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Agnès Jaoui

Publié : 4 mai 17, 09:31
par Kevin95
AU BOUT DU CONTE de Agnès Jaoui (2013) découverte

Au choix : soit je suis trop cynique pour la proposition soit le cinéma d'Agnès Jaoui a pris un coup dans l'aile. Son dernier bébé, toujours co-écrit par Jean-Pierre Bacri, a beau viser la naïveté des contes de fée, que le chemin est pénible avant d'arriver au générique de fin ! La fatigue sur les visages du duo ne trompe personne, c'est à bout de bras qu'ils font tourner la machine et si Jaoui réalise son rêve de gosse, pour les autres, va falloir ramer. Sinistre, par moment horriblement moche (voir les séquences oniriques), l'humour fait sourire le bonhomme Télérama et le rythme carbure au tilleul. Bacri refait son numéro, c'est gentil, mais le reste du casting est complétement aux fraises (si Agathe Bonitzer et Arthur Dupont peuvent me rapporter une barquette). Laborieux.

Re: Agnès Jaoui

Publié : 4 mai 17, 09:33
par Jeremy Fox
J'avais mieux apprécié :

Film choral très plaisant et extrêmement ludique aussi bien sur le fond que sur la forme, abordant maintes thématiques d'une manière assez juste comme le vieillissement, la solitude, les familles recomposées, l'infidélité ou la croyance au grand amour. Inégal mais dans l'ensemble vraiment sympathique grâce aussi à une interprétation de premier ordre, non seulement du couple Jaoui-Bacri mais aussi et surtout de ces deux jeunes acteurs que sont la charmante Agathe Bonitzer ou l'attachant Arthur Dupont.

Re: Agnès Jaoui

Publié : 4 mai 17, 12:01
par El Dadal
Je ne suis pas fan du monsieur, mais Benjamin Biolay était excellent dans ce film. C'est d'ailleurs lui (et sa baffe) qui me restent surtout en mémoire.

Re: Agnès Jaoui

Publié : 4 mai 17, 21:32
par Thaddeus
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(en italiques : films découverts en salle à leur sortie)


Le goût des autres
Lorsqu’un patron de PME se frotte au petit monde des intellos, c’est le carnage en fiole de venin, un vrai théâtre de la cruauté sous les yeux désabusés du garde du corps et du chauffeur, aussi clairvoyants qu’Arlequin chez Marivaux. Tous les goûts sont dans la nature, dit la sagesse populaire. Mais qu’on l’impose avec le sourire ou qu’on l’assène tel un coup de poing, le goût, signe d’exclusion, d’identité, voire de profit, rime plus souvent avec mépris sectaire qu’avec tolérance. En un constant jeu de conversion des stéréotypes, à la faveur d’une construction à crises multiples, situations et personnages font évoluer un goût de la nuance et de l’exhaustivité hérité de dix ans de réflexion sur la société française. C’est dire à quel point ce tableau choral, tendre et grinçant à la fois, s’impose comme une totale réussite. 5/6
Top 10 Année 2000

Comme une image
Nouvelle satire de mœurs, nouveau chapitre d’une comédie humaine qui développe des qualités d’écriture, un sens de la mesure et de la tempérance par lesquels perdure une forme exigeante et divertissante de notre culture. La réflexion sur le rapport au pouvoir, les liens complexes entre vanité et soumission, la nature de la célébrité et ce qu’elle dérègle dans les rapports sociaux, la fascination béate et sans recul des apparences, le règne de la frime, la tyrannie pratiquée par ceux qu’hypnotise la réussite, l’exclusion pratiquée par certains mondes, le miroir aux alouettes, les préjugés conduisant à cataloguer autrui à mauvais escient constituent la substance d’un propos cinglant et lucide, sans que jamais l’inventaire des petites vilénies ordinaires n’en grignote l’humour et la sourde gravité. 4/6

Au bout du conte
Bacri était le touchant Castella, puis l’odieux Cassard ; il rappelle ici, dans son registre préféré de bougon dépressif, qu’il est taillé pour le cinéma de Jaoui. La méthode n’a pas changé et ne suscitera qu’indifférence chez les défenseurs d’un cinéma plus radicalement aventureux. Pour ma part je suis toujours aussi sensible à cet art du parallèle, du croisement et du carrefour, traversé par une morale moins stricte que généreuse. Car dans la relecture amusée des contes enfantins, dans les parcours de ces personnages bienveillants et maladroits, bercés d’illusions et pétris d’angoisses, dans cette fable ludique interrogeant notre rapport à la croyance, sous toutes ses formes, on retrouve quelque chose de notre propre vie : formule bidon mais qui résume bien la filmographie de la réalisatrice. 4/6


Mon top :

1. Le goût des autres (2000)
2. Comme une image (2004)
3. Au bout du conte (2013)

Scénariste brillante (à moins de trente ans, elle signait les scripts magistraux de Resnais), observatrice affûtée et lucide qui épingle comportements, situations et mécanismes sociaux sans jamais mépriser quiconque, Agnès Jaoui est une personnalité qui compte. Elle se situe dans la filiation d’un Claude Sautet, dont elle partage l’intérêt socio-psychologique, mais auquel elle adjoint sa forme très personnelle d’humour mordant et nerveux. J’aime beaucoup.

Re: Agnès Jaoui

Publié : 5 mai 17, 11:19
par Flol
Thaddeus a écrit :
Jeremy Fox a écrit :la charmante Agathe Bonitzer
Spéciale dédicace à Ratatouille.
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Re: Agnès Jaoui

Publié : 5 mai 17, 13:41
par AtCloseRange
Jaoui c'est pas mal mais ça reste d'un tout autre niveau chez Resnais.

Re: Agnès Jaoui

Publié : 5 mai 17, 13:42
par AtCloseRange
Ratatouille a écrit :
Thaddeus a écrit : Spéciale dédicace à Ratatouille.
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Eddie Redmayne?

Re: Agnès Jaoui

Publié : 17 mars 18, 21:04
par AtCloseRange
Pour les curieux qui ont Canal, Une Femme d'Extérieur de Christophe Blanc passe en ce moment en replay.
Je le conseille vivement et c'est peut-être bien le meilleur rôle d'Agnès Jaoui (enfin de ce que j'ai vu dans sa filmo).

Re: Agnès Jaoui

Publié : 17 mars 18, 21:12
par odelay
A noter que son prochain film, Place publique, écrit évidemment avec Bacri sort dans un mois pile.

Re: Agnès Jaoui

Publié : 17 mars 18, 22:35
par Duke Red
Vu la bande-annonce à plusieurs reprises au cinoche, ça sent le film déjà ringard à sa sortie. La satire du monde so superficiel de la télé, par le couple Jaoui-Bacri, je crains le festival des éternelles petites bassesses et mesquineries.

Re: Agnès Jaoui

Publié : 18 mars 18, 10:12
par Brody
Duke Red a écrit :Vu la bande-annonce à plusieurs reprises au cinoche, ça sent le film déjà ringard à sa sortie. La satire du monde so superficiel de la télé, par le couple Jaoui-Bacri, je crains le festival des éternelles petites bassesses et mesquineries.
BA découverte à l'instant, et même si on sent que ça va jouer en terrain connu, je préfère 100 fois cela a la totalité des ba de comédies françaises vue depuis 1 an... je reste très client de l'humour noir mais toujours humaniste du duo.
Sans doute quelque part frustrant pour Bacri de sembler enfermé ad vitam dans le même personnage, mais il le fait mieux que personne, alors...

Re: Agnès Jaoui

Publié : 18 mars 18, 10:15
par Supfiction
Duke Red a écrit :Vu la bande-annonce à plusieurs reprises au cinoche, ça sent le film déjà ringard à sa sortie. La satire du monde so superficiel de la télé, par le couple Jaoui-Bacri, je crains le festival des éternelles petites bassesses et mesquineries.
C’etait déjà en partie le sujet de Comme une image. Gageons qu’il n’y aura pas que ça et esperons qu’ils n’aient pas trop perdu la main, Parlez moi de la pluie et Au bout du conte étant des films intéressants mais bien en deça des réalisations précédentes.

Re: Agnès Jaoui

Publié : 18 mars 18, 11:46
par AtCloseRange
Comme mon message a tout de suite été parasité :mrgreen:
AtCloseRange a écrit :Pour les curieux qui ont Canal, Une Femme d'Extérieur de Christophe Blanc passe en ce moment en replay.
Je le conseille vivement et c'est peut-être bien le meilleur rôle d'Agnès Jaoui (enfin de ce que j'ai vu dans sa filmo).

Re: Agnès Jaoui

Publié : 28 avr. 18, 21:30
par Supfiction
Place publique
Bien meilleur que ce à quoi je m’attendais après avoir entendu le masque qui a bêtement comparé le film au sens de la fête. Ok, y a une soirée avec des serveurs pas doués.
C’est plus proche de Comme un image par exemple. Du Jaoui qui reste dans sa zone de confort mais qui aborde des sujets de société (le regard sur le fossé entre jeunes et vieux, entre les bobos et la France d’en bas, entre les gauchos et les cyniques, entre youtubeurs et présentateurs télé).

Re: Agnès Jaoui

Publié : 8 mai 18, 16:15
par Duke Red
Comme le monsieur du dessus.

La BA faisait peur, mais j'ai passé un bon moment. Les Jabac ne réinventent pas l'eau chaude - le meilleur de leurs carrières est derrière eux - et ils n'évitent pas la caricature (le Youtubeur teubé et sa cour, le paysan colérique, l'assistant joué par l'ex-Deschiens) mais le cadre festif et léger rend le spectacle de leurs coups de gueule bien plus amusant à regarder, là où leurs précédents films viraient de plus en plus à l'enfonçage de portes ouvertes et à une soupe aigre sur les lâchetés humaines et la résignation. Bacri assure toujours dans son rôle d'éternel grincheux looké ici comme Ardisson, en revanche Jaoui est nettement en-deça - son personnage est plus expansif et humoristique que ce qu'elle joue d'habitude et la réalisatrice en fait trop, il y a un truc qui coince. Par contre, on peut d'ores et déjà filer le César du meilleur second rôle féminin à Léa Drucker.

Plutôt superficiel au fond, mais au moins on rigole.