Raoul André (1916-1992)

[Music Man]

Entre 1946 et 1974, Raoul André a réalisé une vingtaine de films : des polars (Ces messieurs de la gâchette) des pastiches (le Bourgeois gentil mec) et bien souvent un mix des deux. Le roi du nanard franchouillard fut pas mal décrié pour sa vulgarité, son manque de talent. Bon, on va vérifier ça !

Avec son épouse la vedette des années 40 Louise Carletti (Macao, enfer du jeu) et sa fille Ariane Carletti (du club Dorothée)

[Music Man]

LES PEPEES FONT LA LOI de Raoul André (1955)
avec Dominique WILMS, Claudine DUPUIS , Louise CARLETTI, Michèle PHILIPPE, Suzy PRIM

Avis du Commissaire Juve :

Avec Dominique Wilms, Claudine Dupuis, Louise Carletti, Michèle Philippe, Suzy Prim, Jean Gaven, Olivier Mathot, Paul Dupuis, Paul Péri... une distribution qui ne dira pas grand-chose à grand monde. Ah si ! on y voit Louis de Funès (avec pas mal de cheveux) dans le rôle "très secondaire" de Jeannot La Bonne Affaire...

A la lecture du titre, 99% des gens vont penser "super nanar", voire navet ! Mais ça n'est pas aussi simple que ça. Le film n'est pas totalement inintéressant.

L'aspect polar -- trois soeurs, filles d'une ancienne mère maquerelle, s'efforcent de libérer une quatrième soeur kidnappée par une bande de malfrats -- prête très vite à sourire. Même si, pour l'époque, ça cogne plutôt dur (on a même droit à une séance de torture), cette variante féminine du polar à la Auguste le Breton ne se bat absolument pas dans la même catégorie que "Razzia sur la chnouf" et "Du rififi chez les hommes", sortis tous deux quelques jours plus tard (à cet égard, le grand barnum final est vraiment décoiffant).

Mais, à titre personnel, une chose m'a vraiment plu : les quelques passages où les filles apprennent l'argot des truands parisiens. De ce point de vue -- relativement anecdotique, j'en conviens --, le film a un petit côté documentaire amusant. En tant qu'instit, je me suis même dit que cela pourrait servir dans le cadre d'une leçon sur les niveaux de langages.

Bref : nanar... sans aucun doute. Navet... non.

[Music Man]

LES PEPEES AU SERVICE SECRET - DE RAOUL ANDRE -1956
Avec Claudine DUPUIS, Louise CARLETTI, Tilda THAMAR, Raymond SOUPLEIX

Suite des pépées font la loi : 3 filles de bonne famille chassent le truand : ici, l’assassin d’un savant qui voulait lui voler la formule d’une bombe hyper puissante.

Le réalisateur (considéré par certains spécialistes comme l’un des plus mauvais du cinéma français) reprend les mêmes ingrédients que dans les pépées font la loi : 3 jolies filles chic qui parlent en argot, et se lancent dans la bagarre. C’est souvent ennuyeux et à peine drôle. Les actrices ne sont pas terribles. C’est la moins connue du quatuor, Michèle Philippe qui m’a paru la meilleure. A la fin, on a encore droit à une grande baston avec les femmes à l'attaque, faisant flèches de tout bois. Bof.

[Music Man]

LES INDISCRETES de Raoul ANDRE - 1956
Avec Franck VILLARD, Nicole BERGER, Dany CARREL, Louise CARLETTI, Jean LEFEVBRE

Une jeune fille à vélo assiste à un grave accident de voiture. Le conducteur mourant lui confie un paquet d’argent à remettre à son fils naturel.

Très honnêtement je n’ai pas visionné ce film jusqu’au bout tant l’intrigue absolument stupide m’a paru assommante et indigeste. On se moque complètement de ce que cette gourde en bicyclette (Nicole Berger qu’on a vu dans de bien meilleurs films) et ses copines vont faire des billets. Ce n’est même pas drôle (je ne sais même pas si l‘intention du réalisateur). C'est consternant.

[riqueuniee]

Je viens de consulter la filmo du cinéaste, et ça sent quand même bien le navet (ou au mieux le petit film pour cinoche de quartier du samedi soir, quelque chose qui a disparu). Vers la fin de carrière, on a des titres du genre La dernière bourrée à Paris (1973), ou juste après Y'a un os dans la moulinette !
Saluons le courage de MusicMan qui visionne de tels films pour pouvoir nous les chroniquer après...

[Music Man]

LA PLANQUE de Raoul ANDRE - 1962
Avec MOULOUDJI , Louise CARLETTI, Yves VINCENT et Francis BLANCHE

Pour échapper à la Gestapo, un résistant est interné dans un hôpital psychiatrique avec l’appui d’un médecin. Mais ce dernier est vite arrêté et déporté suite à une dénonciation. A l’asile, où on le prend pour un fou, le résistant va lutter contre la démence.

Raoul André passe pour un des plus mauvais réalisateurs français, et certains des navets dont il est l’auteur ne plaident pas en sa faveur.
Aussi, on ne peut qu’être surpris par ce film un peu glauque mais prenant , car il est réalisé avec soin, et certains passages sont saisissants, et fort bien photographiés. Raoul André fut il touché par la grâce en 1962?
Evidemment, on a peine à croire à certains aspects de l’histoire (notamment la fin), mais l’interprétation est solide notamment celle du génial Francis Blanche, en collabo qui se fait passer pour fou pour mieux infiltrer le réseau de résistance et Mouloudji campe fort bien le rôle principal avec beaucoup de justesse.
Comme lui, on se sent pris au piège dans cette opressante atmosphère.
A voir.

[Music Man]

Je viens de consulter la filmo du cinéaste, et ça sent quand même bien le navet (ou au mieux le petit film pour cinoche de quartier du samedi soir, quelque chose qui a disparu). Vers la fin de carrière, on a des titres du genre La dernière bourrée à Paris (1973), ou juste après Y'a un os dans la moulinette !
Saluons le courage de MusicMan qui visionne de tels films pour pouvoir nous les chroniquer après...

J'ai repéré une vieille cassette vidéo à Vidéosphère de la dernière bourrée à Paris et compte bien la visionner pour vous la chroniquer!!

[Lord Henry]

Tout cela me fait irrésistiblement penser aux réalisations de Willy Rozier qui font les beaux jours de Ciné Polar - à défaut de faire ceux des téléspectateurs.

Vague souvenir de Ces Messieurs de la Gâchette; et je ne demande qu'une chose, c'est qu'il reste vague.

[Music Man]

MISSION SPECIALE A CARACAS de Raoul ANDRE – 1965
Avec Rod CARTER, Louise CARLETTI, Jany CLAIR, Yvonne MONLAUR, Michel LEMOINE, Paul DEMANGE et Josy ANDRIEU

Emile Vasson, un vieux trafiquant d'armes se retire des affaires après fortune faite: il vient en effet de vendre à un groupe de révolutionnaires sud-américains, le secret de la bombe au Sarin, gaz paralysant qui a la propriété de tuer instantanément ses victimes. Il est chargé par l'Organisation qui a acquis les droits concernant le secret de la bombe d'emporter les plans de celle-ci en Europe pour la faire confectionner. Une bande rivale a décidé de s'emparer de la serviette dans laquelle se trouvent les documents ainsi que les pierres précieuses représentant toute la fortune de Vasson.

Dans la lignée des OSS 117 et autres films d’espionnage en co-production qui pullulaient au milieu des années 60, notre Raoul André nous a confectionné une autre œuvre du genre sur fond de musique lounge et de bossa novas (agréables à l’oreille d’ailleurs). C’est mal joué, mais les bagarres sont bien chorégraphiées et filmées avec un sens de l’humour et de l’auto dérision bien palpable qui rend ces passages assez réjouissants. On a droit encore à un grand pugilat entre toutes les nombreuses jeunes maîtresses du vieux Vasson qui se crêpent le chignon à coups de talons aiguilles, dans la lignée des pépées font la loi (parmi toutes ces pin-up peu douées pour la comédie, figure Josy Andrieu, future abonnées des émissions de Pascal Sevran). En guise de gadget, on a ici la caméra qui tue et envoie des flèches empoisonnées : c’est la méchante Louise Carletti (fort jolie dans son dernier rôle), qui commet tous les crimes. Sur son blog officiel, Yvonne Monlaur, la star française des films de la Hammer confie : « MISSION SPECIALE n'est sans doute pas un grand film.
L'intrigue résumée ci-dessus avec ses maladresses et ses figures naïves d'une drôlerie parfois involontaire reflète les aléas qui jalonnèrent sa réalisation, l'un des tournages les plus longs et les plus chaotiques que j'aie jamais fait.
Nous sommes partis au Venezuela en croisière durant les mois d'avril, mai et juin. Ce furent de telles vacances pour la majeure partie de l'équipe qu'on en oublia parfois qu'il y avait un film à faire ! »
De son vrai nom Roland Carey, la star du film Rod Carter n’est pas américain mais franco-suisse. Après avoir doublé Burt Lancaster dans Trapèze, il a joué dans des films italiens comme « le tueur aime les bonbons ».

[Commissaire Juve]

Beaucoup de nanars, des choses qui ne volent pas bien haut, certes, mais je trouve que ces films ont quand même une certaine "tenue" (Je parles des films années 50 / début 60). Si l'on compare avec certaines série Z des années 70 / 80 (avec Jean Lefebvre, Robert Castel, Dary Cowl, Francis Blanche... genre "Quand c'est parti, c'est parti" ou "Plein les poches pour pas un rond" ou "Les Borsalini"), c'est carrément du bon cinéma.

[manuma]

Je me souviens être tombé il y a quelques années, à la télé, sur son Y'a un os dans la moulinette. C'était hallucinant de bêtise. Un truc difficilement descriptible. Par ailleurs, en recherchant ce titre sur IMDB, je viens d'apprendre que le scénario était signé Ken Finkleman, futur scénariste de Grease 2 et Who's that girl avec Madonna

[blaisdell]

j'adore ce genre de topic.
Et j'ai très envie de voir La dernière bourrée à Paris:

[Music Man]

L’HOMME ET L’ENFANT de Raoul ANDRE – 1956
Avec Eddie CONSTANTINE, Juliette GRECO, Folco LULLI, Pascale ROBERTS

Le patron d’une entreprise de parfumerie, démantèle un gang de trafic de drogue et de traite des blanches dirigé à son insu par son meilleur ami, pour sauver sa fille adoptive kidnappée.

Vous vous souvenez peut-être de la chanson l’homme et l’enfant, le plus gros succès discographique en France de l’année 1956 par Eddie Constantine et sa fille Tanya (Dis monsieur, pourquoi la terre est ronde ?) ou alors de la VO par Frankie Laine. Dans the naked kiss de Samuel Fuller, on entend des enfants handicapés chanter cette très jolie ballade dans un des moments les plus étranges et les plus poignants du film. Ici, rien d’émouvant ni de troublant, évidemment : Constantine chante (bien) la chanson au volant de sa voiture, pendant le générique, après que sa fille, qui lui avoue être nulle en géographie, commence la complainte.

Ce polar sans rythme ressemble à une bande dessinée tirée de l’imagination d’un ado (avec flacons de parfums remplis de cocaïne, femmes fatales méchantes). On voudrait bien suivre les péripéties d’Eddie Constantine comme les aventures de Tintin, hélas la lourdeur de la réalisation et l’interprétation très approximative des comédiens ne parviennent pas à faire décoller l’ensemble ni même à y donner une saveur kitsch (malgré la présence d’acteurs comme Jean Lefevbre). A la rigueur, on pourra s’amuser de voir Juliette Gréco mater à coups de ceinture Nadine Tallier (de Rotschield), et encore…Quand on pense que la muse de l’existentialisme choisissait son répertoire avec rigueur, apparemment elle était moins regardante pour ses films !

[riqueuniee]

Ah oui, je me souviens bien de cette chanson, qui fut un énorme tube (notamment de la version avec Constantine et sa fille). Le moment que tu cites (dans le film de Fuller) est d'autant plus troublant qu'il s'agit d'un moment presque à l'eau de rose dans un film par ailleurs plutôt dur.
Ce film-là n'a pas l'air d'être le pire de ceux qui tu as pu voir. La présence de Juliette Greco (qui est quand même apparue dans de meilleures productions !) et de Nadine Tallier/De Rothschild en fait même une vraie curiosité...

[Music Man]

Ce film-là n'a pas l'air d'être le pire de ceux qui tu as pu voir. La présence de Juliette Greco (qui est quand même apparue dans de meilleures productions !) et de Nadine Tallier/De Rothschild en fait même une vraie curiosité...

Tu as raison ce n'est pas le pire, mais ce n'est pas terrible quand même! Je m'entraîne un peu avant la dernière bourrée à Paris