Strum a écrit :Même si elle fait beaucoup plus, Rohmer lui fait en effet dire qu'elle a "15 ans". Mais en fait, ce n'est pas vrai.
Strum a écrit :Rohmer lui fait dire qu'elle a 15 ans (alors que l'interprète a manifestement plus)
Justement non, il ne "fait (pas) dire" : née en 1964, Anne-Laure Meury (puisque c'est d'elle qu'il s'agit) a 15-16 ans au moment du tournage.
Idem pour Philippe Marlaud (qui, né en 59, avait bien 20-21 ans au moment du tournage) et Marie Rivière (née en 1956, 24 ans).
Mais il va sans dire que ça n'enlève rien à la pertinence de ton hypothèse géométrico-philosophique (puisqu'elle tient la route, que les âges soient réels ou pas).
Après, sur la question de l'adolescence et de l'âge-limite pour ébaucher une idylle chez Rohmer, on peut se souvenir que, dans
Le Genou de Claire, Brialy flirte "dangereusement" avec la "petite" Laura (pour le coup, là, Rohmer joue avec l'état civil de l'interprète : il nous la présente comme une ado de 15-16 ans, alors que Béatrice Romand avait déjà 18 ans au moment du film... elle était même plus âgée que celle qui est censée figurer sa "grande" sœur : Laurence de Monaghan - alias Claire -, âgée, elle, d'une quinzaine d'années)... Quel est le cinéaste qui, aujourd'hui, montrerait une telle romance, sans risquer de tomber dans le scabreux (ou sous le coup de la loi... ou les deux) ?
Sinon, sur tes avis concernant les 4 films vus dernièrement, ils m'intéressent d'autant plus que je ne m'y retrouve quasiment pas du tout !
Conte d'hiver est l'un de mes Rohmer préférés (avec
Ma nuit chez Maud,
Le Genou de Claire et...
Le Rayon vert !) et je trouve que son héroïne est presque l'antithèse de celle du
Conte de printemps (le plus faible des 4 "Contes des quatre saisons", je trouve)...
Strum a écrit :L'intérêt des deux films est de savoir comment les deux héroïnes, qui sont des femmes de lettres, au sens où elles sont toutes deux capables de décrire par la parole leurs sentiments et leurs raisonnements intérieurs, vont réussir à justifier, pour elles-mêmes et pour leur entourage, leur comportement.
Félicie (
Conte d'hiver) essaie d'analyser ses sentiments (qui ne le fait pas, d'ailleurs, chez Rohmer ?) mais n'en est pas vraiment capable ; elle peine à trouver les mots justes : sa mère la reprend, Maxence ne la contredit pas quand elle lui dit "tu sais bien comment je mets un mot pour un autre !", et elle va même jusqu'à se tromper dans sa propre adresse, faisant la confusion entre Levallois et Courbevoie (confusion/quiproquo qui sera d'ailleurs le point déterminant de ce que sera la destinée de Félicie).
Jeanne, au contraire, sait parfaitement quels mots utiliser (elle en remontre à la jeune Natacha, qui ignore par exemple ce qu'est "l'anneau de Gygès").
Alors bien sûr, là où toutes deux se rejoignent, c'est dans ce besoin (là encore, terriblement rohmérien !) d'analyser ses sentiments, ses raisonnements, ses mouvements du cœur... Mais il y a entre elles toute la distance rhétorique (et théorique, bien sûr !) qui sépare une coiffeuse d'une prof de philo (c'est quelque peu cruel, j'en conviens, mais ça doit nous rappeler à quel point le cinéma de Rohmer est aussi un cinéma subtilement social).