scottspeed a écrit :(le personnage de) Marie Rivière m'insupporte donc visiblement la direction d'acteur de Rohmer fonctionne puisque c'est nécessairement voulu
C'est marrant comme ce sentiment est ultra-répandu au point sans doute d'être majoritaire. Alors je dois sans doute être un peu à côté de la plaque puisqu'au contraire, non seulement Delphine/Marie Rivière ne m'agaçe pas, mais en plus je la trouve extrêmement touchante, ressentant pour elle une affection et une empathie totales. Qu'est-ce qui agaçe chez elle ? Son indécision ? Sa maladresse ? Son incapacité au bonheur ? Mais ce sont des choses qui la rendent très émouvantes, au contraire. Cette fille est dans un état dépressif, elle ne sait pas comment s'y prendre pour atteindre une plénitude qui, elle le sent, est à portée de sa main. Elle y met pourtant de la bonne volonté, elle tente des expériences, mais une forme de mélancolie la rattrape toujours, la mine de l'intérieur. Franchement, je ne vois rien d'insupportable dans ce comportement ; au contraire, cet état la rend tellement touchante.
Ca n'a rien à voir avec la Sabine d'
Un beau Mariage, que j'ai moi aussi découvert cette semaine, et qui est mue davantage par des soubresauts de petite fille capricieuse, par une idée fixe totalement immature qui, en effet, peut la rendre assez antipathique (comme l'explique Ratatouille). Encore que, et comme toujours chez Rohmer, je n'arrive pas à éprouver pour elle ce type de sentiment ; le regard du cinéaste est si fin, cherchant toujours à donner sa chance à chaque motivation que, sans jamais que la complaisance soit de mise ni que notre jugement soit mis en porte-à-faux vis-à-vis d'elle, j'arrive toujours à m'y attacher - si ce n'est sentimentalement, du moins d'un point de vue intellectuel.
Vivement
La Marquise d'O, un des derniers longs-métrage de Rohmer qu'il me reste à voir !
EDIT : Je me retrouve totalement dans le message de Demi-Lune concernant l'héroïne d'
Un beau Mariage, ça m'évite d'avoir à développer davantage. Tu mets des mots sur tout ce que Rohmer parvient à suggérer, tous ces tiraillements faits d'un mélange complexe d'affects, de contenance, de vérités cachées (à soi-même ou aux autres) qu'il maîtrise avec sa dextérité, sa grâce habituelles.
J'en ai profité pour mettre à jour mon top commenté
ici.