Yves Allégret
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- Phnom&Penh
- Assistant opérateur
- Messages : 2077
- Inscription : 28 févr. 08, 12:17
- Localisation : Tengo un palacio en Granada
Yves Allégret
Yves Allégret est né en 1907 à Paris. On peut le considérer comme un des grands de la Qualité Française d’après-guerre.
Loin d’être passé directement à la réalisation, il a longtemps fréquenté le monde du cinéma par ses divers métiers (assistant réalisateur, costumier, directeur de production, scénariste, réalisateur de court-métrages…). Son frère aîné, Marc Allégret, le devancera et réalisera des films dès 1925.
A propos du travail de Marc et d’Yves Allégret, cette appréciation de Françoise Giroud, dans un de ses articles de France Dimanche en 1952 : « Attribuer à l'un le film de l'autre, c'est plus qu'une confusion, c'est presque une hérésie tant ils ont marqué leurs oeuvres respectives, bonnes ou mauvaises, d'une empreinte différente. L'un, Marc, exprime depuis trente ans, avec grâce, sa nostalgie du paradis perdu de la jeunesse. L'autre, Yves, exprime depuis dix ans avec violence, sa révolte contre la société... »
Yves Allégret est mobilisé pendant la guerre et c’est seulement en 1941 qu’il réalise son premier long métrage mais le négatif brûle dans un incendie.
En 1944, il épouse Simone Signoret, dont il se séparera en 1949, et c’est elle qui aura le premier rôle féminin dans deux (le premier et le dernier) des trois films successifs qui lanceront réellement la carrière d’Allégret : Dédée d’Anvers (1947), Une si jolie petite plage (1948) et Manèges (1950).
Ces trois films ont les points communs d’être des films noirs, dont la réalisation est très claire, et d’avoir des scénarios écrits par Jacques Sigurd. Sigurd, qui travaillera aussi pour Marcel Carné, écrira cinq films pour Yves Allégret et leurs noms sont souvent liés.
Un lien vers une filmographie assez complète :
Filmo Yves Allégret
Parmi les films qui suivent, j’aime Les miracles n’ont lieu qu’une fois et Nez de Cuir, deux beaux films avec Jean Marais, et j’ai un vague bon souvenir des Orgueilleux.
C’est un réalisateur classique, sa mise en scène est simple mais très soignée sans être maniérée. Le jeu des acteurs est important, les scénarios sont un point capital de la réussite des films (d’ailleurs il en a écrit certains).
Quelques points qui lui sont particuliers, d’après moi :
- ses films noirs baignent aussi dans une atmosphère très poétique avec des noirs et blancs bien travaillés, des brouillards fréquents dans les scènes de nature. On a souvent dit, notamment après le succès de ses trois premiers films, qu’il avait repris le flambeau du réalisme poétique de Carné / Prévert
- Yves Allégret n’est pas seulement un cinéaste de studio. Ses extérieurs sont beaux, il aime la nature, les chasses, les animaux et particulièrement les chevaux.
- Ses acteurs jouent, s’expriment beaucoup mais, dans mon souvenir, ne cabotinent jamais.
- Il a réalisé le premier film français en cinémascope, Oasis (1956).
Il est mort en 1987.
Loin d’être passé directement à la réalisation, il a longtemps fréquenté le monde du cinéma par ses divers métiers (assistant réalisateur, costumier, directeur de production, scénariste, réalisateur de court-métrages…). Son frère aîné, Marc Allégret, le devancera et réalisera des films dès 1925.
A propos du travail de Marc et d’Yves Allégret, cette appréciation de Françoise Giroud, dans un de ses articles de France Dimanche en 1952 : « Attribuer à l'un le film de l'autre, c'est plus qu'une confusion, c'est presque une hérésie tant ils ont marqué leurs oeuvres respectives, bonnes ou mauvaises, d'une empreinte différente. L'un, Marc, exprime depuis trente ans, avec grâce, sa nostalgie du paradis perdu de la jeunesse. L'autre, Yves, exprime depuis dix ans avec violence, sa révolte contre la société... »
Yves Allégret est mobilisé pendant la guerre et c’est seulement en 1941 qu’il réalise son premier long métrage mais le négatif brûle dans un incendie.
En 1944, il épouse Simone Signoret, dont il se séparera en 1949, et c’est elle qui aura le premier rôle féminin dans deux (le premier et le dernier) des trois films successifs qui lanceront réellement la carrière d’Allégret : Dédée d’Anvers (1947), Une si jolie petite plage (1948) et Manèges (1950).
Ces trois films ont les points communs d’être des films noirs, dont la réalisation est très claire, et d’avoir des scénarios écrits par Jacques Sigurd. Sigurd, qui travaillera aussi pour Marcel Carné, écrira cinq films pour Yves Allégret et leurs noms sont souvent liés.
Un lien vers une filmographie assez complète :
Filmo Yves Allégret
Parmi les films qui suivent, j’aime Les miracles n’ont lieu qu’une fois et Nez de Cuir, deux beaux films avec Jean Marais, et j’ai un vague bon souvenir des Orgueilleux.
C’est un réalisateur classique, sa mise en scène est simple mais très soignée sans être maniérée. Le jeu des acteurs est important, les scénarios sont un point capital de la réussite des films (d’ailleurs il en a écrit certains).
Quelques points qui lui sont particuliers, d’après moi :
- ses films noirs baignent aussi dans une atmosphère très poétique avec des noirs et blancs bien travaillés, des brouillards fréquents dans les scènes de nature. On a souvent dit, notamment après le succès de ses trois premiers films, qu’il avait repris le flambeau du réalisme poétique de Carné / Prévert
- Yves Allégret n’est pas seulement un cinéaste de studio. Ses extérieurs sont beaux, il aime la nature, les chasses, les animaux et particulièrement les chevaux.
- Ses acteurs jouent, s’expriment beaucoup mais, dans mon souvenir, ne cabotinent jamais.
- Il a réalisé le premier film français en cinémascope, Oasis (1956).
Il est mort en 1987.
Dernière modification par Phnom&Penh le 1 oct. 08, 14:11, modifié 1 fois.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

-
- Ray Charles
- Messages : 15351
- Inscription : 18 août 05, 13:29
- Localisation : Cormainville
Re: Yves Allégret
ah en 87, j'ai cru qu'il était mort aujourd'hui en voyant le topic 

- Phnom&Penh
- Assistant opérateur
- Messages : 2077
- Inscription : 28 févr. 08, 12:17
- Localisation : Tengo un palacio en Granada
Re: Yves Allégret
Nez de Cuir, d’Yves Allegret (1951)
Ce film fait partie de la collection Pathé Classiques, il a été très bien restauré et remasterisé.
Tourné pour moitié en studio et pour moitié en Normandie, ce film est une adaptation relativement fidèle du roman Nez de Cuir de Jean de La Varende.
Jean de La Varende est un écrivain de la première moitié du XXe siècle, hobereau de province, monarchiste et catholique dont les livres sont des biographies historiques (un très bon Guillaume le Conquérant) ou des romans qui se situent dans son milieu social et sont assez régionalistes. La Normandie y tient une grande place.
Un peu oublié, il est cependant un excellent écrivain et Nez de Cuir est probablement son chef d’œuvre. Jacques Sigurd a tiré un solide scénario du livre, même s’il a rendu le héros un peu plus sympathique que dans le roman.
Du sujet du film, je ne livrerai que le début. Il y a des rebondissements, du suspens et il serait dommage de dévoiler l’intrigue, même à ceux que les spoilers ne gênent pas.
Roger de Tainchebraye (Jean Marais), jeune aristocrate de 26 ans, est ramassé sur le champ de bataille, gravement blessé par les cavaliers cosaques, lors des derniers combats de la campagne de France de Napoléon en 1814.
Ses proches le ramènent en Normandie auprès d’un jeune médecin, le Docteur Marchal (Massimo Girotti). Ce dernier sympathisera avec son malade et parviendra, au bout de deux mois, à le remettre sur pied. Mais Tainchebraye est défiguré, son nez a été coupé d’un coup de sabre. Il est moralement dévasté.
Tainchebraye, en effet, est un grand séducteur comme en atteste l’inquiétude des femmes de l’aristocratie locale qui prennent de ses nouvelles par courrier, et celle des femmes du peuple, rassemblées devant les fenêtres de l’hôtel où il est soigné.
Le Docteur Marchal le sauve en lui offrant de petits masques de cuir qu’il a confectionné. Avec la fougue et la prestance d’un jeune cavalier de hussard, Roger de Tainchebraye réussit sa sortie, et enthousiasme la foule qui retrouve « Not’ maître » aussi séduisant qu’auparavant.
Ensuite, avec cette fois la distinction et l’à-propos d’un danseur émérite, notre héros reprend sa place dans le monde où il sait briller par sa seule présence.
L’histoire s’arrête là et reprend dix ans après ; dix ans durant lesquels Roger de Tainchebraye a accumulé les succès amoureux avec un appétit qui ressemble maintenant moins à celui d’un jeune homme qu’à celui d’un futur vieux dépravé.
Je n’en dirai pas plus mais la jeune et pure Judith de Rieusses (Françoise Christophe) et le sympathique Marquis de Brive (Jean Debucourt), dépravé en fin de carrière, lui, auront une place importante dans l’histoire.
Histoire qui est déjà le principal atout de ce film. J’ai insisté sur le côté « Not’ bon maître » qui le rend un peu daté, mais l’intrigue est belle, sérieuse et prête à la réflexion. On y parle de marque, de corruption, de pitié, d’orgueil. Les sentiments sont élevés mais absolument pas ridicules.
La réalisation est impeccable. La première scène sur le champ de bataille est médiocre, mais dès l’arrivée en Normandie, tout change. Il y a un beau jeu sur les premiers/seconds et arrières plans. J’ai trouvé les décors et les costumes excellents (Décor Georges Whakevitch, si ça dit quelque chose à quelqu’un). Les scènes de chasse à cour sont vraiment très bien rendues. Belle musique de Gorges Auric.
Excellents acteurs : Massimo Girotti (un des héros des Amants Diaboliques de Visconti) à la carrière prolifique, un très bon Jean Debucourt…Un petit bémol pour Françoise Christophe, pas très émouvante, mais le rôle lui convient. Les dames plus âgées sont d'ailleurs meilleures actrices.
Et puis, il y a Jean Marais, qui trouve là, à mon avis, un de ses meilleurs rôles. Il peut jouer sur les registres drôles et séduisants comme sur le drame et le sentimental. Un rôle masqué, comme dans La Belle et la Bête, qui lui permet de faire encore mieux ressortir sa prestance, sa présence et sa voix. On considère ce film comme son premier film de cape et d’épée, même si le seul duel du film a lieu hors-champ après que le héros ait giflé un malotru :
- Vous m’en rendrez raison ! (le malotru)
- J’y compte bien, et sur l’instant d’ailleurs (rire) (Jean Marais)
Rien de très original, quelques poncifs du genre (le héros doit achever son cheval qu’il a tué sous lui d’épuisement) mais c’est beau et on s’y sent bien.
Au final, une petite merveille.
Ce film fait partie de la collection Pathé Classiques, il a été très bien restauré et remasterisé.
Tourné pour moitié en studio et pour moitié en Normandie, ce film est une adaptation relativement fidèle du roman Nez de Cuir de Jean de La Varende.

Un peu oublié, il est cependant un excellent écrivain et Nez de Cuir est probablement son chef d’œuvre. Jacques Sigurd a tiré un solide scénario du livre, même s’il a rendu le héros un peu plus sympathique que dans le roman.
Du sujet du film, je ne livrerai que le début. Il y a des rebondissements, du suspens et il serait dommage de dévoiler l’intrigue, même à ceux que les spoilers ne gênent pas.
Roger de Tainchebraye (Jean Marais), jeune aristocrate de 26 ans, est ramassé sur le champ de bataille, gravement blessé par les cavaliers cosaques, lors des derniers combats de la campagne de France de Napoléon en 1814.







Je n’en dirai pas plus mais la jeune et pure Judith de Rieusses (Françoise Christophe) et le sympathique Marquis de Brive (Jean Debucourt), dépravé en fin de carrière, lui, auront une place importante dans l’histoire.


La réalisation est impeccable. La première scène sur le champ de bataille est médiocre, mais dès l’arrivée en Normandie, tout change. Il y a un beau jeu sur les premiers/seconds et arrières plans. J’ai trouvé les décors et les costumes excellents (Décor Georges Whakevitch, si ça dit quelque chose à quelqu’un). Les scènes de chasse à cour sont vraiment très bien rendues. Belle musique de Gorges Auric.
Excellents acteurs : Massimo Girotti (un des héros des Amants Diaboliques de Visconti) à la carrière prolifique, un très bon Jean Debucourt…Un petit bémol pour Françoise Christophe, pas très émouvante, mais le rôle lui convient. Les dames plus âgées sont d'ailleurs meilleures actrices.

- Vous m’en rendrez raison ! (le malotru)
- J’y compte bien, et sur l’instant d’ailleurs (rire) (Jean Marais)
Rien de très original, quelques poncifs du genre (le héros doit achever son cheval qu’il a tué sous lui d’épuisement) mais c’est beau et on s’y sent bien.
Au final, une petite merveille.
Dernière modification par Phnom&Penh le 1 oct. 08, 14:13, modifié 1 fois.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

- Phnom&Penh
- Assistant opérateur
- Messages : 2077
- Inscription : 28 févr. 08, 12:17
- Localisation : Tengo un palacio en Granada
Re: Yves Allégret
Non, non, la suite arrivait mais il fallait le temps de la montermurphy a écrit :ah en 87, j'ai cru qu'il était mort aujourd'hui en voyant le topic

J'ai vérifié, il n'y avait pas de topic sur lui.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 18203
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: Yves Allégret
Yves Allégret fut un bon cinéaste, très représentatif du "réalisme noir" des années 40.
J'adore vraiment Dédée d'Anvers, oeuvre incroyable, d'une violence sèche et nerveuse, le tout servi par des comédiens impeccables, des dialogues brillants et une mise en scène totalement maîtrisée.
J'adore vraiment Dédée d'Anvers, oeuvre incroyable, d'une violence sèche et nerveuse, le tout servi par des comédiens impeccables, des dialogues brillants et une mise en scène totalement maîtrisée.

Mother, I miss you

-
- J'suis un rebelle, moi !
- Messages : 1602
- Inscription : 18 janv. 07, 11:12
Re: Yves Allégret
je ne connais que trois films de sa collaboration avec Jacques Sigurd qui cumulent certaines tares de la "qualité française". la complaisance dans la représentation de la bassesse et de la veulerie notamment.
celui que je préfère est Une si jolie petite plage, plus mélancolique que misanthrope, incarné par Gérard Phillippe des grands jours.
celui que je préfère est Une si jolie petite plage, plus mélancolique que misanthrope, incarné par Gérard Phillippe des grands jours.
-
- Assistant opérateur
- Messages : 2394
- Inscription : 10 mai 03, 10:20
Re: Yves Allégret
Jean Marais- Françoise Christophe, pas très follichon tout ça mais l'avis de Phnom&Penh donne quand même envie de découvrir ce Nez de Cuir.
D'Yves Allégret, j'adore sa "Trilogie Réaliste" (Dédée, Plage, Manèges) avec une préférence coupable pour Manèges grâce ou à cause de la noirceur absolue de ce couple mère-fille, de l'écriture du personnage et du jeu outrancier de Jane Marken (quelle actrice géniale !) en mère-harpie d'après-guerre dont je ne connais pas de personnage équivalent dans le cinéma. Ses rires en cascade et ses érucations vexatoires envers Bernard Blier sont toujours une source de stupeur quand je revois le film, ce qui arrive assez régulièrement (DVD Canal +). Le travail sur la bande son dans Manèges est très étonnant, notamment dans la scène de l'après-soirée chez Blier, quand Marken (ivre morte) et Signoret s'en vont dans la nuit et que leurs rires moqueurs se transforment en cris d'oiseaux. Un de mes films français préférés, c'est sûr.
D'Yves Allégret, j'adore sa "Trilogie Réaliste" (Dédée, Plage, Manèges) avec une préférence coupable pour Manèges grâce ou à cause de la noirceur absolue de ce couple mère-fille, de l'écriture du personnage et du jeu outrancier de Jane Marken (quelle actrice géniale !) en mère-harpie d'après-guerre dont je ne connais pas de personnage équivalent dans le cinéma. Ses rires en cascade et ses érucations vexatoires envers Bernard Blier sont toujours une source de stupeur quand je revois le film, ce qui arrive assez régulièrement (DVD Canal +). Le travail sur la bande son dans Manèges est très étonnant, notamment dans la scène de l'après-soirée chez Blier, quand Marken (ivre morte) et Signoret s'en vont dans la nuit et que leurs rires moqueurs se transforment en cris d'oiseaux. Un de mes films français préférés, c'est sûr.
... and Barbara Stanwyck feels the same way !
Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
- Phnom&Penh
- Assistant opérateur
- Messages : 2077
- Inscription : 28 févr. 08, 12:17
- Localisation : Tengo un palacio en Granada
Re: Yves Allégret
Une chose que j’ai trouvée intéressante dans ce Nez de Cuir, c’est qu’il est clairement sur une autre ligne que les films plus connus d’Yves Allégret. Le scénario est tiré de La Varende et cela se voit. Le scénariste a respecté l’esprit du livre.Tancrède a écrit :je ne connais que trois films de sa collaboration avec Jacques Sigurd qui cumulent certaines tares de la "qualité française". la complaisance dans la représentation de la bassesse et de la veulerie notamment.
J’ai alourdi un peu le trait mais c’est vrai que c’est amusant de voir un réalisateur critiqué pour les points que tu indiques (trop noir, trop grinçant, désespéré, pour faire plus consensuel…), un peu comme Autant-Lara, faire un film qui est ce que d’autres auraient critiqué comme conservateur, bien-pensant…
Personnellement, j’aime beaucoup La Varende mais un film comme Manèges m’enchante tout autant par sa dureté, son ironie féroce…Du coup, pour moi, le lien entre ces deux types de films, c’est justement la solidité du scénario, la fidélité du réalisateur au scénario en question, le jeu des acteurs, la qualité du placement et des déplacements des personnages dans un cadre, les éclairages, bref les qualités du cinéma français « classique » de l’époque. On pourrait penser qu’Allégret n’aurait pas d’intérêt pour un tel sujet, mais au contraire, le film est vraiment très bien travaillé. Je crois que c'est parce qu'il voulait travailler avec Jean Marais qu'il a du faire ce film. En tout cas, choix volontaire ou non, il a très bien respecté et mis en valeur le sujet.
La Belle et la Bête (1946) avait été un très grand succès pour Jean Marais et j’ai l’impression qu’avec ce personnage masqué, le réalisateur a été inspiré par ce succès précédent. Il y a vraiment du mystère sous ce masque, des scènes de nuit avec une atmosphère un peu onirique. La musique d’Auric, aussi.Tom Peeping a écrit :Jean Marais- Françoise Christophe, pas très follichon tout ça
Françoise Christophe est froide, guindée et un peu nunuche…mais ce n’est pas vraiment gênant pour ce rôle. En fait, les dames plus agées du film sont beaucoup plus amusantes: la bonne, la mère de Roger. Elle, c'est un peu l'oie blanche, mais son rôle s'enrichit à la fin.
Pas vu depuis très longtemps, mais j'avais bien aimé.Watkinssien a écrit :J'adore vraiment Dédée d'Anvers, oeuvre incroyable, d'une violence sèche et nerveuse, le tout servi par des comédiens impeccables, des dialogues brillants et une mise en scène totalement maîtrisée
- Spoiler (cliquez pour afficher)
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 18203
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: Yves Allégret
Lequel ? Nez de Cuir ? Car si c'est ce dernier, je l'ai bien vu !Phnom&Penh a écrit :
- Spoiler (cliquez pour afficher)


Mother, I miss you

- Phnom&Penh
- Assistant opérateur
- Messages : 2077
- Inscription : 28 févr. 08, 12:17
- Localisation : Tengo un palacio en Granada
Re: Yves Allégret
Ah, encore raté!!Watkinssien a écrit :Lequel ? Nez de Cuir ? Car si c'est ce dernier, je l'ai bien vu !

Comme il a fait deux films successifs avec Jean Marais, j'ai prévu d'essayer de trouver Les miracles n'ont lieu qu'une fois, que je n'ai jamais vu. Tu le connais celui-là, il est bien?
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 18203
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: Yves Allégret
Oui (Phnom&Penh a écrit :Ah, encore raté!!Watkinssien a écrit :Lequel ? Nez de Cuir ? Car si c'est ce dernier, je l'ai bien vu !
Comme il a fait deux films successifs avec Jean Marais, j'ai prévu d'essayer de trouver Les miracles n'ont lieu qu'une fois, que je n'ai jamais vu. Tu le connais celui-là, il est bien?


Mother, I miss you

- Phnom&Penh
- Assistant opérateur
- Messages : 2077
- Inscription : 28 févr. 08, 12:17
- Localisation : Tengo un palacio en Granada
Re: Yves Allégret
Aïe. C'est ce que je craignais un peu, étant donné le sujet, peut-être trop sentimental pour le réalisateur en question. Merci de m'avoir prévenu.Watkinssien a écrit :Oui ( ), et le résultat est très décevant ! Il y avait pourtant matière : une distribution de rêve (Alida Valli, Jean Marais) le scénario et les dialogues signés Jacques Sigurd, Alexandre Trauner pour les décors. Mais Yves Allégret peine pour maintenir un rythme et échoue la plupart du temps sur le côté "amour fusionnel" entre les deux personnages principaux.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

- Kevin95
- Footix Ier
- Messages : 18424
- Inscription : 24 oct. 04, 16:51
- Localisation : Devine !
Re: Yves Allégret

LES MIRACLES N'ONT LIEU QU'UNE FOIS (Yves Allégret, 1951) Découverte
Mélo d'un autre temps, honnête mais tartignolle sur les bords. Intéressant à défaut d'être passionnant, le film d'Allégret est le symptôme de la gueule de bois d'après guerre typique du cinéma (de la société ?) française de l'époque. La première partie autour de l'amourette entre Jean Marais et Alida Valli est une épreuve, il faut supporter le ton gnangnan, l’absence significative de légèreté et le jeu "sur la corde" des comédiens entre une Valli et sa boule à la gorge même pour demander un café et Jean Marais qui pète le compteur du cabotinage maraisien (et utilise un nombre de fois record le terme "fantastique"). Fort heureusement la deuxième partie offre des sentiments plus sombres et reprend du poil de la bête. Le réalisateur (s')offre des plans compliqués et l'utilisation du son est de temps en temps inventive (comme la guerre annoncée via un communiqué de radio sur l'image des amoureux en plein bonheur). Mais l'Histoire de cinéma n'a pas de scrupule et la mémoire cinéphile est sans limite, aussi l'ombre de certains films néo-réalistes (et plus précisément celui de Roberto Rossellini) viennent s’immiscer dans la danse. Inutile alors de préciser que le film d'Allégret se trouve écrasé par Roma città aperta lorsqu'il s’agit de la peinture de l'Italie de l'après-guerre et par Viaggio in Italia lorsque le couple se brise dans cette même Italie. A noter une happy end sordide, dont on ne sait si elle est souhaitée ou non par les auteurs. Les curieux peuvent s’arrêter le temps d'une heure trente, les autres ont déjà oublié le titre du film. 6,5/10
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
-
- Décorateur
- Messages : 3716
- Inscription : 29 sept. 04, 22:18
- Localisation : West of Zanzibar
Re: Yves Allégret
Une si jolie petite plage
Dieu que la cote est sinistre de nuit sous la pluie... Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir...
Allegret signe un curieux film. D'un coté un mélodrame, comme sorti du cinéma "qualité française " de la fin des années 30. De l'autre un film noir qui pour le déroulement, l'ambiance, la photo superbe, les cadrages, ... n'a rien à envier aux chefs d'oeuvre d'outre atlantique.
Gerard Philippe en fait trop mais Madeleine Robinson est vraiment remarquable de justesse. Ainsi que le reste de la distribution., Servais en tete.
Le film surprends par son parti pris de noirceur, tout est sinistre sous cette pluie discontinue qui noie decors et personnages. Les vues extérieures, superbement photographiées sont d'un réalisme saisissant, pour qui a passé qcq heure dans village paumé de bord de mer en hivers.
Quand à l'intrigue, c'est elle qui fait mélodrame, avec désespoir des femmes mûres condamnées à la solitude, s'offrant des jeunes ados tout aussi désespérés.
Dire qu'ils y en a qui font des procès en sinistrose à Duvivier. C'etait un bout en train à coté.
Belle decouverte, film franchement atypique et parfaitement reussi.
Tres chaudement conseillé.
Je fonce voir Dédé d'Anvers et Manèges que je ne connais pas.
Dieu que la cote est sinistre de nuit sous la pluie... Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir...
Allegret signe un curieux film. D'un coté un mélodrame, comme sorti du cinéma "qualité française " de la fin des années 30. De l'autre un film noir qui pour le déroulement, l'ambiance, la photo superbe, les cadrages, ... n'a rien à envier aux chefs d'oeuvre d'outre atlantique.
Gerard Philippe en fait trop mais Madeleine Robinson est vraiment remarquable de justesse. Ainsi que le reste de la distribution., Servais en tete.
Le film surprends par son parti pris de noirceur, tout est sinistre sous cette pluie discontinue qui noie decors et personnages. Les vues extérieures, superbement photographiées sont d'un réalisme saisissant, pour qui a passé qcq heure dans village paumé de bord de mer en hivers.
Quand à l'intrigue, c'est elle qui fait mélodrame, avec désespoir des femmes mûres condamnées à la solitude, s'offrant des jeunes ados tout aussi désespérés.
Dire qu'ils y en a qui font des procès en sinistrose à Duvivier. C'etait un bout en train à coté.
Belle decouverte, film franchement atypique et parfaitement reussi.
Tres chaudement conseillé.
Je fonce voir Dédé d'Anvers et Manèges que je ne connais pas.