Huit Heures de Sursis (Carol Reed - 1947)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
-
- A mes délires
- Messages : 9466
- Inscription : 3 janv. 04, 01:49
- Localisation : 17 Paseo Verde
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Le film de Carol Reed à redécouvrir, c'est celui-ci:
En précisant toutefois que le sensationnalisme de l'affiche est des plus trompeurs.
En précisant toutefois que le sensationnalisme de l'affiche est des plus trompeurs.
- Rick Blaine
- Charles Foster Kane
- Messages : 24145
- Inscription : 4 août 10, 13:53
- Last.fm
- Localisation : Paris
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Je viens de découvrir ce sublime film. Je ne m'étendrais pas trop tant Major Tom, Tom Peeping, Demi-Lune et Watkinssien, ont été parfait sur le sujet, mais je me devais d'exprimer le plaisir que j'ai eu à voir le film.
J'ai été notamment surpris par la performance de James Mason, pas parce qu'il est génial, ce qui est globalement toujours vrai, mais parce que sa performance est très original. J'avais l'habitude de penser qu'une partie de son talent reposait sur sa diction, sur sa manière de dire le texte, et là, dans un rôle presque muet, je l'ai découvert bouleversant. Il n'est pas exagéré de dire que des frissons m'ont parcouru à chacune de ses apparition. Pourtant, le rôle n'était pas si évident, Reed ne masque jamais le fait que le personnage a tué un innocent, ce qui est logique puisque c'est une étape clé de son parcours, et pourtant Mason fait naitre une immense empathie envers son personnage, sans parler, et presque sans bouger.
Il va sans dire que la photographie est admirable, on peut la rapprocher facilement du Troisième Homme, sur le quel a travaillé le même chef opérateur (Robert Krasker). On doit ajouter, visuellement, les surprenantes touches surréaliste, qui font de Huit heures de Sursis un film à part, parcouru par des passages un peu hors du temps. L'intervention de certains personnage, notamment le peintre, très impressionnant, renforce cette intelligente déstructuration d'un récit qui aurait pu être fort linéaire.
Le film se conclut sur une fin magnifique, belle à pleurer.
Comme Jeremy plus haut, je crois que l'on peut placer Huit Heures de Sursis un peu au dessus du Troisième Homme, pourtant un film très important pour moi. Tout aussi réussi visuellement, j'ai trouvé Huit Heures de Sursis plus riche du point de vue émotionnel, il m'a probablement plus touché d'un point de vue personnel.
Je regrette donc toujours un peu plus que Carol Reed, comme d'autre cinéaste anglais de l'époque, soit si mal représenté en DVD. On devrait pouvoir accéder facilement à beaucoup plus d'œuvre d'un cinéaste si important.
J'ai été notamment surpris par la performance de James Mason, pas parce qu'il est génial, ce qui est globalement toujours vrai, mais parce que sa performance est très original. J'avais l'habitude de penser qu'une partie de son talent reposait sur sa diction, sur sa manière de dire le texte, et là, dans un rôle presque muet, je l'ai découvert bouleversant. Il n'est pas exagéré de dire que des frissons m'ont parcouru à chacune de ses apparition. Pourtant, le rôle n'était pas si évident, Reed ne masque jamais le fait que le personnage a tué un innocent, ce qui est logique puisque c'est une étape clé de son parcours, et pourtant Mason fait naitre une immense empathie envers son personnage, sans parler, et presque sans bouger.
Il va sans dire que la photographie est admirable, on peut la rapprocher facilement du Troisième Homme, sur le quel a travaillé le même chef opérateur (Robert Krasker). On doit ajouter, visuellement, les surprenantes touches surréaliste, qui font de Huit heures de Sursis un film à part, parcouru par des passages un peu hors du temps. L'intervention de certains personnage, notamment le peintre, très impressionnant, renforce cette intelligente déstructuration d'un récit qui aurait pu être fort linéaire.
Le film se conclut sur une fin magnifique, belle à pleurer.
Comme Jeremy plus haut, je crois que l'on peut placer Huit Heures de Sursis un peu au dessus du Troisième Homme, pourtant un film très important pour moi. Tout aussi réussi visuellement, j'ai trouvé Huit Heures de Sursis plus riche du point de vue émotionnel, il m'a probablement plus touché d'un point de vue personnel.
Je regrette donc toujours un peu plus que Carol Reed, comme d'autre cinéaste anglais de l'époque, soit si mal représenté en DVD. On devrait pouvoir accéder facilement à beaucoup plus d'œuvre d'un cinéaste si important.
-
- Producteur
- Messages : 9706
- Inscription : 15 oct. 10, 21:58
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Je viens de découvrir ce film, en effet splendide. Tout à fait d'accord avec ton analyse. J'ajouterai que les décors naturels (car il y en a, une partie des extérieurs ayant été tournée à Belfast même) sont très bien utilisés.A noter, tout particulièrement, la superbe séquence d'ouverture, sur une vue aérienne de Belfast. Tous les interprètes sont remarquables . Les scènes d'hallucination sont surprenantes dans leur conception, mais elles s'insèrent fort bien dans ce film par ailleurs très réaliste. Et les éclairages (photo remarquable, en effet) donnent à tout le film une tonalité expressionniste .
Un film en effet pet-être un peu au-dessus du Troisième homme.
Si Carol Reed est si mal représenté en DVD, c'est peut-être parce qu'il est encore quelque peu sous-estimé.
J'ai découvert le film en salles (réédition avec copie restaurée)
Un film en effet pet-être un peu au-dessus du Troisième homme.
Si Carol Reed est si mal représenté en DVD, c'est peut-être parce qu'il est encore quelque peu sous-estimé.
J'ai découvert le film en salles (réédition avec copie restaurée)
- Rick Blaine
- Charles Foster Kane
- Messages : 24145
- Inscription : 4 août 10, 13:53
- Last.fm
- Localisation : Paris
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Ce qui est malheureusement le cas de pas mal de cinéastes anglais, c'est bien dommage.riqueuniee a écrit : Si Carol Reed est si mal représenté en DVD, c'est peut-être parce qu'il est encore quelque peu sous-estimé.
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
- Messages : 14973
- Inscription : 20 août 09, 16:50
- Localisation : Retraité de DvdClassik.
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Il faudrait que je revois Le Troisième homme (ce sera en BD, maintenant), mais je suis quand même un peu surpris que vous soyez si nombreux à trouver Huit heures de sursis supérieur. Le Troisième homme me paraît mieux construit, plus audacieux encore dans la mise en scène, plus marquant grâce à son scénario de grande qualité, la présence légendaire d'Orson Welles/Harry Lime, sa peinture collatérale de l'après Seconde Guerre mondiale. Et je dois dire que le long plan final, avec Alida Valli qui ne s'arrêtera pas, possède à lui seul, pour moi, plus de force qu'aucun de ceux de Huit heures de sursis.riqueuniee a écrit :Un film en effet pet-être un peu au-dessus du Troisième homme.
- Rick Blaine
- Charles Foster Kane
- Messages : 24145
- Inscription : 4 août 10, 13:53
- Last.fm
- Localisation : Paris
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Plus audacieux je ne sais pas, les scènes d'hallucinations de Huit heures de sursis le rendent très audacieux. Il y a des choses qui sont peut être plus marquantes dans le Troisième Homme, des images qui sont plus gravées dans l’inconscient collectif cinéphile, comme celle voyant Orson Welles apparaitre dans l'ombre. Je trouve que les deux films se valent d'un point de vu scénaristique, mais ce qui fait la très légère différence, pour moi, c'est simplement l'implication émotionnelle que j'ai ressentie. J'ai eu plus d'empathie pour les personnages de Huit heures de sursis, je me suis senti plus concerné par leur destin.Demi-Lune a écrit :Il faudrait que je revois Le Troisième homme (ce sera en BD, maintenant), mais je suis quand même un peu surpris que vous soyez si nombreux à trouver Huit heures de sursis supérieur. Le Troisième homme me paraît mieux construit, plus audacieux encore dans la mise en scène, plus marquant grâce à son scénario de grande qualité, la présence légendaire d'Orson Welles/Harry Lime, sa peinture collatérale de l'après Seconde Guerre mondiale. Et je dois dire que le long plan final, avec Alida Valli qui ne s'arrêtera pas, possède à lui seul, pour moi, plus de force qu'aucun de ceux de Huit heures de sursis.riqueuniee a écrit :Un film en effet pet-être un peu au-dessus du Troisième homme.
Ce sont deux films formidables, entendons nous bien, mais Huit Heures de Sursis prend plus aux tripes; (on ne peut pas faire plus subjectif, je te l'accorde).
- Major Tom
- Petit ourson de Chine
- Messages : 22225
- Inscription : 24 août 05, 14:28
- Contact :
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Oui, mais j'ai pourtant plus d'attachement pour Huit heures de sursis.Demi-Lune a écrit :je suis quand même un peu surpris que vous soyez si nombreux à trouver Huit heures de sursis supérieur. Le Troisième homme me paraît mieux construit, plus audacieux encore dans la mise en scène, plus marquant grâce à son scénario de grande qualité, la présence légendaire d'Orson Welles/Harry Lime, sa peinture collatérale de l'après Seconde Guerre mondiale. Et je dois dire que le long plan final, avec Alida Valli qui ne s'arrêtera pas, possède à lui seul, pour moi, plus de force qu'aucun de ceux de Huit heures de sursis.
- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 17126
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Demi-Lune a écrit :Il faudrait que je revois Le Troisième homme (ce sera en BD, maintenant), mais je suis quand même un peu surpris que vous soyez si nombreux à trouver Huit heures de sursis supérieur. Le Troisième homme me paraît mieux construit, plus audacieux encore dans la mise en scène, plus marquant grâce à son scénario de grande qualité, la présence légendaire d'Orson Welles/Harry Lime, sa peinture collatérale de l'après Seconde Guerre mondiale. Et je dois dire que le long plan final, avec Alida Valli qui ne s'arrêtera pas, possède à lui seul, pour moi, plus de force qu'aucun de ceux de Huit heures de sursis.riqueuniee a écrit :Un film en effet pet-être un peu au-dessus du Troisième homme.
Je suis d'accord avec toi, le film avec Cotten et Welles me paraît également supérieur, mais sa place de monument incontesté explique également la préférence de certains cinéphiles pour Odd Man Out, car c'est un film qui témoigne antérieurement du talent de Reed pour les contextes troubles, son sens de l'atmosphère, moins ambitieux mais tout aussi audacieux. La présence de James Mason est également tributaire de l'empathie et de l'identification... Dans The Third Man, ce sont des incarnations politiques, plus réflexives (Vienne divisée en 4 zones, la présence d'un Américain étranger aux codes européens, le Britannique impuissant mais plus lucide, la Hongroise vouée à un destin tragique).
Mother, I miss you
- Major Tom
- Petit ourson de Chine
- Messages : 22225
- Inscription : 24 août 05, 14:28
- Contact :
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
La grande scène du "rêve" de Mason dans Huit heures de sursis n'a pas d'équivalent dans Le Troisième homme. J'adore ce dernier (je l'ai revu hier), il est effectivement considéré comme le grand classique de Reed mais ça n'est pas une raison suffisante qui m'obligera à le préférer au précédent.
-
- Producteur
- Messages : 9706
- Inscription : 15 oct. 10, 21:58
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Ce qui n'a pas beaucoup d'équivalent non plus, c'est cette façon de passer d'une vision ultra-réaliste (les gamins des rues, l'ambiance du pub) à ces scènes oniriques. Et le film (sauf erreur) est un des rares films british (du moins dans les films assez anciens) à évoquer l'Irlande du Nord et ses conflits .Les personnages principaux sont des membres ou sympathisants de l'IRA ou du SinnFein (même si ce n'est jamais dit, et que le film prend ses précautions en parlant d'"organisation" et avec un carton au début). Une vision qui, si elle est fortement romancée, ne semble d'ailleurs pas hyper-fausse, notamment en ce qui concerne un certain soutien de la popultaion...
Dernière modification par riqueuniee le 10 mai 11, 11:24, modifié 1 fois.
- Rick Blaine
- Charles Foster Kane
- Messages : 24145
- Inscription : 4 août 10, 13:53
- Last.fm
- Localisation : Paris
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Si je devais identifier les raisons de ma préférence légère pour Huit Heures de Sursis, je crois que la performance de Mason serait la première effectivement.Watkinssien a écrit :La présence de James Mason est également tributaire de l'empathie et de l'identification...
-
- n'est pas Flaubert
- Messages : 8464
- Inscription : 19 nov. 05, 15:35
- Contact :
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Ne serait-ce pas plutôt l'empathie et l'identification qui sont tributaires de la présence de James Mason ?Watkinssien a écrit :La présence de James Mason est également tributaire de l'empathie et de l'identification...
- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 17126
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Oui ça marche aussi !Strum a écrit :Ne serait-ce pas plutôt l'empathie et l'identification qui sont tributaires de la présence de James Mason ?Watkinssien a écrit :La présence de James Mason est également tributaire de l'empathie et de l'identification...
Mother, I miss you
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 99654
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Le film est sorti en Bluray chez Elephant. La chronique par Justin Kwedi
-
- Assistant opérateur
- Messages : 2285
- Inscription : 2 mai 05, 16:19
Re: Huit Heures de Sursis (Odd Man Out, Carol Reed - 1947)
Extrait de la chronique de Justin Kwedi: Dès l'ouverture, Carol Reed escamote toutes les occasions qui lui sont données de mettre en valeur sa star.
Peut-être est-ce pour celà que le film m'a quelque peu décontenancé lorsque je l'ai découvert, je préfère James Mason plus fringuant, plus en forme on va dire...
Ce qui ne retire rien à la beauté de cette oeuvre.
Peut-être est-ce pour celà que le film m'a quelque peu décontenancé lorsque je l'ai découvert, je préfère James Mason plus fringuant, plus en forme on va dire...
Ce qui ne retire rien à la beauté de cette oeuvre.