Les Lumières de la Ville (Charles Chaplin - 1931)
Publié : 21 janv. 23, 20:06
C'est l'un des films les plus célèbres, les plus acclamés, les plus admirés de l'histoire... et, sauf erreur, il n'avait pas son topic.
Zelda Zonk a écrit : ↑14 nov. 03, 13:08 Les lumières de la ville : Pas grand chose à dire qui n'ait déjà été dit sur ce monument. J'ai peur de proférer des banalités. Le mieux est d'aller voir la critique mise en ligne sur le site. Mon Chaplin préféré, même si, objectivement, il n'a pas la dimension politique et la portée historique des Temps Modernes, de La Ruée vers l'or ou du Dictateur, par exemple. C'est une histoire simple, une romance fleur bleue, et pourtant ça m'émeut au plus haut point, notamment la séquence finale qui reste un morceau d'anthologie. Je défie quiconque ayant un coeur qui bat de ne pas verser une larme sur ce final. Ce qui est formidable avec Chaplin, c'est qu'il trouve toujours la corde juste au niveau de l'émotion, qu'il n'est jamais dans une logique du "surjoué" et que ça fonctionne donc parfaitement.
Cerise sur le gâteau, le DVD MK2 est sublime : image restaurée et bonus complets et captivants.
Que demande le peuple ? Obligatoire dans toute DVDthèque qui se respecte.
10/10, of course.
La mouche savante a écrit : ↑26 mai 05, 13:25 10/10
Que du bonheur
Un bijou.
Plus de 15 ans que je ne l'avais revu, mais j'en gardais un grand souvenir.
Je le classais comme étant un des meilleurs Chaplin.
Je confirme.
Je revisionne en ce moment plusieurs de ses films, et celui-ci est sans doute mon préféré.
Encore plus que "The Kid", que j'aime aussi vraiment beaucoup.
Tite Bouh a écrit : ↑30 déc. 05, 12:42 Mes premiers films de Chaplin. J'avais une grosse lacune que j'essaie enfin de combler.
J'adore ce personnage qui se retrouve toujours dans des situations illarantes à cause du hasard. Je suis assez touchée par ce petit bonhomme qui veut toujours bien faire, et finit toujours en prison. Certaines blagues sont un peu répétitives, mais on ne s'en lasse pas et rit toujours autant. Les personnages féminins des deux films sont très interessants, ils sont accablés d'un malheur, mais finissent toujours par s'en sortir. J'aime beaucoup les musiques entrainantes, parcourant le film. Les petites notes symbolisant les paroles ou certaines expressions.
Les deux films ne se comparent pas, mais j'ai préféré je crois Les Lumières de la Ville, malgré le superbe plan final des Temps Modernes.
J'ai hate d'en découvrir d'autres
Judyline a écrit : ↑26 oct. 06, 23:40 9/10
Ce soir, Charlie Chaplin m’a fait pleurer… De rire d’abord ! Son personnage quelques peu maladroit, mais tellement attachant m’a fait me rouler par terre (au figuré, je me suis quand même retenue) ! Des situations hilarantes, des gags visuels à tour de bras et les facéties et attitudes de Charlot : tout les éléments sont réunis pour faire rire le spectateur aux larmes !
Mais il m’a aussi fait pleurer tout court : la scène finale est bouleversante de tendresse et de beauté ! Les larmes me sont venues aux yeux sans que je m’en rende compte. Magnifique ! Fabuleux ! Merveilleux !
A une époque où le son était déjà présent dans le monde du cinéma, Charles Chaplin fait de la résistance en tournant ce film muet, ‘simplement’ accompagné de musique (et quelle musique !) et d’un bruitage particulièrement bien choisi pour son pouvoir comique ! Un maître en la matière !
Voici mon film du mois (impossible de trouver mieux ce mois-ci !!)
Max Schreck a écrit : ↑27 oct. 06, 12:47Ça me fait d'autant plus plaisir de lire ça qu'en plus il s'agissait pour toi d'une découverte et je devine le bonheur que ça a du t'apporter.![]()
Cette dernière scène me fait immanquablement fondre tellement elle est magique, représentant la quintessence du cinéma muet, dans sa capacité à communiquer l'émotion au spectateur. Je me la suis passée l'autre soir et ça n'a pas raté. Par contre, il y a un faux raccord que je n'avais jamais remarqué :Certes, on va dire que c'est un détail et que ça ne se remarque pas forcément. Mais moi qui était resté sur l'idée d'un Chaplin perfectionniste à l'extrême, avec des tournages bien étalés dans le temps et des prises qui s'enchaînent pour atteindre précisément la perfection, ça m'a un tout petit peu attristé de découvrir ça.
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Bcar a écrit : ↑25 mars 12, 17:12
Quand un homme avec un cœur gros comme une citrouille et un cerveau encore plus gros décide de signer le plus beau mélodrame du monde ça donne City lights, et vu que ce génie c’est Chaplin on pleur autant de rire, de joie ou de tristesse. Une fois de plus Chaplin nous offre scène époustouflante sur scène fabuleuse, pas une baisse de rythme, les gags sont touché par la grâce, le simple passage d’un éléphant et je suis plié en 4. Et puis ce film contient peut être la plus belle fin du monde, en tout cas la plus simplement belle; 2 sourires, juste 2 sourires qui suffisent à me foutre les larmes aux yeux, un sourire jusqu’aux lèvres et à me faire penser que Chaplin est le mec le plus sensible que la terre ai porté. Voilà voilà, ah oui je voulais quand même écrire le mot une fois en parlant de ce film, chef d’œuvre ultime de la mort qui tue. Intemporel, universel !
Bcar a écrit : ↑28 sept. 13, 14:37C’est toujours difficile de parler d’un film que tout le monde connait, que presque tout le monde a vu, dire que c’est un chef d‘œuvre, un film incroyablement drôle et émouvant n’a finalement que peu d’intérêts. C’est au mieux une piqure de rappelle pour ceux qui l’auraient oubliés et pour les autres l’alignement de lieux communs deviendra vite rébarbatif.
Donc, que dire et comment le dire ? Essayer de sortir des sentiers battus pour ne pas s’ennuyer soi-même.
Déjà c’est un chef d’œuvre (flute, je m’étais juré de pas le dire). Bon je recommence, je l’ai revu pour la quatre ou cinquième fois dimanche dernier et c’est encore et toujours meilleur. Ce film qui était tout juste dans mon top 20 il y a un an squatte aujourd’hui mon top 3 de tout les temps, rien que ça. Je vais tenter d’expliquer pourquoi tout en évitant les banalités.
Commençons par le début, Charlot dort dans les bras d’une statue censés représenter la paix et la prospérité de la communauté, malheureusement pour lui c’est le jour de l’inauguration et les braves gens présent pour l’occasion lui « demande » de partir, déjà c’est très fort. Alors que la statue offrait au sans-abri un lit a haute porté symbolique (c’est comme ci c’était la communauté que lui offrait le gîte), le voilà chasser par les défenseurs de cette même communauté, car Charlot n’est évidemment pas inviter à en faire partie, le tout se déroulant dans une suite de gags absolument géniale. En une scène Chaplin montre l’hypocrisie américaine, la statue de la liberté, oui, mais pas pour tout le monde. Toutes les séquences des Lumières de la ville sont construites sur ce schéma, à l’instar des Temps modernes ou Charlot fera dérailler la machine, ici c’est la société qu’il fait dérailler, tout du moins les gens qui la compose. Un riche homme d’affaire en pleine crise de couple n’a plus gout à la vie, au contact de notre bon vieux vagabond il redevient un joyeux fêtard, de son coté une pauvre « fleuriste » aveugle (oui, elle cumule) qui s’accroche à la vie coute que coute se verra offrir une autre vie grâce à Charlot. Quelque part c’est Chaplin qui part en croisade contre le déterminisme, comme le montre c’est intéressante dualité riche/pauvre, celui qui à la chance d’être bien né refuse la vie alors que celle qui pourrait être fataliste lutte contre l’adversité, Chaplin complexifie le rapport à la vie, à la chance même. On pourrait quand même se dire qu’il va loin dans le malheur et qu’il tombera à un moment ou à un autre dans le misérabilisme. Et bien non, il l’évite avec une grâce déconcertante, oui la fleuriste est aveugle, oui elle est pauvre, oui elle doit subvenir au besoin de sa mère (ou grand-mère on en sait rien), mais en même temps l’amour lui tombe dessus et par l’amour de n’importe qui celui du vagabond le plus connu et aimé du monde c’est pas mal, en plus la plupart des scènes qui lui sont consacrés ( à la fleuriste hein) sont d’une bonne humeur enthousiasmante. Bon j’aurais encore beaucoup de remarque à faire, sur le combat de boxe, la fin et mille autre chose mais je crois que je retomberais dans les banalités, donc je m’abstiens.
En bref, Les Lumières de la ville c’est une folie, la folie d’un génie, un film avec lequel je communique, mais j’ai beaucoup de mal à en parler. Je laisse ça à mes glandes lacrymales qui sont devant City lights bien plus éloquentes que moi, de rire, de joie, de tristesse, elles sont de sorties, pour mon plus grand bonheur.
Alexandre Angel a écrit : ↑9 déc. 17, 10:32Dans son Itinéraire d'un ciné-fils en 1992, Serge Daney inscrivait dans ma mémoire deux exemples de films parlants ayant le même pouvoir d'émerveillement que celui que devait posséder Intolérance au moment de sa sortie: il s'agissait de Playtime et de 2001, l'odyssée de l'espace.
L'intense plaisir éprouvé à la re découverte des Lumières de la Ville sur grand écran, dans une salle remplie à craquer de "djeuns "voyant le film pour la première fois, et marchant comme aux premières heures, m'a ramené à ce que j'appellerais donc tantôt l' "effet Playtime",tantôt l'"effet 2001", qui consiste à ressentir devant une œuvre cinématographique une sorte d'émotion primale, comme si l'on voyait un film pour la première fois.
Et d'ailleurs, c'est immédiatement à Jacques Tati, et plus précisément, aux Vacances de Monsieur Hulot, que j'ai songé alors que des notables inaugurent un monument (en même temps que le film) en se fendant de discours aussi inintelligibles que la voix émise par les hauts parleurs de la gare chez Tati.
On sait que Les Lumières de la Ville est l'anomalie la plus célébrée de l'Histoire du Cinéma, c'est à dire que jamais une œuvre aussi techniquement en retard en son propre pays (Le Chanteur de jazz, date de 27), n'aura constitué un tel triomphe, non seulement à sa sortie (1931)mais aussi à sa première grande reprise en 1950.
Alors pourquoi celui-là, et pas Les Temps Modernes ou La Ruée vers l'or? La réponse à cette question se dissimule dans la pureté presque virginale de l'évidence, là où le génie ne triche pas, ne force pas le trait, ne se laisse pas gâter par ce que nous, "djeuns" de 2017, nommons le fan service.
City Lights est en effet un film triomphal, une succession de clous qui n'en ont pas l'air, qui se présentent à nous goguenards mais suprêmement travaillés d'une minutie dont Chaplin s'est donné les moyens, d'une perfection que ne peut atteindre qu'un artiste démiurge et maître de son plan de travail.
Que de redécouvertes à le redécouvrir!
Du bal frénétique où Charlot prend un cotillon pour un spaghetti à l'étourdissant match de boxe en passant par la scène du sifflet, nous passons d'éblouissements en éblouissements, Chaplin, et il faut bien le reconnaître, n'étant que rarement seul à œuvrer, s'appuyant souvent sur le timing parfait du comparse : ici, Harry Myers, en millionnaire bourré, là, Hank Mann, en boxeur patibulaire.
Que de découvertes à le découvrir sur grand écran!
Le plus célèbre contrebandier du cinéma est un peintre stupéfiant de la précarité, lui qui l'a tant connue en Angleterre durant l'enfance. Il suffit de songer au Kid, autre chef d'œuvre, pour que revienne nous saisir l'odeur crispante de la misère (la séquence des crêpes).
De façon plus insidieuse car sous couvert de pantomine, City Lights s'avère, à le revoir dans ces conditions optimales, pousser plus loin encore le curseur de l' impact dérangeant de la représentation de la misère sur la texture des gags.
Il y a bien entendu ce gag génialissime du mégot. Le copain millionnaire du vagabond, qui ne le reconnais que lorsqu'il est soûl, lui offre gracieusement sa Rolls que Charlot conduit au moment où, quelqu'un ayant jeté un mégot par terre, un clodo se précipite pour le ramasser. Mais Charlot, plus rapide que lui, sort de sa Rolls, bouscule le clochard, lui pique le mégot et remonte dans le véhicule, triomphal. Outre le fait qu'il est juste impossible de ne pas se prosterner devant un tel gag (un des plus beaux qui existent)du fait de sa mécanique et de ses implications, c'est son impact sardonique qui tétanise, sa lucide trivialité.
Et plus généralement, c'est toute la nappe de la pantomine qui se retrouve contaminée par une vague obscénité.
Des gestes triviaux de la Comedia Del Arte au flirt avec l'obscène, il y a qu'un pas qui passe par l'agression faite au derrière. Coups de pieds au cul, menaces d'empalement au sabre et autres indélicatesses faîtes au fondement sont le lot de nombreux courts-métrages de la Keystone ou de l'Essanay.
Mais City Lights va plus loin dans le sous-texte.
Lors de la séquence inaugurale, Charlot manque de se faire empaler par le glaive d'une statue et s'assoit sur le nez d'une autre.
Plus tard, lorsqu'il sort de prison, délesté de sa canne (jamais l'absence d'un accessoire ne fut plus cruelle)et tout de guenilles vêtu, c'est à nouveau au niveau du cul qu'un bout de tissu blanc s'échappe d'un orifice, déjection blanchâtre que des ados malveillants s'amuseront à tirer.
Alors Chaplin, artiste égrillard, quelque peu scatologique ?
Non, car la question n'est pas là. Ici, c'est toute une dialectique de l'exposition au sordide qui est affichée.
De façon encore plus troublante, un franc sous-texte homosexuel m'a sauté au visage.
Lorsque le copain millionnaire, décuité après une nuit de fête, se réveille et trouve Charlot dans son pieu, à côté de lui et en pyjama, la façon dont nous le voyons s'interroger ne fait aucun doute sur ce qu'il imagine.
Plus tard, avant le fabuleux match de boxe, Charlot minaude pour amadouer le terrible boxeur qu'il doit se coltiner. Il minaude une fois, deux fois puis trois et au bout de la troisième, nous nous disons que tout cela commence à faire chochotte. Nous ne sommes pas les seuls car le boxeur, prenant conscience de son manège, se met soudain à préférer se mettre en short à l'abri du regard chaplinien.
Alors Chaplin, homophobe?
Non, conscient de sa féminité, tout au plus.
C'est surtout l'exposition du chétif vagabond à un monde de brutes prêtes à le "bouffer" tout cru (Big Jim dans La Ruée vers l'or)qui trouve là à s'exprimer en d'incroyables suggestions.
Toute une poussière sordide est ici soulevée par le balais du génie ....balayage universellement ambigu de la condition du vagabond telle que nous la retrouverons dans L'Epouvantail, de Schatzberg, dans lequel la latence d'une homosexualité purement virtuelle (deux hommes qui vagabondent ensemble) trouvera sa concrétisation brutale dans la scène de la prison.
Fort de cette richesse qui ne relève que des chefs d'œuvre absolus, le plan final de Charlot, presque défiguré par l'émotion, alors que la belle Virginia Merrill, qui a recouvré la vue et qui tient un beau magasin de fleurs, répond au "Alors, vous voyez?" de Charlot par un "Oui, maintenant, je vois" , a juste pétrifié de bouleversement la salle dans laquelle je me trouvais.
Preuve, s'il en fallait une de plus, du génie universel du petit homme.