John Payne (Rockwell 'Rock' Grayson), Jan Sterling (Rose Slater), Coleen Gray (Jane Colfax), Lyle Bettger (Roger Hale), Willard Parker (le capitaine Kirby), Roy Gordon (le docteur Colfax), Charles Evans ( Le général Hildebrandt) et John Dierkes (le général Morris)
Peu après la fin de la guerre de sécession, Rockwell Grayson, d'une grande famille du sud, revient chez lui à Galeston après des années d'absence à cause de la guerre puis de sa captivité dans une prison de l'Union. Il retrouve sa ville soumise à l'autorité de Roger Hale, un habitant de Galeston nommé administrateur civil par les vainqueurs et considéré comme un traitre par la plus grande partie de la population d'autant plus qu'il fait régner l'ordre par la terreur et qu'il est réputé détourner à son profit les impôts collectés. Grayson est accueilli à bras ouvert par les habitants sauf que contrairement à ce que la population attend, l'ancien notable puis ancien héros de la guerre déclare le plus vouloir combattre et que le sud doit accepter la défaite et aller de l'avant. Grayson va plus loin, il entre au service de Hale et devient le collecteur d'impôts du secteur, provoquant l'écoeurement chez les notables de la ville, y compris dans la famille de sa fiancée Jane qu'il a retrouvé après des années de séparation. Celle ci désapprouve l'attitude de Grayson tout en le défendant, l'aimant trop pour se résoudre à perdre totalement confiance en l'homme dont elle est éprise depuis l'adolescence. Cependant, Jane s'aperçoit que Grayson se rapproche de Rose Slater, la petite amie de Roger Hale…
Voilà un western presque exclusivement urbain et presque sans action en dehors des 20 dernières minutes au cours desquelles on a bien quelques cavalcades et quelques coups de feu mais même dans ce long épilogue, l'aspect le plus intéressant ce ne sont pas les séquences d'action même si au moins une séquence pourra amuser. Les évènements se précipitent à partir du moment où l'inspecteur général des armées, le général Hildebrandt arrive sans s'être fait annoncé à Galeston pour contrôler les agissements de Hale, obligeant ce dernier à passer à l'action afin de se débarrasser des gêneurs : celui qui veut mettre le nez dans les comptes et celui qui le renseignait, et si possible en faisant coup double. À partir de là, entre le complot fomenté par les uns ; les trahisons des autres ou le retour dans le jeu de Jane (interprétée par une Coleen Gray qui est sous-utilisée jusque là par rapport aux autres têtes d'affiche), les évènements qui se succèdent entrainent une suite ininterrompue de retournements de situation assez plaisants. C'est qu'en dehors du personnage lisse et sans ambiguité de Jane ; de celui de Hale, l'arriviste sans scrupules ; les deux autres principaux personnages naviguent non pas dans un entre deux mais cultivent l'ambiguité et ce sont ces 4 personnages : cet arriviste ; ce faux traitre et leurs compagnes respectives qui présentent un peu d'intérêt dans ce western.
Un peu du contexte (qui est cependant secondaire tant il ne faut rien prendre au sérieux dans cette petite entreprise). Ce film est l'un des nombreux westerns qui aura montré la période de l'après guerre de sécession dans le Sud ; et du point de vue du sud. Attention…on est dans un show qui était aussi un business et on ne veut se fâcher avec personne. On ne fait l'inventaire de rien… On nous montre simplement des gens se réunir dans les tavernes et exprimer leur rancœur ou leur sentiment d'humiliation suite à la défaite et en raison de l'occupation de la région par des troupes nordistes. Mais si on parle un peu de revanche et si quelques uns appellent à la résistance, c'est vite expédié pour présenter l'atmosphère qui règne en ville mais d'une part, on ne verra jamais aucune action engagée par de super résistants sudistes avec ou sans cagoules et dans l'autre camp, on ne voit absolument pas d'exactions commises par les vainqueurs…ou alors indirectement. Car ce n'est pas à un grand rouquin de Boston que les habitants de Galeston doivent leur malheur mais à un brave gars du pays puisque leur tyran, l'administrateur nommé par les autorités nordistes, c'est un natif de la ville, Roger Hale.
Le portrait de cette crapule en habit est assez réjouissant, surtout que son interprète est l'excellent Lyle Bettger, l'un des mieux sapés des méchants de western. Il est excellent en arriviste sans scrupules, parti de rien et qui veut se goinfrer maintenant qu'il a pris une bonne place. Le personnage est posé dès la première séquence à Galeston. Hale, qui fait régner l'ordre par la terreur, ordonnant la pendaison des habitants de la ville et de sa périphérie qui refusent de se soumettre, assiste à une pendaison avec sa compagne Rosie Slater (Jan Sterling) qui commente de manière ironique le nouveau pouvoir de Hale en répondant à sa place à une question posée à son compagnon : "Lorsque vous avez grandi parmi ces citoyens, j'imagine qu'il est pénible pour vous de leur infliger ce traitement ?". Elle répond, sourire ironique aux lèvres : " Non, au contraire, il est heureux d'avoir plein pouvoir sur des gens qui autrefois ne lui auraient pas adressé la parole". Elle sait de quoi elle parle puisqu'elle même vient du même milieu modeste. La fille d'une lingère est elle aussi une arriviste cupide. L'ancienne pauvre jubile de son nouveau pouvoir, fière de recevoir Rockwell Grayson dans la vaste et luxueuse demeure qu'elle et son compagnon se sont appropriés et qui fut la demeure familiale des Grayson. Jan Sterling est formidable dans ce rôle où elle fait étalage d'une réjouissante arrogance de nouveau riche, ne dissimulant rien de son sentiment de revanche, elle qui a grandi en regardant de loin les riches familles aristocratiques du sud (et puis, je dis ça en passant mais dans le couple, c'est elle qui porte la culotte car il s'avère qu'elle est en réalité bien pire que ce pauvre Roger Hale qui n'est que son instrument).
L'ancienne cousette a quelques excuses car sa nouvelle arrogance n'est pas pire que celle des vieilles familles du sud dont on a un aperçu à travers la famille de Jane car le docteur Colfax (Roy Gordon) et son entourage sont assez ridicules (et je ne suis pas si sûr que c'était volontaire). Jane est en permanence en désaccord avec sa famille qui a rejeté Grayson depuis qu'il semble travailler pour le camp ennemi. Elle même, malgré des doutes ne va pas totalement perdre confiance en son fiancé…Coleen Gray est comme je l'ai dit plus haut sous utilisée dans un rôle assez insipide d'amoureuse qui passe malgré tout par des moments de doute et de colère vis à vis de Rock Grayson mais on la voit trop peu à part dans un final dans lequel elle fait son retour "dans la bagarre" (une séquence où la "gentille" Jane perd son sang froid et terrorise la "méchante" Rose est assez amusante…). Enfin je termine avec John Payne. Je le trouve en dessous de ses 3 principaux partenaires. Il n'en est qu'en partie responsable. La séquence d'ouverture où on nous montre Grayson, tout juste libéré de prison, face à un général nordiste devant lequel il rend compte des exactions commises par Hale, fait que d'emblée -même si ce n'est pas absolument formulé- on est prévenu que Grayson fait un travail d'infiltration et donc son personnage perd d'emblée ce qu'il aurait pu avoir d'ambiguité et ne peux pas être un de ces héros antipathiques que l'on s'est parfois plu à aimer. John Payne a tout de même quelques bonnes scènes avec les filles. Les scènes de romance avec Coleen Gray (le retour sur un lieu important de leur enfance) et celles avec Jan Sterling, romance également mais plus ou moins feinte et calculée ou l'un et l'autre cherchent à se rouler dans la farine…faute de mieux. DVD gravé (VF)
Coleen :
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