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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 2 mai 09, 22:25
par Jeremy Fox
Profondo Rosso a écrit :Ca fait longtemps que je veux le voir celui là, c'est enfin trouvable en dvd ?
Non ; pas encore de DVD prévu mais il passe souvent sur TCM

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 3 mai 09, 10:44
par Cathy
Jeremy Fox a écrit :
Profondo Rosso a écrit :Ca fait longtemps que je veux le voir celui là, c'est enfin trouvable en dvd ?
Non ; pas encore de DVD prévu mais il passe souvent sur TCM
Et il passe enfin en cinemascope et pas en pan et scan comme lors de ses premières diffusions. Il va falloir que je revois le film, je te trouve très dur avec :wink:

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 3 mai 09, 19:20
par Watkinssien
Cathy a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Non ; pas encore de DVD prévu mais il passe souvent sur TCM
Et il passe enfin en cinemascope et pas en pan et scan comme lors de ses premières diffusions. Il va falloir que je revois le film, je te trouve très dur avec :wink:
+1, une oeuvre magnifique et décadente.

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 5 mai 09, 22:35
par Jeremy Fox
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29- Il faut marier papa (The Courtship of Eddie's Father) 1963 de Vincente Minnelli MGM

Tom Corbett (Glenn Ford), directeur des programmes d’une station de radio, vient de perdre son épouse dans un accident. Veuf, il élève seul son jeune garçon Eddie (Ronny Howard). Attentionné mais rapidement débordé, il loue les services d’une gouvernante ; mais une aide ménagère ne peut pas remplacer une compagne et Eddie, ayant promis à sa mère d’aider son père dans l’épreuve qu’ils allaient avoir à affronter, aimerait bien le voir se remarier avec, par exemple, leur voisine de palier, l'infirmière Elizabeth Marten (Shirley Jones). Celle-ci ne rencontre qu'indifférence auprès de Tom, excédé par ses remarques pourtant justes mais blessantes et l'empressement de son entourage à le pousser au mariage. Les deux ‘hommes’ rencontrent ensuite Dollye Daly (Stella Stevens), jolie rousse affectée par sa timidité et un manque de confiance maladif. MaisTom tombe amoureux d'une styliste, Rita Behrens (Dina Merrill), femme du monde élégante et maniérée. Il envisage sérieusement de l'épouser mais manque de chance, c’est la seule qui ne plait pas à Eddie...

L’année 1963 débuta pour le studio avec la sortie de Il faut marier papa. La MGM s’attendait au pire pour cette comédie écrite et réalisée par le même duo et avec le même interprète principal que Four horsemen of the Apocalypse qui fut un 'bide'. Au contraire, elle redora le blason de la firme : les critiques furent élogieuses, charmées par la fraîcheur qui se dégageait du film et le public se rua dans les salles le sourire aux lèvres. 29ème œuvre de Minnelli, il s’agit aussi de sa dernière chronique familiale ; un film qui ne paie pas de mine et qui pourrait sembler mineur mais qui se révèle être un véritable chef-d'oeuvre. Peu de films autres que lui peuvent se targuer d’avoir rendu avec plus de justesse à l’écran les relations père-fils. L’élégance habituelle du réalisateur est ici encore de mise et permet à ce sujet, qui aurait pu facilement tomber dans la gaudriole ou au contraire dans la mièvrerie, de se maintenir constamment dans une espèce d’état de grâce, le réalisateur scrutant avec toute son intelligence les caractères très bien définis et très riches de tous ses personnages ; le scénario est d'ailleurs un modèle de subtilité. Basé sur une intrigue assez minimaliste, il se recentre plus sur des portraits que sur des péripéties. Celui de Eddie était le plus "casse-gueule" car l’on connaît la complexité de faire jouer sans cabotinage les enfants : Ronny Howard est merveilleux de spontanéité et de naturel. Que ce soit dans les scènes purement humoristiques (le dîner avec Dina Merrill) ou au contraire dans d’autres plus dramatiques (la mort du poisson rouge, sa vexation de découvrir les confidences faites à son père dévoilées ailleurs...), il est constamment imprévisible et somme toute positivement déroutant.

A partir de situations très faiblement dramatiques, Minnelli réussit donc le tour de force de nous nouer la gorge alors qu’on ne s’y attendait pas. Du 'psychodrame' en chambre toujours juste et grandement émouvant, jamais agaçant ou pénible comme on aurait pu le craindre. De nombreuses scènes de ce style, axées sur l’intensité des sentiments, alterneront sans cesse avec d’autres franchement tendres ou comiques (celles à la radio avec un Jerry Van Dyke assez génial, la leçon de bowling, le dîner au restaurant) sans que jamais le film en soit déséquilibré. Cette réussite est donc le fait d’une conjugaison de plusieurs éléments : la sensibilité et l’élégance raffinée du style du réalisateur, un scénario remarquablement écrit et resserré et un casting hors pair. Glenn Ford montre une nouvelle fois tout son talent, faisant ici un détour vers la comédie avec une déconcertante facilité. Si vous n’en êtes pas convaincus, admirez-le dans la scène finale de réconciliation. Mais le personnage du père n’est pas monolithique et pétri de qualités : doté d’une sensibilité à fleur de peau et d’une susceptibilité qui le rendent parfois très injuste envers son fils ou mufle envers sa voisine de palier, la palette de son caractère est immensément riche et Glenn Ford s’en sort avec les honneurs.

Pour ceux qui taxeraient encore ce film de sexiste, les trois portraits féminins sont là pour infirmer le contraire. Ces trois caractères totalement opposés sont joués à la perfection et toujours avec justesse par respectivement Shirley Jones, Stella Stevens et Dina Merrill qui ne font pas de ces trois femmes des protagonistes tout d’une pièce. Outre le drolissime Jerry Van Dyke, nous trouvons aussi dans les seconds rôles l’inénarrable Roberta Sherwood dans la peau de la gouvernante. Si l’on ajoute pour la partie purement technique des décors discrets et raffinés, une très belle musique de George Stoll (faisant beaucoup penser à du Henry Mancini) et la photo délicate de Milton Krasner, nous avons passé en revue tout ce qui fait de ce film, un enchantement de tous les instants.

Cette revision en presque fin de parcours de la filmographie 'minnellienne' ne m'a pas déçu comme je le craignais un peu mais a renforcé au contraire mon adoration pour ce film merveilleux.

Version longue Chronique classik

Topic dédié


9.5/10

A suivre : Goodbye Charlie

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 6 mai 09, 07:51
par Jeremy Fox
Ah aussi, le film que Glenn Ford et Ron Howard vont voir au cinéma est Coups de feu dans la Sierra de Peckinpah et le film que Glenn Ford regarde à la télé est Mogambo de John Ford. Avec de telles références, le Minnelli ne pouvait pas être mauvais 8)

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 8 mai 09, 11:04
par Sybille
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The long long trailer / La roulotte du plaisir

"The long long trailer", ou les joies du caravaning ! Ce film signé Vincente Minnelli ne paie pas vraiment de mine, mais se révèle pourtant une comédie plutôt amusante à regarder. Fonctionnant autour du célèbre couple Lucille Ball/Desi Arnaz, ces derniers se montrent à la hauteur du jeu de massacre soigneusement orchestré par un scénario à la tonalité grinçante. En dépit d'une dernière scène où tout finit heureusement par rentrer dans l'ordre, le film ne ménage personne au cours des minutes précédentes, où coups bas et fausses compromissions sont à l'ordre du jour. Prenant la forme d'un cauchemar éveilé pour le personnage incarné par Desi Arnaz, le film n'est d'ailleurs pas tendre à l'égard de la gent féminine en général. Les femmes n'y sont que des ménagères idiotes, jacassantes, préoccupées uniquement par leurs conserves ou leurs massifs de fleurs, et incapables de réfléchir sérieusement quand ça leur est demandé. Quelques scènes très drôles parsèment le film, comme lorsque Arnaz doit apprendre les subtilités du remorquage de sa nouvelle acquisition. Tourné principalement dans des décors de studio esthétiquement assez laid, le film offre pourtant de nombreux et très jolis plans en extérieurs, où la nature d'une beauté idyllique est à l'inverse du bon déroulement du voyage de noce du jeune couple. Film mineur dans la carrière de Minnelli, "The long long trailer" permet en tout cas de passer un bon moment, et ne mérite certainement pas d'être oublié. 7/10

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 12 mai 09, 22:30
par Jeremy Fox
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30- Au revoir Charlie (Goodbye Charlie) 1964 de Vincente Minnelli 20TH CENTURY FOX

Au cours d’une soirée mondaine, Charlie, un coureur de jupons invétéré est abattu par un mari jaloux qui allait se faire cocufier. Mais Charlie réapparaît réincarné en une séduisante femme blonde… Blake Edwards n’avait donc pas inventé le postulat de départ de Dans la peau d’une blonde mais au moins il en avait fait quelque chose de très drôle. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de ce minable Goodbye Charlie. :(

Quoi de plus pénible qu’une comédie pas amusante ? Quoi de plus ennuyeux qu’un film qui semble s’éterniser le double de sa durée ? Quoi de plus déprimant que la découverte d’un très mauvais film de votre cinéaste préféré ? Car Minnelli ou pas, cette comédie vulgaire et laborieuse, mal rythmée et sans aucune idée de mise en scène est totalement insupportable. A part son goût pour les décors très soignés, on ne retrouve rien du réalisateur de Qu’est ce que maman comprend à l’amour ou de La femme modèle. Il faut dire qu’il aurait fallu un miracle pour rendre passionnante la pièce de George Axelrod qui a souvent été bien plus inspiré (Sept ans de réflexion) d’autant plus que Debbie Reynolds en fait des tonnes et n’est pas là pour arranger les choses ; seul Tony Curtis arrive à peu près à tirer son épingle du jeu. Bref, quasiment personne ne s’est senti inspiré sur le coup (pas même André Prévin) et c’est le spectateur qui en pâti. Pas la peine de s’appesantir plus longtemps sur ce déplorable ratage ! Le changement de studio n'a pas été bénéfique à Minnelli.

1/10

A suivre : The Sandpiper

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 12 mai 09, 22:38
par Julien Léonard
Jeremy Fox a écrit : Le changement de studio n'a pas été bénéfique à Minnelli.
[/u]
Serait-il tombé sur un mauvais producteur qui n'a pas su lui confier les bons projets ?! Référence à peine voilée à Brion, que tu comprendras tout de suite Jeremy... :mrgreen: :oops:

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 13 mai 09, 00:12
par blaisdell
Même si c'est un navet de la plus belle espèce, j'aimerais tout de même voir ce film plutôt rare, me semble-t-il..

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 13 mai 09, 05:39
par someone1600
Bizarrement, j'avais apprécié ce film pour ma part... bon, c'est tres loin d'etre un chef d'oeuvre... mais bon... :? :| :oops:

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 13 mai 09, 07:43
par Jeremy Fox
Julien Léonard a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Le changement de studio n'a pas été bénéfique à Minnelli.
[/u]
Serait-il tombé sur un mauvais producteur qui n'a pas su lui confier les bons projets ?! Référence à peine voilée à Brion, que tu comprendras tout de suite Jeremy... :mrgreen: :oops:
Je vois de quoi tu parles et ça se pourrait effectivement. Car à part sa virtuosité à filmer les soirées mondaines, je ne vois pas ce qui, dans le sujet, pouvait correspondre au cinéaste ?

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 13 mai 09, 09:59
par Julien Léonard
Je ne connais pas bien Minnelli pour tout dire, mais j'ai de plus en plus envie de le découvrir. Je parcourrais ce topic au moment de passer au porte-monnaie. Mais du coup, en voyant ta critique, je me demande bien ce qui a pu pousser Minnelli à accepter le projet. :?:

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 17 mai 09, 20:59
par Jeremy Fox
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31- Le Chevalier des sables (The Sandpiper) 1965 de Vincente Minnelli MGM

Lassée des innombrables relations qu'elle a eues avec des hommes qui ne l'aimaient que pour son corps, Laura Reynolds (Liz Taylor), une artiste peintre, a décidé de vivre retirée dans une maison isolée de la région paradisiaque de Big Sur avec son jeune fils d'une dizaine d'années. Mais les services sociaux voient d’un mauvais œil le fait qu’elle veuille elle-même totalement éduquer son fils ; ils l'obligent à confier son instruction à un établissement scolaire. Edward Hewitt (Richard Burton), le directeur de l’institution est un pasteur marié et heureux en ménage. Aimant toujours son épouse (Eva Marie Saint), il n'en va pas moins tomber amoureux de l'artiste et vivre avec elle une relation passionnée et charnelle. Son épouse va pourtant finir par prendre connaissance de cet adultère…

Après le ratage de son précédent film, Minnelli, de retour à la MGM, se rattrape de la plus belle des manières nous offrant l’un de ses plus beaux films dramatiques. The Sandpiper (nom d’un fragile oiseau de la région qui marque en gros le symbole de l’histoire qui se déroulera sous nos yeux) commence par le plus beau générique de la carrière du cinéaste avec, sur un magnifique thème de Johnny Mandel, de sublimes plans d’hélicoptères sur la région de Big Sur avec ses plages, falaises et vagues caressées amoureusement par la caméra ; Minnelli ne s’est jamais autant arrêté sur les paysages naturels que dans ce film même s’il nous avait déjà fait pressentir ses talents de ‘paysagistes’ avec La Roulotte du plaisir. S’ensuit une superbe histoire d’amour et d’adultère brassant d’innombrables thèmes comme la foi, la religion, la mort, l’art, la place de la femme dans la société, la sexualité, l’éducation et bien évidemment l’amour. Ca fait peut-être beaucoup et certains dialogues paraissent parfois un peu trop chargés mais Dalton Trumbo et Michael Wilson ont réussi à écrire un scénario presque constamment passionnant, riche de par ses thèmes sans jamais paraître indigeste et émouvant de par son histoire d’amour même si l’omniprésence du couple de stars fini par faire que certains personnages se retrouvent sacrifiés au passage comme celui du jeune fils de Liz Taylor.

La direction d’acteur mérite tous les éloges : le couple Taylor-Burton est constamment crédible et Eva Marie Saint dans le rôle de la femme trompée est également admirable. Dans les seconds rôles, on retrouve avec plaisir un Charles Bronson dans le rôle inhabituel d’un hippie athée aux idées avancées mais bien arrêtées. Enfin, à ses personnages, on pourrait en rajouter un autre presque tout aussi essentiel, la région de Big Sur, une zone côtière de la Californie qui donne au film un ton mélancolique tout à fait particulier et dont Minnelli semble très certainement être tombé amoureux. Il filme d’ailleurs tout ceci avec élégance, délicatesse et discrétion car The Sandpiper ne fait pas partie de ses mélodrames flamboyants même si la passion est belle et bien présente. Il s’agit plutôt un drame intimiste, doux et assez sobre comme pouvait l’être Thé et sympathie, le film dont je trouve il se rapproche le plus par le ton, l’atmosphère et la mise en scène. Car, cette histoire, qui aura ébranlé les convictions de chacun et qui aurait pu tourner à la tragédie, finira néanmoins sur une note ‘apaisée’ même si on ne peut pas vraiment parler de happy end, loin de là. L’émotion aurait certainement été plus grande si les thèmes abordés avaient été moins nombreux, intellectualisant parfois un peu trop cette simple histoire d’adultère, mais on ne va quand même pas se plaindre d’un scénario aussi intelligent.

7.5/10

A suivre : On a Clear day you can See Forever

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 17 mai 09, 21:19
par Jean Itard
Un beau drame, effectivement, filmé dans de belles couleurs et accompagné de la musique entêtante de Johnny Mandel. Il fut mon film du mois de mars dernier.

Il faut souligner la très belle performance, je trouve, de Richard Burton, décidément fort crédible en "pasteur".

Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Publié : 18 mai 09, 07:08
par Jeremy Fox
Jean Itard a écrit :
Il faut souligner la très belle performance, je trouve, de Richard Burton, décidément fort crédible en "pasteur".
Oui la défroque lui convient très bien ; il était déjà formidable dans La Nuit de l'iguane