
Billy Wilder (1906-2002)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 102461
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
Re: Billy Wilder (1906-2002)
Voilà, il en faut pour écrire et il en faut pour lire ; Someone est là pour chaque jour nous rappeller qu'il y a toujours des lecteurs potentiels à chacun de nos posts et j'avoue que ses courtes interventions après quelques uns de mes avis font partie des innombrables choses qui me motivent à continuer. 

- Cathy
- Producteur Exécutif
- Messages : 7328
- Inscription : 10 août 04, 13:48
- Contact :
Re: Billy Wilder (1906-2002)
je vais aussi apporter mon soutien à Someone qui certes ne fait pas de longues critiques des films qu'il a visionnés, mais montre qu'il a lu nos interventions, surtout quand certains doutent que leur topic soit lu, cela fait du bien. Ces avis nous montrent qu'il a aimé, ou au contraire que notre avis lui a ouvert des portes et donné des idées de visionnage. Someone est un de ces membres attachants et indispensables pour la bonne santé du forum et je le remercie de ses courtes interventions
!

Mon blog : http://leblogdecathy.over-blog.fr/
- Major Tom
- Petit ourson de Chine
- Messages : 22225
- Inscription : 24 août 05, 14:28
- Contact :
Re: Billy Wilder (1906-2002)
Lol. Allons, tout ce "soutien" à Someone1600 n'est pas nécessaire.
Il n'y a pas de reproche, il n'est pas dénoncé, menacé ou peu importe, et manifestement, il semble avoir compris que ma taquinerie n'avait rien de méchant, mais si ce n'était pas le cas alors désolé, someone, et ne le prend pas mal. 


-
- Euphémiste
- Messages : 8853
- Inscription : 14 avr. 05, 20:28
- Localisation : Québec
Re: Billy Wilder (1906-2002)
Pas de probleme... en fait je dois avoir etre un peu jaloux en fait de ceux qui sont capable d'écrire un long texte sur un film. Je suis pas tres fort pour décortiquer un film, alors je laisse les autres le faire pour moi. Et c'est justement pour cela que je lis avec un énorme plaisir les chroniques et tous les critiques des gens ici sur les films qui m'intéressent ou meme ne m'intéressent pas.
Merci pour le soutient au fait et Major Tom, ne t'inquiete pas je n'ai pas mal pris ton commentaire.
Merci pour le soutient au fait et Major Tom, ne t'inquiete pas je n'ai pas mal pris ton commentaire.


Top 20 actuel
http://www.shompy.com/someone1600/l10080_frfr.html
Mes dvd
http://someone1600.dvdaf.com/
-
- Producteur
- Messages : 9462
- Inscription : 9 mai 09, 12:14
- Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac
Re: Billy Wilder (1906-2002)
France Culture vient de re-diffuser l'excellente émission du Mardi des auteurs du 2/03/2010 consacrée à Wilder (à écouter ou à podcaster).
http://www.franceculture.com/emission-l ... 010-2010-0
Surveillez les rediff de l'été car ils avaient aussi abordé Renoir et Mankiewicz.
http://www.franceculture.com/emission-l ... 010-2010-0
Surveillez les rediff de l'été car ils avaient aussi abordé Renoir et Mankiewicz.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Joseph L. Mankiewicz
-
- Mogul
- Messages : 11716
- Inscription : 21 sept. 04, 16:57
- Localisation : lost in time and lost in space
Re: Billy Wilder (1906-2002)
Mauvaise graine ( 1934 )
Billy Wilder a mis à peu près 8 ans pour faire un nouveau film, je comprend pourquoi... C'est le temps qu'il me faudra pour me remettre de cette catastrophe quasi absolue
Billy Wilder a mis à peu près 8 ans pour faire un nouveau film, je comprend pourquoi... C'est le temps qu'il me faudra pour me remettre de cette catastrophe quasi absolue

"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
- Major Tom
- Petit ourson de Chine
- Messages : 22225
- Inscription : 24 août 05, 14:28
- Contact :
Re: Billy Wilder (1906-2002)
Un peu d'indulgence pour son premier film.bruce randylan a écrit :Mauvaise graine ( 1934 )
Billy Wilder a mis à peu près 8 ans pour faire un nouveau film, je comprend pourquoi... C'est le temps qu'il me faudra pour me remettre de cette catastrophe quasi absolue

Mais je te comprends, personnellement j'essaierai de le rater si l'occasion de le voir se présente, jusqu'à ce qu'il ne me reste plus que lui à découvrir.

Déjà que The Private Life of Sherlock Holmes m'a bien refroidi, alors...

-
- Mogul
- Messages : 11716
- Inscription : 21 sept. 04, 16:57
- Localisation : lost in time and lost in space
Re: Billy Wilder (1906-2002)
Non, non, ça ne me refroidi pas d'en découvrir d'autres de Wilder ( d'un autre coté, j'en ai déjà vu au moins les 2/3 ), c'est juste que celui-là est devenu avec un pote 1kultien un peu notre échelle de Richter en terme d'ennui en cinéma. Il y a bien sûr bien pire mais cette séance restera mémorable nous avoir refroidi dès les premières secondes. J'avais presque envie de me barrer j'avoue, chose qui ne m'arrive très très très ( très ) rarement.
Mais par quel Peckinpah as-tu pu bien commencer ? Le convoi ? Tueur d'élite ? new Mexico ?
pour moi, les 3/4 de ses films sont des classiques instantannées et absolus...
Ps : Son Sherlock Holmes m'avait bien gonflé aussi ( à part les 5 dernières minutes )... Stalag 17 aussi ne m'avait pas du tout emballé ( ce sens de l'humour m'avait horripilé ).
En fait, je suis loin d'être un inconditionnel de Wilder, je trouve qu'il se regarde trop écrire. Et puis je n'adhère pas du tout à son cynisme.
Mais par quel Peckinpah as-tu pu bien commencer ? Le convoi ? Tueur d'élite ? new Mexico ?
pour moi, les 3/4 de ses films sont des classiques instantannées et absolus...
Ps : Son Sherlock Holmes m'avait bien gonflé aussi ( à part les 5 dernières minutes )... Stalag 17 aussi ne m'avait pas du tout emballé ( ce sens de l'humour m'avait horripilé ).
En fait, je suis loin d'être un inconditionnel de Wilder, je trouve qu'il se regarde trop écrire. Et puis je n'adhère pas du tout à son cynisme.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
- Major Tom
- Petit ourson de Chine
- Messages : 22225
- Inscription : 24 août 05, 14:28
- Contact :
Re: Billy Wilder (1906-2002)
Comme le disait très justement Sybille dans ce topic, l'humour chez Wilder n'est jamais très fin. Mais ça ne me dérange pas du tout dans certains films.bruce randylan a écrit :Ps : Son Sherlock Holmes m'avait bien gonflé aussi ( à part les 5 dernières minutes )... Stalag 17 aussi ne m'avait pas du tout emballé ( ce sens de l'humour m'avait horripilé ).
Cela dit, c'est vrai que c'était parfois un peu lourd dans Stalag 17, cependant, comme j'adore les histoires de prisonniers qui veulent s'évader, surtout quand c'est bien fait et ici c'est le cas, ça efface automatiquement certains défauts...
Ah mais pour Peckinpah j'avais déjà bien commencé, j'adorais La Horde Sauvage, Guet-Apens et surtout Les chiens de paille, son chef-d'œuvre pour moi (et la meilleure musique de Jerry Fielding, très discrète mais intense). Et puis, j'ai vu Croix de fer qui n'est pas vraiment bon, malgré de grands moments, mais la vraie cata fut de voir Le Convoi...bruce randylan a écrit :Mais par quel Peckinpah as-tu pu bien commencer ? Le convoi ? Tueur d'élite ? new Mexico ?
pour moi, les 3/4 de ses films sont des classiques instantannées et absolus...



- Jack Griffin
- Goinfrard
- Messages : 12390
- Inscription : 17 févr. 05, 19:45
Re: Billy Wilder (1906-2002)
faut revoir croix de fer alors
- Major Tom
- Petit ourson de Chine
- Messages : 22225
- Inscription : 24 août 05, 14:28
- Contact :
Re: Billy Wilder (1906-2002)
Déjà fait cette année.Jack Griffin a écrit :faut revoir croix de fer alors

Une des qualités du film est que Peckinpah parvient à en montrer plus que n'importe quel autre cinéaste avec le même budget.
- Sybille
- Assistant opérateur
- Messages : 2164
- Inscription : 23 juin 05, 14:06
Re: Billy Wilder (1906-2002)

The emperor waltz / La valse de l'empereur
Billy Wilder (1947) :
Film méconnu, mais plus encore décrié, "La valse de l'empereur" m'a quant à moi assez plu. J'ai en effet apprécié de retrouver Bing Crosby et Joan Fontaine dans cette romance improbable mais amusante, en partie évidemment grâce au parallèle canin. Le procédé est sans aucun doute rudimentaire, mais relativement efficace. Les personnages secondaires, très en retrait, sont néanmoins croqués avec l'humour propre au cinéaste, tel par exemple l'empereur François-Joseph , fatigué des devoirs de sa charge, ou encore le père de la comtesse, aristocrate désargenté, et donc homme pragmatique avant tout. La comparaison entre le peuple américain et les nobles européens demeure facile mais m'a néanmoins interpellée, autrement dit le film ne m'a pas paru complètement stupide. Quelques belles images d'une Autriche forestière et montagneuse, de jolis costumes, le tout imprimés via un Technicolor radieux. Evidemment pas le meilleur de Wilder, mais un 'moment' sympathique. 6/10
-
- Entier manceau
- Messages : 5463
- Inscription : 7 sept. 05, 13:49
- Localisation : Entre Seine et Oise
Re: Billy Wilder (1906-2002)
Un, deux, trois
Un Wilder mineur, mais tout de même, quel plaisir! Certes, à force de chercher l'efficacité, le réalisateur cède parfois à la facilité....le propos est en roue libre et les caricatures s'enchaînent sans nuances. C'est cependant peu de choses par rapport au rythme tonitruant de la mise en scène, et à la prestation survoltée et tonitruante de James Cagney.
Wilder s'attache à l'essentiel, multiplie les excès jusqu'à l'épuisement avec un dynamisme éclatant. Il se joue de l'opposition capitalisme/communisme tout en observant les travers des uns et des autres avec lucidité. Car au-delà de l'exagération des traits, Wilder sait faire triompher une légèreté spontanée, ne tombant jamais dans la grossièreté : si son regard est cinglant et n'épargne aucun personnage, il conserve toujours un recul et une certaine tendresse. Ne laissant que la trace d'une comédie euphorique.
Un Wilder mineur, mais tout de même, quel plaisir! Certes, à force de chercher l'efficacité, le réalisateur cède parfois à la facilité....le propos est en roue libre et les caricatures s'enchaînent sans nuances. C'est cependant peu de choses par rapport au rythme tonitruant de la mise en scène, et à la prestation survoltée et tonitruante de James Cagney.
Wilder s'attache à l'essentiel, multiplie les excès jusqu'à l'épuisement avec un dynamisme éclatant. Il se joue de l'opposition capitalisme/communisme tout en observant les travers des uns et des autres avec lucidité. Car au-delà de l'exagération des traits, Wilder sait faire triompher une légèreté spontanée, ne tombant jamais dans la grossièreté : si son regard est cinglant et n'épargne aucun personnage, il conserve toujours un recul et une certaine tendresse. Ne laissant que la trace d'une comédie euphorique.

-
- Assistant opérateur
- Messages : 2014
- Inscription : 17 mai 06, 19:00
- Localisation : Une maison bleue
- Contact :
Re: Billy Wilder (1906-2002)
SOME LIKE IT HOT 1959
Somme de comédie, le seizième film de Billy Wilder est un tel classique qu’il n’a pas vraiment besoin d’être défendu. En même temps qu’un film drôle et enlevé, c’est aussi une reconstitution très soignée, d’une époque saisie non seulement dans ses apparences, mais aussi dans son esprit. Si Diamond et Wilder ont, on le sait, du métier, on peut quand même s’étonner de ce que le metteur en scène ait su aussi bien capter l’esprit de l’époque de la prohibition, lui qui était en Europe à cette époque. Du reste, l’élégance et la classe de la mise en scène éclatent au grand jour dans la séquence d’ouverture, toute en mouvement, qui voit un corbillard rempli de mines interlopes, poursuivi par des policiers dont les balles de mitraillettes vont percer le cercueil qui trône au milieu du véhicule mortuaire, révélant un flot de liquide : lorsque les bandits soulèvent le couvercle du cercueil, et contemplent les dégâts sur les bouteilles d’alcool frelaté, l’air désolé. Un titre, alors, confirme ironiquement ce que nous savions déjà : Chicago, 1929. Pas un mot n’a été prononcé.
Donc, reconstitution magnifique et maniaque, bourrée d’allusions à la mode, à la culture populaire de l’époque, Some like it hot remplit sa mission jusqu’à se situer dans le monde du spectacle et sur les lieux de plaisir, de Chicago à Miami, nous montrant le jazz, la prohibition, mais aussi la civilisation des loisirs en action, à travers les séquences de plage, et les scènes situées dans l’hôtel luxueux. On peut ici rappeler l’argument du film : parce qu’ils ont assisté à un règlement de comptes sanglant, deux musiciens (Tony Curtis et Jack Lemmon) sont amenés à se déguiser en femmes pour se cacher dans un orchestre de jazz composé uniquement de femmes. Ils partent donc en train pour Miami on d’une part les gangsters (au premier rang desquels George Raft) ne manqueront pas de venir, et d’autre part l’un d’entre eux (Joe, Tony Curtis) va jouer son va-tout et se faire passer pour millionnaire afin de séduire Sugar, la très plantureuse et irrésistible chanteuse de l’orchestre interprétée par Marilyn Monroe.
La construction fait mouche, divisée en trois actes, le premier avec l’intrigue autour des gangsters, la fuite des musiciens, et les scènes limites des deux hommes arrivant dans le train rempli de jeunes femmes (Jack Lemmon, en particulier, a du mal à cacher sa joie) ; un deuxième acte met en place le stratagème de Joe et ses trucs pour attirer Sugar, au grand dam de Gerry « Daphné » (Lemmon) ; enfin un troisième acte plus nerveux précipite les choses, autour de la rencontre improbable entre les gangsters responsables du massacre (venus assister à un congrès des « amis de l’opéra Italien), et les deux témoins gênants, qui sont vite reconnus. Tous les styles de comédie sont plus ou moins explorés, et Wilder peut ainsi rendre hommage à Lubitsch, Hawks, mais aussi aux burlesques, avec un final très physique. Du reste, le style de Wilder est, n’en déplaise à sa légende et ses propres déclarations, très visuel : son utilisation du signe cinématographique est aussi virtuose que son recours à des gags dialogués : voir en particulier son plaisir à annoncer George Raft, par ses guêtres, et répéter le motif dans toutes les variations possibles, y compris dans les dialogues bien sur. Le film est donc un plaisir constant, magnifiquement capté par Charles Lang dans un noir et blanc superbe : le film reste à ce jour l’un des exemples les plus anciens du choix du noir et blanc, à une époque ou la couleur se généralise. Wilder y sera fidèle jusqu’à 1966. Sinon, outre les dialogues, remplis de bons mots et de phrases qui resteront, on retiendra l’époustouflante imitation de Cary Grant (Epoque Bringing up baby) par Tony Curtis, qui donne lieu à la phrase « Some like it hot, but I personally prefer Classical music » qui bien sur donnera son titre au film. George Raft aura droit aussi à un gag allusif, lorsqu'il reproche à un gangster de jouer avec une pièce de monnaie, le cinglant d'un "Where did you learn that cheap trick?" savoureux.
Les thèmes explorés par le film ont été déjà largement évoqués dans la filmographie de Wilder jusqu’ici : le sexe (De plus en plus présent, et sous des allusions de moins en moins codées, voir à ce sujet la fameuse scène du train, lorsque Jack Lemmon est submergé par des paires de jambes et des filles en nuisette), la dissimulation et le déguisement (Ici source de survie pour les deux musiciens, source d’amour pour Joe et d’embêtements sans fin pour Gerry), mais aussi l’obsession, incarnée par de nombreux personnages, surtout les gangsters (Spats Colombo et ses guêtres, Toothpick Charlie et ses cure-dents). Mais bien sur, comment ne pas évoquer la confusion des sexes, à travers ce très troublant voyage de deux hommes à travers leur féminité cachée, de Joe qui trouve très vite sa voix, et incarne à merveille la sophistication hautaine, à Gerry, qui se trouve si bien en femme qu’il succombe très vite à un certain nombre de réflexes : il sait trouver els mots pour reprocher ses gestes déplacés à Bienstock, le très falot assistant du chef d’orchestre Sweet Sue, il est dans un état second suite à la proposition de mariage d’Osgood Fielding III, et bien sur il s’invente d’autorité un prénom inattendu, comme s’il avait déjà prévu le cas : Daphné, au lieu de Geraldine. Si on se concentre beaucoup sur les mésaventures de Gerry, décidément coincé dans la peau de Daphné puisque contrairement à Joe, il n’a pas l’échappatoire d’être Junior, le faux milliardaire qui tourne la tête de Sugar. Joe n’est pas en reste, toutefois, qui au moment de passer la défroque de Junior, oublie facilement les boucles d’oreilles encombrantes, auxquelles il finit par s’habituer. Une seconde peau ?
L’intelligence de ce film, qui navigue entre deux eaux (le public visé est familial , mais les allusions rendent le spectacle pus chaud . remarquez, certains l’aiment précisément chaud.), ets de ne pas transformer cette histoire de confusion en un prétexte pour toute l’histoire, ce qui donne des résultats moins brillants : prenons par exemple le cas de Goodbye Charlie, de Minnelli. Mais cette comédie ratée est aussi un peu présente dans le film de Wilder : lorsque Toothpick Charlie quitte les lieux de sa trahison, il est par deux fois fait allusion au titre de la pièce de George Axelrod, publiée en 1959 : toujours cette tendance de Wilder de faire allusion à la culture de son temps, y compris lorsqu’il situe un film en 1929. Ce n’est certainement pas un hasard si le film cite par le biais de ce titre une pièce dans laquelle un acteur revient à la vie sous la forme d’une femme, désormais condamné à vivre dans la peau d’une femme…
Voilà, toutes ces raisons conduisent à l’inévitable conclusion : s’il manque parfois un peu de cœur, ce film est un spectacle, une comédie dont on ne se lasse pas, qui a bien mérité son statut de classique, et qui va asseoir une bonne fois pour toutes Wilder, qui pourra ensuite bénéficier de sa nouvelle collaboration avec Mirisch pour 7 autres films, avec lesquels il fera beaucoup de choses, pas toujours ce qu’il veut, mais au moins va-t-il pouvoir essayer. Je reprochais tout à l’heure à cette comédie parfaite de manquer un peu d’âme, ce n’est qu’une petite réserve. Du reste, le film suivant rattrapera de façon spectaculaire ce (petit) défaut.
Somme de comédie, le seizième film de Billy Wilder est un tel classique qu’il n’a pas vraiment besoin d’être défendu. En même temps qu’un film drôle et enlevé, c’est aussi une reconstitution très soignée, d’une époque saisie non seulement dans ses apparences, mais aussi dans son esprit. Si Diamond et Wilder ont, on le sait, du métier, on peut quand même s’étonner de ce que le metteur en scène ait su aussi bien capter l’esprit de l’époque de la prohibition, lui qui était en Europe à cette époque. Du reste, l’élégance et la classe de la mise en scène éclatent au grand jour dans la séquence d’ouverture, toute en mouvement, qui voit un corbillard rempli de mines interlopes, poursuivi par des policiers dont les balles de mitraillettes vont percer le cercueil qui trône au milieu du véhicule mortuaire, révélant un flot de liquide : lorsque les bandits soulèvent le couvercle du cercueil, et contemplent les dégâts sur les bouteilles d’alcool frelaté, l’air désolé. Un titre, alors, confirme ironiquement ce que nous savions déjà : Chicago, 1929. Pas un mot n’a été prononcé.
Donc, reconstitution magnifique et maniaque, bourrée d’allusions à la mode, à la culture populaire de l’époque, Some like it hot remplit sa mission jusqu’à se situer dans le monde du spectacle et sur les lieux de plaisir, de Chicago à Miami, nous montrant le jazz, la prohibition, mais aussi la civilisation des loisirs en action, à travers les séquences de plage, et les scènes situées dans l’hôtel luxueux. On peut ici rappeler l’argument du film : parce qu’ils ont assisté à un règlement de comptes sanglant, deux musiciens (Tony Curtis et Jack Lemmon) sont amenés à se déguiser en femmes pour se cacher dans un orchestre de jazz composé uniquement de femmes. Ils partent donc en train pour Miami on d’une part les gangsters (au premier rang desquels George Raft) ne manqueront pas de venir, et d’autre part l’un d’entre eux (Joe, Tony Curtis) va jouer son va-tout et se faire passer pour millionnaire afin de séduire Sugar, la très plantureuse et irrésistible chanteuse de l’orchestre interprétée par Marilyn Monroe.
La construction fait mouche, divisée en trois actes, le premier avec l’intrigue autour des gangsters, la fuite des musiciens, et les scènes limites des deux hommes arrivant dans le train rempli de jeunes femmes (Jack Lemmon, en particulier, a du mal à cacher sa joie) ; un deuxième acte met en place le stratagème de Joe et ses trucs pour attirer Sugar, au grand dam de Gerry « Daphné » (Lemmon) ; enfin un troisième acte plus nerveux précipite les choses, autour de la rencontre improbable entre les gangsters responsables du massacre (venus assister à un congrès des « amis de l’opéra Italien), et les deux témoins gênants, qui sont vite reconnus. Tous les styles de comédie sont plus ou moins explorés, et Wilder peut ainsi rendre hommage à Lubitsch, Hawks, mais aussi aux burlesques, avec un final très physique. Du reste, le style de Wilder est, n’en déplaise à sa légende et ses propres déclarations, très visuel : son utilisation du signe cinématographique est aussi virtuose que son recours à des gags dialogués : voir en particulier son plaisir à annoncer George Raft, par ses guêtres, et répéter le motif dans toutes les variations possibles, y compris dans les dialogues bien sur. Le film est donc un plaisir constant, magnifiquement capté par Charles Lang dans un noir et blanc superbe : le film reste à ce jour l’un des exemples les plus anciens du choix du noir et blanc, à une époque ou la couleur se généralise. Wilder y sera fidèle jusqu’à 1966. Sinon, outre les dialogues, remplis de bons mots et de phrases qui resteront, on retiendra l’époustouflante imitation de Cary Grant (Epoque Bringing up baby) par Tony Curtis, qui donne lieu à la phrase « Some like it hot, but I personally prefer Classical music » qui bien sur donnera son titre au film. George Raft aura droit aussi à un gag allusif, lorsqu'il reproche à un gangster de jouer avec une pièce de monnaie, le cinglant d'un "Where did you learn that cheap trick?" savoureux.
Les thèmes explorés par le film ont été déjà largement évoqués dans la filmographie de Wilder jusqu’ici : le sexe (De plus en plus présent, et sous des allusions de moins en moins codées, voir à ce sujet la fameuse scène du train, lorsque Jack Lemmon est submergé par des paires de jambes et des filles en nuisette), la dissimulation et le déguisement (Ici source de survie pour les deux musiciens, source d’amour pour Joe et d’embêtements sans fin pour Gerry), mais aussi l’obsession, incarnée par de nombreux personnages, surtout les gangsters (Spats Colombo et ses guêtres, Toothpick Charlie et ses cure-dents). Mais bien sur, comment ne pas évoquer la confusion des sexes, à travers ce très troublant voyage de deux hommes à travers leur féminité cachée, de Joe qui trouve très vite sa voix, et incarne à merveille la sophistication hautaine, à Gerry, qui se trouve si bien en femme qu’il succombe très vite à un certain nombre de réflexes : il sait trouver els mots pour reprocher ses gestes déplacés à Bienstock, le très falot assistant du chef d’orchestre Sweet Sue, il est dans un état second suite à la proposition de mariage d’Osgood Fielding III, et bien sur il s’invente d’autorité un prénom inattendu, comme s’il avait déjà prévu le cas : Daphné, au lieu de Geraldine. Si on se concentre beaucoup sur les mésaventures de Gerry, décidément coincé dans la peau de Daphné puisque contrairement à Joe, il n’a pas l’échappatoire d’être Junior, le faux milliardaire qui tourne la tête de Sugar. Joe n’est pas en reste, toutefois, qui au moment de passer la défroque de Junior, oublie facilement les boucles d’oreilles encombrantes, auxquelles il finit par s’habituer. Une seconde peau ?
L’intelligence de ce film, qui navigue entre deux eaux (le public visé est familial , mais les allusions rendent le spectacle pus chaud . remarquez, certains l’aiment précisément chaud.), ets de ne pas transformer cette histoire de confusion en un prétexte pour toute l’histoire, ce qui donne des résultats moins brillants : prenons par exemple le cas de Goodbye Charlie, de Minnelli. Mais cette comédie ratée est aussi un peu présente dans le film de Wilder : lorsque Toothpick Charlie quitte les lieux de sa trahison, il est par deux fois fait allusion au titre de la pièce de George Axelrod, publiée en 1959 : toujours cette tendance de Wilder de faire allusion à la culture de son temps, y compris lorsqu’il situe un film en 1929. Ce n’est certainement pas un hasard si le film cite par le biais de ce titre une pièce dans laquelle un acteur revient à la vie sous la forme d’une femme, désormais condamné à vivre dans la peau d’une femme…
Voilà, toutes ces raisons conduisent à l’inévitable conclusion : s’il manque parfois un peu de cœur, ce film est un spectacle, une comédie dont on ne se lasse pas, qui a bien mérité son statut de classique, et qui va asseoir une bonne fois pour toutes Wilder, qui pourra ensuite bénéficier de sa nouvelle collaboration avec Mirisch pour 7 autres films, avec lesquels il fera beaucoup de choses, pas toujours ce qu’il veut, mais au moins va-t-il pouvoir essayer. Je reprochais tout à l’heure à cette comédie parfaite de manquer un peu d’âme, ce n’est qu’une petite réserve. Du reste, le film suivant rattrapera de façon spectaculaire ce (petit) défaut.
Dernière modification par allen john le 4 déc. 10, 11:26, modifié 1 fois.
-
- Oustachi partout
- Messages : 9039
- Inscription : 8 mai 06, 23:41
Re: Billy Wilder (1906-2002)
Grosse déception pour ma part. Après tout le bien que j'en avais entendu j'ai trouvé ça ridicule et poussif. C'est quand même de l'humour au ras des pâquerettes. J'ai pas ris une seule fois. Ce qui me rassure quand même c'est qu'il y en a d'autres qui n'ont pas aimés. Voici d'ailleurs ce que disait Eric Rohmer à propos du film : "Certains l’aiment chaud est un film que je n’aime pas du tout. Je trouve ça horrible. D’ailleurs, j’ai peu interviewé de gens célèbres dans ma vie, mais il se trouve que j’ai interviewé Buster Keaton. Il était très âgé et le film venait de sortir. Il m’a dit : “Certains l’aiment chaud, c’est exactement ce que je déteste.” Ça m’avait beaucoup amusé."allen john a écrit :SOME LIKE IT HOT 1959
Somme de comédie, le seizième film de Billy Wilder est un tel classique qu’il n’a pas vraiment besoin d’être défendu.

"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.