Ce ne sera pas LE FILM de Novembre, mais tout de même une forte découverte :
La Traque (1975) - Serge Leroy
J'étais extrêmement curieux de découvrir pourquoi ce film était devenue une sorte de
private joke sur le Facebook de l'éditeur Le Chat qui Fume. Revenant constamment dans les commentaires comme une sorte de messie attendu. Ayant même fait l'objet d'un poisson d'avril de la part de l'éditeur, ayant durant un court instant fait fantasmer bon nombre de leurs clients.... tant de coups de coude dans les côtes qui donnaient envie de faire aussi parti de la confidence.
C'est donc chose faite, enfin. Et donc un film à tendance "survival" à la française, qui pousse l'art de l'hypocrisie crasse et de la couardise nauséabonde des ses personnages masculins à des sommets d'immoralités.
Un film fort et malaisant, très bien interprété. Faut pouvoir les
portés ses rôles abjects.
Que l'ambiance de cette traque absurde, pour nous spectateurs impuissant, est perturbante. Et Serge Leroy ne fera aucune concession, portant son parti pris jusqu'au bout. Ambiance terne et pluvieuse d'une campagne française isolée comme arène d'une absurdité terrifiante.
Que cette bande de "salopards" est désagréable à regarder, à essayer de se justifier et de se convaincre. Un casting masculin dans sa totalité fort convaincant :
Sans être vraiment des spoiler, je décris pas mal l'attitude des personnages durant le film, donc si vous préfèrez ne rien savoir avant, mieux vaut ne pas poursuivre.
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• Jean-Pierre Marielle et Philippe Léotard sont terrifiant dans leur paillardise qui apparait immédiatement violente et dominante. Et ce avant même de les voir à l'image, durant cette course poursuite improvisée sur une route étroite de campagne. Puis dès leur premier échange avec Helen.
• Michael Lonsdale prête son calme et sa nonchalance à un personnage qui a fait de sa supériorité financière et sociale une
arme de pression massive mais finalement peu convaincante car très vite mise à mal par sa couardise et s'effritant au moindre obstacle.
• Obstacle en la personne, entre autre, du personnage joué par Jean-Luc Bideau et son attitude hagard sur
l'événement, qui prend pour subterfuge de s'en prendre au personnage de Lonsdale et de lui imposer sa fausse supériorité soudainement gagné afin de ne pas se sentir concerné par
la traque.
• Michel Constantin et son rôle qui, au premier abord, pourrait avoir le regard le plus censé sur cette
folie, se révèle l'un des plus dangereux dans sa posture du soldat privilégiant d'abord le soutien au groupe avant la morale - on ne dénonce pas les siens, peu importe la raison.
• Et la torpeur du personnage de Paul Crochet qu'on espère qu'il devienne la voix de la raison et qui finalement prendra son éveille dans la mauvaise direction après le rappel d'un souvenir de guerre.
• Michel Robin et Gérard Darrieu complètent cette
belle bande d'hypocrite dans des personnages qui se satisfont et se satisferont de leur passivité - "c'est pas moi c'est eux" - nauséabonde.
Puis un grand chapeau à Mimsy Farmer, qui porte le rôle le plus physique du film, en proie condamnée qui s'ignore jusqu'au bout et dont chaque tentatives de possible échappatoire sont en fait des collets qui se resserent autour d'elle pour la rabattre vers son destin.
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En conclusion je n'en appellerai pas au
chef-d'œuvre introuvable qui manque à l'édition vidéo mais pouvoir le revoir dans de bonnes conditions serait appréciable.
Mais cela étant dit, je souhaite bon courage à l'éditeur qui s'y essaiera peut-être un jour. Car le tollé prévisible - et pas forcément immérité, si c'est expliqué correctement et pas juste pour taper dessus dans l'optique de coller à la mouvance actuelle - qu'un tel film, de part son sujet, pourra provoquer dans la presse au moment de sa sortie aurait de quoi refroidir.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Au moins Serge Leroy ne donne aucunes excuses à sa meute. Elle est et restera immorale. Mais malheureusement impunie et l'innocence demeurera la victime inconnue.
Film choc !