Immense chef-d'oeuvre ! De toute évidence un des plus grands films de Kurosawa. Un film qui lui à causer bien des peines, qui l'a complètement vidé :
"Ma santé n'est pas très bonne, et je passe mon temps à corriger, en pensée, Barberousse. Les médecins m'ont préscrit le repos, il me conseillent de ne rien faire jusqu'à l'hiver. Je me promène, je ne fais rien. Je veux tout oublier du cinéma."
Bien que le personnage de Barberousse ne ressemble pas à ce que voulait Kurosawa, il n'en reste pas moins un personnage magnifique (et Mifune est incroyable, quand même). Ca fait drôle de voir des extraits de tournage de ce film, car on peut y voir Kurosawa et Mifune l'un à coté de l'autre, le sourire aux lèvres. Leur séparation est quelque chose de bien triste, et ses images de tournage renforce ce sentiment. Les 2 hommes ne se sont jamais adressé la parole par la suite. Si Kurosawa ne manqua pas de dénigrer certains travaux de Mifune, comme la série Shogun notemment, et malgré qu'il ne parle que peu de Mifune dans son autobiographie, il semble avoir gardé la même admiration pour son acteur fétiche. Malheureusement Mifune, qui est souvent décrit comme quelqu'un de particulièrment gentil, généreux et attentif ne manqua pas de descendre Kurosawa, le décrivant comme quelqu'un d'égoiste...
"Les chefs-d'oeuvre ne se programment pas", c'est ce que dit Aldo Tassone, mais malgré tout,
Barberousse en est un, un indéniable chef-d'oeuvre qui fait souvent l'hunanimité, et semble être considéré par beaucoup de monde comme un des tous meilleurs films de Kurosawa. Pour ma part, je ne saurais absolument pas dire où je le classe par rapport à d'autres oeuvres, comme L'ange ivre, Dersou Ouzala, L'idiot, Rashômon, Le château de l'araignée ou bien sûr Les sept samouraïs... Dur dur !
Il y a tellement de moment qui me tuent dans ce film :
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- *Sahachi qui lève les bras au ciel, croyant voir sa bien aimée avant de mourir. (appuyé par la musique sublimissime de Masaru Satô)
*Otoyo qui après avoir soigné Yasumoto, près de la fenêtre se retourne vars le médecin, et lui fait un magnifique sourire en mettant ses mains devant sa bouche. (toujours avec la musique de Satô)
*La scène du puit
*Chobo "le petit rat" qui dit à Otoyo qu'il part dans un pays magnifique, et lui dit qu'elle aussi est magnifique avant de s'enfuir.
*La méchante femme du bordel qui veut récupéré Otoyo, mais qui se fait insulter et savater (un moment très drôle, mais qui m'émeut beaucoup quand on voit l'amour et l'affection que tout le monde porte à la fillette)
*Barberousse qui donne la cuillère de médicament à Otoyo...
Bref, il y en a tellement...
Barberousse est un film incroyable, magnifique, drôle, très touchant, sensible, émouvant, d'une beauté visuelle époustoufflante, et pourvu d'une partition qui ne l'est pas moins (Masaru Satô quoi), bref, un chef-d'oeuvre absolu (

) qu'il faut absolument voir. Et j'aurais tendance à conseiller ce film en premier, à qui veut découvrir le cinéaste.
Le bouclage de Barberousse est en effet la fin d'une époque. Après ça, plus de Mifune, début de la couleur, de gros échecs (enfin pas toujours), des tournages très espacés, et toujours plus de peine pour le cinéaste.