Allez, petit tour de chauffe avec un top avant de me mettre à quelques chroniques des films du monsieur:
Pierres constitutives de ma cinéphilie:
Wall Street: americana moderne et urbaine, ça pourra en surprendre certains, mais j'y vois un descendant du classicisme à la John Ford. Un film qui dépasse allègrement la sphère du cinéma et de la culture en général pour s'implanter dans l'inconscient populaire.
The Doors: outrage pour certains encore une fois, mais je préfère les Doors d'Oliver Stone aux Doors eux-mêmes. Le réalisateur en a tiré ce qu'il y a de mieux musicalement et symboliquement parlant afin de créer un maelström absolument parfait, une des plus belles représentations de Los Angeles, et surtout le prisme d'une époque, en mêlant avec dextérité le privé et l'intime, à la grande histoire.
U-Turn: l'aboutissement d'une décennie de polars neo-noirs, également l'œuvre la plus drôle de son auteur, d'un cynisme et d'une frontalité qui me font fondre.
JFK: on en a connu des plaidoiries à vous loger la boule dans l'estomac et vous serrer la gorge. Celle de Costner à la fin de ce film reste pour moi la plus belle (avec celle de James Stewart, ok j'avoue), un moment totalement inoubliable, glorieuse conclusion d'un film citoyen qui se sert des ficelles de l'enquête, du thriller et du complot à des fins sincèrement humanistes.
Classiques instantanés (à mes yeux bien sûr
):
Salvador
Talk Radio
Platoon
Tueurs-Nés
Quatre uppercuts dans des genres tous différents, aux styles audio-visuels très éloignés les uns des autres, mais tous hétérogènes et en phase avec la sensibilité de leur auteur.
Grands moments:
Entre ciel et terre: la scène finale de Tommy Lee Jones rejoint les plus grands moments du cinéma de Stone (tout comme l'introduction entièrement mise à la poubelle, mais visible en supplément du dévédé, c'est fou les coupes que s'imposent parfois les cinéastes), mais le film dans son ensemble est un peu moins maitrisé que les précédents.
L'Enfer du dimanche: ringardise d'un coup d'un seul 10 ans de représentation du sport au cinéma (qu'il s'agisse des phases de jeu ou de la vie des joueurs). Le point culminant des théories de montage de Stone au passage.
Très bons:
Savages: un film qui propose à la fois un divertissement complet et visuellement somptueux et une éthique. Bon, j'admets être toujours un peu perplexe quant à la toute fin (à voir si le director's cut y change quelque chose).
Wall Street: Money Never Sleeps: une suite honorable, un parcours humain qui tente de faire tomber l'icône, et l'année de sa sortie, (de ceux que j'ai vus) le film américain qui prenait le mieux le pouls de la nation avec
The Social Network.
Bons films, voire très bons, parfois desservis par un manque de rigueur, un trop plein, ou une répétition des genres:
Nixon: trop riche, trop généreux, c'est ce que je lui reproche. Première surprise de compassion pour une figure publique contestée de la part de Stone (qu'on retrouvera ensuite dans les approches transversales de WTC et W.)
Né un quatre juillet: parfois un peu trop schizophrène entre cinéma classique et volontés de modernisation. Le film est également parfaitement étouffant, ce qui n'est pas un défaut en soi, mais qui fait que je ne peux pas revoir avec la même facilité.
W.: du côté de la comédie, c'est très réussi, mais parfois ça plante, et de mon petit point de vue d'européen, je trouve le tout trop gentil.
Bon:
Alexandre: à voir dans son director's cut en particulier, qui efface un grand nombre de problèmes de montage, et rend le tout plus esthétique et fluide.
Clairement pas des références, mais encore des films généreux qui prouvent que Stone, même dans des genres codifiés, sait prendre la tangente:
World Trade Center: Stone emprunte la voie qu'on attendait le moins, celle de l'intime et de la mise en sourdine des polémiques. Mais finalement, c'est encore l'exploit humain isolé (digne d'un Ron Kovic) qui ressort.
The Hand: une pure série B qui fait plaisir, des moments parfaitement barrés, mais un manque de budget visible, un balbutiement dans les effets horrifiques qui prouvent peut-être que Stone à eu raison de ne pas continuer sur cette voie. Plaisant et mineur.
Je n'ai pas encore vu
Seizure, mais ça ne saurait tarder. Ce dernier mis-à part donc, il n'y a pas un seul Stone qui me déplaise, ce qui est une sorte d'exploit en soi, et en fait l'un des réalisateurs les plus importants de mon panthéon personnel.