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Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 17 sept. 10, 07:03
par tenia
Federico a écrit : Quant à Ventura, je crois qu'il n'y a pas qu'avec Melville que ça a frité, le grand Lino avait le caractère disons... rugueux (il s'en est fallu d'un cheveu pour qu'il ne devienne jamais acteur et sans l'accueil fraternel de Gabin, il reconnaissait lui-même qu'il serait passé à autre chose).
Moui, enfin, avec Melville, c'était tout de même notoire et partagé.
Melville qui accélère le train du 2e souffle, ou qu'il ne lui parle plus que par assistant interposé sur L'armée des ombres, c'est digne d'un vaudeville. :mrgreen:

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 17 sept. 10, 10:15
par Federico
tenia a écrit :
Federico a écrit : Quant à Ventura, je crois qu'il n'y a pas qu'avec Melville que ça a frité, le grand Lino avait le caractère disons... rugueux (il s'en est fallu d'un cheveu pour qu'il ne devienne jamais acteur et sans l'accueil fraternel de Gabin, il reconnaissait lui-même qu'il serait passé à autre chose).
Moui, enfin, avec Melville, c'était tout de même notoire et partagé.
Melville qui accélère le train du 2e souffle, ou qu'il ne lui parle plus que par assistant interposé sur L'armée des ombres, c'est digne d'un vaudeville. :mrgreen:
Oui, c'est pas top comme ambiance de plateau mais l'histoire du cinéma est une longue litanie de conflits d'égos, de climats délétères etc... Quand on voit le résultat, ça prouve que Melville était vraiment un très grand réalisateur et Ventura un immense acteur.

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 17 sept. 10, 14:10
par jacques 2
Federico a écrit :A croire que les univers imagés déteignent sur leurs créateurs, à moins qu'il ne faille inverser cause et effet.
J'ai tendance à croire que les films de Melville étaient à son image : il est mal à l'aise avec les sentiments et l'émotion ne figure que dans le non dit et l'allusif ...

Quant à la place des femmes dans ses films ...
Alors, misanthrope, mythomane et mysogyne ?
Probablement tout cela à la fois mais néanmoins grand cinéaste : tout le monde est désormais d'accord là dessus ... :wink:

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 17 sept. 10, 15:01
par Kevin95
C'est en partie vrai, mais comme toute affirmation a son ou ses contre-exemples je trouve que Melville via Emmanuelle Riva dans Léon Morin, prêtre, Nathalie Delon dans Le Samouraï ou Simone Signoret dans L'Armée des ombres offre de très beaux portraits de femmes.

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 17 sept. 10, 17:20
par Federico
Au tout début de Bob le flambeur, Melville qui introduit le récit en voix-off s'est même permis une plaisanterie à la Guitry en décrivant la jeune femme jouée par Isabelle Corey que l'on voit arpentant le trottoir parisien à l'aube comme très en avance... sur son âge. C'est d'ailleurs un des rares films de Melville où il montre un peu d'humour, même si il est parfois bien macho.

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 17 sept. 10, 20:32
par tenia
Kevin95 a écrit :C'est en partie vrai, mais comme toute affirmation a son ou ses contre-exemples je trouve que Melville via Emmanuelle Riva dans Léon Morin, prêtre, Nathalie Delon dans Le Samouraï ou Simone Signoret dans L'Armée des ombres offre de très beaux portraits de femmes.
Moui mais non.
Ce sont toujours des personnages qui trahiront les personnages. La tentation dans Léon Morin, le témoin gênant qui conduira à la mort dans Le samourai, et celle qui conduira au doute et manquera de détruire l'unité du groupe dans L'armée des ombres.

Portraits de femmes fortes, moui, mais toujours tentatrices dont on peut douter et qui finiront par précipiter la chute des héros masculins.

Et je ne parlerai même pas de la seule femme entr'aperçue dans Le cercle rouge : tout ce qu'elle a fait, c'est balancer Corey et l'envoyer en taule. Top, comme portrait de femme. :mrgreen:

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 17 sept. 10, 22:23
par Nomorereasons
tenia a écrit :
Kevin95 a écrit :C'est en partie vrai, mais comme toute affirmation a son ou ses contre-exemples je trouve que Melville via Emmanuelle Riva dans Léon Morin, prêtre, Nathalie Delon dans Le Samouraï ou Simone Signoret dans L'Armée des ombres offre de très beaux portraits de femmes.
Moui mais non.
Ce sont toujours des personnages qui trahiront les personnages. La tentation dans Léon Morin, le témoin gênant qui conduira à la mort dans Le samourai, et celle qui conduira au doute et manquera de détruire l'unité du groupe dans L'armée des ombres.

Portraits de femmes fortes, moui, mais toujours tentatrices dont on peut douter et qui finiront par précipiter la chute des héros masculins.

Et je ne parlerai même pas de la seule femme entr'aperçue dans Le cercle rouge : tout ce qu'elle a fait, c'est balancer Corey et l'envoyer en taule. Top, comme portrait de femme. :mrgreen:
Moui mais non.
On est chez Melville, pas chez les Bisounours et je trouve tes arguments un peu théoriques. Leon Morin prêtre c'est d'abord un roman de Béatrix Beck notamment sur la passion et le remords d'une femme. Et que tu retires au personnage de Simone Signoret dans "L'Armée des ombres" la part de grandeur qui lui revient sous prétexte qu'elle "conduit au doute" (genre dans ces histoires il y a que des certitudes) c'est ridicule. Tu parles de la "chute des héros masculins", que veux-tu, on n'est pas de bois - ni en sucre.

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 17 sept. 10, 23:25
par tenia
yaplusdsaisons a écrit :Moui mais non.
On est chez Melville, pas chez les Bisounours et je trouve tes arguments un peu théoriques. Leon Morin prêtre c'est d'abord un roman de Béatrix Beck notamment sur la passion et le remords d'une femme. Et que tu retires au personnage de Simone Signoret dans "L'Armée des ombres" la part de grandeur qui lui revient sous prétexte qu'elle "conduit au doute" (genre dans ces histoires il y a que des certitudes) c'est ridicule. Tu parles de la "chute des héros masculins", que veux-tu, on n'est pas de bois - ni en sucre.
Bien entendu, cela reste des arguments théoriques, mais Signoret chez Melville, c'est quand même une femme qui n'a plus de féminité, sauf quand il s'agit de se déguiser pour infiltrer l'ennemi. Elle est intégrée à la bande de mecs tel un mec, ça, c'est pas que théorique, c'est à l'écran.
Et puis, quand bien même, en terme d'enjeux, malgré sa "grandeur", c'est elle qui, à la fin du film, conduira le groupe à l'éclatement, aux limites de la mutinerie, et puis, de manière suggérée, à leur perte, puisque le montage laisserait presque à penser que c'est suite à l’exécution qu'ils sont arrêtés au bout de la rue par les Allemands.

Pour Léon Morin, je ne connais pas le livre, mais l'adaptation de Melville, c'est surtout une tentatrice qui fait douter un homme de sa foi, rien que ça.

Maintenant, quand je parlais de la chute des héros masculins, je n'en parlais pas forcément de cette manière, mais il faut bien avouer les personnages féminins sont de manière récurrente chez Melville des catalyseurs d'une fatalité annoncée, culminant notamment dans Le samourai.

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 18 sept. 10, 10:03
par Kevin95
tenia a écrit :Pour Léon Morin, je ne connais pas le livre, mais l'adaptation de Melville, c'est surtout une tentatrice qui fait douter un homme de sa foi, rien que ça.
Moui mais non, car le film ne raconte absolument pas les doutes d'un hommes d'église (car Léon Morin est caractérisé par sa foie inébranlable) mais au contraire par les doutes d'une femme envers cet homme. Melville racontait que via ce film, il voulait montrer un homme qui je cite "aime exciter les filles et ne les baise pas" et parle même d'une sorte de Don Juan, c'est donc clair que les doutes ne viennent pas de lui. Léon Morin est sans doute le film où un personnage féminin est le plus subtilement peins par Melville, d'ailleurs le film est celui qui dégage le plus d'émotions (ça ne veut pas dire le meilleur attention) car toute l'humanité du film est personnifiée par la femme est non le prête qui comme je viens de le dire est un manipulateur en quelque sorte.

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 18 sept. 10, 21:16
par Federico
Je ne sais pas ce que vaut le docu On a tous quelque chose de Bourvil (le titre fait peur) qui passera demain (dimanche 19) sur France 3 à 20h35 mais peut-être y verra-t-on la scène finale coupée du Cercle rouge que j'avais évoquée il y a quelque temps... (http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 5#p1972473)

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 18 sept. 10, 21:21
par Nomorereasons
Federico a écrit : On a tous quelque chose de Bourvil (le titre fait peur)
Mes chaussures, mon vélo...

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 20 sept. 10, 16:02
par Roy Neary
DVDclassik ne pouvait pas ne pas profiter de cette occasion (le Blu-ray de Studio Canal) pour faire la chronique de ce superbe film.
L'ami Phylute s'y est ainsi collé avec délectation. :)

:arrow: Le Cercle rouge

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 20 sept. 10, 17:06
par Major Dundee
Roy Neary a écrit :DVDclassik ne pouvait pas ne pas profiter de cette occasion (le Blu-ray de Studio Canal) pour faire la chronique de ce superbe film.
L'ami Phylute s'y est ainsi collé avec délectation. :)

:arrow: Le Cercle rouge
Ne la manquez pas, l'analyse du film est encore plus belle que le film lui-même :shock:
Cela m'oblige à une revision du film, ce qui n'est quand même pas pour me déplaire.

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 20 sept. 10, 18:09
par Julien Léonard
J'étais déjà un grand admirateur du film, mais la chronique lui rend un tel hommage que je n'ai qu'une envie, c'est de le revoir de suite !

Je devrais recevoir le blu-ray dès demain (commandé sur Ama***), j'ai l'impression que j'ai bien fait. Content ! :D

Re: Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Publié : 20 sept. 10, 19:50
par jacques 2
Déjà reçu la semaine passée donc je savais déjà que j'avais bien fait (voir mes impressions il y a quelques posts)

C'est vrai que la différence avec le dvd est plus que flagrante ... :D