Wong Kar Wai

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Quel est votre film de Wong Kar Wai préféré ?

As tears go by
3
3%
Nos années sauvages
2
2%
Les cendres du temps
6
7%
Chungking express
31
35%
Les anges déchus
7
8%
Happy together
11
13%
In the mood for love
25
28%
2046
3
3%
 
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Watkinssien
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Re: Wong Kar Wai

Message par Watkinssien »

Torrente a écrit : 10 août 21, 19:08 J
Quand l'émotion cède sa place à l'intellectualisation.

Ce film me bouleverse à chaque vision, de plus en plus. L'intellectualisation vient plus tard, mais ce sont bien les émotions complexes qui m'absorbent en premier lieu.

Donc, je ne suis pas dans cette vision des choses… et tant mieux.
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Spike
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Re: Wong Kar Wai

Message par Spike »

Torrente a écrit : 10 août 21, 19:08 Je suis content car je me sens moins seul.
J'ai toujours trouvé que ce film sonnait faux et ne sentait rien d'autre que la naphtaline et le préfabriqué.

Il a marqué pour moi le moment de la rupture, de la récupération totale (de la mort artistique même) du cinéaste, de sa réappropriation par l'intelligentsia du bon goût au petit doigt levé ; le moment où je me suis senti dépossédé d'un cinéaste anarchique, expérimental et aérien qui devenait une sorte de bête monstrueuse de festivals, trop consciente pour être honnête, reproduisant des schémas, des formes et des effets de style vains. Toc.
Quand l'émotion cède sa place à l'intellectualisation.
Le temps des premières amours incertaines qui se noient dans une sorte d'auto-satisfaction artistique et qui se voient remplacé par une mélancolie de cafétéria pour vieux désabusés qui croient tout savoir et qui donnent de grandes leçons.
J'ai découvert la filmographie de WKW dans le désordre, et donc le premier long métrage de lui que j'ai vu était In the Mood for Love, que j'avais trouvé figé dans l'ambre, "qui présente bien" et conçu pour les festivals de par sa facture et son scénario. J'ai donc été surpris par ses premières oeuvres de "clippeur" talentueux, pleines de vitalité. Donc, rétrospectivement, même constat.
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shubby
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Re: Wong Kar Wai

Message par shubby »

Ah ! Ca se lâche sur ITMFL :)
Si je mood figaro madame papier glacé tout ça, je marche à fond (ça m'arrive) sinon je m'ennuie. Cette conversation restant entre nous, cela va de soi.
Pourtant, Dieu sait que je vénère Maggie Cheung.
L'image qui synthétise la filmo de WKW reste le reflet ds une glace de Faye Wong, et pour le son sa reprise du Dreams des Cranberries.
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Ender
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Re: Wong Kar Wai

Message par Ender »

shubby a écrit : 12 août 21, 10:35 Ah ! Ca se lâche sur ITMFL :)
Si je mood figaro madame papier glacé tout ça, je marche à fond (ça m'arrive) sinon je m'ennuie. Cette conversation restant entre nous, cela va de soi.
Pourtant, Dieu sait que je vénère Maggie Cheung.
L'image qui synthétise la filmo de WKW reste le reflet ds une glace de Faye Wong, et pour le son sa reprise du Dreams des Cranberries.
Allez je me lâche aussi. WKW a toujours fait genre, avec mauvais jeu de mot : il lui fallait du reflet de polar, de la romance de gare, des reproductions d'icônes. Mais à l'époque, elles posaient au milieu de la vie turbulente de HK, dont le flot contrecarrait le spleen gentil. Il y avait un frottement, du jeu qu'il a su bien jouer entre sa boutique de souvenirs jaunis et le tumulte de la rue. Il trouvait des formes pour faire coexister les deux jusque dans un même plan, ses beaux ralentis-accélérés etc. Sa bascule coïncidence sans trop de surprise finalement avec la rétrocession. Un Johnnie To les deux pieds dans le genre a pu continuer sa petite entreprise bon an mal an... WKW lui a plutôt des délicatesses de collectionneur, alors une fois privé d'un présent a tenté l'export pour un chant du cygne déjà un brin trop maniériste (Happy Together) ; puis le refuge dans le temps, où il ne reste à son cinéma que les bibelots, et WKW derrière la vitrine en combat singulier contre la poussière, qui tente de les faire briller. Bon j'écris ça avec tendresse, le railler n'aurait pas de sens sans un zeste de mood for love.
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Mama Grande!
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Re: Wong Kar Wai

Message par Mama Grande! »

In the mood for love fut mon premier Wong Kar wai, et aussi celui qui a souffert lors des revisions.
Wong Kar-wai était l'une des rockstars de mes jeunes années, et ses films pré Rétrocession étaient comme des chansons qui s'adressaient directement à moi. J'aimais leur dynamisme, leur romantisme mélancolique naïf, et l'image frénétique qu'ils me renvoyaient de Hong Kong (et Buenos Aires). Malgré la promesse que je m'étais faite de ne pas les revoir, j'ai cédé à la tentation pour Fallen Angels et Happy Together... et j'aurais dû m'en tenir à ma première résolution. Je n'ai pas tellement changé d'avis sur les films, mais je dois admettre que comme je le craignais, ils ne me parlent plus beaucoup aujourd'hui. Les errances sentimentales de jeunes hongkongais qui ont 10 ans de moins que moi ne m'intéressent plus trop, et après avoir passé 10 ans en Asie, HK et l'exil ne me font plus rêver comme avant. Oui, ils contiennent des choses magnifiques (surtout Happy Together qui me plait encore beaucoup), mais ils m'ont dit tout ce qu'ils avaient à me dire.

En revanche, pour In the mood for love, c'est l'inverse qui s'est produit. Même si le film a été en grande partie improvisé, cela ne se sent pas. On sent au contraire un cinéaste en pleine possession de ses moyens. Les effets parfois décoratifs avant prennent ici tout leur sens: le montage fragmenté, les plans dans des miroirs, les plans sur les bibelots, les ralentis... Tout est là pour amener ce moment où ils devaient se croiser mais où l'affaire de quelques minutes les en a empêchés. Les chambres d'hôtel, les murs délabrés de HK, les cendriers, les ruines... tous ces éléments sont les seuls témoins de leur histoire. Une histoire d'amour qui existe d'autant plus qu'elle ne s'est pas concrétisée, le négatif de la liaison bien réelle entre leurs partenaires respectifs. Il lui donne une existence poétique qui m'a cette fois transporté. Son romantisme est ici plus focalisé sur le passage du temps et de l'époque que sur les états d'âme sentimentaux, et si ça ne me parlait pas beaucoup quand j'avais 18 ans, ça me parle beaucoup plus maintenant.
Autrefois mitigé, In the mood for love est aujourd'hui à mes yeux le chef-d'oeuvre de son auteur.
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Mama Grande!
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Re: Wong Kar Wai

Message par Mama Grande! »

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Même si c'est de la littérature, je poste ici car je pense que ça intéressera surtout ceux qui suivent ce topic...

Tête bèche de Liu Yichang (éditions Philippe Picquier)

Excellente surprise en ce qui me concerne! Pour être honnête, ce livre et cet auteur n'ayant pas une très grande réputation dans nos contrées (contrairement au film qui fait la couverture), je ne m'attendais à guère plus qu'une curiosité post In the mood for love. Mais c'est bien plus que cela. Ce livre ne comporte pas l'intrigue de In the mood for love (pas d'histoire d'amour), mais il en contient la substantifique moëlle, la saveur. Il en comporte les errances nostalgiques, entre souvenirs qui ressurgissent à un coin de rue et rêves de jeunesse, dans un Hong Kong en constante mutation. Cette nostalgie qui imprègne les murs délabrés de la cité monde, ces déambulations entre fumée de cigarette, cuisine de rue, et pop en mandarin de l'époque, est la matière avec laquelle Wong construira son dyptique In the mood for love/2046. Le tout est évoqué dans un style vivant, à travers de courts chapitres, dressant le portrait de ce Hong Kong à la fois plein de rêves de réussite matérielle, de pauvreté, de chaos et d'exilés. Même si vous n'avez pas aimé le dyptique de Wong Kar-wai, pour peu que Hong Kong vous intéresse, que l'évocation des souvenirs en littérature vous parle, vous pouvez y jeter un oeil :)
Dernière modification par Mama Grande! le 1 sept. 21, 07:54, modifié 1 fois.
The Eye Of Doom
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Re: Wong Kar Wai

Message par The Eye Of Doom »

Image non visible donc on sait pas de quoi tu parle.
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Mosin-Nagant
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Re: Wong Kar Wai

Message par Mosin-Nagant »

The Eye Of Doom a écrit : 31 août 21, 20:59Image non visible
Ah bon ?

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Arn
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Re: Wong Kar Wai

Message par Arn »

Après ma découverte à l'occasion de sa ressortie en salle de In The Mood For Love, j'ai enchainé ces 3 derniers jours trois nouveaux WKW :

Nos années sauvages : Il y a une nouvelle fois une vraie grâce qui se dégage de ce récit, de ses personnages qui errent à Hong Kong puis aux Philippines. On retrouve aussi la beauté et la classe de ses protagonistes féminins comme masculins. J'attends de voir la suite de sa filmo mais j'ai l'impression que sa mise en scène est déjà bien maturé dès ce film, on retrouve beaucoup d'élément, dans sa manière de rendre une ambiance, de capturer des sensations, qu'on verra encore 10 ans plus tard dans ITMFL. Et alors que sur le coup la photographie du film m'avait paru un peu décevante, après quelques jours le film tourne toujours dans ma tête et cette teinte, plus terne que d'autres de ses films, sied plutôt bien à son ambiance pluvieuse, mélancolique, presque morne. J'ai déjà très envie de le revoir.

Les cendres du temps : Version redux. Je sais que le tournage fut difficile, je ne trouve pas que ça se ressente particulièrement dans le film. Certes il est peut être un peu alambiqué au niveau du récit, mais cela lui donne une allure de rêverie hypnotique tantôt poétique tantôt brutale assez plaisante, un air de symphonie musicale. Esthétiquement le découvrir aujourd'hui reste un choc, je n'imagine même pas en 1994, la photo de Christopher Doyle est à tomber et tout aussi radicale que la mise en scène de WKW. Et je pense qu'au niveau du scénario ça gagne aussi à être revu.

Chungking Express : Un des deux films les plus emblématique de WKW, avec ITMFL. Il me semble même qu'il fait davantage consensus que ce dernier. J'en attendais donc beaucoup après avoir beaucoup aimé les 3 précédents. Peut être un brin déçu, principalement par la première histoire qui m'a un peu laissé sur ma faim (même je me demande à quelle point la frustration n'est pas ici l'effet recherché par WKW comme dans d'autres de ses films) et que j'attendais de voir revenir dans la suite du film. En revanche la seconde histoire qui met en scène la relation entre les magnifiques Tony Leung et Faye Wong possède un charme et une énergie qui fonctionne encore parfaitement 27 ans après malgré les nombreux effets qui aurait pu accuser leur âge. Si je préfère peut être le WKW plus mélancolique, plus taiseux, à celui qui donne davantage dans la "comédie romantique", c'est fait une nouvelle fois avec une grâce assez rare et on retrouve tout son talent de mise en scène.. Toute l'énergie du cinéma et de la ville de HK trouve ici son catalyseur dans le personnage de Faye Wong et c'est contagieux, on sort du visionnage sur un petit nuage.
The Eye Of Doom
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Re: Wong Kar Wai

Message par The Eye Of Doom »

Je n’ai revu aucun de ces trois films depuis leur sortie en salle. Ton compte-rendu rappelle telement de bons souvenir, qu’il vas falloir que je mette la main sur les bluray.
Un remarque sur Les cendres du temps:
Arn a écrit : 10 sept. 21, 10:43 Esthétiquement le découvrir aujourd'hui reste un choc, je n'imagine même pas en 1994, la photo de Christopher Doyle est à tomber et tout aussi radicale que la mise en scène de WKW.
Justement, en 1994 la beauté du film seduit mais ne provoque pas de choc particulier. Car d’une part le choc a eu lieu avant via Mes annees sauvages ou Chunking Express, d’autre part il y a de nombreuses belles propositions esthétiques/cinématographique encore a l’époque meme si c’est on sent la film de l’age d’or. Aujourd’hui, j’ai l’impression que l’on a perdu l’habitude de voir de beaux films… mais je me trompe peut etre…
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Arn
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Re: Wong Kar Wai

Message par Arn »

Ah oui tiens Chungking Express est sorti avant Les cendres du temps ?

Quand tu parles de fin de l'âge d'or tu parles du cinéma en général ou du cinéma asiatique en particulier ? Car en 1994 j'aurais tendance à dire qu'à l'échelle mondiale l'âge d'or est fini depuis pas mal de temps.
J'aime beaucoup les années 80s mais ce ne sont pas forcément là qu'on trouve les plus "beaux" films.
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Re: Wong Kar Wai

Message par The Eye Of Doom »

Les cendres du temps est sorti en france en 96 apres les Chunking express, nos années sauvages et les anges dechus.
Sur les annees 90-96, on a en vrac Dracula, Mr Butterfly et Crash, L’impasse, Impitoyable et sur la route de madison, le temps de l’innocence et casino, Batman le defi, Sailor et lula et twin peaks, la lecon de piano, the killer, The lovers-the blade, et j’en oublie certainement plein. Quelles belles propositions de cinema…
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Billy Budd
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Re: Wong Kar Wai

Message par Billy Budd »

Chunking Express fut le premier WKW distribué en France - le choc (au Max Linder en ce qui me concerne).
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shubby
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Re: Wong Kar Wai

Message par shubby »

Arn a écrit : 10 sept. 21, 22:46
Quand tu parles de fin de l'âge d'or tu parles du cinéma en général ou du cinéma asiatique en particulier ? Car en 1994 j'aurais tendance à dire qu'à l'échelle mondiale l'âge d'or est fini depuis pas mal de temps.
J'aime beaucoup les années 80s mais ce ne sont pas forcément là qu'on trouve les plus "beaux" films.
L'âge d'or du ciné HK correspond à l'explosion créative qui a précédé la rétrocession. Je dirais années 70-80 jusqu'en +/- 2005 en comptant les reliquats To & du Infernal Affairs. Il y a sûrement débat là-dessus, mais la shaw & Bruce Lee intègrent à mon sens cet "âge d'or". Puis "nouvelle vague" en fait je crois (voire last wave, hein), pour moi générationnelle et parfois comparable avec la française - c'est le cas ici.
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odelay
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Re: Wong Kar Wai

Message par odelay »

Il n’y avait pas un coffret BR qui devait sortir avec les films remasterisés des années 2000? Je n’en entends plus parler
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