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Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 3 nov. 13, 16:43
par Demi-Lune
AtCloseRange a écrit :On va finir par me faire croire que Rohmer est le plus grand formaliste des années 80. Faudrait pas pousser mémé dans les orties non plus...
Rhoo, toute de suite l'exagération (oui, je sais déjà ce que tu vas me répondre)... je sais que tout ça te défrise mais quand même. :mrgreen: Je ne cherche pas à faire passer Rohmer pour un formaliste, simplement à exprimer mon ressenti selon lequel son style naturaliste n'est pas incompatible avec un travail esthétique. Quiconque a été sous leur charme doit bien sentir que ses films ont un "truc", un espèce de pouvoir de séduction voire de fascination au-delà de l'élégance du verbiage (enfin, là aussi j'imagine que ça doit être à géométrie variable). Alors d'où ça vient ? Moi je crois (et je le sens en tant que spectateur) que ces films ont visuellement quelque chose. C'est ce que j'ai essayé d'exprimer mais bon, Rohmer sur Classik, c'est pas consensuel :mrgreen:

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 3 nov. 13, 17:01
par AtCloseRange
Enfin, vanter le Rohmer 80s pour son esthétique, c'est un peu comme vanter Argento pour ses scénarii...
Tous les grands cinéastes ne sont pas doués en tout ou intéressés par tous les aspects du cinéma.
On peut sans doute dire que le choix d'un visuel très peu travaillé participe au charme de ses films des années 80 et qu'une forme plus léchée n'aurait pas forcément rendu les films meilleurs (et leur aurait peut-être nui, qui sait...) mais quasiment en faire a contrario une force esthétique, c'est vraiment too much.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 3 nov. 13, 17:54
par Federico
AtCloseRange a écrit :Enfin, vanter le Rohmer 80s pour son esthétique, c'est un peu comme vanter Argento pour ses scénarii...
Tous les grands cinéastes ne sont pas doués en tout ou intéressés par tous les aspects du cinéma.
Rohmer misait avant tout sur le scénario et les dialogues, la technique devait beaucoup moins le passionner (question de moyens financiers aussi, je suppose, équipe réduite etc.) même si il a souvent travaillé avec un aussi important chef op' que Nestor Almendros... qui était ceci dit un spécialiste de la lumière naturelle.
Ce qui ne l'a pas empêché de ne pas trop mal soigner l'esthétique de ses films non contemporains (Perceval le Gallois, La marquise d'O, L'Anglaise et le Duc et Les amours d'Astrée et de Céladon) et qu'un film comme Les nuits de la pleine Lune a une tonalité bleutée typique de sa décennie (OK, ce n'est pas du Besson-Beinex non plus :mrgreen: ).

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 4 nov. 13, 19:32
par monfilm
Tout l'intérêt de la sortie de l'intégrale en Blu ray c'est justement de sortir de cette apparente pauvreté technique qui est probablement due à la piètre qualité des DVD existants. Rohmer était trop perfectionniste pour bâcler la photo de ses films. Vivement la redécouverte.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 4 nov. 13, 22:31
par Blue
Si le blouré du "Rayon Vert" est vendu à l'unité et que l'image n'a rien à voir avec celle du DVD, je m'engage à en envoyer un exemplaire à AtCloseRange gratuitement.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 5 nov. 13, 00:38
par AtCloseRange
Je précise que je me base globalement sur les films diffusés à la télé à l'époque. Je me souvenais d'une image pourrie notamment sur les Nuits de la Pleine Lune mais c'est le cas pour à peu près tous les autres de cette époque. La revoyure du Rayon Vert n'a pas changé la donne et la découverte de la Femme de l'Aviateur non plus.
Je ne crois donc pas qu'il s'agisse là d'un problème de DVD :wink:
Et puis c'est pas comme si j'étais le seul à le faire remarquer sur ce topic, hein :mrgreen:

De toute façon, tout cela n'est qu'accessoire, ça ne m'a jamais vraiment empêché d'apprécier un Rohmer. Et la plupart des films français actuels ont une photo bien plus pourrie que celle de ses films (mais pas pour les mêmes raisons).

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 7 nov. 13, 16:15
par monfilm
Y'a comme une certaine fierté ludique chez Potemkine...

Image

Pour les tests, Geoffrey ou Tenia peut-être, moi j'ai pas le temps.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 7 nov. 13, 16:49
par Jack Griffin
Y'a eu des tests de fait sur ce coffret ?...Bon, à moins que ce soit l'arnaque du siècle, je le prends.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 14 nov. 13, 06:37
par Jeremy Fox
Alors que tout Rohmer sort en coffret Blu-ray, on commence tout doucement l'intégrale par la critique de La marquise d'O. C'est Pierre Charrel qui s'en est occupé.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 15 nov. 13, 20:28
par Amarcord
:D :D :D
JOIE !!! La boutique de Potemkine (à Paris, donc...) vend déjà les coffrets (tous les formats dispos : 4 au total, donc), sans attendre la sortie officielle du 19/11...
J'en reviens à peine (dans tous les sens du terme, d'ailleurs !). Le coffret de l'intégrale est très joli (les 3 autres aussi, cela dit), je finis même par me faire à ces visuels qui, au départ, m'avaient quand même laissé perplexe. Le livret est tout bonnement splendide : épais et (très) richement illustré.
Et, last but not least, pour l'achat du coffret intégrale, Potemkine vous offre un sac en toile qui reprend le motif dessiné sur le coffret (la tête de Rohmer camera à l’œil) ! :mrgreen: Un goodies Rohmer, qui l'aurait cru ? :mrgreen: :uhuh:
Je compte bien sûr attaquer la bête dès ce soir (ça sent le week end Rohmer !), avec la ferme intention de ne pas être déçu par le rendu HD !
J'espère ainsi annoncer des surprises à ceux qui, ici, vilipendent l'esthétique 80's de Rohmer, ce qui me permet de rebondir (tardivement, désolé Blue :wink: ) sur...
Blue a écrit : :mrgreen: J'aimerais bien avoir l'avis d'Amarcord sur la question.
...Il m'a semblé, à la lecture de tous vos échanges, aux uns et aux autres, que Rohmer, même avec ceux qui ne le détestent pas, finit par "déranger" (le terme est sans doute un peu fort, mais je ne trouve pas d'autre mot dans l'immédiat) dès lors qu'il s'éloigne des clichés auxquels on a tendance à le rattacher : la légèreté, la (ou les) vacance(s), les jeunes filles en fleur (qui, par définition, sont plus désirables quand il fait beau et, si possible, au bord de l'eau...). On a donc peut-être tendance à préférer Le Genou de Claire, Pauline à la plage, Conte d’été ou Le Rayon vert... Même Demi-Lune les trouve plus "épanouis" : fatalement ! Comment ne pas avoir ce sentiment ? Le soleil épanouit plus, par nature, que la grisaille ! Rohmer est un naturaliste (tu le dis toi-même, Demi-Lune) : il n'a donc aucune raison de nous montrer une ville (qui plus est Paris) autrement que comme elle est (à moins, bien sûr, de tomber dans les clichés d'un Paris de carte postale qui ne parle plus qu'aux Américains ou aux fans de Jeunet)... J’en ai fait personnellement l’expérience autour de moi : beaucoup de gens qui sont « allergiques » à Rohmer "tolèrent" (faut pas déconner non plus !) davantage ces films-là que ceux qu’on présente comme austères (de manière abusive selon moi), comme Ma Nuit chez Maud, Les Nuits de la pleine lune, Conte d’hiver ou L'Amour l'après-midi… qui sont parmi mes préférés.
Mais pour en revenir à ce que disaient AtCloseRange, Demi-Lune ou Federico, je ne suis pas vraiment d'accord (et même pas du tout en fait) avec vous quand vous sous-entendez (en utilisant le terme d' "austérité", assimilé à "quelconque" par Demi-Lune, qui aime pourtant Rohmer !) que l'aspect esthétique de Rohmer est secondaire (et là encore, c'est une chose qu'on a plus tendance à ressortir au sujet des Rohmer automnaux ou hivernaux)... Parler d'un "visuel très peu travaillé" (AtCloseRange) est à mon sens une hérésie... Je ne crois pas que la technique "l'intéressait très peu" (Federico). Il suffit d'écouter les bonus des DVD Opening pour se rendre compte que Rohmer était au contraire absolument obsédé par cela, et notamment par la couleur : en fonction du sujet et de la saison à laquelle est censé se passer le film, certaines couleurs, certains tons sont littéralement bannis. Et je trouve que ce travail est encore plus visible (et impressionnant) précisément dans ses films qui ne partent pas "gagnants" au départ, en n'ayant pas pour eux le soleil, l'été, et la lumière qui va avec... Les films où Rohmer montre la grisaille (parisienne, surtout) ont un parfum bien particulier, ils dégagent une forme de mélancolie (qu'on pourra juger cafardeuse, soit) qui, personnellement, me rend son cinéma encore plus proche, encore plus familier, si c'était possible.
Et je ne parle là que des couleurs. Parce que sur le plan architectural, Rohmer est également l'un de ceux qui ont su le mieux "montrer" les choses (son intérêt pour l'architecture est proverbiale).
Donc oui, AtCloseRange : je suis de ceux qui croient et affirment que Rohmer est un grand formaliste. Et pas que des années 80.

Bon sinon, j'allais oublier l'événement (à moins que quelqu'un l'ait déjà signalé ici ?) : pour les Parisiens (ou ceux qui viennent à Paris ce week end), la boutique Potemkine organise un "après-midi Rohmer" (avec thé offert, pour être bien dans le trip Rohmer !), avec la participation de, entre autre, Rosette, Amanda Langlet, Andy Gillet, Charlotte Véry, Sophie Renoir (et "bien d'autres", précise l'invitation... Luchini et Dombasle ? :mrgreen: )

Ah oui ! Et dernière petite chose... La fameuse "surprise" du coffret qui a tant fait gloser (ici, notamment !)... Eh bien, cette surprise, c'est...
Spoiler (cliquez pour afficher)
...Deux sachets de thé !
Promis, c'est la vérité ! :mrgreen: :uhuh: :lol:

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 15 nov. 13, 22:28
par Blue
J'ai pas encore eu le temps de parler du travail sur les couleurs, du coup je te remercie doublement Amarcord pour l'avoir évoqué. En effet, au fur et à mesure de mes découvertes (il doit me rester 6 films à voir, et pour le moment aucune déconvenue) je me rends compte à quel point Rohmer a attaché une attention toute particulière à l'esthétique et au ton de de ses films, à travers ses choix de décors, les vêtements des personnages, ou tout autre détail. Les quelques bonus présents sur les dvd le confirment.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 15 nov. 13, 23:15
par Amarcord
L'obsession de la couleur va même assez loin, chez Rohmer... Qui d'autre que lui va jusqu'à choisir une couleur bien précise pour chaque cahier de notes de chaque film ? (c'est, je crois, dans l'indispensable émission Preuves à l'appui qu'on voit ça). Jusqu'aux couleurs des tranches des jaquettes de DVD (aussi bien les Opening que les tout nouveaux Potemkine, d'ailleurs, qui reprennent très exactement cette combinaison précise de couleurs, voulue par Rohmer lui-même, il me semble)... ça va loin, quand même !

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 15 nov. 13, 23:36
par homerwell
J'approuve ce que vous dites sur le travail sur la couleur, je l'ai ressenti aussi à travers toutes les "citations" sur la peinture qui jalonnent le cinéma de Rohmer. Et les cadres ne sont pas en reste, moi qui avait l'habitude de faire des petites captures d'écran des dvd sur mon pc, j'ai souvent pensé que le cadrage était très travaillé.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 15 nov. 13, 23:37
par Thaddeus
Cette simple image de L'Ami de mon amie atteste du soin et de la délicatesse de Rohmer quant à la question de la couleur, de son agencement et de son impact sur l'oeil et l'esprit.
Et, pour répondre à AtCloseRange, oui moi je trouve cette esthétique très belle. :mrgreen:
Image

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 16 nov. 13, 01:25
par AtCloseRange
Eh les gars, on parle essentiellement de la photo. Dire qu'il y a une différence entre le soin apporté à celle de l'Amour l'Après-Midi à celle de le Femme de l'Aviateur ou du Rayon Vert, je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de choquant (ça me semble même une évidence).