Faux semblants (David Cronenberg - 1988)
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Faux semblants (David Cronenberg - 1988)
Bonjour les spoilers
David Cronenberg est un être malade, obsessionel, depuis le début de sa carrière il ne cesse de gratter là où ça fait mal voir de jeter du gros sel sur des plaies encores béhantes. Le corps, la chair, le monstre, voilà pour les mots d'ordres. Il s'est construit une oeuvre faîte de chair et de sang, et Dead Ringers (1988) ne déroge pas à la règle.
Dead Ringers ou la lente descente aux enfers de deux jumeaux qui partagent tout: maîtresses, patientes, salaires, lit. A la base de cette déchéance? Une femme, une actrice, traitée pour stérilité (Geneviève Bujold, excellente). Mais en fait cette femme n'est que la goutte d'eau qui fait déborder le vase: alors qu'Elliott aime à se pavaner en public, Beverly, le plus faible des deux, travaille sans relâche et avec le plus grand sérieux. Eros et Thanatos, deux êtres intimements liés: tu meurs, je meurs.
Ici l'angoisse est purement cérébrale, elle naît du malaise, du tabou et d'une peur viscérale vis-à-vis des instruments chirurgicaux utilisés par les deux jumeaux. Voir la tétanisante scène où Beverly, totalement désaxé, se crée de nouveaux instruments "avant-gardistes" aux formes et tailles absolument affollantes. Peur de la pénétration, abus de pouvoir de la part des hommes.
Dans tout le film il est question de pouvoir. Qui tient les rênes? Qui prend l'ascendant? Qui baise qui?
Le malaise s'insinue là où il n'aurait pas lieu d'être. Dès le générique, la couleur est donnée: musique apaisée d'Howard Shore mais moment extrêment nerveux, les instruments pervers exhibés en dessins, étant perversement souligné par un rouge sépia particulièrement efficace.
Car Faux Semblants est bien un film efficace: on ne sait pas pourquoi, mais on a peur.
Un film qui touche au plus profond de l'être, aux pistes si multiples qu'une seule vision ne saurait lui rendre justice.
Et surtout il y a Jeremy Irons, qui offre une double interprétation halluciné et hallucinante. "Il aurait été facile de rendre les jumeaux différents mais très difficile de les rendre semblables" raconte Cronenberg. L'acteur relève avec virtuosité le défi rendant les deux personnages à la fois totalement identiques et diamètralement opposés dans le même temps.
Un choc, un chef-d'oeuvre absolu, une oeuvre où l'expression "tétanisante" prend tout son sens.
Fond et forme se marient et forment un alliage à peu de chose près parfait et indestructible.
Un labyrinthe où tout est sens et cohérence.
****(*?)
David Cronenberg est un être malade, obsessionel, depuis le début de sa carrière il ne cesse de gratter là où ça fait mal voir de jeter du gros sel sur des plaies encores béhantes. Le corps, la chair, le monstre, voilà pour les mots d'ordres. Il s'est construit une oeuvre faîte de chair et de sang, et Dead Ringers (1988) ne déroge pas à la règle.
Dead Ringers ou la lente descente aux enfers de deux jumeaux qui partagent tout: maîtresses, patientes, salaires, lit. A la base de cette déchéance? Une femme, une actrice, traitée pour stérilité (Geneviève Bujold, excellente). Mais en fait cette femme n'est que la goutte d'eau qui fait déborder le vase: alors qu'Elliott aime à se pavaner en public, Beverly, le plus faible des deux, travaille sans relâche et avec le plus grand sérieux. Eros et Thanatos, deux êtres intimements liés: tu meurs, je meurs.
Ici l'angoisse est purement cérébrale, elle naît du malaise, du tabou et d'une peur viscérale vis-à-vis des instruments chirurgicaux utilisés par les deux jumeaux. Voir la tétanisante scène où Beverly, totalement désaxé, se crée de nouveaux instruments "avant-gardistes" aux formes et tailles absolument affollantes. Peur de la pénétration, abus de pouvoir de la part des hommes.
Dans tout le film il est question de pouvoir. Qui tient les rênes? Qui prend l'ascendant? Qui baise qui?
Le malaise s'insinue là où il n'aurait pas lieu d'être. Dès le générique, la couleur est donnée: musique apaisée d'Howard Shore mais moment extrêment nerveux, les instruments pervers exhibés en dessins, étant perversement souligné par un rouge sépia particulièrement efficace.
Car Faux Semblants est bien un film efficace: on ne sait pas pourquoi, mais on a peur.
Un film qui touche au plus profond de l'être, aux pistes si multiples qu'une seule vision ne saurait lui rendre justice.
Et surtout il y a Jeremy Irons, qui offre une double interprétation halluciné et hallucinante. "Il aurait été facile de rendre les jumeaux différents mais très difficile de les rendre semblables" raconte Cronenberg. L'acteur relève avec virtuosité le défi rendant les deux personnages à la fois totalement identiques et diamètralement opposés dans le même temps.
Un choc, un chef-d'oeuvre absolu, une oeuvre où l'expression "tétanisante" prend tout son sens.
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"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
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Un film que j'ai vu à sa sortie et que j'aime beaucoup. C'est sans aucun doute l'un des meilleurs Cronenberg. Tout fonctionne dans ce film: la mise en scène, la thématique, la reflexion sur les jumeaux. C'est un grand moment de cinéma. Jeremy Irons est parfait dans son role à double emploi.
Encore une fois, on y retrouve les préoccupations du cinéma de Cronenberg. Faux Semblants est très symptomatique de son cinéma. Il y explore une fois de plus ses thèmes de prédilection. J'ai particulièrement aimé tous les instruments médicaux spécialement inventés pour le film.
Encore une fois, on y retrouve les préoccupations du cinéma de Cronenberg. Faux Semblants est très symptomatique de son cinéma. Il y explore une fois de plus ses thèmes de prédilection. J'ai particulièrement aimé tous les instruments médicaux spécialement inventés pour le film.
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Vu en salle (normal en tant que grand admirateur du travail de Cronenberg), j'avais encore pris une claque monumentale. Je me souviens parfaitement qu'on était 4 dans la salle et qu'à la fin du film, mon voisin avait applaudi lors du générique !
Si vous aimez le travail de cronenberg, il y a de tres bons livres, certes un peu datés donc sans ses dernieres oeuvres, qui retracent la carriere du bonhomme.
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L'élite de ce pays permet de faire et défaire les modes, suivant la maxime qui proclame : « Je pense, donc tu suis. » Pierre Desproges
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Même sensation mais à la fin du Festin nu. Résultat : je suis resté pour une seconde seance - la dernière - et ils ont bien été obligé de me jeter dehors ensuite, et cette sensation était bien là.kayman a écrit :Je me souviens etre sorti de la salle en 88 ou 89 avec mon petit frere et son meilleur pote, on savait plus ou on habitait, un vrai concours de titube. Du coup on a été se faire une heure de jeux vidéo à la salle du coin. Définitivement une de mes oeuvres de chevet. Cronenberg président
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Je ne vois pas ce qu'il y a expliquer : l'expressivité de cette image est telle ! Mais peut-être es-tu insensible à cette beauté plastique, onirique et organique...Little Bastard a écrit :Je ne voudrais pas être lourd, mais étant parfois un peu ingénu, je ne saisis pas au premier coup d'oeil la puissance de cette image. Pourrais-tu commenter un peu ta phrase ?Trelkovsky a écrit :Quand on crée des images aussi puissantes que ça, on peut mourir tranquille...
Je ne suis pas Simone Choule, je suis Trelkovsky...
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C'est exactement ce que j'allais écrire. J'ai vu ce film il y a bien 10 ans, et je n'en garde qu'un lointain souvenir nébuleux. Je crois que j'étais trop jeune, à l'époque, pour saisir pleinement la puissance de ce film (d'autant plus que je ne connaissais pas des masses le cinéma de Cronenberg, hormis The Fly que j'adorais déjà).Little Bastard a écrit :Il faut que je revoie ce film...
Bref ma question est : existe-t-il une édition zone 2 potable de ce film
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