme qui les dirige et qui n’est autre que Diego Vega alias Zorro…Situation Quasi vaudevilesque !

On remarque beaucoup de points communs avec Les Aventures de Robin des Bois de Michael Curtiz et William Keighley, à commencer par l’histoire mais également un même ton enjoué et jamais franchement dramatique, un méchant interprété ici et là par Basil Rathbone, et deux autres acteurs déjà présents dans la Forêt de Sherwood, Eugene Pallette et Montagu Love. On y trouve les mêmes qualités (charme, style et fraîcheur) et malheureusement aussi les mêmes défauts, à savoir surtout un scénario de John Taintor Foote pas très fluide, trop léger voire parfois simpliste (les problèmes et les motivations politiques de chacun des camps qui auraient pu être passionnantes sont quasiment évacués), qui n’arrive à aucun moment à donner de l’ampleur à une histoire rocambolesque et manquant singulièrement de chair. La musique d’Alfred Newman est loin de posséder la richesse de celles écrites pour le même genre de films par Erich Wolgang Korngold ou Max Steiner et s’avère au contraire parfois pesamment redondante. En revanche, la photographie sophistiquée d’Arthur C. Miller est magnifique, jouant avec bonheur sur les ombres et les contrastes ; et les duels chorégraphiés par l’inimitable Fred Cavens sont dignes d’éloges d’autant que Basil Rathbone, en escrimeur émérite, ne s’est pas fait doubler lors des scènes spectaculaires de combat. Quant à la mise en scène de Robert Mamoulian, elle a beau être sacrément racée, très élaborée, souvent virtuose et plaisamment élégante (ce qui, avouons-le, n’est déjà pas négligeable), elle manque néanmoins de la vigueur et du génie d’un Michael Curtiz ou, plus tard, d’un George Sidney ou d'un Jacques Tourneur. Ces derniers, tout en sachant créer une atmosphère (ce que réussit aussi tout à fait bien Mamoulian), savaient donner un formidable élan à leurs aventures qui ici, bien que fringantes, ne possèdent pas le côté athlétique et intense d’un Captain Blood, d’un Scaramouche ou d’un Flèche et le Flambeau par exemple. Rien de déshonorant dans Le Signe de Zorro, mais un ensemble bien trop sage à l’image de son interprétation d’ensemble y compris son acteur principal.

En effet, Tyrone Power n’a jamais été aussi convaincant que dirigé par Henry King qui, avec l’aide de ses scénaristes attitrés dont l’immense Lamar Trotti, savait donner un peu d’humanité voire de gravité aux personnages d’aventuriers ou de bandits que l’acteur avait à personnifier. Son Zorro a beau être alerte, drôle et bondissant, il lui manque un peu d’âme. Errol Flynn avait un éclair de malice dans le regard qui lui semblait naturel et qui parait au contraire forcé chez Tyrone Power. On l’aurait voulu génial, il est juste très bon. Il faut dire qu’il aurait été difficile de ne pas l’être avec un tel double rôle, d’un côté le freluquet maniéré et couard, de l’autre le preux chevalier. On sent le plaisir qu’il a dû prendre à interpréter deux facettes aussi différentes d’un même personnage, le thème du double semblant d’ailleurs cher à Rouben Mamoulian qui l’avait par exemple déjà expérimenté dans Dr Jekyll et Mister Hyde. Ses apparitions en Diego provocant la consternation chez la plupart de ses interlocuteurs, y compris sa promise, sont assez jouissives tout comme ses tentatives pour effrayer mine de rien son principal ennemi. Les séquences les plus réussies sont celles qui le réunissent avec la subliment belle Linda Darnell au sujet de laquelle oregrette qu’elle n’ait pas bénéficié d'un rôle plus important. Divinement photographiée et costumée, Darnell est pour beaucoup dans le plaisir pris à la vision d’un film profondément divertissant, certes un peu décevant, mais loin d’être ennuyeux.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 1 mai 2010