Jacques Tourneur (1904-1977)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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shubby
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par shubby »

RDV avec la peur. Bien pour l'époque. Maintenant, et même il y a 30 ans, ça ressemble à un épisode sympa de Chapeau melon et bottes de cuir. Le méchant est cool, le scénario correct, l'ambiance honorable, le final convenu. J'aime bien Dana Andrews en tout cas, que j'ai vu récemment ds Laura. Son jeu est subtil ou accidenté, je ne sais pas, mais d'une certaine façon ça marche. On pourrait dire le contraire, il en montre peu. C'est un jeu très Hammettien je dirais. Physiquement, on dirait un peu un croisement entre Sean Connery et Serge Reggiani, c'est marrant. La blonde ne sert pas à grand chose par contre, c'est un peu dommage. Un Hitchcock l'aurait davantage malmenée, n'est-ce pas. Mise en scène efficace. Le gros truc qui fonctionne, c'est de basculer de la légèreté du premier quart à qq chose de plus sourd et retord, ce que le vilain apporte. Le contraste apporte le juste malaise. Avant un rail de happy end, hein, The Wicker Man c'est pour plus tard, mais déjà il y a un petit qq chose ds l'air.
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Beule
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Beule »

Alexandre Angel a écrit : 29 juil. 22, 08:16 Dans un autre genre, un peu comme le procédé un peu bizarre (trichrome ?) mais étrangement séduisant en l'occurrence de Stranger on a horseback du même Tourneur.
Ann Harding a écrit : 29 juil. 22, 09:39 Pour STRANGER ON HORSEBACK, il n'existe plus qu'une seule copie du film (au BFI). C'est celle qui a servi pour le DVD. Elle est imparfaite et légèrement floue.
Revu hier ce modeste western. Sa tranquille limpidité et son insolente sérénité sont pour moi de bout en bout jubilatoires.

Mais je continue de m'interroger quant au rendu étrange de cette palette qui, un peu contre toute attente, participe peut-être aussi de son charme discret mais imparable. Pas tant au regard des conditions de visionnage aujourd'hui, puisqu'il n'existe effectivement plus qu'un lointain contretype 35 mm détenu par le BFI - on a même longtemps cru le film définitivement perdu - et que, si j'ai bien compris, le procédé Ansco se caractérise par sa propension à virer fortement (vers le vert en particulier) au fil du temps, comme en attestent les difficultés de restauration rencontrées sur Les sept femmes de Barberousse. Mais plutôt au regard de la désillusion manifestée par Tourneur à l'époque :

[Il s’agissait d’un petit western tourné en douze jours. Le traitement de la couleur fut horrible. Le producteur m’avait dit : « Il y a un nouveau laboratoire de couleur qui vient d’ouvrir et ils proposent de me faire une ristourne de 50% si j’adopte leur procédé pour ce film ». Tous les rushes que nous avions vus étaient en noir et blanc et le premier montage a également été réalisé à partir d’un bout-à-bout en noir et blanc. C’est seulement à l’avant-première que j’ai découvert le film en couleur et j’ai été terriblement déçu. Le procédé Ansco a peut-être progressé par la suite, mais en 1954 son rendu était particulièrement laid : une couleur plate, sans aucun relief, une sorte de ton gris uniforme digne d’un contretype de énième génération.] (sommairement traduit du livret accompagnant l'édition DVD espagnole)

En somme la copie d'aujourd'hui serait assez conforme à ce qu'exprimait alors le cinéaste - même si je trouve L'Homme de la Tour Eiffel, qui relève a priori de la génération précédente dans l'évolution maison du procédé couleur, plus conforme à ce qu'il décrit. Mais 1953/1954, c'est justement la période où la Metro s'empare du brevet mono-bande pour quelques unes de ses productions picturalement les plus abouties, où les couleurs vraiment pimpantes, le rouge le jaune, savent rehausser par leur vif éclat, mais sans rien troubler de leur harmonie parfaite, des tableaux d'une exquise douceur ouatée (cf Brigadoon ou ultérieurement Lust for Life pour lequel Minnelli fera racheter à dessein les derniers pieds de pellicule Ansco existants) ; c'est aussi le moment où Surtees (pour Fort Bravo) s'extasie justement sur la capacité de l'Ansco à fouiller lez zones d'ombre pour en extraire une profusion de détails inédits au regard de ce que pouvait offrir le géant Technicolor, contredisant en cette occasion l'absence de relief regrettée par Tourneur. Rien donc qui ne me semble pouvoir avaliser la position exprimée par Tourneur dans sa sentence. Comment alors expliquer ce décalage, par l'intégration dans les labos MGM d'un savoir-faire unique pour le tirage des copies depuis le négatif (il me semble que Technicolor pouvait intervenir à ce niveau quand bien-même le négatif n'était pas le leur) ?
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The Eye Of Doom
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par The Eye Of Doom »

Cercle of danger / L’enquête est close
Au lendemain de la guerre un américain vas en Angleterre pour savoir ce qui est arrivé à son frère mort au combat.

Bien qu’ayant oublié tout du propos, je me rappelle que le film m’avait marqué lors de son passage il y a longtemps au cine club.

Tourné entre deux films d’aventures au couleurs flamboyantes, c’est un neo film noir. Comme une pause anti romanesque et anti carte postale.

Disons le tout net, la fin est un sommet de l’art de Tourneur et le film peut etre vu rien que pour cela.
Je me suis demandé qui avait décidé du blouson que porte le personnage. Élément vestimentaire essentiel dans la composition plastique impressionnante des plans. On se dit que les grands films tiennent entre autre à de tels détails insignifiants.

Mais tout le film, apparemment mineur dans son ambition, revele de nombreuses qualités, que Charles Tesson dans son long commentaire mets en avant. Je les reprends pas ici par flemme…

J’ai beaucoup aimé la photo du film. Dès les plans d’ouverture dans le bateau, pourtant purement fonctionnels et non necessaires à l’intrigue, on est saisi par la qualité de la mise en scène et la beauté du N&B.
L’intrigue se déplace vers un royaume uni, au temps maussade. Avec quelques plans extérieurs superbes en écosse, qui captent en un rien la beauté sauvage et assez unique des lieux.

Mais, que ce soit à la mine, sur le marché ou le long d’un canal, tout l’ambiance est immédiatement incarnée.

A travers sa quête de verité, l’americain croisse de curieux personnages dont le plus etonnant est le marchand de voitures, quasi escroc, toujours à double-jeu. Mais au moins lui affiche sa vrai nature….

On a raison de voir le film comme un esquisse de Rendez vous avec la peur. Le film suinte l’angoisse. Meme la scène innocente où trois gamins massacrent une ritournelle est louche !

A noter un beau personnage féminin, pas si conventionnel. Tourneur filme avec une grande sensibilité la belle Patricia Roc, qui semble plus sortir d’une comédie romantique que d’un polar urbain.

Je trouve que, des plans du début sur le bateau au final genial, le film interpelle sur ce qu’est l’évidence d’un grand metteur en scène. Quelques secondes d’images et il se passe quelques choses, meme si rien ne se passe vraiment dans le récit.

Tesson cite Tourneur disant qu’il préférait les tournages courts car il devait alors marcher à l’instinct…

Je repense au malheureux Villeneuve, dont le Dune2 s’est retrouvé coincé samedi soir, entre Ford le vendredi et Tourneur le dimanche…

Film secondaire, mais en rien mineur, tres personnel, Circle of Danger est bien sûr chaudement recommandé !
Tres belle copie et 50min de commentaires de Tesson !
C’etait mon premier « Make my day ».
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shubby
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par shubby »

Un documentaire revenant sur les débuts du réalisateur, d'abord tourneur-fraiseur à Melun, passera sur Arte dimanche prochain
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Rick Blaine
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Rick Blaine »

L'Enquête est close chroniqué par Pierre Charrel.
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Chilly »

Vu hier Mission of Danger (1960).
Et bah...c'est pas très bon
Mais...j'ai quand meme passé un bon moment.
Au vu des commentaires élogieux de ce forum et de la qualité objective qu'on doit avoir sur ce film, j'étais assez perplexe devant le bon moment passé.
J'ai quelques pistes :
- évidemment j'en attendais le pire, et comme souvent la réputation relativise l'appréciation qu'on peut avoir
- j'ai regardé ce film juste après un autre film, My Own Private Idaho, qui n'est pas le plus fun des films et que je n'ai que très moyennement aimé, principalement à cause de cette figure totalement inexpressive de Keanu Reeves, auprès de qui Ben Affleck passerait pour un joyeux drille.
- J'ai toujours eu beaucoup de tendresse pour les films de trappeurs. Bon, c'est vrai qu'il n'y a aucun trappeur dans Mission of Danger, mais il devrait y'en avoir. Et du coup j'ai retrouvé les sensations vécues dans mon enfance, notamment Davy Crockett

Je pense que je vais me programmer Frontier Rangers en fonction du film que j'aurais vu juste avant
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Jeremy Fox
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Jeremy Fox »

Chilly a écrit : 21 avr. 24, 11:47 Vu hier Mission of Danger (1960).
Et bah...c'est pas très bon
Mais...j'ai quand meme passé un bon moment.
Au vu des commentaires élogieux de ce forum et de la qualité objective qu'on doit avoir sur ce film, j'étais assez perplexe devant le bon moment passé.
J'ai quelques pistes :
- évidemment j'en attendais le pire, et comme souvent la réputation relativise l'appréciation qu'on peut avoir
- j'ai regardé ce film juste après un autre film, My Own Private Idaho, qui n'est pas le plus fun des films et que je n'ai que très moyennement aimé, principalement à cause de cette figure totalement inexpressive de Keanu Reeves, auprès de qui Ben Affleck passerait pour un joyeux drille.
- J'ai toujours eu beaucoup de tendresse pour les films de trappeurs. Bon, c'est vrai qu'il n'y a aucun trappeur dans Mission of Danger, mais il devrait y'en avoir. Et du coup j'ai retrouvé les sensations vécues dans mon enfance, notamment Davy Crockett

Je pense que je vais me programmer Frontier Rangers en fonction du film que j'aurais vu juste avant
Tu confonds avec Circle of Danger pour les commentaires élogieux. Car Mission of Danger est effectivement totalement indigne du cinéaste à mon humble avis.
Chilly
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Chilly »

Jeremy Fox a écrit : 21 avr. 24, 11:54 Tu confonds avec Circle of Danger pour les commentaires élogieux. Car Mission of Danger est effectivement totalement indigne du cinéaste à mon humble avis.
En fait j'ai voulu faire de l'humour :D
désolé
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