Bordel.Mosin-Nagant a écrit : ↑29 janv. 23, 17:19On était pas beaucoup dans la salle, je me souviens.Ouf Je Respire a écrit : ↑27 janv. 23, 16:59j'aurais aimé voir "Le pont des espions" sur grand écran. Parce que bordel, quel film.
The Fabelmans (Steven Spielberg - 2022)
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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2023)
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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2022)
Alexandre Angel a écrit : ↑20 févr. 23, 12:42Je ne te cache pas que j'étais sûr que tu allais réagir là-dessusG.T.O a écrit : ↑20 févr. 23, 10:01 Tu trouves réellement inédite la manière qu'à Spielberg de montrer ces vilains bully qui tourmentent et humilient le pauvre Sammy, franchement ?! On ne peut pas dire qu'avec ce film Spielberg tranche réellement dans le cliché, ou qu'il en souhaite la rupture, des scènes comme celles des bully du lycée, de crise familiale, jusqu'à la déclaration d'amour au cinéma à la Cinéma Paradisio, et de tous ses plans de petit garçon émerveillé par la lux magica, ça souffre quand même d'une familiarité et de déjà vu.![]()
Je reconnais que ma formulation est exagérée. Mais j'insiste sur un plan, le style étant ici souverain, madré (on sent un métier extraordinaire), ces séquences qui véhiculent plein de clichetons que Spielberg ne cherche même pas à éviter, vu qu'il est hollywoodien jusqu'au bout des ongles, je trouve qu'il les renouvelle. Je n'ai pas dit qu'il les révolutionne mais il les renouvelle. D'abord scénaristiquement au sens où les "méchants", certes punis, le sont d'une manière étrange, biscornue, peu triomphaliste. La soirée s'accouche quand même dans la douleur et et Sam perd sa petite amie goy aussi sec. Les circonvolutions sont, sinon dérangeantes (là il ne faut pas exagérer encore que certains passages avec la mère), du moins tordues, ambivalentes.
Ensuite, la mise en scène (je parlais de métier plus haut) est d'une précision, d'une discrète et constante invention qui entretiennent un sentiment de fraîcheur formelle qui dépoussière totalement des canevas vus mille fois. C'est exactement ça que je voulais dire.
Oui, il n'empêche que Sammy se venge de ses tyrans par le cinéma, et par cette humiliation, il les met à l'épreuve face à la force de suggestion des images et du montage. À travers ce film comico-subversif d'une épreuve sportive, où l'exagération des traits, ralenti pour mythifier la prouesse physique d'un des caïds, Sammy découvre les effets collatéraux d'une perception: le film avait pour but de les ridiculiser au moyen de la caricature, les types sont grandi à la hauteur des dieux de l'Olympe, avec quelques contre-points comiques. Bref, Sammy découvre les joies et ambivalences d'une réception, auquel il ne s'attendait pas totalement, et qu'il ne contrôle pas. Mais, au fond, les rires moqueurs du public ne trompent pas et le but visé est parfaitement atteint: c'est un triomphe. On ne repeindra pas une oeuvre par ailleurs assez lisse, "préservant les zones d'ombre" comme dirait Jean-Michel Frodon dans Slate, en oeuvre malade, ambivalente, et tordue.
Je ne parle pas de ton rapport à sa carrière mais bien de celui-ci en particulier, que tu as décidé assez vite d'aimer, ou de présupposer de sa qualité. J'en veux pour preuve ces nombreux échanges.
Peut-être pas "décidé" mais concède l'idée de t'être bien préparé à l'aimer...Alexandre Angel a écrit : ...Je commence à avoir très envie de le voir (c'était pas évident il y a quelque temps) et j'avoue que l'avis de Strum m'a pas mal boosté.
[...]
Merci Strum!
Outre la qualité, dans la mesure et la précision, de ton texte, ce qui contribue à une certaine confiance que m'inspire le film est l'idée d'avoir distribué David Lynch : choix inattendu, aussi éloigné de l'univers spielbergien (ou alors quelque chose m'échappe) que de celui de John Ford. On pense à la présence légèrement ahurie de François Truffaut dans Rencontres du 3ème type même si le choix de Lynch surprend encore plus.
J'y vois la promesse d'une ambition, d'un investissement formel et scénaristique.
Nous verrons.
[…]
Très gros dossier consacré au film dans le dernier numéro des Cahiers du Cinéma. Je pense G.T.O. que ta prophétie sur mon prévisible assentiment au film s'avérera exacte. Selon l'expression dédiée, je le sens bien celui-là. Les ondes sont des plus positives (le barème aux étoiles de la dernière page avec d'autres rédactions oscille entre "à voir absolument" et "chef d'œuvre").
Cela risque surtout de complexifier encore plus mon cheminement perso face à une filmographie qui m'envoie beaucoup de signaux contradictoires depuis 40 ans.

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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2022)
Certainement pas malade!

Ah oui, tout à fait et je n'ai pas ressenti la moindre déception (pour l'instant je ne parle pas de chef d'œuvre mais ça peut encore évoluer).G.T.O a écrit : Peut-être pas "décidé" mais concède l'idée de t'être bien préparé à l'aimer...![]()
Révision prévue ce week end.
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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2022)
Belle critique de l'ami Claude Monnier sur le blog de Starfix :
https://blog.starfix.fr/2023/02/18/the- ... spielberg/
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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2023)
EliWallou a écrit : ↑26 déc. 22, 20:28qu'est-ce que c'est sucré !
La découverte du fils. Cette mère quiParesse d'écriture qui amène cela avec la finesse d'un semi-remorque.
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Oui et c'est quand même un peu dommage vu le projet initial.tenia a écrit : ↑15 déc. 22, 14:31le film est une sorte de film papy momifié voire sénile, explicitation d'un trauma d'enfance rabâché depuis 40 ans par Spielberg et exposé ici à l'écran de la façon la plus didactique, piétonne et surtout sirupeuse possible, tel un déjà vu de 2h40. le film est du gros mélo mièvre qui tâche plutôt qu'un tant soit peu plus subtil que ça.
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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2022)
Personne n'a encore évoqué la bande originale de John Williams, douce, discrète et bouleversante, à l'image donc du film !
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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2022)
Jeremy Fox a écrit : ↑23 févr. 23, 08:07 Personne n'a encore évoqué la bande originale de John Williams, douce, discrète et bouleversante, à l'image donc du film !
Surtout que c'est (probablement?) la dernière collaboration entre lui et Spielberg. Je l'ai trouvée belle et toute en retenue.
Oui et c'est à l'image de ce magnifique film à la fois fantasmes de réminiscences de son auteur et "œuvre-boucle" qui réussit l'exploit à mes yeux à la fois de (ré)conforter tout en surprenant les connaisseurs de son cinéma et de livrer un récit passionnant pour celles et ceux (beaucoup plus nombreux néophytes) qui veulent bien se laisser happer par l'irrésistible attirance et indispensable amour qu'a le personnage principal pour le septième art. Ce dernier qui apparaît comme une épiphanie, un choc thermique, physique, s'accrochant à la psyché pour ne plus jamais quitter le jeune Fabelman. Un cinéma qui s'introduit de partout, qui enveloppera tout, des moments familiaux donc la sphère privée qui n'échappera pas à ce "virus" comme les moments d'apprentissage.
The Fabelmans est aussi un film qui montre l'importance de raconter des histoires et comment pousser et choisir les outils pour les raconter. Avec élégance, sobriété, lyrisme, classicisme, sérénité, dérision, belle naïveté et immense talent.

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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2022)
Beau résuméWatkinssien a écrit : ↑23 févr. 23, 08:39
The Fabelmans est aussi un film qui montre l'importance de raconter des histoires et comment pousser et choisir les outils pour les raconter. Avec élégance, sobriété, lyrisme, classicisme, sérénité, dérision, belle naïveté et immense talent.
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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2023)
Je mentirais si je disais que je ne me suis pas fait la réflexion. Bonjour la discrétionEliWallou a écrit : ↑26 déc. 22, 20:28qu'est-ce que c'est sucré !
La découverte du fils. Cette mère qui
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En même temps, je ne trouve pas ça grave.
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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2023)
Oui tout à fait d'accord avec Alexandre. D'ailleurs cette scène de découverte deAlexandre Angel a écrit : ↑23 févr. 23, 10:25Je mentirais si je disais que je ne me suis pas fait la réflexion. Bonjour la discrétionEliWallou a écrit : ↑26 déc. 22, 20:28qu'est-ce que c'est sucré !
La découverte du fils. Cette mère qui
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En même temps, je ne trouve pas ça grave.
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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2022)
Discret, feutré, dans la retenue (tout l'inverse de ce que le plan promo cherche à imposer)... c'est ce que je retiens principalement. Venant de Spielberg, et malgré le sujet qui s'y prête, je reste surpris qu'il s'agisse à ce point d'une étude de caractère et non d'un film entièrement porté par sa narration. Narration ici emprunte de la douceur, de la bienveillance constante avec laquelle il traite certaines situations. Le nœud du film, cette déchirure parentale, est à ce titre passionnante, et pendant la séance, mon cerveau déséquilibré ne pouvait s'empêcher de tirer des comparaisons avec De Palma, le pote de Steven avec qui il allait se baigner étant jeune.
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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2023)
Un des plus beaux films de Spielberg pour moi aussi et pareil, c'est la séquence qui persiste le plus puissamment au lendemain de la séance (avec celle de la projection à la fin et ce qu'elle révèle de rapports compliqués entre l'entertainer Spielberg et la fabrication d'images et d'un public... et qui mériterait aussi développements).Jeremy Fox a écrit : ↑23 févr. 23, 10:28 D'ailleurs cette scène de découverte delors du montage de son film de vacances est pour moi la plus belle et émouvante du film de Spielberg qui n'en manque pourtant pas.
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Pour un Spielberg maitre du spectacle réglé, il y a là un retour impressionnant au côté pile du cinéma, côté Lumière, la caméra enregistreuse et découvreuse du réel, et à ce leitmotiv de Marker dans Le Fond de l'air est rouge : on ne sait jamais ce qu'on filme. Les home movies eux-mêmes évoquent un Spielberg apprenti-cinéaste en Mekas qui s'ignore, obsevant de "brief glimpses of beauty" via super 8. Évidemment Sam expurge le film projeté à sa famille des "glimpses of truth" et les met littéralement au placard. L'invitation du cinéaste à venir y voir et permettre le retour du refoulé de tout son cinéma est décisive, ça ne se réduit pas à l'anecdote et aux démêlés avec un trauma puéril comme GTO le reproche au film en page 1, c'est Spielberg "année zéro" qui s'incline devant la puissance première du cinéma, conjurée à coup d'aliens et dinosaures : le tête-à-tête entre l'œil de la caméra et le réel ; et tout comme la séquence climax, un regard mature sur ces rapports puérils qui ont nourri son cinéma. Et ça ne tient même pas de la confession, mais de la tranquille lucidité de vieux classique.
Les suites de la séquence de montage ne vont pas sans quelques pesanteurs, j'ai pu regretter pendant la séance que ce secret devienne de façon un peu appuyée un des "sujets" de l'histoire plutôt que laisser le choc d'une découverte proprement cinématographique infuser. Mais peu importe, au conjurateur Spielberg il fallait au moins ce retour sur soi pour oser un film qui soit son propre documentaire, mais alors qui devient le documentaire de toute ses films, des plus sadiques aux plus pompiers via la projection du film de promo.
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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2023)
Ben non justement, je n'avais rien vu arriverEnder a écrit : ↑23 févr. 23, 11:14
En bons spectateurs on avait déjà compris ce qui se tramait, on avait la médiation des caméras du film Fabelmans pour observer les rapports entre la famille et cet "oncle" adoptif, tandis que, collés à la vie, ses rites et ses dénis, les personnages ne voient pas ce qu'ils ont sous le nez.

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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2023)
C'est très bien dit je trouve.Ender a écrit : ↑23 févr. 23, 11:14 Pour un Spielberg maitre du spectacle réglé, il y a là un retour impressionnant au côté pile du cinéma, côté Lumière, la caméra enregistreuse et découvreuse du réel, et à ce leitmotiv de Marker dans Le Fond de l'air est rouge : on ne sait jamais ce qu'on filme. Les home movies eux-mêmes évoquent un Spielberg apprenti-cinéaste en Mekas qui s'ignore, obsevant de "brief glimpses of beauty" via super 8. Évidemment Sam expurge le film projeté à sa famille des "glimpses of truth" et les met littéralement au placard. L'invitation du cinéaste à venir y voir et permettre le retour du refoulé de tout son cinéma est décisive, ça ne se réduit pas à l'anecdote et aux démêlés avec un trauma puéril comme GTO le reproche au film en page 1, c'est Spielberg "année zéro" qui s'incline devant la puissance première du cinéma, conjurée à coup d'aliens et dinosaures : le tête-à-tête entre l'œil de la caméra et le réel ; et tout comme la séquence climax, un regard mature sur ces rapports puérils qui ont nourri son cinéma. Et ça ne tient même pas de la confession, mais de la tranquille lucidité de vieux classique.
Les suites de la séquence de montage ne vont pas sans quelques pesanteurs, j'ai pu regretter pendant la séance que ce secret devienne de façon un peu appuyée un des "sujets" de l'histoire plutôt que laisser le choc d'une découverte proprement cinématographique infuser. Mais peu importe, au conjurateur Spielberg il fallait au moins ce retour sur soi pour oser un film qui soit son propre documentaire, mais alors qui devient le documentaire de toute ses films, des plus sadiques aux plus pompiers via la projection du film de promo.
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Re: The Fabelmans (Steven Spielberg - 2022)
Il y a un papier dans les Cahiers de ce mois-ci qui file effectivement la comparaison avec les problématiques cinématographiques et personnelles de De Palma (les lecteurs des entretiens avec Blumenfeld et Vachaud se souviennent que, étant doué en électronique dans sa jeunesse, sa mère avait exercé une forme de chantage affectif sur lui pour qu'il mette son père sur écoute pour prouver son infidélité... et qu'il y parviendra, provoquant ainsi l'implosion de sa famille), problématiques auxquelles le travelling circulaire autour de Sam/Spielberg sur sa machine de montage, façon Blow out, rend discrètement hommage. On connaît la solide amitié qui lie les deux hommes depuis toujours (Spielberg ayant même eu le privilège de mettre en scène quelques plans de Scarface, lors de l'assaut final du manoir de Tony Montana), l'admiration mutuelle qu'ils portent à leurs cinémas respectifs... Spielberg a dû voir en De Palma le grand frère qu'il n'a pas eu et auquel il pouvait vraiment se confier. La couverture critique de ce dernier film très personnel met forcément en avant la dimension parentale et initiatique, mais il s'y niche aussi en creux une déclaration émouvante à De Palma, qui a effectivement vécu toute sa vie avec ce poids du péché originel qui contribuera à faire de lui le cinéaste qu'il est - jusqu'à en faire littéralement un film, peut-être le plus secret de la filmo de De Palma, Home movies, justement financé en partie par Spielberg. Je ne crois pas que De Palma se soit (encore?) exprimé sur The Fabelmans, mais il notait déjà dans ses entretiens que là où Spielberg avait connu le traumatisme de la séparation familiale, il avait justement réussi à constituer une famille très large et très heureuse, et qu'il leur rendait souvent visite.El Dadal a écrit : ↑23 févr. 23, 11:11 Discret, feutré, dans la retenue (tout l'inverse de ce que le plan promo cherche à imposer)... c'est ce que je retiens principalement. Venant de Spielberg, et malgré le sujet qui s'y prête, je reste surpris qu'il s'agisse à ce point d'une étude de caractère et non d'un film entièrement porté par sa narration. Narration ici emprunte de la douceur, de la bienveillance constante avec laquelle il traite certaines situations. Le nœud du film, cette déchirure parentale, est à ce titre passionnante, et pendant la séance, mon cerveau déséquilibré ne pouvait s'empêcher de tirer des comparaisons avec De Palma, le pote de Steven avec qui il allait se baigner étant jeune.On sait que De Palma a lui aussi connu une adolescence brutale placée sous le signe de la trahison et de l'infidélité, qu'il a lui-même pris son père en filature (pour le trouver dans les bras de sa maîtresse) et qu'il a ainsi précipité l'explosion de la cellule familiale. Dans The Fabelmans, il y a pour moi une scène critique, qui a quelque part emporté mon adhésion, c'est celle du placard : Sam a tout ce qu'il faut pour accabler sa mère, verser dans le jugement et la sentence, mais son besoin expiatoire ne passe pas par ces canaux. Cette scène renforce au contraire le lien qui unit les deux, sans pour autant créer de distance avec le père. Là où De Palma fut rongé par une culpabilité toute chrétienne (catholicisme et protestantisme se tirant la bourre chez lui) qui demande un exutoire dans la violence, Sam/Steven prend les choses sous l'angle d'une transfiguration lui permettant d'avancer dans la vie. Lui, le juif, n'a pas trahi le Christ, il n'a pas trahi ses parents, et il n'a pas trahi ses comparses. Cette bienveillance comme façon d'avancer dans l'art et dans la vie viendra irriguer toute l'œuvre à venir.
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