Les Beaux Mecs

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pol gornek
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Les Beaux Mecs

Message par pol gornek »

Nouvelle production française qui a commencé hier soir sur France 2.

Pour en savoir un peu plus sur la série, je vous invite à lire le copieux dossier sur le site : Le Village.

Présentation : http://www.a-suivre.org/levillage/avant ... -mecs.html

Et le sommaire du dossier : http://www.a-suivre.org/levillage/+les- ... esque.html

Les Beaux Mecs - Episodes 01 & 02:

Quelque part, c’est rassurant de voir que l’on peut encore produire des oeuvres qui possèdent une vraie identité nationale. Pas de sous-entendus réactionnaires derrière cette affirmation, mais le plaisir de voir que notre culture est suffisamment riche pour des auteurs, sans avoir à chercher au-delà des frontières pour écrire des ersatz sans saveur. Les Beaux Mecs revisitent le film de gangster français avec une foi sans faille, et sert avec beaucoup d’habileté, une dualité passé/moderne, qui ne joue pas le simple manichéisme temporelle. Ici, la transmission occupe les principaux axes thématiques de ces deux épisodes (de la série ?). Transmission du savoir entre deux générations (dans le passé avec la création de Tony le Dingue puis dans le présent entre Tony et Kenz, mais également au niveau de la police, avec Janvier revenant « enseigner » son savoir).

S’il y avait un reproche à formuler, on pourrait mentionner la réalisation. Elle manque de richesse, de diversité, trop occupée à faire trembler son cadre pour accrocher le spectateur avec cette vision brute. Cette façon quasi urgentiste de capter l’évènement s’accorde mal avec certaines scènes plus posées. A la longue, cela peut devenir fatiguant.
Le public qui grandit devant la télé affine son regard, acquiert une compétence critique, une capacité à lire des formes compliquées. Il anticipe mieux les stéréotypes et finit par les refuser car il ne jouit plus d'aucune surprise ni curiosité, les deux moteurs de l'écoute.Il faut donc lui proposer des programmes d'un niveau esthétique plus ambitieux. La série télé s'est ainsi hissée, avec ses formes propres, au niveau de la littérature et du cinéma.
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Shin Cyberlapinou
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Re: Les Beaux Mecs

Message par Shin Cyberlapinou »

J'ai cru comprendre qu'il n'y aurait qu'une saison. Est-ce parce que la série est autosuffisante, ou parce que France 2 n'y croit pas du tout (on se souvient du bide du Chasseur et de son tueur à gages pas très service public)?
pol gornek
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Re: Les Beaux Mecs

Message par pol gornek »

N'étant pas suffisamment éclairé sur le sujet, je vais laisser Sullivan Le Postec répondre à ma place (réponse originale trouvé sur le forum du Village : http://www.a-suivre.org/levillage/les-b ... ts=0#12683 )

Question : J’ai lu quelque part qu’en fait c’était une mini-série. Je me demandais si la politique de l’ancien directeur des fictions était plutôt axé séries bouclées que séries à chapitres.
Sullivan Le Postec a écrit :C’est une bonne question. Je dirais que ça fait partie de la lente transition entre la culture de l’unitaire et celle de la série. Par ailleurs, il est clair que la Direction précédente n’avait aucun intérêt, voire méprisait, la série, ce qui explique que ces cinq dernières années et demie, alors que les séries longues en place s’arrêtaient petit à petit (« PJ », « Avocats & Associés », « Central Nuit », « La Crim’ »...) aucune n’est venue les remplacer.
Je me demande aussi si ce n’est pas une réserve plus ou moins inconsciente de la part des auteurs et des prods : avec un format mini-série, au moins il n’y a pas de frustration si la programmation massacre la série et que ça ne marche pas.

L’année dernière, des appels à projets ont été lancées pour aboutir à la création de deux nouvelles séries longues policières et d’une ou deux comédie d’une demi-heure. C’est toujours en cours.

Pour en revenir aux « Beaux Mecs », c’est clairement bouclé. « 1788 1/2 », les auteurs et la prod n’étaient pas du tout contre faire une suite si cela avait marché.
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Re: Les Beaux Mecs

Message par riqueuniee »

C'est ce qu'on appelait dans le temps un feuilleton : une histoire découpée en épisodes (nombre variable, mais au moins 5 ou 6) , au contraire des séries qui présentaient des épisodes indépendants les uns des autres, et totalement bouclée à la fin . Maintenant, les séries sont très souvent "feuilletonnantes" (ce qui peut les rendre compliquées à suivre si on rate un épisode). Et même celles qui présentent des histoires indépendantes à chaque épisode s'arrangent pour donner un aspect "feuilletonnant" à l'histoire de leurs personnages récurrents, ce qui peut être gênant en cas d'épisodes non vus, ou de diffusion dans le désordre.
pol gornek
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Re: Les Beaux Mecs

Message par pol gornek »

Episodes 03 & 04 :

Un peu moins emballé par ces deux épisodes que les précédents. Peut-être est-ce due à une tendance davantage portée sur l’action que la réflexion. De l’enterrement du corps au deal de drogue, j’ai souvent été dérangé par une écriture un peu automatique quand il s’agit d’aborder le genre. Malgré tout, comme c’est bien fait, le spectacle assure.

La trajectoire est Tony est intéressante, elle aurait mérité plus de place. La série a souvent pointé son côté impulsif (« Le Dingue ») avec un aspect plus « génie du crime » (le deal de drogue et ses multi-trahisons). Avec le court passage télévisé dans la prison, les auteurs abordent une intelligence affûtée sur la société et le rapport de l’homme face au crime. Dommage qu’elle ne soit pas plus développée par la suite (la partie terrorisme d’extrême gauche est trop légère et peu approfondie) et surtout, que l’on n’aborde plus vraiment dans la partie « présent ». Son rapport avec Kenz a un peu explosé et l’on ne sait plus très quelles convictions animent Tony concernant ce dernier. Un petit regard sur l’évolution du gangster aurait été intéressant (la rencontre houleuse entre la cité et les beaux mecs est déjà un premier pas).

Je reste toujours sur mes positions concernant la réalisation qui manque toujours autant de diversité, ne prenant que trop rarement en compte la nature de la scène. Et l’emploi d’un leitmotiv musical est très dispensable, voire insupportable.

Malgré ces griefs ou points de divergences personnelles, le résultat s’avère plaisant et agréable dans l’ensemble. Le jeu de Simon Akbarian y est pour beaucoup et la volonté des auteurs d’explorer ce monde des beaux mecs, notre passé criminel, possède une vraie fraîcheur.
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Re: Les Beaux Mecs

Message par pol gornek »

Episodes 05 à 08 + Bilan :

(spoilers inside)

Avant de revenir ce qu’il ne fonctionnait pas, je tenais à saluer le remarquable travail de Virginie Brac sur la progression dramatique des flash-backs. Si dans les trois ou quatre premiers épisodes, le passé de Tony se révélait elliptique comme l’aurait fait un biopic, il y a, à partir de la rencontre avec Claire, un jeu de piste qui se dévoile et s’impose au fil des épisodes comme le fil principal, celui qui retient le plus d’attention. Au point de se demander si toute cette histoire de vengeance ne serait pas un peu vaine, et que c’est bien la trajectoire tragique de Tony qui occupe l’espace.

Car les éléments qui peinent, dans la série, appartiennent presque tous au présent. Je reste sceptique sur le choix de faire tenir la filiation entre le Nils et Tony. Un jeu de hasard trop écrit pour être convaincant. Que l’enfant de Tony et Claire soit encore vivant (et élever par Guido) ne posait pas de problème, bien au contraire. Cela nourrissait la tragédie au coeur du couple. Mais cette volonté de lier tous les personnages entre eux rend l’exercice artificiel.

L’autre grief principal tient dans le personnage de Janvier. Le vieux flic véreux très méchant qui reprend du service, on n’est pas loin du cliché-cul-de-sac. Comprendre qu’il n’y a rien à dégager d’un tel personnage sinon des actes préméditables. Paroxysme atteint avec le viol de Claire, vraiment dispensable et qui déjoue son supplice sadique (s’en tenir au chantage « revoir son fils en échange d’informations » suffisait à nourrir la monstruosité du personnage). Impressions qui poussent jusqu’à une confrontation finale déceptive, sorte d’anti-climax, qui ne donne pas vraiment, au personnage de Tony, une fin à sa juste valeur (l’échange avec son fils rattrape un peu le coup - j’aurai bien aimé une fin à la Collatéral, personnellement).

Enfin, je pourrai revenir sur une réalisation toujours problématique, et un dernier épisode (et un dernier coup) assez surréaliste où le pastiche l’emporte sur le crédible (mais assez ludique malgré tout), mais ce serait s’attarder trop longtemps sur les défauts, alors que ce qui se dégage de l’ensemble est une histoire bien racontée, de portraits bien dessinés et une belle ambition, jamais trahie. C’est suffisamment rare pour être noté.
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