Ce film me bouleverse à chaque vision, de plus en plus. L'intellectualisation vient plus tard, mais ce sont bien les émotions complexes qui m'absorbent en premier lieu.
Donc, je ne suis pas dans cette vision des choses… et tant mieux.
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
J'ai découvert la filmographie de WKW dans le désordre, et donc le premier long métrage de lui que j'ai vu était In the Mood for Love, que j'avais trouvé figé dans l'ambre, "qui présente bien" et conçu pour les festivals de par sa facture et son scénario. J'ai donc été surpris par ses premières oeuvres de "clippeur" talentueux, pleines de vitalité. Donc, rétrospectivement, même constat.Torrente a écrit : ↑10 août 21, 19:08 Je suis content car je me sens moins seul.
J'ai toujours trouvé que ce film sonnait faux et ne sentait rien d'autre que la naphtaline et le préfabriqué.
Il a marqué pour moi le moment de la rupture, de la récupération totale (de la mort artistique même) du cinéaste, de sa réappropriation par l'intelligentsia du bon goût au petit doigt levé ; le moment où je me suis senti dépossédé d'un cinéaste anarchique, expérimental et aérien qui devenait une sorte de bête monstrueuse de festivals, trop consciente pour être honnête, reproduisant des schémas, des formes et des effets de style vains. Toc.
Quand l'émotion cède sa place à l'intellectualisation.
Le temps des premières amours incertaines qui se noient dans une sorte d'auto-satisfaction artistique et qui se voient remplacé par une mélancolie de cafétéria pour vieux désabusés qui croient tout savoir et qui donnent de grandes leçons.
Allez je me lâche aussi. WKW a toujours fait genre, avec mauvais jeu de mot : il lui fallait du reflet de polar, de la romance de gare, des reproductions d'icônes. Mais à l'époque, elles posaient au milieu de la vie turbulente de HK, dont le flot contrecarrait le spleen gentil. Il y avait un frottement, du jeu qu'il a su bien jouer entre sa boutique de souvenirs jaunis et le tumulte de la rue. Il trouvait des formes pour faire coexister les deux jusque dans un même plan, ses beaux ralentis-accélérés etc. Sa bascule coïncidence sans trop de surprise finalement avec la rétrocession. Un Johnnie To les deux pieds dans le genre a pu continuer sa petite entreprise bon an mal an... WKW lui a plutôt des délicatesses de collectionneur, alors une fois privé d'un présent a tenté l'export pour un chant du cygne déjà un brin trop maniériste (Happy Together) ; puis le refuge dans le temps, où il ne reste à son cinéma que les bibelots, et WKW derrière la vitrine en combat singulier contre la poussière, qui tente de les faire briller. Bon j'écris ça avec tendresse, le railler n'aurait pas de sens sans un zeste de mood for love.shubby a écrit : ↑12 août 21, 10:35 Ah ! Ca se lâche sur ITMFL
Si je mood figaro madame papier glacé tout ça, je marche à fond (ça m'arrive) sinon je m'ennuie. Cette conversation restant entre nous, cela va de soi.
Pourtant, Dieu sait que je vénère Maggie Cheung.
L'image qui synthétise la filmo de WKW reste le reflet ds une glace de Faye Wong, et pour le son sa reprise du Dreams des Cranberries.
Justement, en 1994 la beauté du film seduit mais ne provoque pas de choc particulier. Car d’une part le choc a eu lieu avant via Mes annees sauvages ou Chunking Express, d’autre part il y a de nombreuses belles propositions esthétiques/cinématographique encore a l’époque meme si c’est on sent la film de l’age d’or. Aujourd’hui, j’ai l’impression que l’on a perdu l’habitude de voir de beaux films… mais je me trompe peut etre…
L'âge d'or du ciné HK correspond à l'explosion créative qui a précédé la rétrocession. Je dirais années 70-80 jusqu'en +/- 2005 en comptant les reliquats To & du Infernal Affairs. Il y a sûrement débat là-dessus, mais la shaw & Bruce Lee intègrent à mon sens cet "âge d'or". Puis "nouvelle vague" en fait je crois (voire last wave, hein), pour moi générationnelle et parfois comparable avec la française - c'est le cas ici.Arn a écrit : ↑10 sept. 21, 22:46
Quand tu parles de fin de l'âge d'or tu parles du cinéma en général ou du cinéma asiatique en particulier ? Car en 1994 j'aurais tendance à dire qu'à l'échelle mondiale l'âge d'or est fini depuis pas mal de temps.
J'aime beaucoup les années 80s mais ce ne sont pas forcément là qu'on trouve les plus "beaux" films.