Vincente Minnelli (1903-1986)
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)
J'aime beaucoup Comme un torrent. Je l'ai revu cet automne, et l'ai l'apprécié davantage qu'à ma première vision. Tous les acteurs sont excellents. Un très beau classique.
Dernière modification par Sybille le 7 mars 09, 20:48, modifié 1 fois.
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)
Comme un torrent est vraiment un film magnifique : le personnage de Dave Hirsh dévoile la sensibilité de l'artiste dans toute son ambiguité...dans sa difficulté à trouver une place dans le monde, tour à tour idéaliste et désabusé.
La mise en scène de Minnelli exprime avec beaucoup de subtilité cet état d'esprit, où l'émotion extrême est souvent diluée dans l'incertitude et le trouble.
Shirley McLaine et Dean Martin représentent des excès, une outrance affective, et le final atteint un paroxysme. Minnelli a repoussé jusqu'au bout une flamboyance avec beaucoup de tact, et c'est dans cette finesse, cette amertume que le film me bouleverse autant.
La mise en scène de Minnelli exprime avec beaucoup de subtilité cet état d'esprit, où l'émotion extrême est souvent diluée dans l'incertitude et le trouble.
Shirley McLaine et Dean Martin représentent des excès, une outrance affective, et le final atteint un paroxysme. Minnelli a repoussé jusqu'au bout une flamboyance avec beaucoup de tact, et c'est dans cette finesse, cette amertume que le film me bouleverse autant.

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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)
Entièrement d'accord mais j'avais justement toujours lu et entendu parler de ce film comme étant un mélo flamboyant, ce qu'il n'est évidemment pas, tout au contraire (à l'exception de son final) ; d'où la déception qui peut en découler à la première vision. Mais j'apprécie le film de plus en plus même si je voudrais à chaque fois qu'il me touche encore davantage.Joe Wilson a écrit : Minnelli a repoussé jusqu'au bout une flamboyance avec beaucoup de tact, et c'est dans cette finesse, cette amertume que le film me bouleverse autant.
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)
Je l'ai découvert en Blu-ray (stupéfiante restauration digitale).Jeremy Fox a écrit :![]()
![]()
22- Gigi 1958 de Vincente Minnelli MGM
1900 : Paris à la Belle Epoque. Gaston Lachaille, jeune aristocrate millionnaire, s’ennuie de tout ; il est blasé de cette vie égoïste faite uniquement de plaisir et de débauche. Gigi, quant à elle, fille d’une ancienne danseuse de music-hall, est prise en main par sa tante qui souhaite en faire une courtisane accomplie qui serait alors entretenue par un de ces mondains parisiens. Mais Gigi, fraîche, innocente, vive et délurée n’a que faire de toutes ses manières et du seul sujet qui intéresse tous ceux qui l’entourent : l’Amour...
Je serai moins enthousiaste que toi Jeremy. Je trouve qu'il s'agit d'un chef-d'oeuvre plastique. Tout est y raffiné, élégant, depuis le moindre accessoire jusqu'aux robes en mousseline. De ce point de vue, Gigi ravit les yeux et raconte le Paris de la belle époque comme peu de films l'ont fait avant et après lui. Les costumes, le maquillage, la lumière, la photographie, la partie technique aussi, ce Scope, ces mouvements de caméra caressants nous transportent dans un univers qui frôle le conte de fées tout en s'ancrant dans une réalité sociale : celle de la haute bourgeoisie, avec une description attentive et minutieuse du Paris mondain de 1900. Louis Jourdan joue le gentleman avec panache même si je trouve son jeu un peu répétitif au final. Maurice Chevalier y va de son accent français très prononcé et Leslie Caron est mignonne comme tout. Le film est un récit initiatique, celui d'une jeune fille gauche et rêveuse qui apprend à devenir femme en se distinguant. Les dialogues sont légers, le ton est apaisé. C'est très joli. Je l'ai même préféré à My Fair Lady parce qu'il me semble esthétiquement beaucoup plus recherché et abouti. Et Audrey Hepburn a un jeu nettement en deça de celui de Leslie Caron. Néanmoins malgré sa facture plastique renversante, le film m'a paru assez froid, il y a comme une distance. Je n'ai été touché qu'à une seule reprise, durant la chanson "Gigi", celle qui m'a parue mettre le plus en avant le sentiment d'amitié qui se mue en amour pour Gaston, lequel réalise que la fille qu'il côtoie, qui s'amuse elle-même de ses facéties est la femme qu'il attendait et celle qu'il veut montrer au monde : c'est un récit initiatique dans lequel une femme va se montrer au monde comme un modèle de courtisane. J'ai par ailleurs préféré la première partie à la seconde qui m'a semblée trop courte. Le passage de Gaston qui vient critiquer la robe puis la séquence de valse qui la met en lumière me semble marquer une rupture trop importante dans son attitude pour être traitée en seulement vingt minutes. La séquence de bal m'a rappelée quelques secondes celle de Madame Bovary avec Jennifer Jones mais en moins long bien sûr et moins marquant, alors qu'elle était en noir et blanc. De même, si le début m'a procuré un réel plaisir par ses dialogues enlevés, la deuxième moitié est je trouve moins convaincante et moins virtuose. Je préfère sans aucun doute le Minnelli de Brigadoon, qui me fait décoller au bout de cinq minutes.
Je vote pour Victoria Romanova
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)


25- Celui par qui le scandale arrive (Home from the Hill) 1960 de Vincente Minnelli MGM
Texas. Wade Hunnicutt est blessé au cours d’une partie de chasse par un mari jaloux. Ceci n’étonne personne puisque ce riche propriétaire terrien a la réputation d’être un incorrigible coureur de jupons. D’ailleurs, son épouse Hannah lui refuse sa couche depuis qu’il a eu un fils naturel, Rafe d’une de ses innombrables maîtresses. Leur fils Théron souffre de l’ambiance délétère qui règne entre ses parents ; cet adolescent naïf se retrouve tiraillé entre l’influence très protectrice de sa mère et celle dominatrice de son père qui décide d’en faire un homme. Pour parfaire cette éducation virile, il demande l’aide de son fils illégitime qu’il n’a pourtant jamais reconnu ni traité comme tel…
Deuxième mélodrame familial consécutif de Minnelli et l'un de ses films préférés : "Irving Ravetch et Harriett Franck avaient transformé un livre apprêté en un magnifique scénario à la simplicité quasi biblique. Ils avaient créés pour le film le personnage de Rafe, le fils bâtard. Ce fut l’un des rares scénarios dont je n’eus pas une ligne à changer" écrivait-il dans son autobiographie. D'un abord un peu plus facile que Some Came Running car bien plus mouvementé dans ses retournements de situations mais construit à peu près de la même façon, c'est à dire par de peu nombreuses mais longues séquences dialoguées entre deux ou plusieurs personnages, un peu comme au théâtre. Pour narrer les déchirements d'une famille texane, Minnelli fait alterner pendant près de deux heures et demi, sur un rythme plutôt tranquille et bien équilibré, séquences flamboyantes et moments plus intimistes. Il ne fait d'ailleurs jamais dans le second degré mais fonce tête baissée, avec son intelligence et sa puissance évocatrice habituelles, au milieu des clichés psychanalytiques et psychologiques les plus rebattus, adoptant un ton hybride entre l’opéra et le feuilleton populaire, le film commercial et l’œuvre d’art.
Celui par qui le scandale arrive, dans une atmosphère ‘faulknérienne’ lourde et tendue, brasse une multitude de thèmes dont l’ossature pourrait être la destruction d’une cellule familiale puis la résurgence d’une autre à partir des éléments survivants et pièces rapportés. Un film sur l’apprentissage des membres couvés d’une jeune génération qui découvrent que le monde n’est pas aussi beau qu’ils l’avaient idéalisé (ou plutôt qu’on leur avait idéalisé) et qui, emprisonnés dans leurs souffrances, tentent par tous les moyens de se sortir du schéma familial destructeur qu’ils ont sous les yeux, sorte de miroir d’un rêve évanoui. Mais attention, derrière ce désenchantement lucide se cache une nouvelle fois une immense générosité et une grande tendresse de la part de Minnelli qui ne fait pas de ses personnages des pantins monolithiques mais des êtres de chair et de sang, jamais tout blanc, jamais tout noir.
Le réalisateur a d'ailleurs sous la main une belle distribution, la magnifique Eleanor Parker en tête (géniale lors de la séquence où elle refuse les avances de son mari qui n'a toujours pas pu la toucher depuis 17 ans), Robert Mitchum et George Peppard étant loin d'être en reste, tous trois bénéficiant de personnages absolument passionnants. Arriver à faire jouer à la fois à des comédiens aguerris ou novices des personnages aussi complexes et ambigus tout en s’amusant avec les conventions et artifices du mélodrame n’est pas donné à tout le monde et Minnelli s'en sort haut la main. La mise en scène est constamment inspirée, sublimant les paysages et les couleurs qu’elle trouve sous sa palette, les déposants sur l’écran large avec une maestria qui laisse pantois. La scène de la chasse au sanglier atteint à ce titre une sorte de perfection dans la picturalité ; le spectateur a l’impression de voir un tableau de maître s’animer sous ses yeux ; les travellings et panoramiques qui englobent tout ceci sont proprement hallucinants de virtuosité. Minnelli ne conçoit pas non plus ses décors à la légère et en l’occurrence, se sert des couleurs et des objets comme symboles.
Il manque peut-être à ce film une scène aussi poignante que celle qui voyait dans le mélodrame précédent Sinatra dans la parc attendant le verdict de sa lectrice sur son roman mais elle était due en partie au thème musical déchirant d'Elmer Berstein. Même si Bronislau Kaper accomplit un superbe travail, il ne s'en dégage pas une telle émotion. Dommage (quoique la séquence finale au cimetière...) mais néanmoins une œuvre plastiquement magnifique, émotionnellement intense et non dénuée de la délicatesse de ton et de la sensibilité coutumières de son auteur
A noter que, contrairement à ce que j'avais écrit à propos de l'image du DVD, le problème de l'anamorphose mal gérée est caduque sur écran 16/9. Tant mieux.
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8/10
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Le chevalier des sables -- 1965
Les amours improbables d'un ministre du culte, Edward Hewitt, marié (Richard Burton, prodigieux) et d'une peintre, Laura Reynolds (Liz Taylor), vivant seule avec son enfant dont la garde est confiée à l'institution religieuse dirigée par Hewitt.
Le rouge et le déferlement des vagues, synonymes de passion, comme des leitmotivs, parcourent le film, tourné dans le Big Sur, une zone côtière californienne très sauvage et splendide.
Un petit oiseau, le chevalier des sables, recueilli par Miss Reynolds, devient le symbole de cet amour défendu et d'une fragile liberté à conquérir. Une thématique probablement introduite par Dalton Trumbo, co-scénariste du film, qui rappellons-le fut l'un des dix d'Hollywood et qui, ainsi, savait probablement de quoi il parlait.
Quelques éléments datés, comme la présence de beatnicks (Charles Bronson !

La mise en images de Minnelli et la musique de Johnny Mandel (le désormais célèbre The shadow of your smile) sont si délicates et si finement ajustées qu'il s'en dégage un charme et une douceur envoutante.
Sur ce thème de la perte de l'innocence se dégage aussi une intense mélancolie.
Quelques scènes sont inoubliables : l'introduction, sorte de film dans le film ; les discussions du couple sur la plage ; le discours d'adieu dans l'église.
Au final, un des grands films sur l'adultère (qui en donna tant de bons), qui viendra logiquement prendre sa place dans mon panthéon personnel, aux côtés de Remorques, des Liaisons secrètes ou de La peau douce.
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)
Jean Itard a écrit :
Le chevalier des sables -- 1965
Au final, un des grands films sur l'adultère (qui en donna tant de bons), qui viendra logiquement prendre sa place dans mon panthéon personnel, aux côtés de Remorques, des Liaisons secrètes ou de La peau douce.

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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

26- Un numéro du tonnerre (Bells are Ringing) 1961 de Vincente Minnelli MGM
Ella Peterson (Judy Holliday) est standardiste dans un service téléphonique, 'Susanswerphone'. En relation avec de multiples personnes, elle se prend d'amitié pour la plupart et se mêle alors sans le vouloir de leurs vies privées ; en plus d'accomplir son travail avec sérieux, elle cherche donc à aider ceux dont elle sent qu'ils en ont grand besoin. C'est ainsi qu'elle va se faire 'l'ange gardien' d'un dentiste qui a toujours souhaité être musicien (et qui compose ses airs sur ses instruments de médecine), d'un jeune acteur qui n'arrive pas à trouver un job et surtout d'un auteur dramatique déprimé (Dean Martin) qui a du mal à se mettre à écrire...
Après deux beaux mélodrames, Minnelli revient à la comédie musicale pour la dernière qu'il tournera pour la MGM ; ce sera aussi l'ultime production d'Arthur Freed. Il s'agit d'une adaptation par Betty Comden et Adolph Green d'une de leurs propres pièces. L'origine théâtrale se fera malheureusement encore beaucoup trop sentir dans le scénario dont chaque séquence aurait mérité d'être un peu moins étirée ; c'est d'ailleurs le plus gros défaut du film qui semble parfois mal rythmé et trop long. Nous sommes obligés d'admettre que nous sommes loin des grandes réussites du réalisateur dans le genre. Il est même étonnant d'y trouver quelques faux raccords assez inélégants comme celui qui précède la première chanson du film.
Mais si l'on sait à l'avance que nous ne verrons pas une comédie musicale aussi avant-gardiste que The Pirate ou Yolanda and the Thief, aussi magique que Brigadoon, aussi merveilleusement attachante que Meet me in St-Louis ou plastiquement aussi parfaite que Gigi.....et bien ce Bells are Ringing ne se révèle pas désagréable du tout. C'est parfois un peu forcé, beaucoup moins brillant que les films cités précédemment mais le tout se suit sans ennui et, si la musique est loin d'être inoubliable (la chanson 'The Midas Touch' est même médiocre), le cinéaste nous offre néanmoins quelques très bons numéros musicaux dont il a le secret : Le 'canon' entre Judy Holliday et Dean Martin dans l'appartement de ce dernier, le numéro des bookmakers (It's a simple Little system), la très belle chanson Just in time dans le merveilleux décor du parc en nocturne, celui de la leçon de cha-cha-cha... Il nous offre aussi quelques séquences désopilantes comme celle du dentiste composant des chansons sur son tuyau d'air comprimé.
Dean Martin fait son numéro sans trop se fouler et Judy Holiday, même si parfois agaçante, est pleine d'allant (elle ne peut évidemment pas nous faire oublier les plus belles héroïnes ‘minelliennes’ et surtout se révèle assez piètre chanteuse et danseuse) ; les seconds rôles ne se révèlent pas particulièrement marquants. Certains idées de l'intrigue semblent de trop (comme cette histoire de bookmakers), certains personnages aussi mais les scénaristes en profitent au passage pour égratigner le gratin des snobs du spectacle lors d'une séquence de soirée mondaine assez réjouissante. Ca se traine parfois, c'est de temps en temps poussif mais ce conte de fées moderne à la mise en scène toujours aussi précise reste néanmoins divertissant. L'un des Minnelli les plus faibles jusqu'à présent mais un spectacle cependant tout à fait honnête malgré tous ses défauts.
6/10
A suivre : The Four Horsemen of the Apocalypse
- Jeremy Fox
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)


27- Les quatre cavaliers de l’Apocalypse (The Four Horsemen of the Apocalypse) 1961 de Vincente Minnelli MGM
Une puissante famille argentine dont les deux filles ainées se sont mariées au début du 20ème siècle, l’une avec un allemand, l’autre avec un français. Nous sommes en 1938 et une réunion de famille a lieu avec les cinq enfants issus de ces mariages. Heinrich (Karl Boehm) travaille désormais en Allemagne pour le parti Nazi. Son cousin Julio (Glenn Ford) est un homme neutre et frivole. Au cours du repas, le grand père (Lee J. Cobb) qui ne supporte pas qu’un membre de sa famille affirme sa foi dans le nazisme, se met dans une gigantesque colère qui le foudroie au moment où il évoque le spectre de la guerre à venir et les quatre cavaliers de l’Apocalypse. Dès ce jour, chacune des deux familles retourne dans son pays natal. Quelques années plus tard, tout le monde se retrouve à Paris sous l’occupation allemande. Julio y rencontre Marguerite (Ingird Thullin) , l’épouse d’un journaliste dont il tombe amoureux. Ayant eu sous les yeux pendant quelques années les ‘dégâts’ et malheurs causés par le régime, Il décide un jour à son tour d’en finir avec la neutralité et s’engage dans la Résistance dont il découvre un peu tard que son supérieur n’est autre que le mari de son amante…
Alors que Bells are Ringing, malgré son capital sympathie, était assez impersonnel, il n’en est pas de même de ce mélo flamboyant dont chaque plan nous rappelle qui se trouve derrière la caméra. Alors que j’ai longtemps trouvé ce film assez indigeste, il s’est bonifié au fil des visions au point que je le place désormais parmi ses plus grandioses réussites ; je lui voue même dans le domaine dramatique une plus grande admiration qu’aux Ensorcelés. Un film baroque d’une très grande dignité, d’une force lyrique et dramatique peu commune, plastiquement sublime et qui bénéficie en outre d’un casting prestigieux dont on aimerait détailler les rôles du premier au dernier tellement chaque comédien est magistral.
Jamais un film sur la Seconde Guerre Mondiale n’aura été aussi stylisé mais on n’en attendait pas moins de Minnelli. Donc, les amateurs de réalisme peuvent passer leurs chemins, il n’en est pas question ici et, même si de nombreuses séquences sont tournées sur les lieux de l’action à Paris, Minnelli utilise encore le studio pour certaines autres comme par exemple celle de la rixe entre résistants et soldats allemands dans une rue nocturne. Cela donne un ton totalement unique, véritablement flamboyant et paroxystique, le tout ressemblant d’ailleurs étrangement à un opéra par la force et l’ingéniosité de la mise en scène (l’image onirique des 4 cavaliers ; le sublime gros plan des yeux de Glenn Ford lors de la soirée au cours de laquelle il se rend compte du gouffre qui sépare ses participants des soldats qui meurent chaque seconde sous les balles au même moment ; les fondus enchainés et superpositions aux couleurs criardes pour évoquer les combats), la surcharge décorative (somptueuse photographie de Milton Krasner qui flatte l’œil en flattant lui-même décors et costumes parfaitement choisis) et les coups de théâtres mélodramatiques.
Belle histoire que celle de ce parcours initiatique d’un homme frivole qui va prendre conscience qu’il est difficile de rester neutre au sein d’un conflit qui fait naître tant d’horreur et de drames mais aussi et surtout sublime et touchante histoire d’amour adultère grâce aux interprétations parfaites de Ingrid Thulin et Glenn Ford qui trouvait encore ici un rôle formidable. Leur scène dans les jardins de Versailles où, coupés du monde, ils réfléchissent à l’avenir et à leur avenir, est l’une des plus belles de toute la filmographie ‘minnelienne’. Il faut mettre aussi cela sur le compte d’André Prévin qui, non seulement a composé une superbe partition, mais certainement aussi l’un des plus thèmes d’amour les plus poignants entendus au cinéma avec cette escalade dans les aigus d’un violon solo lors de la seconde partie déchirante de ce thème.
Comme je l’ai dit plus haut, il faudrait aussi pouvoir s’appesantir longuement sur les autres fabuleuses interprétations de Lee J. Cobb qui fait démarrer le film avec une puissance inégalée, Karl Boehm en officier nazi loin de son rôle dans Sissi, et surtout un magistral Charles Boyer dans la peau du père de Glenn Ford. Un scénario magnifique qui évite tout manichéisme et qui brasse de multiples thèmes passionnants pour une superproduction majestueuse maitrisée de bout en bout et menée avec une forte conviction. Allez, encore une vision et j'en fait un chef-d'oeuvre

8.5/10
A suivre : Two Weeks in Another Town
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- Euphémiste
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)
Ca a l'air bien intéressant en tout cas. 


Top 20 actuel
http://www.shompy.com/someone1600/l10080_frfr.html
Mes dvd
http://someone1600.dvdaf.com/
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)
Chez vous il est sorti dans la série de DVD gravés 'Warner Archives'. Nous avons en revanche la chance d'avoir un zone 2 de superbe qualité.someone1600 a écrit :Ca a l'air bien intéressant en tout cas.
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- Euphémiste
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)
Va surement passé a TCM donc j'attendrai de l'y voir. 


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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)
28- Quinze jours ailleurs (Two Weeks in Another Town) 1962 de Vincente Minnelli MGM
Jack Andrus (Kirk Douglas), acteur sur le déclin hospitalisé depuis quelques années pour forte dépression, est appelé à Rome par le réalisateur Maurice Kruger (Edward G. Robinson) avec qui il s'était fâché pour une histoire de femme. Le cinéaste de ses années faste lui propose de retravailler avec lui. Dans les studios de Cinecitta, Jack, toujours psychologiquement instable, découvre des méthodes de travail totalement différentes de celles qu'il a connu à Hollywood, les producteurs se fichant royalement de la qualité de leurs films du moment qu'ils leurs rapportent un maximum d'argent. Il apprend aussi que les films sont tous post-synchronisés, côtoie une faune pour le moins bigarrée parmi laquelle il retrouve Carlotta (Cyd Charisse), la femme qui l’a rendu fragile et fait la connaissance de la douce Veronica (Dahlia Lavi).
10 ans après Les Ensorcelés, Minnelli s’intéresse de nouveau au microcosme du cinéma ; mais là où dans le premier film, les protagonistes étaient tous plus ou moins des artistes, ils sont devenus ici des machines à frics, des divas insupportables et des metteurs en scènes sans aucune conviction. C’est l’époque des tournages de productions internationales dans lesquelles se sont fourvoyés beaucoup de grands réalisateurs hollywoodiens avec plus ou moins de bonheur. Malheureusement Quinze jours ailleurs semble avoir pris beaucoup des défauts des films qu’il critique ici. D’après Minnelli (et cela semble confirmé), le responsable de la MGM aurait monté son film n’importe comment ; n’empêche que nous ne pouvons juger que sur le résultat qui se trouve devant nos yeux et celui ci est assez déplaisant. Le traitement des personnages est pour la plupart très conventionnel quand il n’est pas caricatural à outrance ; Mary Astor criant tout le long du film ainsi que George Hamilton et Rosanna Schiafino ne sont pas gâtées par le scénariste et que dire de Cyd Charisse censée représenter la beauté suprême et qui pourtant n’a jamais été aussi enlaidie qu’ici. Le film est ainsi plombé dès le départ car comment croire une seule seconde à l’amour que porte le personnage de Kirk Douglas pour cette dernière alors qu’il a la douce et ravissante Dahlia Lavi constamment devant les yeux. Les séquences romantiques entre Kirk Douglas et Dahlia Lavi sont d’ailleurs de très belles oasis de tendresse et de calme au milieu de cet océan d’exubérance artificielle et vite fatigante.
Car à vouloir être d’une ironie et d’une méchanceté inhabituelle, Minnelli n’arrive plus à nous faire éprouver de l’empathie pour ses personnages et le film nous devient ainsi souvent désagréable d’autant plus que l’on ne retrouve pas son élégance coutumière ni sa profonde tendresse même pour ses protagonistes les plus antipathiques. Autre déception qui vient du fait qu'il ne profite même pas énormément des décors naturels qu'il a à sa disposition. Reste heureusement de fabuleux moments de pure mise en scène comme cette séquence paroxystique finale à bord de la voiture, la scène de projection des ensorcelés au cours de laquelle les participants éprouvent une forte mélancolie et quelques autres avec Edward G. Robinson qui est l’un des rares acteurs de cette distribution a tirer son épingle du jeu avec Kirk Douglas même si le jeu de ce dernier manque parfois de subtilité. Bref, rien à voir avec le lyrique et superbe The Bad and the Beautiful avec qui il forme néanmoins une sorte de dyptique. Après le magnifique Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, on retombe de haut. Mais Minnelli n’a pas dit son dernier mot ; il lui reste un dernier film à tourner pour la MGM, le studio qu’il n’a pas quitté depuis ses débuts, mais quel film !!! Mais n’anticipons pas, ça va à l’encontre de la règle du jeu que je me suis imposé
4/10
A suivre : The Courtship of Eddie's Father
- Profondo Rosso
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)
Ca fait longtemps que je veux le voir celui là, c'est enfin trouvable en dvd ?