Dvdclassik : cinéma et DVD

MJ a écrit : ↑25 févr. 21, 10:10 Quand j'imagine à l'arrière-plan le(s) scénariste(s) réécrire quinze fois en trois mois cette tirade "bien sentie" alors que c'est mitraillé ou pépié en un souffle par l'interprète. ex : Malcolm & Marie, Sorkin donne souvent cette impression-là.

J'ai eu cette impression la semaine dernière devant La Belle époque de Bedos : on le sent tellement fier de ses bons mots et de ses punchlines bien polissées, que même dites par d'excellents comédiens (ici c'est en particulier Fanny Ardant), ça sonne tout sauf naturel et a tendance à me sortir complètement du film.

Et oui, le Sam Levinson est un cas d'école à ce niveau-là.

Alexandre Angel a écrit : ↑24 févr. 21, 21:20

Jean-Pierre Festina a écrit : ↑24 févr. 21, 21:19 Je comprends peut-être un peu, mais au fond pas des masses...

Si tu es sérieux, ça me fascine.

N'en fais pas trop ! J'avais à peu près compris le principe, mais pas le motif : est-ce une détestation gratuite et assumée comme telle, ou bien est-elle motivée par quelque chose (par exemple, le sentiment d'être devant un film qui te nargue "on vous repasse la bande parce qu'on parie que vous n'avez pas fait attention") ?

Jean-Pierre Festina a écrit : ↑25 févr. 21, 11:29 N'en fais pas trop ! J'avais à peu près compris le principe, mais pas le motif : est-ce une détestation gratuite et assumée comme telle, ou bien est-elle motivée par quelque chose (par exemple, le sentiment d'être devant un film qui te nargue "on vous repasse la bande parce qu'on parie que vous n'avez pas fait attention") ?

C'est motivé par quelque chose et c'est la chose suivante.
Je suis agacé par la paresse formelle et l'invraisemblance qui découle d'un procédé vu 100 fois : un document video qui restitue une scène (filmée, captée) que nous avons vue plus tôt (mise en image par Hitchcock, Norman Jewison ou Henri Verneuil) mais sans en changer le point de vue, je trouve, et j'ai toujours trouvé, que sur le plan cinématographique, ça a l'air bête.

Je comprends

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de moins en moins

Il me semble que ce qui dérange Alexandre est la trahison de la notion de point de vue :
- une caméra de surveillance fournit un angle de prise de vue à hauteur de caméra et non pas d'homme
- une caméra de surveillance diffuse en continu, sans montage

Tu vas voir que non, c'est encore pas ça.
Tu parles d'une princesse au petit pois !

Jean-Pierre Festina a écrit : ↑25 févr. 21, 12:23 Tu vas voir que non, c'est encore pas ça.

Et que je vais encore me faire engueuler...

El Dadal a écrit : ↑25 févr. 21, 12:16 Il me semble que ce qui dérange Alexandre est la trahison de la notion de point de vue

Oui, et en plus ça crée, visuellement, une redondance de motifs qui n'a aucun fondement en terme de vraisemblance esthétique (genre la caméra de surveillance, elle filme aussi bien que moi le réalisateur).

Mais le pompon, c'est I...comme Icare, cf l'intervention de Major Tom.

Tiens me vient à l'esprit une autre illustration.
C'est au début de Jamais plus jamais, d'Irvin Kershner.

Simplement, ça va pas me bousiller mon visionnement dans ce dernier cas et je vais m'en taper. Mais dans d'autres cas, ça va me faire grincer les dents.

James Bond investit une baraque sud-américaine, tue tout le monde, libère une belle femme attachée au lit, qui le tue d'un coup de couteau. Il s'agissait d'un exercice pour tester la bonne forme de 007 et cet exercice était filmé par les chefs de Bond. Il y a donc un débriefing où la "performance" du héros est analysée (négativement) pas son boss sur la base de la vidéo.
Et bien les images de la vidéo sont strictement les mêmes (angles, cadrages, rythme du montage) que celles que nous, spectateurs, avons vues en début de film.
C'est une chose que je n'aime pas dans les films.

Jean-Pierre Festina a écrit : ↑25 févr. 21, 12:37

Jean-Pierre Festina a écrit : ↑25 févr. 21, 12:23 Tu vas voir que non, c'est encore pas ça.

Et que je vais encore me faire engueuler...

Meu non, qu'est ce que c'est que cette histoire ?

Oui, c'est un schisme récurrent qui vient appuyer l'artificialité du point de vue au cinéma, puisqu'on passe d'une omniscience narrative à une reproduction artificielle paresseuse.
J'ai un exemple en tête qui joue sur cette figure, c'est De Palma (who else). Si l'on prend le cas, passionnant, de Mission: Impossible et du simulacre de mise à mort opéré par Phelps au début du film (le point de vue de la caméra embarquée sur ses lunettes, Google glasses avant l'heure), on se rend bien compte de l'impossibilité pragmatique de la mise en œuvre de cette mise en scène. Le montage absorbe la majorité des points qui achoppent, achevant de transformer Hunt en spectateur. Jolie mise en abyme en ce qui me concerne.

El Dadal a écrit : ↑25 févr. 21, 13:44 reproduction artificielle paresseuse.

Après je constate que ce truc concerne un cinéma daté (je ne "visualise" pas bien ce que tu dis pour Mission: Impossible mais à la première occasion, je regarderais ce début en pensant à ta remarque).

Donc, nous disons "paresse" mais je me demande si il ne s'agit pas tout simplement d'une mésestimation, d'un autre temps, de ce que le spectateur peut ressentir et capter au vol.

Un peu comme si les réalisateurs se disaient : "on va pas s'emmerder, ils ne feront pas la différence ou bien ils la feront mais s'en foutront comme si il s'agissait d'une convention, d'un accord tacite".

Les conversations audibles par le spectateur alors que la caméra est loin des personnages, qui sont même parfois en sus derrière une paroi.

Ou pire : les persos principaux qu'on entend parfaitement, alors que des gens situés à 12cm d'eux, même pas on les entend.

Major Tom a écrit : ↑24 févr. 21, 21:45 J'ai l'exemple parfait pour toi Alexandre (oui, j'ai compris, moi... enfin je crois) : le début de I... comme Icare.

L'équivalent du film Zapruder livré non plus en "plan séquence"... mais avec un montage de cinéma et différents points de vue (alors que le gars à la caméra est censé être seul, loin, et avec une seule caméra, comme Zapruder quoi). Ça ne peut pas être une erreur, c'est forcément un choix "cinématographique". Verneuil devait être particulièrement convaincant quand il devait défendre une connerie pareille à ses producteurs et son monteur.


Edit : Je viens de vérifier, en fait ça va carrément dans ton sens : c'est le début du film qui est réutilisé. Je suis sûr qu'un classikien inspiré pourra pondre une théorie sur l'identification entre Verneuil et son Zapruder du film, mentionné d'ailleurs par Montand comme le "cinéaste le plus cher du pays", profitant de son époque révoltée et totalitaire pour gagner sa vie par son travail blablabla... Mais bon, au final on a ça :



3 téléportations, une caméra.

ça m'avait définitivement fait sortir du film, ça, quand je l'ai découvert il y a une dizaine d'années. C'est absolument n'importe quoi, dans un film qui regorge de trucs aberrants. Je n'en retiens que la musique.

Flol a écrit : ↑25 févr. 21, 19:15 Ou pire : les persos principaux qu'on entend parfaitement, alors que des gens situés à 12cm d'eux, même pas on les entend.

Tu peux élargir aux scènes en boîte de nuit, où on entend très bien les gens qui parlent, au lieu de hurler.