Piscine sans eau, Koji Wakamatsu
J'avais entendu parler de Koji Wakamatsu lors de la sortie du soldat Dieu, son dernier film en date. Par hasard, j'ai trouvé le dvd de Piscine sans eau de ce même réalisateur. Je dois avouer que le pitch du film m'intriguait et me faisait redouter le pire. Et c'est là que le film est passionnant. Le film appartient à un sous-genre du film érotique au Japon , le film de "viol". On aurait pu s'attendre à un traitement scabreux et putassier. Absoument pas, Wakamatsu dresse le portrait d'un homme dont le contact social le rend malade. Il vit au rythme du bruit d'une poiçonneuse à billet et d'une famille dont il est totalement extérieur. Aucune justification psychologisante ( qui à la fois condamnerait le personnage ou le dédommagerait) n'est mise en avant . Il est même un brave type aidant une jeune fille attaquée par des yakusas au début du film. Le basculement vers les viols se fait progressivement et je dirai même dans une ambiance assez floconneuse à l'image du produit dont il se sert pour droguer ses femmes d'un soir. Wakamatsu prend le contre pied de ce pitch pour faire des séquences de viol un onirisme éthéré avec une musique au synthé typique des années 80. Cependant, il n'oublie pas de créer le malaise avec le premier viol se passant en temps réel avec absence de musique. Mais les scènes de sexe ne se font dans aucune violence . Elles sont plutôt le reflet d'un homme complètement broyé et déconnecté d'une société urbaine japonaise qui ne le veut que comme un bon travailleur. Le film est empli d'une grande solitude et montre les relations homme/femme comme un échec. Le criminel ne prenant du plaisir que dans une forme de non dit de la sexualité. Cela ne l'empeche de faire le petit déjeuner en partant...
Vagabondant dans une piscine sans eau , image d'un sexe sans émotion, d'une société deshumanisé qui malgré son urbanisme lui manque le socle essentiel d'humanité qu'ella a perdu.
Wakamatsu ne juge aucun de ses personnages réussissant même à faire dire à une des victimes principales du violeur qu'elle aimait bien quand elle venait le voir avec le petit déjeuner. La solitude des âmes se rencontrant dans une situation de non dit , de silence, de non connaissance réciproque. Le film se permet des élans poétiques avec des bulles d'eau qui adoucissent le glauque de la situation pour en faire un film atypique . Les 2 comédiens ( surtout la beauté de la comédienne

) suivent parfaitement l'élan de ce film à la fois voyeuriste, conte érotique pour faire de cette oeuvre une curiosité mais aussi laissant un coup amer d'une fin d'humanité sans retour.