Re: Faux semblants (David Cronenberg - 1988)
Publié : 2 févr. 12, 16:28
Revu également, avis ici: http://www.sueursfroides.fr/critique/fa ... lants-2333
https://www.dvdclassik.com/forum/
Je viens de le voir et j'en ai le même avis. Dès que l'un des deux tombe dans la drogue, ça me semble trop alors que l'histoire au départ se suffisait bien à elle-même.Colqhoun a écrit :Découvert tout à l'heure.
Alors autant le dire de suite, non ce n'est pas le choc attendu. Oui c'est un bon film, oui Jeremy Irons m'a troué le cul avec son jeu complètement malade, mais non je ne suis pas sorti du film en état de transe. A dire vrai j'ai surtout été ennuyé par toute cette histoire de drogues. J'ai l'impression que ça parasitait le film en le détournant de ce qu'il avait introduit au début. Alors que les relations entre Bev et Elly étaient intéressantes, tortueuses voir même un petit peu dérangeantes, on vire soudainement dans quelque chose qui m'a semblé peu utile au développement des personnages. Mais après un passage qui m'a semblé plutôt creux (qui suit en fait le départ de Claire et qui part un peu trop dans cette histoire de stupéfiants justement) on retrouve progressivement tout le malaise de cette relation fraternelle qui s'écroule progressivement. Les deux frères ne gèrent plus rien, s'éloignent, se rapprochent, se quitte à nouveau et pour finir se retrouvent et s'unissent dans une ultime déchéance, provoquant leur indéniable chute. Et alors que la séparation est censée être faite, le plan final ne fait que confirmer l'exact contraire.
Très beau, artistiquement très impressionant, mais j'avoue être resté sur ma faim.
Rockatansky a écrit :Comme beaucoup je trouve que ce film marque une vraie date dans la carrière de Cronenberg, pour moi c'est celle du début de la fin, alors qu'avant j'adorais quasi tous ses films, aprés celui ci qui était le premier ou je m'étais profondément ennuyé au cinéma je n'ai jamais retrouvé ce que j'appréciais auparavant dans ses films.
Pour beaucoup, la cassure a plutôt eu lieu après, au moment de Crash en fait (coucou Mad Movies). Ce moment où il serait devenu un "auteur" (oouhhh le vilain mot), comme s'il ne l'était pas déjà avant...Rockatansky a écrit :Comme beaucoup je trouve que ce film marque une vraie date dans la carrière de Cronenberg, pour moi c'est celle du début de la fin, alors qu'avant j'adorais quasi tous ses films, aprés celui ci qui était le premier ou je m'étais profondément ennuyé au cinéma je n'ai jamais retrouvé ce que j'appréciais auparavant dans ses films.
ça me rappelle ce qu'écrivait le réalisateur Pascal Laugier:Ratatouille a écrit :Pour beaucoup, la cassure a plutôt eu lieu après, au moment de Crash en fait (coucou Mad Movies). Ce moment où il serait devenu un "auteur" (oouhhh le vilain mot), comme s'il ne l'était pas déjà avant...
Le seul juste équilibre entre les deux faces de Cronenberg reste pour moi Le Festin Nu.mannhunter a écrit :ça me rappelle ce qu'écrivait le réalisateur Pascal Laugier:Ratatouille a écrit :Pour beaucoup, la cassure a plutôt eu lieu après, au moment de Crash en fait (coucou Mad Movies). Ce moment où il serait devenu un "auteur" (oouhhh le vilain mot), comme s'il ne l'était pas déjà avant...
""Cronenberg tient absolument à nous prouver à coups de films chiants, qu'il est devenu un auteur important, ce dont on était sûr quand lui en doutait encore un peu. Cronenberg me fout un peu la haine quand il commet HISTORY OF VIOLENCE alors que c'est quand même le mec qui a accouché de CHROMOSOME 3 et de VIDEODROME"
Je ne suis pas convaincu, pour avoir vécu l'évolution de sa carrière à partir de Scanners, Faux semblants est le premier film qui a marqué une vraie scission dans ceux qui avaient l'habitude d'aimer ses films, la suite ne fait que confirmer ça, le Festin nu, M.Butterfly, Crash, un vague retour aux sources avec Existenz puis la reprise de sa carrière "auteur". Un peu comme si avec The Fly il avait atteint un sommet combinant populaire et critique et voulu tracer un autre sillon.Ratatouille a écrit :Pour beaucoup, la cassure a plutôt eu lieu après, au moment de Crash en fait (coucou Mad Movies). Ce moment où il serait devenu un "auteur" (oouhhh le vilain mot), comme s'il ne l'était pas déjà avant...Rockatansky a écrit :Comme beaucoup je trouve que ce film marque une vraie date dans la carrière de Cronenberg, pour moi c'est celle du début de la fin, alors qu'avant j'adorais quasi tous ses films, aprés celui ci qui était le premier ou je m'étais profondément ennuyé au cinéma je n'ai jamais retrouvé ce que j'appréciais auparavant dans ses films.
Me concernant, pas de cassure mais uniquement un réalisateur en mutation, à l'image de ses thèmes de prédilection, dont l'évolution me passionne.
Rien à ajouter sur le sujet de la "rupture" auteuriste, sauf que depuis sont sortis A History of Violence, Les Promesses de l'ombre, A Dangerous Method, Cosmopolis et Maps to the Stars.The Eye Of Doom a écrit :Franchement, j'avoue ne pas comprendre où certains voit un tournant auteurisant et/ou cérébral de Cronenberg.
Il suffit de voir ses courts/moyens métrages : The Italian Machine (1976), Secret Weapons (1972), Stéréo (1969) ou Crime of the future(1970) pour se rappeler que Cronenberg a toujours été un intello pur et dur.
L'oeuvre de Cronenberg présente une redoutable cohérence thématique et formelle (The Italian Machine et Stéreo me semblent à ce titre particulièrement annonciateurs des oeuvres des années 90). En effet, ce qui semble avoir dérouté une partie des admirateurs de la période "Gore" est que sensiblement Cronenberg a délaissé le Gore comme vecteur de subversion pour le remplacer, avec une intelligence et une prémonition extraordinaire, par une forme de Douceur/Sensualité. (Tendance suivie d’ailleurs aussi par De Palma (Mission Impossible, Mission to mars, Snake Eyes) ou Wong Kar Wai dans un autre registre)
Amorcé dans Faux Semblant, le tournant est M. Butterfly, un de ses plus beaux films et un de ses plus personnels : deux hommes y créent une femme par la seule force de leur imaginaire.
Depuis le choc initial et initiatique de Vidéodrome (a-t-on vu un film aussi prémonitoire depuis ?), Cronenberg ne m'a personnellement jamais déçu et toujours passionné même avec des films, à mon goût, moins réussi comme Spider ou un brin racoleur comme La mouche.
Il a toujours fait le même cinéma sans compromis ou concessions en creusant les mêmes thèmes. J’attends avec la plus grande impatience A history of violence.
...
Un dernier mot sur le débat ci-dessus, cela me rappelle le cas de Georges Romero. Certains admirateurs de ses exces Gore n'apprecient peu des films, pourtant majeurs de sa filmographie, comme Martin ou Monkey Shine (pour ne pas parler de Saison of The Witch, fauché mais tres interessant, …)…