Edouard a écrit :
Pour le rapprochement avec
Le Territoire des loups tu n'es pas d'accord avec Colqhoun non plus:
Colqhoun a écrit : Un film réduit au strict nécessaire. La survie d'un homme blessé en territoire sauvage. Il n'y pas de questionnement de croyances ou de justification des actions. Juste la volonté absolue de survivre.
Je vois les deux comme des survivals movies, même si l'un est plus calibré "divertissement" et l'autre "arty". D'où mon rapprochement.
Bah disons que le Skolimowski décrit effectivement et en large partie une survie. Mais il ne se réduit pas à cela. Non que le genre soit sale ou synonyme de médiocrité mais il est si oblique dans son rapport au genre que j'hésite à l'y mettre. Pourquoi ? Avant tout parce que le film est polymorphe. Il change de forme au fil de sa progression. Il se présente comme une espèce de film carcéral pour ensuite devenir un survivor à dimension allégorique et il se termine en conte. Je ne suis pas sur d'être capable de le définir si facilement. Un peu à la manière de Gerry ou, comme le dit Bruce, d'Under the Skin.
Edouard a écrit :
Bien perçu l'absence de volonté d'identification au personnage (c'est d'ailleurs ce qui m'a plu). Bien aimé aussi le fait qu'il y ait peu de paroles quand il est seul car réaliste. La radicalité, c'est ok pour moi.
Attention je ne dis pas que le film est idiot mais son héros, c'est différent. Ni que le film est une purge complète car ma note est dans la catégorie il y a des trucs à sauver (la réalisation, le premier tiers du film mais après qui s'enfonce littéralement et annihile tout ce qu'il avait construit au préalable).
Là encore, je ne comprends pourquoi et au nom de quoi tu trouves idiot le "héros". Déjà, mais peut-être est-ce un abus de langage, je ne suis pas sur que la notion de héros soit réellement approprié ici. Il n y a pas de héros dans le film de Skolimowski. Juste un personnage principal assez énigmatique, dont on ne sait quasiment rien, si opaque que sa seule présence renforce l'abstraction du film, sa dimension allégorique. Grotesque parfois oui, idiot non. J'ai l'impression que tu as mal réagi aux changements de braquets du film et ruptures de tons, non ?
Edouard a écrit :
L'humour, j'ai du passer à côté mais c'est tellement subjectif. A quoi penses-tu ?
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- La scène de l'allaitement ? Le coup des chiens ? Le fait que le terroriste soit un simple d'esprit, malléable donc et qu'il soit "manipuler" par des extrémistes ?
Après je peux être à côté de la plaque mais encore faut-il qu'il y ait quelque chose à comprendre. Tout est question de sensibilité.
Bah voilà, tu confirmes ce que je disais plus haut.
Oui, ces scènes possèdent un humour très noir auquel tu n'as pas été sensible. ( Cf scène d'allaitement, les chiens). Parenthèse : la présence des chiens dans le film confirment ce retour à l'animalité que vit le personnage.
Après concernant cette idiotie relative et inhérente à tout fanatique elle témoigne surtout d'un jugement que tu fais sur le fanatisme en général. Tu juges le fanatisme religieux en le considérant idiot. C'est ton droit. Mais, il me semble que c'est un peu hors-sujet par rapport au projet de Skolimowski. Il ne cherche ni à juger ni à gommer la dimension destructive du personnage. Le film n'est pas non plus une étude clinique sur la psychologie fanatique. J'ai surtout le sentiment que ce que cherche Skolimowski à faire est de nous faire ressentir un rapprochement inhabituel. Un rapprochement géographique, physique, esthétique pour créer des mélanges inédits ( c'est le grand talent de ce réalisateur je trouve). Un peu comme les ingrédients d'une fable. À nous faire un voyage étrange où, comme le dit Colghoun, la question des croyances est curieusement absente et où celle du corps est essentielle.