Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
Strum a écrit :Arielle Dombasle est toujours parfaite chez Rohmer.
Je pense qu'elle se crée surtout un petit monde très arrêté sur lequel elle veut avoir la mainmise. Elle a décidé qu'elle se marierait, voilà, c'est sans appel et l'absurdité de cette décision arbitraire est sans cesse rappelée dans le film, pour être finalement le retour de bâton que ne pouvait pas esquiver longtemps le personnage (Dussollier se braque et va s'éloigner d'elle dès lors que la mère de Sabine lui parle de cette chimère de mariage à la soirée d'anniversaire, comme il le relève dans son long et excellent monologue). Le film s'apparente vraiment à la fable dans cette manière qu'a Sabine de s'exposer aux devants d'une inévitable leçon : elle ne peut commander l'amour, l'attachement. C'est une idée qu'on retrouve dans Pauline à la plage, aussi. Personnellement je ne vois pas le personnage comme malhonnête, ou alors elle l'est envers elle-même en se construisant des utopies idéalistes et égoïstes. C'est cet idéalisme naïf et romantique qui, chez moi, rend ce personnage très attachant malgré ses attitudes perpétuellement insatisfaites, voire geignardes. Il faut voir la contenance qu'elle prend à la fin dans le bureau d'avocat, cette manière qu'elle a de dauber sur Dussollier alors qu'on sait pertinemment qu'elle l'aimait et qu'elle est blessée : elle s'est créée une façade, un petit monde enchanté, incompréhensible aux yeux de son entourage. J'avoue avoir été très sensible à cela, à cette tentation qu'on peut avoir de décréter que les sentiments seront comme ça et pas autrement, ce voile qu'on peut se mettre devant les yeux pour ne pas avoir à assumer une réalité blessante. Or les choses ne sont pas si simples que ça dans la vie.Ratatouille a écrit :le personnage féminin central est totalement insupportable : Béatrice Romand est mignonette, mais elle ne sait jamais ce qu'elle veut, et elle est malhonnête et pleurnicharde (lorsqu'elle monte dans sa chambre pour bouder pendant sa boum, j'ai sincèrement eu envie de la frapper).
C'est marrant comme ce sentiment est ultra-répandu au point sans doute d'être majoritaire. Alors je dois sans doute être un peu à côté de la plaque puisqu'au contraire, non seulement Delphine/Marie Rivière ne m'agaçe pas, mais en plus je la trouve extrêmement touchante, ressentant pour elle une affection et une empathie totales. Qu'est-ce qui agaçe chez elle ? Son indécision ? Sa maladresse ? Son incapacité au bonheur ? Mais ce sont des choses qui la rendent très émouvantes, au contraire. Cette fille est dans un état dépressif, elle ne sait pas comment s'y prendre pour atteindre une plénitude qui, elle le sent, est à portée de sa main. Elle y met pourtant de la bonne volonté, elle tente des expériences, mais une forme de mélancolie la rattrape toujours, la mine de l'intérieur. Franchement, je ne vois rien d'insupportable dans ce comportement ; au contraire, cet état la rend tellement touchante.scottspeed a écrit :(le personnage de) Marie Rivière m'insupporte donc visiblement la direction d'acteur de Rohmer fonctionne puisque c'est nécessairement voulu
PareilC'est marrant comme ce sentiment est ultra-répandu au point sans doute d'être majoritaire. Alors je dois sans doute être un peu à côté de la plaque puisqu'au contraire, non seulement Delphine/Marie Rivière ne m'agaçe pas, mais en plus je la trouve extrêmement touchante, ressentant pour elle une affection et une empathie totales. Qu'est-ce qui agaçe chez elle ? Son indécision ? Sa maladresse ? Son incapacité au bonheur ? Mais ce sont des choses qui la rendent très émouvantes, au contraire. Cette fille est dans un état dépressif, elle ne sait pas comment s'y prendre pour atteindre une plénitude qui, elle le sent, est à portée de sa main. Elle y met pourtant de la bonne volonté, elle tente des expériences, mais une forme de mélancolie la rattrape toujours, la mine de l'intérieur. Franchement, je ne vois rien d'insupportable dans ce comportement ; au contraire, cet état la rend tellement touchante.
Un film atypique au sein de sa filmographie ; le style est vraiment différent.Vivement La Marquise d'O, un des derniers longs-métrage de Rohmer qu'il me reste à voir !
Il y a sans conteste un jeu rohmérien chez les acteurs, comme on peut en dire autant chez Truffaut. Quelque chose d'assez récité mais qui pour moi devient proprement musical et enchanteur au bout d'un moment, tant le texte est travaillé, brillant, intelligent. J'avoue être tombé amoureux de cette écriture riche sans être sophistiquée, pertinente sans être lourdingue, soutenue sans être pompeuse. Ce ne sont pas des dialogues que le commun des mortels dirait en temps normal, mais justement, il y a une spécificité exquise, que le jeu caractéristique des comédiens chez Rohmer sert bien, je trouve. Une forme de classe d'un autre temps. Perso je n'ai pas été du tout dérangé par Dombasle dans Pauline à la plage, comme tu le dis son personnage rend cohérent les attitudes de l'actrice, et il y a de toute façon une certaine homogénéité chez les acteurs : Atkine ou Greggory, par exemple, ont une diction assez spéciale dans ce film. Et puis son fessier quand elle est en maillot de bain, l'Arielle, mamma mia...AtCloseRange a écrit :La seule fois où je l'ai vu bien jouer, c'est dans l'Ennui de Cédric Kahn. Punaise, son rôle dans Pauline à la Plage, quelle purge... Je sais bien que c'est "voulu" mais on n'est pas obligé d'adhérer au système Rohmer systématquement non plus.
C'est là que nos avis divergent. Et comme dit l'autre, c'est énorme.Demi-Lune a écrit :Quelque chose d'assez récité mais qui pour moi devient proprement musical et enchanteur au bout d'un moment, tant le texte est travaillé, brillant, intelligent. J'avoue être tombé amoureux de cette écriture riche sans être sophistiquée, pertinente sans être lourdingue, soutenue sans être pompeuse. Ce ne sont pas des dialogues que le commun des mortels dirait en temps normal, mais justement, il y a une spécificité exquise, que le jeu caractéristique des comédiens chez Rohmer sert bien, je trouve.
). Je trouve tout cela totalement artificiel.Exact. De mémoire, elle dit que la vache lui fait penser à un animal préhistorique.Jeremy Fox a écrit :Elle joue même de l'image de 'cruche' qu'on lui a collé dans L'arbre le maire et la médiathèque où elle s'extasie devant une salade et où elle confond deux animaux comme ane et vache (ou un truc de ce style). Preuve qu'elle a de l'humour.
Et si demi-Lune a l'occasion de le voir, c'est un des films les plus drôles de Rohmer avec aussi entre autre la colère de Fabrice Luchini contre les 'prunus'. Touchant et cocasse dans le même temps lorsque la journaliste interviewe les véritables agriculteurs et habitants du village.Strum a écrit :Exact. De mémoire, elle dit que la vache lui fait penser à un animal préhistorique.Jeremy Fox a écrit :Elle joue même de l'image de 'cruche' qu'on lui a collé dans L'arbre le maire et la médiathèque où elle s'extasie devant une salade et où elle confond deux animaux comme ane et vache (ou un truc de ce style). Preuve qu'elle a de l'humour.
Oui, c'est ce que je crois savoir. C'est peut-être un peu pour cela que j'ai toujours repoussé le visionnage (ainsi que celui de Perceval le Gallois) - la crainte peut-être absurde que le charme se rompe, que Rohmer me déçoive. Mais bon, quand un cinéaste m'a offert tant de beaux moments, c'est la moindre des choses que d'aller voir dans ses propositions les plus singulières.Jeremy Fox a écrit :Un film atypique au sein de sa filmographie ; le style est vraiment différent.
Elle est savoureuse dans ce film. "Oh le beau cheval !" "Mais non voyons, c'est une vache." "Une vache..."Strum a écrit :Exact. De mémoire, elle dit que la vache lui fait penser à un animal préhistorique.Jeremy Fox a écrit :Elle joue même de l'image de 'cruche' qu'on lui a collé dans L'arbre le maire et la médiathèque où elle s'extasie devant une salade et où elle confond deux animaux comme ane et vache (ou un truc de ce style). Preuve qu'elle a de l'humour.
Je note. De toute façon je deviendrai systématiquement curieux en ce qui concerne Rohmer. J'enrage d'être absent lors de la diffusion de La Marquise d'O.Jeremy Fox a écrit :Et si demi-Lune a l'occasion de le voir, c'est un des films les plus drôles de Rohmer avec aussi entre autre la colère de Fabrice Luchini contre les 'prunus'. Touchant et cocasse dans le même temps lorsque la journaliste interviewe les véritables agriculteurs et habitants du village.Strum a écrit :
Exact. De mémoire, elle dit que la vache lui fait penser à un animal préhistorique.
En fait, je précise : j'ai trouvé son comportement PARFOIS insupportable.Stark a écrit :Ca n'a rien à voir avec la Sabine d'Un beau Mariage, que j'ai moi aussi découvert cette semaine, et qui est mue davantage par des soubresauts de petite fille capricieuse, par une idée fixe totalement immature qui, en effet, peut la rendre assez antipathique (comme l'explique Ratatouille). Encore que, et comme toujours chez Rohmer, je n'arrive pas à éprouver pour elle ce type de sentiment ; le regard du cinéaste est si fin, cherchant toujours à donner sa chance à chaque motivation que, sans jamais que la complaisance soit de mise ni que notre jugement soit mis en porte-à-faux vis-à-vis d'elle, j'arrive toujours à m'y attacher - si ce n'est sentimentalement, du moins d'un point de vue intellectuel.
Et quand elle fait "glou glou" devant le dindon !Stark a écrit : Elle est savoureuse dans ce film. "Oh le beau cheval !" "Mais non voyons, c'est une vache." "Une vache..."
La séquence où elle et Clémentine Amouroux pérorent sans fin sur la création du monde, dans le bureau d'un François-Marie Bannier totalement ahuri, est géniale aussi. Entre autres morceaux de choix...
...je trouve que c'est peut-être le film le moins convaincant des six "Comédies et proverbes", même s'il reste très plaisant à suivre (et plus encore en HD, faut-il le rappeler).Dunn a écrit :C'est bon il est dispo sur Arte 7 je vais pouvoir le découvrir.
Nous sommes bien d'accord ; s'il fallait noter sur 10, je lui mettrais un bon 7.Ratatouille a écrit :Et depuis hier soir, plus j'y repense, plus je me dis qu'il mérite un peu plus que le 5.5/10 que je lui ai mis...
Petit classement des Comédies et Proverbes, maintenant que je les ai tous vu :Amarcord a écrit :...je trouve que c'est peut-être le film le moins convaincant des six "Comédies et proverbes", même s'il reste très plaisant à suivre (et plus encore en HD, faut-il le rappeler).
Je lui préfère les 5 autres (surtout Le Rayon vert, chef d'oeuvre absolu).
