Cannes 2021

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Supfiction
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Re: Cannes 2021

Message par Supfiction »

Shin Cyberlapinou a écrit : 9 juil. 21, 23:28 Il a apparemment un rôle (une apparition?) dans Top Gun 2, je trouve ça élégant de la part de Cruise (qui a quand même remplacée Kelly McGillis par Jennifer Connelly) sachant que les deux acteurs ne s'étaient apparemment pas du tout entendus sur le premier film.
mannhunter a écrit : 9 juil. 21, 23:31
Shin Cyberlapinou a écrit : 9 juil. 21, 23:28Cruise (qui a quand même remplacée Kelly McGillis par Jennifer Connelly)
Il me semble d'ailleurs avoir lu que Kelly McGillis n'avait pas trop apprécié son absence dans cette suite...indélicatesse de la production l'ayant jugée trop âgée..
Shin Cyberlapinou a écrit : 10 juil. 21, 00:03 Trop âgée et mal conservée (comprendre: "a vieilli de façon normale"), c'est un péché capital à Hollywood. Avoir une comédienne n'ayant "que" 10 ans de moins que son partenaire (même si probablement retouchée et soumise à une hygiène de vie draconienne) est une forme de victoire...
Raccord avec les échos de Cannes du côté des féministes qui se félicitent de la chevelure grise d’Andie McDowell et des mèches blanches de Jodie Foster. Sauf qu’Andie est abonnée depuis longtemps aux petits rôles et que Jodie avait pratiquement arrêté sa carrière d’actrice depuis une dizaine d’années.
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Supfiction
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Re: Cannes 2021

Message par Supfiction »

Je remonte le topic déjà perdu dans les limbes du forum alors qu’on est en plein festival.
Quels sont les favoris qui se détachent alors selon vous ?
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Re: Cannes 2021

Message par ed »

Petite pause dans mon intensif programme hebdomadaire (je suis à mi-parcours) pour vous faire quelques retours sur ce que j'ai vu :

Compétition officielle :

Benedetta (Verhoeven)
Moi qui suis assez peu client de Verhoeven par ailleurs, j'ai plutôt été (modestement) séduit. Le film tient, dans sa première partie, moins du drame historique que de la comédie satirique, avec une approche sans ambages (d'aucuns diraient sans subtilité) qui ne refuse pas le grotesque, que ce soit dans l'approche très ironique des "visions" de Benedetta ou dans le regard cynique et moderne porté sur les agissements des autorités religieuses. Les séquences sexuelles, elles aussi, procèdent d'une forme de distance ironique qui tue un peu l'érotisme. Après une scène, un peu après la moitié (la nuit de la comète) qui ne craint pas le ridicule (mais qui m'a quand même collé quelques frissons), le film dérive vers le "film d'inquisition" à travers le personnage du nonce joué par Lambert Wilson. D'ailleurs, l'interprétation a contribué à mon plaisir (je ne connaissais pas Daphné Patakia ou Louise Chevillotte, je retiens leurs noms), Charlotte Rampling en particulier n'ayant rien perdu de son magnétisme fascinant.

La fracture (Corsini)
Je ne sais pas si le film vieillira bien, mais, quoique très imparfait, il est assez digne d'intérêt pour plusieurs raisons. Premièrement, on pourrait le décrire comme une "screwball comedy" dans une salle d'urgences d'un hôpital parisien, et il me semble avoir rarement vu le potentiel comique (tragique et absurde) d'un tel lieu exploité de cette façon-ci. Valeria Bruni, envaporée, joue beaucoup pour la fantaisie du truc. Le film opère toutefois sur de brutaux changements de registre, en basculant brusquement vers le thriller hospitalier, le drame familial, voire le thriller (la scène avec le jeune psycho est la moins bonne du film, selon moi) et ça fonctionne plutôt bien. Surtout - et la sortie malhabile de Pio Marmaï va faire qu'on ne va retenir que ça du film - il s'agit d'un film ancré dans l'actualité sociale française la plus brûlante, étant situé la nuit de l'intrusion de Gilets Jaunes à la Pitiéc Salpétrière après un défilé du premier mai - ça lui donne une vibration particulière, en même temps que ça l'alourdit, avec des discussions politiques surécrites et une surabondance de détails parfois trop signifiants.

Tre piani (Moretti)
Plus ça va, et plus Moretti se normalise, abandonnant tout ce qui faisait la singularité de son oeuvre (autoficition, conscience politique rageuse, sens de la fantaisie...) pour aller vers une forme de classicisme désincarné qui ressemblerait à du sous-Farhadi (enchevêtrement de situations dramatiques complexes surécrites) ou à du sous-Almodovar (accumulation de secrets familiaux et scène de sexe). Ce n'est pas mal joué, ce n'est pas inintéressant, ce n'est pas moche, mais ça ne fait rien vibrer.

La fièvre de Petrov (Serebrennikov)
Gros candidat pour le Prix de la Mise en Scène (plus, ce serait peut-être exagéré) dans la mesure où c'est un pur exercice de forme, plein d'éclat, d'ambition, de fureur, d'audace, de folie... en un mot de fièvre. La première heure, hallucinante et halluciné, nous plonge dans un trip sous alcool et médicaments dans une nuit où (à la manière de Leto) rien de ce qui ne nous est montré n'a de vérité ailleurs que dans l'esprit des personnages. Le gros morceau de bravoure est un plan-séquence d'un gros quart d'heures avec changements d'heures, de lieux, des décors escamotés à l'arrière plan, un ascenseur, un jet d'eau, une plaque de gaz, un suicide organisé et une explosion finale qui laisse hébété. Et puis dans sa dernière partie (oui, le film dure 2h30 et c'est trop), le film se pose, opte pour un noir et blanc classieux et entreprend un long flashback qui m'a (nous a) semblé beaucoup trop déconnecté du reste. En gros, on en a pris plein la gueule mais on s'interroge encore parfois sur ce que ça raconte vraiment.

Titane (Ducournau)
Je trouve que la réalisatrice franchit encore un palier, tout en restant cohérente avec son univers. Le film démarre tambour battant, rutilant, excessif, violent, sanglant, mais révèle son vrai coeur bien plus tard, avec l'arrivée du personnage de Vincent Lindon, un homme qui a avant tout besoin de croire, d'être dupe, même s'il sait que c'est faux. Et là, Julia Ducournau parle d'elle et de sa conception du cinéma : zéro cynisme ou zéro ambition méta chez elle. Elle croit profondément, viscéralement, à ce qu'elle raconte, quand bien même il s'agit d'une fille qui fait l'amour avec une Cadillac. Le film est donc drôle, mais le rire ne va jamais en opposition avec le malaise. Ils s'accompagnent, s'étreignent, et donnent finalement quelque chose de très imparfait, parfois exagéré ou maladroit, mais finalement de très touchant.

Un héros (Farhadi)
Je viens d'avoir une longue discussion avec un collègue, avec qui nous avons la même lecture de la "méthode Farhadi", mais nous n'y réagissons pas pareil. Pour lui, tout ceci est trop brillant, trop écrit, avec des personnages trop fonctionnels, et plus la mécanique se met en marche et plus il se braque. Moi, c'est l'inverse : en effet, la forme n'a pas trop d'intérêt, mais la manière dont l'engrenage dramaturgique se construit, se structure et finalement s'enclenche me plonge dans un état incroyable de tension ou de révulsion. On est donc en terrain connu, avec des personnages qui veulent toujours faire de leur mieux mais malgré leurs efforts ne cessent de voir les choses leur échapper des mains. En fait, en l'écrivant, je me dis que c'est ça : le cinéma d'Asghar Farhadi me fait retrouver, pendant presque deux heures, un état que je n'ai connu qu'une fraction de seconde dans toute ma vie, lorsqu'à 20 ans j'ai eu un accident de voiture et qu'avant le moindre choc, j'avais simplement senti que je perdais le contrôle...

Je ferai un message groupé sur les sections parallèles un peu plus tard
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Re: Cannes 2021

Message par ed »

Supfiction a écrit : 14 juil. 21, 15:14 Je remonte le topic déjà perdu dans les limbes du forum alors qu’on est en plein festival.
Quels sont les favoris qui se détachent alors selon vous ?
Sur place, les festivaliers n'ont presque qu'un titre à la bouche : Drive my car, de Ryusuke Hamaguchi.
Sur les titres qui clivent mais ont vraiment emballé leurs laudateurs : Annette ou le Serebrennikov (voir plus haut)
Sur les titres qui font une quasi-unanimité, mais sans emballement : Compartiment 6 ou Julie en 12 chapitres (de Joachim Trier)
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Re: Cannes 2021

Message par Supfiction »

Merci. Holy Motors n’avait rien eu à Cannes avant d’être consacré par Les Cahiers, on verra bien.
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Re: Cannes 2021

Message par Jack Carter »

ed a écrit : 14 juil. 21, 15:24
Supfiction a écrit : 14 juil. 21, 15:14 Je remonte le topic déjà perdu dans les limbes du forum alors qu’on est en plein festival.
Quels sont les favoris qui se détachent alors selon vous ?
Sur place, les festivaliers n'ont presque qu'un titre à la bouche : Drive my car, de Ryusuke Hamaguchi.
Une 3eme palme asiatique d’affilée ? :)
J’ai hâte !
Merci pour tes comptes-rendus Ed
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Re: Cannes 2021

Message par Wile E. »

ed a écrit : 14 juil. 21, 15:20 Titane (Ducournau)
Je trouve que la réalisatrice franchit encore un palier, tout en restant cohérente avec son univers. Le film démarre tambour battant, rutilant, excessif, violent, sanglant, mais révèle son vrai coeur bien plus tard, avec l'arrivée du personnage de Vincent Lindon, un homme qui a avant tout besoin de croire, d'être dupe, même s'il sait que c'est faux. Et là, Julia Ducournau parle d'elle et de sa conception du cinéma : zéro cynisme ou zéro ambition méta chez elle. Elle croit profondément, viscéralement, à ce qu'elle raconte, quand bien même il s'agit d'une fille qui fait l'amour avec une Cadillac. Le film est donc drôle, mais le rire ne va jamais en opposition avec le malaise. Ils s'accompagnent, s'étreignent, et donnent finalement quelque chose de très imparfait, parfois exagéré ou maladroit, mais finalement de très touchant.
La violence et le "gore" sont ils aussi extrêmes et insupportables à regarder que le laisse entendre les premiers retours ou est ce l'effet Cannois qui a tendance à trop exagérer comme souvent (Pompiers sur place durant la séance, gens qui vomissent dans la salle...) ?
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Re: Cannes 2021

Message par Jeremy Fox »

Jack Carter a écrit : 14 juil. 21, 16:54
ed a écrit : 14 juil. 21, 15:24 Sur place, les festivaliers n'ont presque qu'un titre à la bouche : Drive my car, de Ryusuke Hamaguchi.
Une 3eme palme asiatique d’affilée ? :)
Quelle belle consécration ce serait pour ce très grand cinéaste :)
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Message par Mosin-Nagant »

Wile E. a écrit : 14 juil. 21, 17:31La violence et le "gore" sont ils aussi extrêmes et insupportables à regarder que le laisse entendre les premiers retours ou est ce l'effet Cannois qui a tendance à trop exagérer comme souvent (Pompiers sur place durant la séance, gens qui vomissent dans la salle...) ?
Non. Les festivaliers sont juste des chochottes... Des pompiers, pfff! Pour Irréversible, je comprenais mais pour ce film? Et la présence de pompiers dans le film ne sert pas à grand-chose non plus. :mrgreen:
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Re: Cannes 2021

Message par Wulfa »

ed a écrit : 14 juil. 21, 15:24 Sur place, les festivaliers n'ont presque qu'un titre à la bouche : Drive my car, de Ryusuke Hamaguchi.
Jack Carter a écrit : 14 juil. 21, 16:54 Une 3eme palme asiatique d’affilée ? :)
Jeremy Fox a écrit : 14 juil. 21, 17:34 Quelle belle consécration ce serait pour ce très grand cinéaste :)
Ce serait formidable, et j'en serait quelque peu ému. J'adore ce réalisateur, Asako ayant été une très grande révélation pour moi.

Je ne me tiens que très peu au courant des discours médiatiques ou critiques, je serais curieux de savoir ce qu'il se raconte sur ce nouveau film que j'attends avec énormément d'impatience.
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Re: Titane

Message par mannhunter »

Mosin-Nagant a écrit : 14 juil. 21, 19:17Pour Irréversible, je comprenais
dans "Irréversible" c'est l'épaisseur du scénario, des dialogues et les prestations du casting qui ont provoqué des évanouissements et des vomissements dans la salle... :uhuh:
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Re: Titane

Message par Mosin-Nagant »

mannhunter a écrit : 14 juil. 21, 19:49
Mosin-Nagant a écrit : 14 juil. 21, 19:17Pour Irréversible, je comprenais
dans "Irréversible" c'est l'épaisseur du scénario, des dialogues et les prestations du casting qui ont provoqué des évanouissements et des vomissements dans la salle... :uhuh:
Non. C'est la violence de deux scènes en particulier, les mouvements de caméra et le sound design.
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Re: Cannes 2021

Message par ed »

Wile E. a écrit : 14 juil. 21, 17:31
ed a écrit : 14 juil. 21, 15:20 Titane (Ducournau)
Je trouve que la réalisatrice franchit encore un palier, tout en restant cohérente avec son univers. Le film démarre tambour battant, rutilant, excessif, violent, sanglant, mais révèle son vrai coeur bien plus tard, avec l'arrivée du personnage de Vincent Lindon, un homme qui a avant tout besoin de croire, d'être dupe, même s'il sait que c'est faux. Et là, Julia Ducournau parle d'elle et de sa conception du cinéma : zéro cynisme ou zéro ambition méta chez elle. Elle croit profondément, viscéralement, à ce qu'elle raconte, quand bien même il s'agit d'une fille qui fait l'amour avec une Cadillac. Le film est donc drôle, mais le rire ne va jamais en opposition avec le malaise. Ils s'accompagnent, s'étreignent, et donnent finalement quelque chose de très imparfait, parfois exagéré ou maladroit, mais finalement de très touchant.
La violence et le "gore" sont ils aussi extrêmes et insupportables à regarder que le laisse entendre les premiers retours ou est ce l'effet Cannois qui a tendance à trop exagérer comme souvent (Pompiers sur place durant la séance, gens qui vomissent dans la salle...) ?
Il y a dix/quinze minutes assez violentes au début (ça se calme nettement ensuite) mais le film n'est globalement pas spécialement "gore"
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Jack Carter
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Re: Cannes 2021

Message par Jack Carter »

A deux jours du palmares, confirmation que Philippe Rouyer a toujours l'enthousiasme aussi facile :mrgreen: , et que Sean Penn est encore le bonnet d'ane de la selection

tableau du site Chaosreign
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-Kaonashi-
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Re: Cannes 2021

Message par -Kaonashi- »

Le film d'Ildiko Enyedi a aussi une moyenne très basse sur ce tableau. Dommage, après l'excellent et tellement étrange Corps et âme...
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